COURS DE MAGNÉTISME EN 7 LEÇONS

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VIeLEÇON.

L'action magnétique pure donne la paix, le repos, et affine » les sens. L'action mauvaise injecte le trouble et l'inquiétude. »

« L'instinct est dans la nature. C'est un effet invariable et déterminé de l'harmonie universelle; la raison est un travail » factice. L'instinct est uniforme etsûr : la raison est incertaine, » et chacun a la sienne. »

VI0LEÇON.

Messieurs,

Dans la dernière séance, je vous ai tracé brièvement l'historique de divers systèmes qui furent créés pour expliquer les phénomènes magnétiques, et je vous ai annoncé qu'aujourd'hui je vous ferais connaître les procédés mis en usage pour obtenir la manifestation des effets qui résultent de l'emploi du magnétisme.

Nous devons, pour faire cet examen, vous reporter jusqu'à Mesmer, et vous apprendre ce qui se passait dans les traitements publics que ce médecin avait établis à Paris.

Ensuite nous vous parlerons des magnétiseurs qui apportèrent quelques changements à la pratique enseignée par Mesmer.

Vous savez déjà que plusieurs écoles se formèrent : qu'après celle de Mesmer, vint celle de M. de Puységur, puis celle des spiritualistes.

Vous savez que ces trois écoles diffèrent pour la théorie et les procédés. On peut les comparer aux trois principales écoles de philosophie.

Celle de Mesmer se fonde sur un système analogue à celui d'Epicure, tel qu'il est exposé dans les Beaux vers de Lucrèce : celle des spiritualistes, qui a eu beaucoup de partisans à Lyon, en Prusse, en Allemagne, rappelle la philosophie platonicienne : celle de M. de Puységur est établie sur l'observation.

Vous savez que Mesmer admet l'existence d'un fluide universel, qui remplit l'espace, et qui est le moyen de communication entre tous les corps, et qu'il admet comme Epicure une matière subtile, des émanations, etc.

Les spiritualistes croient que tous les phénomènes sont produits par l'âme.

« M. de Puységur reconnaît une action physique, dans laquelle l'âme intervient par la puissance de la volonté, et par des pratiques que l'expérience seule nous a fait connaître.

» Les spiritualistes prétendent que tout dépend. de   la volonté : après  avoir établi un rapport pour déterminer et fixer leur attention, ils croient n'avoir plus besoin du toucher, ils agissent par la pensée, par l'intention, par la prière, etc. »

La plupart des magnétiseurs actuels, sans être spécialement attachés à l'une de ces écoles, prennent quelque chose de chacune.

On peut placer parmi ces derniers, M. Deleuze, qui avoue se ranger au nombre des disciples de M. de Puységur avec certaines restrictions , car il n'adopte pas entièrement sa manière de magnétiser.

Aucuns des autres auteurs qui ont écrit sur le magnétisme, n'ont fait, après les personnes que je vous ai nommées, autorité sur cette matière.

Avant d'entrer plus avant dans l'examen des procédés qui découlèrent de tous ces systèmes, et de vous parler de la pratique de Mesmer, veuillez vous rappeler que ce médecin faisait intervenir, comme causes des effets magnétiques, des agens que nous regardons aujourd'hui comme leur étant tout-à-fait étrangers ; qu'il ne parla jamais de la volonté comme étant essentielle à la production des effets ; qu'il admettait des pôles dans le corps humain ; et enfin, que le phénomène le plus curieux que nous devions à la magnétisation , le somnambulisme, était complètement inconnu du temps de Mesmer, quoique cependant tout porte à croire que ce médecin en possédait la connaissance.

Voici la description des procédés magnétiques et de» appareils qui furent employés dans les traitements qui servirent à établir la doctrine de Mesmer, et qui furent soumis à l'examen des anciens commissaires.

Au milieu d'une salle était une cuve de quelques pieds de hauteur, garnie d'un couvercle à deux battants, percé de trous, par lesquels sortaient des tiges de fer recourbées et mobiles. L'intérieur de cette cuve était rempli de bouteilles pleines d'eau, que l'on avait eu soin de magnétiser ; ces bouteilles étaient placées les unes sur les autres, de manière cependant que leur cou répondait au centre de la cuve, et leur base à la circonférence ; et les autres en sens inverse. Le baquet contenait lui-même une certaine quantité d'eau remplissant les vides formés par l'adossement des bouteilles; mais cette circonstance de la confection du baquet n'était pas indispensable. Quelquefois on ajoutait à l'eau du baquet une certaine quantité de limaille de fer, du verre pilé, du soufre, du manganèse et diverses autres substances.

Les malades se rangeaient autour de cet appareil et dirigeaient les tiges de fer sur les parties affectées , ou s'entouraient le corps d'an cerceau suspendu à cet effet à leur sommet ; quelquefois se tenant les uns aux autres, par le pouce et le doigt indicateur, ils formaient ce que l'on appelait la chaîne. Le magnétiseur, muni d'une baguette de fer qu'il promenait sur les malades, semblait diriger à son gré les mouvements du fluide magnétique. Tout cet appareil d'eau, de bouteilles et de tiges métalliques, était supposé propre à dégager l'agent magnétique; quelquefois on jouait du piano ou de l'harmonica; car, d'après une des propositions de Mesmer, le magnétisme était surtout propagé par le son.

Ces procédés formaient la base du traitement en commun, ou du traitement par le baquet. La magnétisation pouvait en outre s'exercer de plusieurs autres manières. Le fluide universel étant partout, le magnétiseur en avait en lui une certaine quantité qu'il pouvait communiquer et diriger soit au moyen d'une baguette, soit simplement par le mouvement de ses doigts allongés. A ces gestes, exécutés à distance, on joignait aussi certains attouchements légers sur les hypocondres, sur la région épigastrique, ou sur les membres. Pour ajouter à l'effet de ces pratiques, on magnétisait les arbres, l'eau, les aliments, ou autres objets, car tous lés corps de la nature étaient, selon Mesmer, susceptibles de magnétisme.

La théorie de Mesmer avait, dans son application , quelque chose de séduisant.

Une aiguille non aimantée, disait-il, mise » en mouvement, ne reprendra que par hasard » une direction déterminée, tandis qu'au contraire, celle qui est aimantée ayant reçu la » même impulsion, après différentes oscillations » proportionnées à l'impulsion et au magnétisme » qu'elle a reçu, retrouvera sa première position, » et s'y fixera. C'est ainsi que l'harmonie des corps » organisés, une fois troublée, doit éprouver les » incertitudes de ma première supposition; si elle » n'est rappelée et déterminée par l'agent général, » dont je reconnais l'existence : lui seul peut rétablir cette harmonie dans l'état naturel.

« Aussi a-t-on vu, de tous les temps, les maladies s'aggraver et se guérir avec et sans le secours de la médecine, d'après différents systèmes et les méthodes les plus opposées, ces. » considérations ne m'ont pas permis de douter » qu'il n'existe dans la nature un principe universellement agissant, et qui, indépendamment de nous, opère ce que nous attribuons vaguement àl'art et à la nature. »

Mais voici qui vous fera mieux connaître la partie pratique du magnétisme d'après les idées de Mesmer : c'est lui qui va vous renseigner.

Cette instruction confiée à ses élèves, est rédigée en forme de catéchisme. —Je ne vous donne ici que ce qui est relatif à l'application.

—D. Gomment démontrer les effets du fluide animal?

R. Lorsqu'un sujet Bien sain est en contact immédiat avec un sujet malade, ou seulement dont une des fonctions est viciée, il lui fait éprouver dans la partie malade des sensations plus ou moins vives.

D. Comment faut-il toucher un malade pour lui faire éprouver les effets du magnétisme ?

R. Il faut d'abord se placer en face de ce malade , le dos tourné au nord, et approcher les pieds contre les siens; ensuite porter, sans appuyer, les deux pouces sur les plexus des nerfs qui se trouvent au creux de l'estomac, et les doigts sur les hypocondres. Il est bon, de temps en temps, de promener les doigts sur les côtés, et principalement vers la rate. Après avoir continué environ un quart d'heure cet exercice, on opère d'une autre manière, et cela relativement à l'état du malade.

D. Que doit-on faire avant de cesser le magnétisme?

R. Il faut chercher à mettre le magnétisme en équilibre dans toutes les parties du corps. Qn y. parvient, en présentant l'index de la main droite au sommet de la tête du côté gauche et en le faisant descendre le long du visage, sur la poitrine, et sur les extrémités inférieures. On peut, pour cette manœuvre, employer une baguette de fer en place du doigt.

D. Ne peut-on pas augmenter la force ou la quantité du fluide magnétique sur les individus?

R. On augmente la puissance du magnétisme en établissant une communication directe entre plusieurs personnes.

D. Gomment peut-on établir cette communication ?

R. De deux manières ; la plus simple est de former une chaîne, avec un certain nombre de personnes en les faisant tenir par la main 5 on le peut aussi par le moyen du baquet, etc.

Les effets produits par de tels procédés n'étaient pas moins bizarres que les procédés eux-mêmes,

Je vous ai déjà fait connaître quelques phénomènes extraordinaires qui naissaient de cette action en voici d'autres qui ne sont pas moins curieux. Les malades soumis à cette magnétisation éprouvaient diverses sensations insolites; c'étaient des douleurs vagues par tout le corps, mais surtout à la tete et à l'estomac ; l'augmentation ou la suppression de latranspiration cutanée, des palpitations de popur et des etouffements momentanés; quelquefois une certaine exaltation du moral et un vif sentiment de bien-être; le système nerveux paraissait surtout affecté; les organes, des sens éprpuvaient des, modifications inaccoutumées, telles que des tintements, dans, les oreilles, des vertiges, et quelquefois une sorte de somnolence d'un caractère particulier. Ces effets diversifiés à l'infini, suivant la nature des maladies et l'idiosynçrasie des malades, allaient toujours en croissant à mesure que la magnétisation se continuait ; et cette série de phénomènes se terminait aussi par le plus remarquable de tous et le plus constant, les convulsions. Une fois que l'état convulsif s'était établi chez un des malades, ce qui n'arrivait quelquefois qu'au bout de plusieurs, heures, il ne tardait pas à se manifester sur tous les autres. C'est ce qu'on désignait sous le nom de crises magnétiques ; comme cette crise était ordinairement le dénouement des effets produits, on la regardait comme le But de l'action magnétique, et comme le moyen employé par la nature pour amener la guérison.

Les convulsions étaient effrayantes par leurs forces et par leurs durées; les malades qui s'en trouvaient pris étaient aussitôt transportés dans une salle voisine, nommée à cause de sa destination, salle des crises, où ils reprenaient peu à peu leurs sens. Une chose extrêmement remarquable , c'est qu'il ne leur restait qu'un léger sentiment de fatigue, et plusieurs accusaient même un soulagement marqué,

À ces accidents physiologiques se joignaient des phénomènes moraux très-extraordinaires ; les malades soumis à la même action, riaient aux éclats ou fondaient en larmes ; entraînés souvent les uns vers les autres, par des mouvements irrésistibles de sympathie, ils se donnaient des témoignages de la plus vive affection. Mais la plus surprenante circonstance était l'influence prodigieuse du magnétiseur sur les malades. Un signe de sa volonté suscitait ou calmait les convulsions, commandait l'amour ou la haine, sa baguette semblait un instrument magique auquel obéissaient et les âmes et les corps.

Ces effets étonnants avaient également lieu dans les traitements particuliers, mais à un degré moindre.

Tels étaient les effets que les anciens commissaires constatèrent et qu'ils décrivirent minutieusement dans leurs rapports.

Je vousai fait connaître les conclusions qui furent tirées de ces effets, aussi ne vous en parlerai-je plus. Je ne m'occuperais point de rechercher si tous ces divers phénomènes physiologiques amenaient des guérisons. Je pense qu'elles devaient être rares, parce que le magnétisme demande, pour agir avec efficacité, du silence, du recueillement, et un grand discernement dans le choix des moyens que le magnétiseur a à sa disposition pour diriger son action, tandis que chez Mesmer tout était sacrifié à la pompe, au spectacle : les magnétiseurs étaient heureux de montrer leur puissance (*); l'état de convulsion leur en fournissait l'occasion et ils recherchaient avec empressement les moyens de faire arriver les malades à cet état.

Ce ne fut qu'au bout d'un certain temps, qu'ils reconnurent que le but que l'on devait se proposer, la guérison des malades, était difficile à obtenir avec leurs procédés. Ils commencèrent alors à étudier avec plus de soins les effets magnétiques; et cette étude les conduisit à l'abandon d'une partie des procédés de Mesmer. Ils reconnurent; en même temps; le vice de la théorie qu'on leur avait enseignée, la theorie du fluide universel, et la modifièrent. L'agent que les magnétiseurs croyaient alors mettre en action, n'était plus qu'un fluide vital particulier, sécrété ou au moins accumulé dans le cerveau, et auquel les nerfs servaient de conducteur.

(*) L'habitude de diriger ses forces nerveuses, donne à celui qui la contracte, une supériorité marquée sur les autres hommes.

Cefluide était soumis à la volonté,et povait, sous soninfluence, être lancé au dehors, et dirigé etaccumulésur telle du telle partie du corps vivant.

Ce qui contribua puissamment à ce changement, ce fut la découverte du somnambulisme en 1784. M. de Puysegur écrivait à cette époque : il faut que le magnétiseur croie etveuille; ces deux conditions sont indispensables à l'accomplissement de l'action magnétique. Il faut qu'il veuille fortement, que son attention ne soit pas distraite, et qu'à ces actes de volonté se joignent l'intention de faire du bien et de guérir son malade.

Voici un extrait de l'instruction qu'il publia pour . diverses sociétés qui s'occupaient, sous sa direction, de propager le magnétisme en France ; vous y puiserez vous-meme, Messieurs, d'utiles renseignements.

Considérez- vous, leur disait-il, comme un aimant dont vos bras et surtout vos mains sont les deux pôles, touchez ensuite un malade, en lui posant une main sur le dos, et l'autre en opposition sur l'estomac; figurez-vous ensuite qu'un fluide magnétique tend à circuler d'une main à l'autre en traversant le corps du malade.

Vous pouvez varier cette position , en portant une main sur la tète et l'autre sur l'estomac, continuant toujours à avoir la même intention, la même volonté de faire du bien. La circulation d'une main à l'autre continuera ; la tête et l'estomac étant les parties du corps où il aboutit le plus de nerfs, ce sont les deux endroits où il fout porter le plus d'action.

Le frottement n'est nullement nécessaire, il suffit de toucher avec attention, en cherchant à reconnaître une impression de chaleur dans le creux des mains, etc.

Tous lés effets magnétiques sont également salutaires ; un des plus satisfaisants estle somnambulisme; mais il n'est pas le plus fréquent; et les malades, sans entrer dans cet état, peuvent également guérir.

On ne doit pas toujours avoir la volonté de produire le somnambulisme, car le désir de produire un effet quelconque est presque toujours une raison pour n'en produire aucun. Un magnétiseur doit aveuglément s'en reposer sur la nature , du soin de régler et de diriger les effets de son action magnétique.

Illeur disait encore:

Lorsqu'en magnétisant un malade, vous vous apercevez qu'il éprouve de l'engourdissement ou de légers spasmes accompagnés de secousses nerveuses , si alors vous lui voyez fermer les yeux, il fout les lui frotter légèrement avec les pouces, pour empêcher le clignotement.

Vous reconnaîtrez que votre malade est dans l'état magnétique, lorsque vous le verrez sensible, de loin, à votre action, en présentant le pouce devant le creux de l'estomac.

Un malade en crise ne doit répondre qu'à son magnétiseur, et ne doit pas souffrir qu'un autre le touche.

L'état somnambulique exige les plus grandes précautions; il faut considérer l'homme en état magnétique comme l'être le plus intéressant qui existe par rapport à son magnétiseur; c'est la confiance qu'il a en vous, qui l'a mis dans le cas de vous en rendre maître ; ce n'est que pour son bien seul que vous pouvez jouir, de votre pouvoir; le tromper dans cet état, vouloir abuser de sa confiance, c'est faire une action malhonnête, c'est enfin agir en sens contraire à celui de son bien; d'où doit s'ensuivre par conséquent un effet contraire à celui que l'on a produit sur lui.

Il ne faut pas l'accabler de questions, il faut lui laisser prendre connaissance de son état.

C'est par un acte de votre volonté, que vous l'avez endormi, c'est par un acte de votre volonté que vous le réveillerez.

II peut arriver quelquefois qu'un malade prenne des tremblements, ou de légers mouvements convulsifs; dans ce cas, il faut tout de suite cesser sa première action, pour ne plus s'occuper que de calmer ses souffrances, etc.

Il y a différents degrés de somnambulisme. Quelquefois l'on procure seulement à un malade un simple assoupissement; à un autre, l'effet du magnétisme est de lui faire fermer les yeux sans qu'il puisse les ouvrir de lui-même ; alors il entend tout le monde, et n'est point complètement dans l'état magnétique. Cet état de demi-crise est très-commun.

Ces effets ne sont pas aussi salutaires que le somnambulisme complet, parce que le magnétiseur ne peut rien apprendre du malade; mais ils sont aussi favorables à la santé.

Il y a quelques précautions à prendre envers Un malade qui entre dans le somnambulisme : sitôt que l'on s'aperçoit qu'un malade a les yeux fermés et à manifesté de là sensibilité à l'émanation magnétique, il ne faut pas d'abord l'accabler de questions, encore moins vouloir le faire agir d'aucune manière. L'état où il se trouve est nouveau pour lui; il faut, pour ainsi dire, lui en laisser prendre connaissance. La première question doit être: comment voustrouvez-vous? ensuite: sentez-vous si je vous fais du bien? Exprimez-lui ensuite le plaisir que vous ressentez à lui en procurer. De là, peu à peu, vous venez aux détails de sa maladie, et l'objet de vos premières questions ne doit pas s'étendre au-delà dé sa santé.

Vous ne devez pas contrarier: votre somnambule, il faut le consulter sur les heures où il veut être magnétisé, sur le temps qu'il veut rester en crise,sur les médicaments dont il a besoin, et suivre à la lettre ses indications, sans y jamais manquer d'une minute.

Quelqu'éloignée que soit l'ordonnance d'un Somnambule, des idées que l'on peut avoir prises en médecine, sa sensation est plus sûre que (otites les données résultantes de l'observation; la nature s'exprime, pour ainsi dire, par sa bouche, c'est un instinct lucide qui lui dicte ses demandes ; n'y point obéir à la lettre; serait manquer lé but qu'on se proposé, qui est dé le guérir.

M. dé Puységur terminait son enseignement en rappelant que l'homme n'agissant jamais que pour son plus grand intérêt, il fait rarement du bien, s'ilne trouve pas un grand intérêt à le faire; et ce n'est, disait-il, qu'en réconnaissant en lui un principe spirituel émané immédiatement du créateur de tout l'univers, qu'il peut sentir la nécessité de satisfaire le besoin Continuel de son âme, laquelle, de même que son principe, ne petit se plaire que dans le bien, l'ordre et la vérité. Cette conviction intime augmenté beaucoup le pouvoir de faire lé bien.

Ce changement presque complet dans la manière de magnétiser, modifia singulièrement les effets du magnétisme. Les crises effrayantes cessèrent presque complètement, la toux, le hoquet, les rires immodérés, si fréquemment dus au traitement de Mesmer, ne parurent que rarement ; et lorsqu'ils avaient lieu, on les faisait cesser facilement.

Tous les magnétiseurs n'étaient cependant pas d'accord sur cette nouvelle méthode. Les uns prétendaient que les gestes exécutés sans être accompagnés de la volonté d'agir, et même avec une volonté contraire, n'en étaient pas moins magnétiques et produisaient les effets accoutumés ; les autres magnétistes croyaient au contraire que la volonté d'agir devait, constamment accompagner les. gestes, et que, sans elle, ceux-ci étaient impuissants; il y en avait même qui regardaient les gestes comme inutiles au développement du magnétisme, et n'y voyaient qu'un moyen mécanique , bon pour fixer l'attention du magnétiseur et soutenir sa volonté, laquelle était sensée être la seule cause des phénomènes.

Mais, malgré la grande divergence d'opinions, les gestes n'en formaient pas moins la base du traitement et des expériences. Les procédés de M. de Puységur étaient presque généralement suivis.

Ce dernier avait remarqué que les malades qui ne tombaient point en crise étaient plutôt guéris que ceux qui en étaient pris; et, par suite de ces nombreuses observations, il crut pouvoir établir, contradictoirement à son maître, que les convulsions étaient un état contre nature ; que bien loin de servir à la guérison des maladies, elles s'y opposaient sensiblement ; et qu'enfin on devait chercher plutôt à les calmer qu'à les faire naître.

Ainsi se forma une doctrine nouvelle : malheureusement pour le magnétisme, cette doctrine était aussi peu satisfaisante, que celle de Mesmer;et cette vérité, méconnue par M. de Puységur, fut signalée par ses adversaires. Ce ne fut que plus tard, et longtemps après la publication de ses mémoires, que cet auteur reconnut que ses explications étaient fausses.

La pratique du magnétisme avait beaucoup gagné à cette publication ; mais les personnes qui aiment à raisonner, ne furent point satisfaites de la physique de M. de Puységur. Plusieurs savants rejetèrent encore le magnétisme faute de pouvoir s'en expliquer les effets d'une manière satisfaisante.

Les magnétiseurs qui suivirent l'école de M. de Puységur s'emparèrent cependant des nouvelles idées, les développèrent et fondèrent les doctrines qui régnent aujourd'hui.

Je dois vous citer, ici, le fait magnétique qui éclaira M. de Puységur, en lui faisant reconnaître combien les procédés qu'il avait enseignés étaient peu d'accord avec les lois du magnétisme.

Voici cette expérience :

« Selon mon usage accoutumé, dit M. de Puységur, je magnétisais un jeune homme, en lui » mettant une main sur la tête et l'autre sur l'estomac. Au bout d'an quart d'heure d'attention et de,concentrationde ma part,et detranquillité » de lasienne, il me dit qu'il n'éprouvait rien.

Comme il n'était pas malade, cela me paraissait » tout simple; néannmoins,jelerepris encore entre mes deux mains, pour essayer si je ne serais pas » plus heureux ; mais il n'éprouva pas plus cette seconde fois que la première; et j'allais enfin le » quitter, quand en éloignait lentement ma main » de son estomac, il fit un soupir et se plaignit que je lui faisais, mal; comme je ne le touchais » pas, je n'en crus rien : mais lui, de me saisir la main avec précipitationet de l'abaisser en me » disant qu'elle l'empêchait de respirer. Je me » remets bien vite en contact immédiat avec lui, croyant qu'il allait éprouver un effet plus marque, ce fut tout le contraire, la pression de ma » main ne lui fit plus aucun, effet; je l'éloigné a un pied environ de lui, il se plaint de nouveau : à deux pieds sa poitrine s'oppresse, et il meprie de me retirer; je me- recule graduellement et je » ne m'arrête que lorsqu'il me dit ne plus souffrir » et ne rien éprouver ; je me trouvais à cinq pas de lui, je le magnétisai à cette distance, en oscillant la main lentement et circulairement ; aussitôt sa tête se penche sur son épaule, et le somnambulisme se déclare. »

Depuis l'époque de cette belle expérience, c'était en 1811, M. de Puységur ne magnétisa plus qu'à distance tous les malades auxquels il donnait des soins; et dans son dernier mémoire, il assure qu'un grand nombre de faits ne lui ont laissé aucun doute sur l'efficacité de cette nouvelle manière demagnétiser.

Vous reconnaîtrez bientôt, Messieurs, que toutes, les doctrines enseignées sont prématurées, et que bien qu'elles reposent sur un grand nombre de faits, ces faits ont été pour la plupart mal observés, les méthodes qui en découlent ont dû nécessairement entraver la marche du magnétisme.

En parcourant tous les ouvrages qui ont été publiés pour expliquer le magnétisme, on ne trouve qu'une métaphysique obscure et des hypothèses qui n'ont fait que rendre inintelligible ou ridicule cette nouvelle vérité ; et les gens qui eussent été disposés à l'examiner, l'ont repoussée parce qu'ils, ne voyaient souvent en elle qu'une erreur de l'esprit humain, une chose mystique et sans fondement. On disait dans le monde que pour être magnétiseur il fallait posséder les trois vertus théologales, la Foi, l'Espéranceet la Charité.

Jamais découverte n'a prêté autant au ridicule que le magnétisme animal ; et nous devons avouer que les contradictions sans nombre dans lesquelles tombaient ceux qui voulaient en expliquer les effets, devaient nécessairement donner aux adversaires du magnétisme des moyens de le combattre avec avantage.

Je néglige de vous parler d'une foule d'auteurs qui préconisèrent des méthodes particulières; le comte de Lutzelbourg, le chevalier Barbarin Fariat, M. de Mont-Ferrier, etc. Je ne dois m'attacher qu'à ceux qui ont fait quelque sensation par leurs écrits. Tel fut, parmi ces derniers, M. Deleuze. Je vais vous donner les procédés enseignés dans ses ouvrages, et je les accompagnerai de quelques réflexions, qui vous seront utiles pour en juger le mérite.

« Lorsqu'un malade désire que vous essayiez de le guérir parle magnétisme, dit M. Deleuze, et que sa famille et son médecin n'y mettent aucune opposition ; lorsque vous vous sentez le désir de seconder ses vœux, et que vous êtes bien résolu de continuer le traitement autant qu'il sera nécessaire , fixez avec lui l'heure des séances, faites-lui promettre d'être exact, de ne pas se borner à un essai de quelques jours, de se conformer à vos conseils pour son régime, de ne parler du parti qu'il a pris qu'aux personnes qui doivent naturellement en être informées.

» Une fois que vous serez ainsi d'accord et bien convenus de traiter gravement la chose, éloignez du malade toutes les personnes qui pourraient vous gêner, ne gardez auprès de vous que les témoins nécessaires (un seul s'il se peut), demandez-leur de ne s'occuper nullement des procédés que vous employez et des effets qui en sont la suite, mais de s'unir d'intention avec vous pour faire du bien au malade ; arrangez-vous de manière à n'avoir ni trop chaud ni trop froid, à ce que rien ne gène la liberté de vos mouvements, et prenez des précautions pour n'être pas interrompu pendant la séance.

» Faites ensuite asseoir votre malade le plus commodément possible, et placez-vous vis-à-vis de lui, sur un siège un peu plus élevé, et de manière que ses genoux soient entre les vôtres et que vos pieds soient à côté des siens. Demandez-lui d'abord de s'abandonner, de ne penser à rien, de ne pas se distraire pour examiner les effets qu'il éprouvera, d'écarter toute crainte, de se livrer à l'espérance, et de ne pas s'inquiéter ou se décourager si l'action du magnétisme produit chez lui des douleurs momentanées.

» Après vousêtre recueilli, prenez ses pouces entre vos deux doigts de manière que l'intérieur de vos pouces touche l'intérieur des siens, et fixez vos yeux sur lui. Vous resterez de deux à cinq minutes dans cette situation, où jusqu'à ce que vous sentiez qu'il s'est établi une chaleur égale entre ses pouces et les vôtres. Cela fait , vous retirerez vos mains, en les écartant a droiteetà gauche, et les tournant de manière que leurs surfaces intérieures soient en dehors, et vous les élèverez jusqu'à la hauteur de la tête; alors vous les poserez sur les deux épaules, vous les 'y laisserez environ une minute, et vous les ramènerez le long des bras jusqu'à l'extrémité des doigts, en touchant légèrement. Vous recommencerez cette passe cinq à six fois, toujours en détournant vos mains et les éloignant un peu du corps pour remonter. Vous placerez ensuite vos mains au-dessus de la tête. Vous les y tiendrez un moment et vous les descendrez, en passant devant le visage à la distance d'un à deux pouces, jusqu'au creux de l'estomac : là vous vous arrêterez encore environ deux minutes, en posant les pouces sur le creux de l'estomac et les autres doigts au-dessous des côtes; puis vous descendrez lentement le long du corps, jusqu'aux genoux. Vous répéterez les mêmes procédés pendant la plus grande partie de la séance. Vous vous rapprocherez aussi quelquefois du malade, de manière à poser vos mains derrière ses épaules, pour descendre lentement le long de l'épine du dos, et de là sur les hanches et le long des cuisses jusqu'aux genoux ou jusqu'aux pieds.

» Lorsque vous voudrez terminer la séance, vous aurez soin d'attirer vers l'extrémité des mains et vers l'extrémité des pieds en prolongeant vos passes au-delà de ces extrémités, en secouant vos doigts à chaque fois. Enfin, vous ferez devant le visage et même devant la poitrine quelques passes en travers, à la distance de trois ou quatre pouces.

» Il est essentiel de magnétiser toujours en descendant de la tête aux extrémités, et jamais en remontant des extrémités à la tète.

» Les. passes qu'on fait en descendant sont magnétiques, c'est-à-dire qu'elles sont accompagnées de l'intention de magnétiser. Les mouvements que l'on fait en remontant ne le sont pas.

» Lorsque le magnétiseur agit sur le magnétisé, on dit qu'ils sont en rapport; c'est-à-dire qu'on entend par le mot rapport une disposition particulière et acquise, qui fait que le magnétiseur exerce une influence sur le magnétisé ; qu'il y a entre eux une communication de principe vital.

» Une fois que le rapport est Bien établi, l'action magnétique se renouvelle dans les séances suivantes, à l'instant où l'on commence à magnétiser. »

Je vous fais grâce, Messieurs, d'une foule d'autres détails sur les passes à faire pour porter le fluide sur telle ou telle partie, l'ôter quand il est en trop grande abondance, etc., etc.

Vous êtes naturellement portés à croire qu'en suivant rigoureusement les procédés que je viens de vous faire connaître, vousdevez obtenir des effets ; car il est impossible de mieux décrire une méthode, rien ne paraît y être oublié, les passes que vous devez faire sont notées avec une attention minutieuse, il semble que vous n'ayez plus qu'à tourner la manivelle, pour obtenir le somnambulisme avec toutes ses merveilles, et qu'il vous suffirait d'un peu de mémoire, de patience et de résignation, pour être un bon magnétiseur.

Gardez-vous cependant de le croire, car il n'en est pas toujours ainsi.

L'action magnétique ne réside pas dans les gestes, il faut un intermédiaire, que les mouvements ne font que mettre en jeu, quand la volonté l'ordonne ; cet intermédiaire, ce sera ce qu'on voudra, le principe vital, la vie spiritualisée, l'éther, le spiritus, le fluide universel, le fluide magnétique et le fluide nerveux, etc., etc. Peu importe. Biais à coup sûr, il y a émission d'un agent quelconque, car rien ne fait rien. Vos passes faites avec le plus grand soin ne produiront pas le plus petit effet magnétique, si vous ignorez les conditions qui doivent les accompagner.

Si nous n'avions pas besoin de monter notre moral d'une manière particulière, si les conditions propres à favoriser l'émission du principe magnétique se développaient dans l'état habituel de la vie, il y a longtemps que le magnétisme serait reconnu et devenu vulgaire ; mais il n'en est point ainsi, Messieurs, il faut une opération intellectuelle, qui ne peut exister que lorsqu'elle est commandée ou lorsque le hasard la fait naître. II . faut enfin apprendre à vouloir, et à connaître l'énergie de sa volonté; car sans ces deux conditions réunies , on n'obtiendra du magnétisme que de médiocres résultats.

On peut reprocher à M. Deleuze d'avoir attaché trop d'importance à la manière de magnétiser.

Les personnes qui veulent se livrer à cette pratique, sont effrayées lorsqu'elles considèrent combien il leur faut d'attention pour réussir, et il arrive à plusieurs d'entre elles de se récuser avant même d'avoir tenté un essai. . Nous voyons-tous les jours des magnétiseurs produire promptementdes effets par des procédés beaucoup moins compliqués. Ils se bornent à diriger les mains comme le docteur Rostan l'enseigne. Ils actionnent le trajet des nerfs en touchant légèrement l'individu à la tête et à l'épigastre.

Je connais d'autres magnétiseurs qui ne touchent jamais leurs malades ; ils agissent à la distance de quelques pouces, et ils ont une règle de conduite particulière pour diriger les effets qu'ils font ainsi naître. Ces derniers expérimentateurs paraissent obtenir plus de succès que ceux qui ont une méthode plus compliquée.

Ainsi, Messieurs, vous reconnaîtrez qu'il n'est pas indifférent de magnétiser d'après tels ou tels principes, et vous apprendrez à choisir la meilleure méthode.

Vous éviterez le grand défaut des magnétiseurs en général, qui est d'écouter plutôt leur imagination que la nature ; ils vont prétendant dicter

des lois à cette dernière, sans avoir, au préalable, étudié ses forces. Ils sont à cet égard dans la même erreur où serait un physicien qui prétendrait maîtriser et conduire le fluide électrique lorsqu'il est une fois parvenu dans le système nerveux d'un animal.

Ils vous disent avec assurance : si vous voulez obtenir tel effet, magnétisez de telle manière ; magnétisez de telle autre, si vous voulez produire tel résultat.

Aussi, ne voyons-nous pas dans la pratique du magnétisme, pour ne vous avoir cité que quelques exemples, combien les magnétiseurs raisonnent mal et combien les conseils qu'ils vous donnent sont peu éclairés?

Vous voulez obtenir le somnambulisme, et vous guidant d'après leurs principes, vous vous empressez de magnétiser le cerveau du patient. Eh bien ! loin que cette manœuvre augmente la tendance au sommeil, elle le neutralise et l'empêche quelquefois complètement, en produisant un état d'agitation qui tient l'individu dans un état de veille plus prononcé que celui qui existait avant l'opération (*).

(*) La volonté, disait une somnambule, doit toujours laisser le commandement à la nature.

Tandis que si vous aviez magnétisé le môme homme sans actionner la tête plus que les autres parties de son corps, il se serait peut-être endormi. Quelquefois même, pour obtenir cette crise, il faut magnétiser des organes qui sont loin du cerveau, car ceux-ci exercent une action sympathique sur cet organe, et déterminent la crise que vous n'auriez pu obtenir autrement.

Il en est de même de certaine sécrétion que l'on prétend pouvoir activer ou ralentir par certains procédés, tandis que l'on produit souvent le contraire de ce qu'on voulait obtenir.

Il en est encore de môme pour le réveil d'un somnambule ; je me rappelle avoir été souvent fort embarrassé, car il est convenu entre les magnétiseurs que l'on peut quand on le veut réveiller un somnambule en lui faisant des passes en travers sur les yeux et sur la face ; eh bien, Messieurs, il m'est arrivé bien souvent d'etre forcé de laisser dormir le somnambule, faute de pouvoir le réveiller, malgré l'emploi de tous les moyens indiqués en pareil cas ; j'avais beau lui frotter les paupières, quelquefois même ce manège produisait des échimoses sur ces parties très-sensibles, et malgré la cuisson qui devait en résulter, le sommeil persistait bien au delà de la durée que je lui avais assignée ; et, chose remarquable, son intensité était plus grande que lorsque le sommeil magnétique habituel n'avait pas été dérangé.

Il faut bien le répéter, nous n'avons aucun bon traité sur le magnétisme ; tout reste encore à faire et à enseigner ; et malgré ses 60 années de date et ses 500 volumes, cette science est encore dans l'enfonce. Vous acquerrez à chaque instant des preuves de la fausseté des règles enseignées. C'est surtout lorsque vous voulez employer le magnétisme comme moyen thérapeutique, que vous pouvez reconnaître combien est vrai ce que j'avance ; ici, tout est confusion ; tant qu'il ne s'est agi que de produire des effets quelconques, vous pouviez jusqu'à un certain point suivre les indications qui vous avaient été fournies : ou plus tôt ou plus tard vous obteniez toujours quelques phénomènes ; mais dans le cas que j'indique et que je veux vous signaler, les règles pèchent essentiellement et varient à l'infini.

Les plus sages magnétiseurs sont ceux qui sans prétentions s'abandonnent à la nature, qui n'aspirent point à lui dicter des lois ; mais le nombre en est petit, comparativement aux autres : c'est à qui fera le plus de tours de force, et s'exagérera le plus sa puissance; cependant, cette puissance a des bornes qu'il ne nous est pas donné de franchir : car s'il en était autrement, nous serions des dieux.

L'exercice du magnétisme a gagné cependant : nous ne voyons plus que rarement, dans les traitements, le développement de ces crises affreuses qui étaient regardées comme critiques et jugées nécessaires. Aujourd'hui, on les fait cesser aussitôt qu'elles se manifestent ; on fait bien dans beaucoup de cas, mais il est des circonstances où elles seraient très-urgentes. L'on regrette alors que les magnétiseurs n'aient pas appris à les distinguer.

Tout magnétiseur doit, comme le médecin, « savoir que tantôt il faut accroître l'intensité des v crises, d'autres fois en diminuer la force, dans » certaines occasions les exciter, lorsque la nature, » accablée sous le poids du mal, est presque impuissante pour réagir. C'est à la faveur de ces » sortes d'insurrections organiques bien conduites, que l'on parvient à faire lutter avec » avantage la nature, et qu'elle se débarrasse du » principe morbifique ; » mais une telle direction n'appartient qu'à celui qui a fait une étude suivie du magnétisme, et peu de magnétiseurs sont dans ce cas ; on peut dire sans crainte d'être démenti, qu'ils ne savent jamais s'ils font bien ou mal..

Je n'insiste pas davantage sur l'application du magnétisme comme moyen de traitement ; il faudrait, pour faire cet enseignement avec succès , avoir un hôpital où seraient traités un certain nombre de malades sur lesquels on ferait des expériences comparatives, ce qui ne peut se faire dans le monde, car les malades en général répugnent à se laisser magnétiser en public. C'est un malheur pour la science, mais nous ne sommes pas encore arrivés au point de convaincre le gouvernement des avantages qui pourraient résulter pour l'humanité de l'emploi du magnétisme comme moyen de traitement; les Facultés de Médecine lui laisseront ignorer cette vérité, et pourtant tous les jours des personnes, dont la vie pourrait être prolongée, meurent, d'autres souffrent, délaissées par la médecine, qui pourraient être soulagées (*) ; mais il faut suivre la routine aveugle et donner la conduite de sa vie à des hommes qui ignorent eux-mêmes comment ils doivent gouverner la leur, ne sera-ce que pour le magnétisme qu'on fera exception aux règles ? ne servît-il qu'à consoler, pourquoi repousser ce bienfait? mais il fait plus que consoler, il guérit; quel aveuglement domine donc les hommes?

(*) Apaiser les douleurs des maladies, c'est éloigner par la le temps de la mort, puisque la douleur en est le chemin.

Rendons toutefois justice à quelques membres de l'Académie de Médecine, qui ont osé faire l'apologie du magnétisme en face l'Académie assemblée : leurs noms seront unjour glorieusement cités, mais leurs adversaires ne recevront de la postérité que la flétrissure qui accable encore aujourd'hui les juges de Galilée; car s'il est prouvé que, malgré le sentiment de ces derniers, la terre tourne, il n'est guère moins certain que le magnétisme animal existe et produit les effets contestés par nos savants modernes.

Je reviens aux procédés de M. Deleuze : cet auteur, pour établir sa doctrine, est parti de l'hypothèse d'un agent, comme beaucoup d'écrivains qui l'avaient précédé.

Vous connaissez les conditions morales que M. Deleuze exige pour que l'on puisse mettre en œuvre cet agent. 11 faut avoir confiance en ses forces, il faut vouloir et être mû surtout par un sentiment, de bienveillance. La confiance doit exister chez ceux qui sont appelés à prendre part à vos expériences. M. Deleuze veut surtout que les incrédules soient éloignés du théâtre de vos opérations ; la prière même peut augmenter votre action : erreurs étranges.

S'il fallait, Messieurs, toutes ces conditions pour réussir, et pour que l'agent magnétique se manifestât» il serait difficile d'en jamais faire une science.

Mais il n'en est point ainsi ; tous ne devez attacher que peu d'importance à toutes les régies tracées sous l'influence d'une crainte chimérique.

On ne doit récuser personne pour l'application et l'appréciation des phénomènes magnétiques. L'incrédulité d'un individu n'empêche pas plus le développement des effets du magnétisme sur lui-même, que sur un tiers, quand l'un et l'autre ont une organisation altérée par une maladie ; et j'ai donné des preuves évidentes de cette vérité, dans une foule de circonstances où je n'avais pour sujet et pour témoins de mes essais qu'un grand nombre d'incrédules : lorsqu'on défend la vérité, on doit surmonter toute timidité et suivre cette maxime d'Epictete :

« Lorsque vous avez jugé qu'une chose pouvait » se faire, ne craignez pas d'être vu quand vous » la faîtes, quoique tout le monde suppose que » vous ayez tort. Si vous n'agissez pas ainsi, évitez » de la faire; mais si vous la faites, ne craignez pas » d'être censuré mal-à-propos. »

S'il fallait réunir toutes les qualités que certaines personnes exigent pour être bon magnétiseur , ces derniers seraient bien rares : il ne faut rien moins qu'être bien organisé au physique comme au moral, jouir d'une santé parfaite, être de mœurs douces, etc.....Si ces qualités sont bonnes et s'il est bien de les désirer, elles ne sont pas indispensables. J'ai vudes individus fort mal organisés, même difformes, d'une santé délicate, obtenir, par leur action, la production de phénomènes que n'auraient pas toujours pu produire des êtres moins disgraciés par la nature et plus confiants dans leurs forces :

« Chacun de cette flamme obtint une étincelle. »

Il ne faut pas assimiler les magnétiseurs aux saludadores en Espagne, dont Victoria et Crucius ont raconté les miracles.

Pour jouir de leurs privilèges, il fallait être de la famille de sainte Catherine, être né en mars ou en avril, et passer par l'épreuve du feu ; si vous étiez véritablement de la famille de sainte Catherine, vous sortiez sain et sauf de cette épreuve, mais on en a vu qui ont été cruellement grillés.

Plusieurs magnétiseurs s'imaginent avoir des vertus plus étendues, des facultés magnétiques plus développées que chez le reste des hommes ; cette façon de voir ramènerait bientôt parmi nous ces croyances absurdes en un pouvoir occulte, croyances qui ont conduit au bûcher une foule de malheureux humains, qui n'avaient eu d'autres torts que celui de s'êtrereconnus une faculté que nous avons tous, mais une faculté qui ne se développe que dans certaines circonstances, que le hasard leur avait fait découvrir en eux. Pour trouver des exemples de. ces faits, nous n'avons pas besoin de remonter à l'antiquité la plus reculée.; si nous ouvrons seulement les annales de ces temps barbares qui ont précédé la renaissance des lettres, et si nous suivons même les historiens plus modernes des temps plus éclairés qui ont succédé presque jusqu'à nos jours, qu'y voyons-nous ? Des corps d'accusations bien formelles intentées par des Cours supérieures, contre de prétendus sorciers. Ces corps d'accusation portaient sur des faits réels ; les accusés convenaient des faits qu'on leur imputait, des témoins venaient à l'appui, déclaraient dans la pureté de leur conscience , ce qu'ils avaient éprouvé, ce qu'ils avaient vu ; on condamnait tous ces malheureux, et le supplice le plus cruel était communément la fin tragique qui terminait les jours de ces infortunés (*).

(*) Le père Sprée, jésuite, n'a pas craint, lui-même, de réclamer contre la manière dont on procédait contre les sorciers; il atteste que sur différents sorciers qu'il a conduits et exhortés à la mort, il y en avait de l'innocence desquels il était sûr comme de son existence.

Rappelez - vous Hurbain Grandier, et sachez qu'il y a trés-peu de temps. on soutenait les doctrines épouvantables qui conduisirent ce malheureux à la mort.

Ouvrez un journal mensuel, intitulé l'Eclair, vous verrez qu'à chaque page de ce journal, les magnétiseurs y étaient signalés comme des gens à qui la magien'était pas étrangère.

Toutes nos expériences y sont regardées comme diaboliques, et nos somnambules comme des personnes ensorcelées et possédées par le démon.

Je sais , Messieurs , que ces doctrines sont peu à craindre aujourd'hui, qu'elles ne feront pas fortune dans la classe éclairée ; mais ce n'est pas là non plus qu'on cherchait à leur faire prendre racine; et si je vous mettais au fait des peines infinies qu'on s'est données pour arrêter la propagation du magnétisme et des moyens employés pour y parvenir, vous seriez indignés contre des gens qui, revêtus d'un saint ministère, s'en servaient pour paralyser de louables efforts.

Nous devons travailler constamment à empecher le renouvellement de ces scènes scandaleuses et déshonorantes pour l'humanité.

Nous devons faire connaître hautement, publiquement, les causes véritables de ces prétendues possessions et obsessions, et indiquer les moyens de guérir certaines maladies dont la nature, quoique cachée, ne vient certainement pas du diable.

Combien de fois, Messieurs, le fer ou le feu n'ont-ils pas été employés par des gens aveuglés par un fanatisme imbécile, ou par une politique monstrueuse, contre des malheureux dont tous les torts, comme nous l'avons déjà dit, étaient de s'être reconnus une faculté que la nature leur avait accordée. Je ne vous citerai qu'un exemple entre plusieurs milliers. Grégoire de Tours rapporte le fait suivant :

« Un bûcheron du territoire de Bourges était » entré dans une forêt pour y couper du bois, » voilà que tout-à-coup il est environné d'un. » essaim d'abeilles et couvert de leurs piqûres, ce qui le rendit fou, ou comme fou, pendant deux ans. Après cet événement, le bûcheron ayant » traversé les villes voisines, ilse rendit dans la » province d'Arles, et là, revêtu de peaux comme » un hermite, il se livrait à la prière ; mais pour le tromper, le démon lui transmit la faculté de » deviner : bientôt il quitte la province d'Arles et » s'avance dans le Gévaudan. Là, le peuple se » portait en foule auprès de lui, et lui présentait » les malades et les infirmes ; il les guérissait en » les touchant. On lui donnait de l'or, de l'argent, des vêtements : il en faisait des aumônes » aux pauvres, se prosternant par terre et priant » sans cesse. Il prédisait l'avenir, il annonçait » aux uns des maladies, aux autres des pertes. » Il faisait tout cela, dit Grégoire de Tours, par » des arts diaboliques, et par je ne sais quels » prestiges. Il séduisait une grande quantité de peuple, et non-seulement des gens de la campagne, mais même des ecclésiastiques. »

Quelques bains, des saignées, eussent guéri cet homme prétendu possédé. Aurélius,: évêque du Puy, le fit tuer par surprise. Mais non, il fallait faire croire au vulgaire ignorant qu'il existait des prestiges, des fascinations, des obsessions de l'esprit des ténèbres avec lesquels de prétendus sorciers auraient faitun pacte et dont ils n'étaient, disait-on , que les vils instrumente. (*)

(*)Il n'y a pas quiozetours, Messieurs, qu'un juge à un tribunal de Paris, traitait en pleine audience les magnétiseurs d'assassins. Rétrogradez de deux siècles, et vous aurez un Laubardemont de plus.

Nous devons élaguer tout le merveilleux que présentent certains effets du magnétisme.

Nous devons détruire toutes espèces de mysticité, employées dans les procédés qui font naître les phénomènes magnétiques et montrer enfin que l'agent que Mesmer a découvert, que M. de Puységur et tant de philosophes ont mis en œuvre, est tout-à-fait physique, qu'il ne faut point de foi particulière pourcroire à ses effets, qu'il ne présente rien de contraire à l'ordre naturel des choses, et que son action, facile à saisir, est accessible à tous et n'attaqué en rien la religion.

J'espère contribuer à établir l'évidence de ces vérités, et à faire reconnaître que l'opposition qui existe maintenant contre le magnétisme, ne vient que de la part d'hommes qui obéissent à des haines cachées et puissantes, ou bien égarés parce fanatisme qui veille toujours à côté des anciennes opinions , pour éterniser leurs empires.

Je vous ai dit, dans une autre séance, que la personne que vous magnétisiez n'avait nullement besoin de croire en votre puissance pour être disposée à éprouver des effets de cette puissance. Je vous ai dit que, toutes choses égales d'ailleurs, un individu tout-à-fait passif était plus susceptible d'être magnétisé avec succès , que dans aucun des autres états de la vie. J'ai ajouté que les passes servant à conduire l'agent magnétique sur le patient, pouvaient, contrairement à ce qui a été avancé par tous les magnétiseurs, être faites en long, en large, pour produire le même effet ;

Que l'effet sensible du magnétisme, l'effet apparent , semblait ne se produire que lorsqu'il y avait commencement de saturation ou saturation complète du système nerveux du patient, par un fluide qui semblait venir de nos nerfs ;

Que la condition la plus favorable pour recevoir avec fruit cette saturation magnétique, n'était pas encore bien déterminée; que cependant l'état maladif nous y disposait, mais que des individus qui paraissent bien portants en avaient par fois senti vivement les effets;

Qu'il n'était plus question aujourd'hui de pôles dans le corps humain, que l'on pouvait magnétiser dans toutes les circonstances de la vie; qu'il fallait seulement que les organes de l'entendement fussent assez sains pour pouvoir permettre à la volonté d'être bien déterminée. J'ajouterai cependant ici, qu'il est évident pour moi que l'individu continent possède, toutes choses égales d'ailleurs, une action plus énergique que celui qui fait abus de ses forces.

J'appuie sur une autre vérité : Je vous ai dit que le plus petit effet magnétique, comme le plus développé de ces phénomènes, n'était que des manières d'être du même principe, agissant en raison de l'idiosyncrasie de chaque individu ;

Qu'il n'appartenait point aux magnétiseurs de pouvoir changer les dispositions existantes chez le magnétisé ; et enfin, que le magnétisme agissait bien évidemment en vertu de lois qui lui étaient particulières, de lois différentes, sous beaucoup de rapports, de celles qui régissent les corps inorganiques ; mais que cependant, les recherches de MM. Provots, Pumas, de Humbold et de beaucoup d'autres observateurs, semblaient disposées à faire croire que l'électricité, le galvanisme, le magnétisme minéral et le magnétisme animal, n'étaient que des modifications d'un seul et môme principe répandu généralement dans l'atmosphère, différent seulement, parce qu'il traverse des milieux qui le modifient.

Ainsi, Messieurs, il n'est nullement besoin de prière pour l'œuvre magnétique. Il ne faut pas recourir a une puissance occulte, qui ne vous obéit pas toujours. Lorsque vous avez en vous tout ce qu'il faut pour agir, les Bonnes intentions, la bienveillance,nenuisentpas, mais elles ne serventpas autant que certains magnétiseurs se l'imaginent. Ce n'est pastout cela qu'il vous faut, c'est de l'énergie, c'est de la violence morale; « et tout ainsi, qu'en un mirouerc se venant a resserer les raiz,du soleil, fut-ce en plein cœur de l'yver, qui auparavant espandus n'échauffaient que bien lâchement : et en ce recueil ils enflamment les étoffes qu'on leur expose; est semblable l'intellect humain, qui est en lieu de mirouere venant à recueillir ses raiz, enflamme son âme conjointe à soit, etc. » Il faut vouloir avec persévérance, avec entêtement même. Il ne faut. pas plaindre, lorsque vous pouvez secourir; ne faites pas de vœux, mais croyez en votre puissance et agissez.

C'est une grande hérésie que j'émets là; certains magnétiseurs vont se récrier, mais j'ai pour moi des faits en très-grand nombre ; mon opinion vous paraîtra donc de quelque poids. Moi, j'ose croire qu'elle est entièrement fondée : lorsque je vous demande de l'énergie, ce n'est pas de la colère, il n'est pas nécessaire que vous roidissiez vos membres, comme quelques magnétiseurs le font. Vous apprendrez bientôt que cette disposition neutralise les effets, en consumant le principe qui doit les faire naître. Il faut au contraire un certain abandon, et tout en envoyant à Vos extrémités le mobile ou la force qui serait nécessaire pour lever un fardeau considérable, il faut n'avoir à mouvoir que le poids de vos membres. C'est le surplus de cette force qui frappe le patient et produit tous les phénomènes magnétiques. Rejetez les procédés de M. Deleuze, parce qu'avec eux vous n'obtenez pas tout ce que vous pouvez obtenir, et que vous ne savez jamais, vous qui voulez vous instruire, si les effets que vous obtenez sont le produit de la monotonie des procédés que vous employez, de l'ennui ou de l'imagination. Soyez debout devant votremalade, au lieu d'être assis; ne le touchez pas, mais que vos passes soient faites en face de lui à une petite distance, et gouvernez-vous pour le reste comme je vous l'ai enseigné, vous réussirez, je n'endoute nullement.

Tous les magnétiseurs n'obtiennent cependant pas les mêmes effets. Ces empêchements en général peuvent venir de l'impuissance naturelle du magnétiseur, impuissance causée par des organes faibles ou viciés, ou elle vient de son esprit qui ne peut agir librement, soit par la même disposition des mêmes organes, soit parce que l'esprit se trouve rempli de fantaisie, et qu'il passe facilement d'une opinion à une autre toute contraire, soit enfin qu'il ne sache ce qu'il veut précisément.

Un plus grand obstacle au développement des forces magnétiques, c'est l'orgueil : (*)

(*) Un homme réunira à l'aisance, qui permet de consacrer du temps au soulagement des pauvres, les conditions de désintéressement. d'application soutenue, de force, de charité ; cependant il ne réussira que faiblement. Lisez dans son coeur, l'orgueil do succès y énerve la faculté de faire le bien. {Extrait d'un entretien avec un de mes somnambules. )

Lorsque nous noussommesreconnuslapuissance magnétique à certain degré, nous nous croyons des dieux, nous voulons sortir de l'humanité. Pleins de vanité, nous nous contemplons dans nous-mêmes, nous admirons nos œuvres, et nous ne nous apercevons de notre faiblesse que lorsque notre impuissance devient trop manifeste.

Nos facultés en rapport avec nos organes, acquièrent tout leur développement par l'état de simplicité de l'âme ; mais, dès le moment où nous voulons jouer un rôle sur la scène du monde, lorsqu'en nous apercevant on s'écrie : « C'est lui, et qu'en notre orgueil nous répétons c'est nous, nous n'obtenons plus alors que de médiocres résultats. Il faut que le magnétiseur sache « qu'il est un serviteur inutile quoiqu'il fasse toutes ces choses; » qu'il, ait en outre « une sérénité d'esprit et une simplicité depensée, » Mais, dans notre siècle, où trouver des gens qui fassent abnégation de leur personne et qui suivent les maximes enseignées par la sagesse? Ecoutez ce qu'ont dit à ce sujet ceux qui ont eu le plus de puissance magnétique : « Celui qui désire être introduit en cette sagesse » que nous possédons, doit fuir le vice d'arrogance, être pieux, être homme de bien, d'un » profond raisonnement, et garder les secrets qui » lui ont été découverts. »

« La philanthropie, le désir d'être utile à son semblable souffrant, a sans doute fait exagérer la puissance du magnétisme ; mais cette puissance existe, elle est indubitable; c'est au médecin de l'étudier sans prévention, c'est au physiologiste d'en poser les justes bornes. L'influence directe de ce nouvel agent sur le système nerveux, porte à croire que son action doit d'abord s'exercer efficacement dans les maladies nerveuses générales; l'hystérie, l'hypocondrie, la mélancolie, la catalepsie, l'épilepsie, pourront en recevoir et en ont en effet reçu lés influences les plus salutaires : les spasmes de toutes espèces, les crampes des muscles de la vie animale, les convulsions, une multitude de douleurs, quelques surdités, peut-être quelques paralysies, doivent éprouver de la part du magnétisme des modifications quelconques. Dans ces affections diverses, le système nerveux étant principalement lésé, et le magnétisme influençant surtout ce système, on conçoit facilement qu'on doit obtenir des résultats dignes d'attention.

» Aussi est-ce parmi ces maladies, que les partisans du magnétisme affirment avoir obtenu les succès les plus surprenants. II serait beaucoup trop long d'en citer des exemples, mais tous les ouvrages sur le magnétisme en sont remplis.

» Il n'existe pas de panacée, et nous ne prétendons pas que le magnétisme en soit une. Ainsi, s'il est utile dans quelques circonstances, on peut craindre qu'il ne soit nuisible dans quelques autres.

» Il faut étudier avec soin la nature de son action, savoir si elle est excitante, débilitante, sédative. Si l'on parvient à déterminer rigoureusement cette action physiologique, alors on procédera avec philosophie, on précisera les cas où l'on pourra s'en servir avec avantage, on pourra être utile, du moins on cessera d'être nuisible. » Mais la puissance du magnétisme sera-t-elle bornée aux maladies du système nerveux? Nous savons que le cerveau étend son empire sur tous nos organes, sur toutes nos parties. Cet organe roi étant par ce moyen profondément modifié, ne peut-il pas à son tour opérer quelques changements avantageux dans un organe souffrant? En suspendant la douleur, ne produira-t-il pas d'abord un premier bienfait? La douleur étant suspendue, l'appel des fluides qu'elle détermine ne sera-t-il pas aussi suspendu ; les matériaux de congestion, d'irritation, d'engorgement, que ces fluides apportent, et qui augmentent le mal local, parce que l'effet augmente la cause, ne cesseront-ils pas alors d'arriver? nes'opposera-t-on pas de cette manière aux progrès ultérieurs du mal, et ne favorisera-t-on pas sa résolution? Nous supposons seulement la douleur suspendue, et cet effet est incontestable, et déjà nous voyons que les résultats sont immenses : que sera-ce, si les expériences physiologiques prouvent d'une manière incontestable que le magnétisme active l'absorption? »

Ainsi, dans les maladies aiguës le magnétisme peut produire des effets heureux. Nous devons cependant vous faire observer, que si, dans l'état de santé, la nature connaît seule ses poids et mesures, et si la marche harmonique prescrite par la sagesse infinie se fait remarquer, il n'en est point de même dans quelques états aigus, ou la nature se trouble, devient folle, et semble abandonner au hasard l'individu qu'elle croit ne plus pouvoir gouverner ; il serait alors dangereux de vous en rapporter entièrement au magnétisme, vous devez y joindre une médecine active, capable d'arrêter ou de diminuer le trouble existant;car ce n'est qu'alors que les matériaux de réparation que vous versez dans l'individu peuvent être employés avec avantage par la puissance conservatrice; dans le cas contraire, ils peuvent augmenter le trouble et le désordre existant. Ce que je dis ici n'est pas applicable aux maladies syncopales, maladies que l'on ne peut confondre qu'avec la mort. C'est là surtout que l'on peut attendre d'heureux effets du magnétisme; ces maladies,qui consistent dans un affaiblissement prompt et plus ou moins extrême des mouvements vitaux, et qui ont pour cause, le plus communément, les affections morales, la joie, la frayeur, l'étonnement, la douleur, l'aversion des sens et surtout de l'imagination pour certains objets.

La médecine ne peut rien dans ces maladies, car comment l'art parviendrait-il à porter son action sur la nature, qui dans cette circonstance échappe même à ses regards ? Quelques organes inconnus conservent de la sensibilité, ils servent de dernier retranchement à la vie, c'est dans cette retraite que le fluide magnétique irait ranimer la nature, et porter l'aiguillon nécessaire à son réveil, bien plus sûrement qu'aucuns des agents connus.

Zélés pour le bien de l'humanité, nous avons pris la défense du magnétisme, parce que nous avons reconnu qu'aucune découverte ne pouvait produire d'aussi grands résultats, et ce n'est pas seulement, comme moyen de guérir quelques maladies qui affligent notre espèce, mais c'est que de la connaissance de cet agent découlent de nouvelles croyances et de nouveaux principes qui nous émanciperont immanquablement d'une foule de vieilles erreurs qui n'ont pour base que l'ancienneté et l'ignorance de quelques lois de la nature.

Je m'arrête, Messieurs, je borne mes réflexions, je crains de vous paraître enthousiaste du magnétisme, lorsque je ne suisqu'un admirateur froid et impartial de ses merveilles. Mais, lorsque vous aurez vous-mêmes magnétisé et obtenu quelques phénomènes et que vous aurez reconnu les effets de votre puissance, vous jugerez que je suis resté, dans mes aperçus, bien en arrière de ce que l'esprit découvre de nouveau dans le magnétisme, et vous direz alors, avec moi, qu'il est maintenant impossible d'écrire sur la physiologie, la philosophie et la médecine, si au préalable on n'a pas étudié les phénomènes dont je vous ai entretenus; car le moindre dé ces faite renverse les théories et les raisonnements sur lesquels sont appuyées toutes ces sciences. Mais, déterminerons-nous les savants à étudier le magnétisme, nous en doutons, ils continueront de broyer des demi-vérités avec des mensonges.

Messieurs, vous avez pu le remarquer, j'ai beaucoup vu, et je crains cependant d'avancer. Je recule au contraire, je redoute les expériences et les résultats fâcheux qui peuvent en être les suites; j'aime à croire que vous imiterez ma réserve , et que, voyageurs prudents, en abordant un monde nouveau, vous réglerez vos démarches sur ce que vous dictera plutôt vôtre conscience que votre esprit investigateur; car c'est sur des êtres humains que la puissance que je vous livre va s'exercer.

Prenez-y garde, Messieurs, dans le magnétisme la folie est à côté de la plus sublime raison, ou plutôt de l'éternelle vérité.

Mais croyez que s'il est possible d'arracher à la nature quelques-uns de ses secrets, celui qui les possède ne peut pas toujours s'en promettre avantage ; toutes les lois de la nature ne sont pas pour la conservation de ce qu'elle a produit. Je m'arrête , je ne veux pas pénétrer dans la route qui conduit à la puissance du bien et du mal. Pour développer les nouvelles lois qui découlent des nouveaux phénomènes du magnétisme, il faut une organisation supérieure ; l'esprit humain le plus étendu peut seul les embrasser, souvent il s'effraie et recule devant l'examen, et laisse alors triompher la nature ; elle a tout fait pour nous cacher ses mystères , sachant que l'homme en ferait une arme redoutable qu'il emploierait à sa propre destruction.

« Celui qui connaît les lois régulatrices de l'univers, et qui veut changer celles qui le régit, » en se rendant indépendant du principe suprême, » ressemble à Prométhée, qui, après avoir dérobé le feu du ciel, nourrit dans son propre sein un » vautour dévorant. » Votre  magnétisme de  puissance en action.

C'est du premier, seul, que vous devez vous occuper.

FIN DE LA SIXIÈME LEÇON.

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