LE CARACTÈRE FORMÉ PAR LA VOLONTÉ.
Ceux ae nos
lecteurs qui ont suivi avec attention les leçons précédentes sont arrivés
certainement cette conclusion: « Oui, tout- cela est vrai et il n'est pas
douteux, en effet, que nous puissions réaliser les résultats indiqués si nous
avons les qualités d'esprit et de caractère qu'ils exigent; mais ces qualités
nous sont absolument indispensables et nous devons les apporter en naissant ».
Il n'y a rien en vérité de plus dangereux et de plus faux que ce fanatisme. A
se croire sans action sur soi-même on ne tarde pas à s'abandonner; le caractère
s'amolit, l'énergie s'émousse, la dignité elle-même se voile et s'efface. ll
faut réagir contre cette tendance, contre cet état d'esprit qui aboutit
nécessairement à l'abdication et conduit au désespoir.
L'homme n'a
point été jeté dans la vie sans armes. Il a reçu en don la volonté et, par
elle, il est maître de sa destinée. Par elle, il peut la diriger dans tel ou
tel sens, la conduire vers tel ou tel but, lui donner telle ou telle
signification.
Quels que
soient les milieux que l'on considère et les hommes que l'on interroge, cette
vérité apparaît universelle.
En
affaires, par exemple, ce sont les qualités de l'esprit, les attributs du
caractère, les tendances du tempérament qui déterminent le succès. C'est
l'énergie, c'est le courage, c'est la confiance, c'est l'ambition. c'est
l'obstination qui conduisent l'homme à travers une
alternative de succès et de revers, au but final et lui permettent de résister
aux circonstances et aux événements. C'est par toutes ces qualités, qui sont
éparses en lui et que la volonté rapproche et coordonne, qu'il peut combattre
le mal et en triompher. Un homme qui en serait entièrement dépouillé ne serait
plus qu'un jouet entre les mains du destin. Il ressemblerait à ces épaves que
le flot ballotte et que le vent jette, pour les briser, contre quelque récif de
hasard. Le moindre accident le désemparerait; le moindre choc l'anéantirait.
Mais, à
vrai dire, un homme qui serait tel que nous venons de le supposer ne serait pas
un homme. Il ne serait qu'un fantôme, qu'un spectre à la merci du hasard. Dieu
n'a pas voulu marquer de tant d'impuissance et couvrir de tant de dérision le
chef-d'oeuvre de sa création, celui dont il a fait le maître du monde, le roi de
l'univers. ll a mis en lui une parcelle de son génie, une étincelle de sa
toute-puissance, un rayon de sa divinité.
Mais ces
dons supérieurs, ces vertus souveraines ne sont point également répandus et
développés chez tous les hommes. Les uns les possèdent dans leur plénitude; les
autres ne les ont qu'à l'état de germe. Chez les uns aussi telle qualité
domine; chez les autres telle vertu l'emporte. C'est à l'homme lui-même
d'assurer, par l'intelligence et la volonté, le développement harmonieux de
tous ces dons, l'équilibre de toutes ces facultés.
Le
Magnétisme n'a pas d'autre objet et, pour le remplir, il ne compte que sur
l'individu lui-même. L'ayant éclairé, il lui demande d'agir; l'ayant instruit
de ses faiblesses et de ses tares, il lui donne le moyen de s'en débarrasser.
Par lui l'homme devient son propre médecin. ll se tâte, il s'ausculte, il s'étudie
et quand il a découvert les sources du mal, il s'applique à le guérir par les
remèdes appropriés. C'est ainsi que l'un fait appel à l'énergie, que l'autre
s'adresse à l'ambition, qu'un troisième se réconforte de l'espérance ou de
l'enthousiasme.
Dans ce
traitement qui restaure la santé morale, la volonté ou, si l'on veut,
l'entendement, joue un rôle considérable.
Un grand
poète français faisant d'un homme du midi une psychologie pénétrante a dit
qu'il portait en lui, dans l'obscurité de sa conscience, dans l'intimité de
son être, toute une foule confuse. ll aurait pu le dire aussi bien de l'homme
du nord, de l'homme de tous les pays, de l'homme de tous les temps, car il est
bien vrai qu'en chaque étre humain s'agite comme une multitude et que de cette
multitude la volonté est le meneur. C'est donc elle qui examine, qui réfléchit,
qui délibère et qui donne à l'acte son sens spécial, sa tendance
caractéristique.
Tous, plus
ou moins, nous vivons sous l'empire de certaines habitudes, d'une certaine
manière de penser et d'être. C'est ce qui nous donne une physionomie, une
personnalité. Il semble que par les tendances de notre caractère, et mieux
encore, par l'éducation que nous avons reçue, nous soyons orientés vers telle
ou telle direction. Et quand nous nous sommes ainsi ouvert une voie ou qu'on
nous l'a tracée, nous aimons mieux la suivre — même si nous la sentons mauvaise
— que de nous en ouvrir une autre.
En réalité,
l'homme est un être à tendances passives. Les responsabilités le gênent, les
initiatives l'ennuient, les innovations l'effraient. Abandonné à ses propres
goûts, à ses propres inclinations l'on peut être sur que neuf fois sur dix, il
s'engagerait dans les sentiers battus de la routine, dans les voies faciles du
préjugé et de l'erreur. Sa philosophie, en somme, est toute d'imitation et de
résignation. Il suit d'instinct ce qu'on a fait avant lui; il accepte, il
subit tout ce qui se présente avec l'autorité du temps, avec la force de la
tradition.
Le
Magnétisme n'admet point cette sorte de fétichisme. II revendique pour
l'individu l'indépendance et pour lui-même la liberté.
Comme la
vie est complexe et la destinée humaine redoutable, il ne veut ni s'en interdir
l'examen, ni en
supporter le joug. Voilà pourquoi ses méthodes sont
hardies et ses procédés tout d'énergie et d'action.
Nous avons
déjà expliqué que l'esprit est double et que les deux fonctions qu'il exerce
sont absolument opposées. Par la fonction active, il pense, il médite, il se
détermine; par la fonction passive, il exécute les décisions qu'il a prises. La
fonction passive quoique inférieure en apparence nous domine en réalité; c'est
elle qui dirige nos efforts et soutient nos actes. Si vous voulez acquérir une
vérité ou éprouver un sentiment, vous aurez à en manifester la volonté assez
fortement pour que la fonction passive en soit comme entraînée. C'est donc par
cette dernière que vous agirez en fin de compte, puisque c'est par elle que
vous exécuterez les résolutions que vous aurez prises ou les desseins que vous
aurez conçus.
Pour rompre
avec de mauvaises habitudes et pour leur en substituer de meilleures, plusieurs
plans peuvent étre suivis. L'un consiste à faire appel directement à la
volonté; l'autre à se laisser suggérer par un expérimentateur autorisé; te
troisième à se soumettre au phénomène de l'auto-suggestion qui est déterminé,
comme on le sait, par l'action directe de l'esprit actif sur l'esprit passif.
Enfin, le quatrième consiste à ce que nous appellerons « l'Absorption de la
Pensée ».
Se
débarrasser de ses mauvaises pensées en faisant appel à sa volonté seule est,
comme chacun le sait, un résultat toujours difficile à acquérir. Tous plus ou
moins nous en avons fait l'expérience et nous savons que les hommes d'énergie
exceptionnelle ont, seuls, quelque chance de réussir. Pour les hommes
ordinaires, les efforts qu'ils tentent dans cette voie sont presque
toujours inutiles. Quand le résultat, exceptionnellement se produit, il est
amené par l'accroissement progressif de la volonté ou, plus exactement, par l'élargissement
de la fonction active qui envahit la fonc tion passive et la domine. Mais, nous
le répétons, un tel résultat est rare et il vaut mieux chercher à l'obtenir
par d'autres méthodes.
La méthode
suggestive a été suivie par un très grand
nombre d'opérateurs avec le plus grand succès. Mais il importe que l'opérateur
soit de grande expérience. C'est ici que l'on peut dire que la méthode ne vaut
que par l'homme qui l'utilise.
La
troisième méthode, qui repose sur l'auto-suggestion, est souvent recommandée.
Elle est, en effet, excellente. L'on peut même dire qu'il n'en est pas de
meilleure lorsqu'elle est accompagnée de ce que nous avons appelé plus haut «
l'Absorption de la Pensée ». Dans cette méthode, l'opérateur se borne
simplement à se persuader que les nouvelles habitudes qu'il veut acquérir
existent déjà. C'est, comme vous le voyez, un fait d'autosuggestion,
c'est-à-dire de suggestion sur soi-même.
Quant à la
quatrième méthode — qui diffère peu de la précédente — elle consiste
simplement, pour l'opérateur à se placer dans un état d'esprit aussi passif que
possible et, dans cette position, à faire appel à- toutes ses ressources
d'imagination. La fiction, qu'il crée alors, ne tarde pas à se changer en
réalité et à lui donner ce qu'il désire.
Selon nous,
la combinaison des deux dernières méthodes de l'autosuggestion et de
l'absorption de la pensée donne les meilleurs résultats possibles, quant à la
formation du caractère. Pour peu que l'on s'attache à cette méthode et que
l'on y persévère, les effets produits sont considérables. Les mauvaises
habitudes disparaissent peu à peu et les bonnes les remplacent. -Chaque jour
amène une amélioration et chaque effort produit on résultat.
Beaucoup de
personnes rejettent ces deux dernières méthodes sous prétexte qu'elles sont
trop faciles. Pour elles le succès n'est point si simple et elles ne sauraient
l'attendre que des méthodes difficiles, que des traitements compliqués. Il
n'est pas de pire erreur que cette opinion et nous ne saurions trop mettre en
garde nos lecteurs contre les dangers qu'elle présente. D'ailleurs il est pour
eux un moyen décisif d'éprouver ces méthodes: c'est d'en faire l'application;
nous ne demandons rien de plus.
Ce conseil
donné, nous nous permettons un court et pratique commentaire de ce sentiment
qu'on appelle la crainte. Nous dirons qu'il n'en est pas pour l'homme de plus
mauvais, parce qu'il n'en est pas de plus contraire aux devoirs qui lui
incombent généralement. La crainte, à vrai dire, paralyse l'initiative, amolit
le caractère, endort l'énergie, dégrade tout l'individu. Des milliers de gens
voient leur carrière brisée par elle. Ils avaient tout pour réussir:
l'intelligence, l'ambition, la santé; mais une double force leur a manqué: le
courage de vouloir et la force d'agir. S'affranchir de la crainte est donc
pour l'homme qui veut réussir une nécessité impérieuse. C'est par cette
libération qu'il se préparera à tous les devoirs qui lui incombent, à toutes
les responsabilités qui pèsent sur lui. Libre de déployer toutes ses ressources
d'intelligence, d'énergie et de vigueur, il se trouvera en toutes
circonstances à la hauteur de sa tâche. Il ne craindra pas d'agir, il ne
s'effraiera pas d'avancer. Il se souviendra que la vie n'est, en somme, qu'une
lente ascension vers un but un peu vague et que l'homme, qui demeure en
chemin, ne remplit ni sa tâche ni son devoir (1).
Mais ce
n'est pas seulement contre le devoir que la crainte conspire, c'est aussi
contre le bonheur. L'homme dont l'esprit est sans cesse assailli
d'inquiétudes, ne peut jouir de rien. Possède-t-il une chose? Il craint de la
perdre. En désire-t-il une autre? il désespère de robtenir. Sa vie n'est qu'un
long cauchemar et ses nuits comme ses jours sont peuplés de fantômes. C'est de
lui que l'on peut dire ce que le vieillard mourant disait de lui-même à son
fils; « J'ai vécu quatre-vingts ans, Jean, et je n'ai eu que des ennuis dont la
plupart ne me sont jamais arrivés ». Ce vieillard en vérité était un symbole;
il l'est demeuré.
Pour
revenir à notre sujet, nous supposerons que vous, lecteur, vous êtes dominé par
la crainte et que vous voulez pour vous en débarrasser essayer l'une des quatre
méthodes que nous vous avons recommandées: Vous ferez appel d'abord à votre
volonté et vous vous direz énergiquement: « Je veux me débarrasser de la
crainte et je la somme de disparaître ». — Nous ne jugerons point cette
méthode; chacun la connaît, chacun l'a tentée. C'est la méthode héroïque.
Vous
essaierez ensuite la méthode suggestive; vous vous ferez influencer par
quelqu'expérimentateur habile. Vous vous efforcerez de lui donner le plus de
chances possibles d'agir sur vous et de vous déterminer dans le sens qu'il
veut et que vous désirez vous-même. Une sorte d'amollissement physique et
d'abandon moral seront, de votre part, nécessaires. Etendu sur une
chaise-longue ou assis dans un bon fauteuil, vous vous prêterez sans résistance
à toutes les suggestions d'énergie, de courage, de volonté et d'audace qu'il
vous donnera. Si vous êtes dans quelques dispositions particulières ou si vous
avez dans la physionomie, dans le caractère quelques traits exceptionnels,
quelques tendances caractéristiques, l'opérateur en devra tenir compte et vous
traiter en conséquence.
Les
résultats dont cette méthode est susceptible peuvent être merveilleux.
Nous-menses, nous en avons obtenu de remarquables sur des personnes qui
paraissent au premier abord absolument réfractaires à toute influence, à tonte
action extérieure et dont l'hostilité à nos idées, à nos méthodes, n'avait
jamais cessé d'être militante.
Vous ne
négligerez pas non pins l'auto-suggestion.
Mais, pour
cette méthode, il faut, de votre part, un commencement de croyance et une
absolue bonne foi. Vous vous direz: « Je suis sans crainte, je me suis libéré
de la peur, j'envisage l'avenir avec confiance. Je ne redoute rien, parce que
je me sens fort et que je puis tout combattre. Tant mieux si la vie n'est
qu'une longue lutte. Elle me permettra d'avoir du courage et d'en jouir ».
Vous vous
ferez toutes ces suggestions avec tout autant d'ardeur que si vous les faisiez
à d'autres. Vous vous dédoublerez pour ainsi dire. Votre « esprit actif » sera
l'opérateur, votre « esprit passif » le sujet et celui-là devra agir sur
celui-ci avec toute la force de volonté, toute l'énergie de résolution dont
vous êtes capable.
II se
pourra que si docile que soit en général « l'esprit passif », le vôtre cependant
résiste et que les suggestions dont vous voulez l'imprégner ne le touchent
point. En ce cas, il vous faudra de la persévérance. Un, dix, cinquante échecs
ne devront pas vous décourager. Vous devez au contraire déployer d'autant plus
d'énergie que vous vous heurterez à plus de résistance. Le résultat sera dès
lors inévitable. Vous ne tarderez pas à vous débarrasser de vos mauvaises
habitudes et de vos tristes pensées. Un rajeunissement, une rénovation se fera
dans tout votre être et vous aurez, avec la sensation de forces nouvelles, la
vision d'une vie plus large, plus féconde et plus heureuse.
Enfin, si
vous voulez recourir à la quatrième méthode, à la méthode que nous avons
indiquée sous le nom de « l'Absorption de la Pensée », vous aurez à vous placer
dans les mêmes conditions de repos, de calme et de passivité que si vous deviez
vous soumettre à un opérateur ordinaire. Le plus vous pourrez vous dépouiller
de votre personnalité physique, le mieux vous aiderez au succès de
l'expérience. Une résistance quelconque la rendrait, sinon impossible, du moins
malaisée.
Dans cet
état d'absolu repos et de complet abandon, vous
pourrez influencer très rapidement votre « esprit passif ». Il vous suffira à
cet égard de dire: « Je suis sans crainte et je veux y rester » en même temps
que de donner libre cours et pleine force à votre imagination en vue de
l'évocation, sous une forme concrète, de l'état d'esprit où vous voulez être
et où vous supposez que vous êtes déjà.
Dans ces
conditions, le phénomène de la concentration se produira plus facilement en
vous et vous en éprouverez plus rapidement les pleins effets. Mais vous ne
devez pas vous borner à un effort provisoire. L'expérience, pour être décisive,
exige le secours d'une fiction prolongée. C'est en vous représentant avec persistance
l'état dans lequel vous voulez être que vous finirez par l'acquérir. Les sujets
qui se soumettent à cette épreuve sont un peu comme les acteurs qui paraissent
sur la scène. Il importe qu'ils soient convaincus, qu'ils se représentent bien
leur rôle, qu'ils « vivent leur personnage n. Car ici l'illusion est créatrice.
Elle fait surgir la vérité, elle fait jaillir la vie (2).
Mais ce
résultat ne vas pas sans étude. De nombreuses expériences seront nécessaires
et vous ne pourrez sous aucun prétexte vous y soustraire. Qu'à ce propos il
nous soit permis de vous donner quelques conseils, de vous recommander
quelques exercices:
Exercice 1.
— Choisissez pour votre expérience, pour votre traitement, un endroit retiré et
solitaire. Il importe avant tout de soustraire votre esprit aux bruits
extérieurs, aux mouvements de la rue, aux agitations du dehors,
Exercice 2,
— Puis étendez-vous sur une chaise longue ou sur
un fauteuil de façon à avoir lé plus d'aise et de confort possible et, dans
cette position, détendez-vous. Plongez-vous, amollissez-vous comme si vous
vouliez vous affranchir, vous dégager de votre enveloppe charnelle. Cela fait,
respirez avec autant de lenteur et de profondeur que possible et ne cessez ces
exercices de respiration que lorsque vous aurez acquis cet état d'esprit qui
est le parfait repos et l'absolue sérénité.
Exercice 3.
— Concentrez toute votre attention sur vous-même et maintenez-vous dans cet
état de recueillement, aussi longtemps que possible.
Exercice 4.
— Fixez alors votre pensée sur ces deux mots: « Sans crainte » et cherchez à
vous en représenter la forme graphique. Puis passez de l'image à la
signification et représentez-vous ce que peuvent être les caractéristiques
d'une personne qui est dans cet état.
Exercice 5.
— lmaginez-vous en possession de la qualité que vous voulez acquérir et
agissant sous l'empire de cette qualité; considérez-vous, dans cet état, en
relations avec les autres hommes et cherchez à analyser ces relations; en un
mot, soyez dans l'état d'esprit d'un homme qui après avoir fait un rêve, le
vit, et se donne, pour agrandir sa vie et ennoblir sa nature, de hautes
impressions, de fortes sensations et de grands sentiments. ll arrivera presque
toujours que votre état général se transformera et que votre personnalité se
dégagera du milieu gris et terne qui l'enveloppe. Vous serez alors tel que vous
aurez rêvé d'être et votre « moi » aura pris la forme précise et la « structure
morale » que vous aurez ambitionnées pour lui.
Exercice
6.— Répétez ces exercices aussi souvent que possible. Chacun d'eux est comme la
goutte d'eau qui tombe sur la pierre. Leur action, lente mais sure, finit
toujours par avoir raison des vieilles habitudes et des tendances rebelles,
Pratiquez ces exercices de préférence le soir, an moment où vous arrivez dans
votre chambre, ou la nuit à vos heures d'insomnie, ou de demi réveil, lorsque
votre esprit, replié pour ainsi dire sur lui-même et à demi assoupi, est prêt à
recevoir toutes les empreintes et toutes les suggestions. Ne craignez point
que ces exercices vous fatiguent. Ils vous faciliteront au contraire le repos.
En calmant vos nerfs, en apaisant votre esprit, ils vous conduiront tout
doucement au sommeil, tout droit au rêve.
Dans les
développements précédents, nous avons souvent employé le mot « Fearless » pour
marquer les procédés qui doivent conduire à « l'Absorption de la Pensée ». ll
faut bien se garder de croire que ce mot est le seul dont on puisse faire usage.
La réalité le mot qui convient est celui qui exprime la qualité que vous voulez
acquérir. Êtes-vous par exemple indolent, apathique, et voulez-vous changer
votre nature? Vous aurez recours au mot énergie et pendant toute la durée de
vos expériences, vos pensées devront se fixer sur ce mot et en imaginer, pour
s'y mieux tenir, comme une forme graphique. Nous pourrions en dire autant des
mots bonté, courage, désintéressement, qui pourront, selon les défauts de votre
caractère, intervenir dans l'expérience. Dans tons ces exercices, ne vous
laissez point dominer par les défauts qui vous accablent. Ne songez qu'aux
qualités — qui sont leur contraire — que vous voulez acquérir. Quand une
chambre est pleine de ténèbres, vous n'en saisissez pas l'obscurité comme un
bloc et vous ne la jetez pas dehors. Vous appelez simplement la lumière. Vous
ouvrez les persiennes, vous levez les rideaux et le soleil, à grands jets, à
grandes nappes, filtrant à travers les vitres, pousse l'ombre devant lui,
l'expulse de partout et fait régner la clarté, et la joie là où ne régnaient
que la nuit et la mort. De même pour l'esprit. Vous n'avez point à vous
préoccuper des pensées ténébreuses et tristes qui l'obstruent. Vous n'avez
qu'à faire appel aux idées lumineuses, aux forces
vibrantes et joyeuses que sont la force, le courage et la bonté; et votre
esprit rayonnera soudain de toutes les clartés, de toutes les joies de la vie.
Votre nature grossière, pareille à une chrysalide, aura brisé son enveloppe et
se sera ouvert soudain à la beauté, à l'idéal.
Est-il
besoin de dire que ce résultat ne sera pas instantané et qu'il exigera, an
contraire, bien de lents efforts, bien des expériences variées? Vous ne devrez
pas toujours vous en effrayer et c'est de toute votre énergie, de toute votre
intelligence, de toute votre volonté que vous travaillerez à votre
émancipation.
Votre
destinée est entre vos mains. Ne l'oubliez jamais. Et faites-la joyeuse et
belle, pour l'exemple des antres et pour votre propre bonheur.
(1) A vrai
dire, certains malades, moins bien favorisés que d'autres, éprouvent de
sérieuses difficultés à parvenir d'eux-mêmes à l'idéal équilibre. Ils ne sont
pas qualifiés pour la lutte. Leur volonté ne résiste pas à l'effort, lis se
découragent facilement. Leurs bonnes résolutions tôt disparaissent, Ils
s'abandonnent dans une lutte inégale. La Nature les a mis en état
d'infériorité. Ceux-là, qui supportent le poids d'une lourde hérédité,
doivent-ils renoncer à obtenir la mai-irise d'eux-mêmes? Non. Mais ils ont
besoin d'être aidés. Des conseils ne leur suffisent pas. Il faut donner à leurs
organes les forces nécessaires. Il faut les affranchir, les libérer. Aidés,
aidés puissamment, ces malades reviennent progressivement vers l'équilibre,
vers la santé, vers la joie. Souvent, là oh tout espoir semblait perdu, le miracle
est passible, Au sujet de ces méthodes rééducatives et de ces guérisons,
consulter l'oeuvre de M, Henri Durville: La orale médecine, La médecine
psycho-naturiste (sou application et ses succès dans la cure des Maladies
organiques, des troubles mentaux et sentimentaux; exemples de cures), La
transfusion vitale, Cours de Magnétisme personnel, etc.-- (Henri Durville,
imprimeur-éditeur).
(2) Cette
forme d'auto-suggestion émotionnelle est à la base du système éducatif enseigné
par M. Henri Humilie. C'est en taisant comme l'artiste, en Jouant son rôle,
qu'on arrive progressivement à fixer en sol-méme les traits caractéristiques
qu'on désire acquérir, Pour ample détails, se reporter an Cours de Magnétisme
personnel de M. Henri Humilie (6 édition). Le chapitre de ce livre qui- • trait
à l'autosuggestion émotionnelle a été tiré à part, sous ce titre: le veux
réussir! (la formule du succès). — Heurt Durville, imprimeur-éditeur.
|