II. — CONSTITUTION DE LA MATIERE
Comment la matière est constituée. — Les plans
de la Nature. — Les corps de l’homme. —
Les corps dans les règles du plan physique. — Notre immortalité.
Pour bien faire comprendre comment les pensées peuvent
être considérées comme, des choses, c'est-à-dire comme des objets
matériels, je suis obligé d'entrer dans certaines considérations relatives
à la constitution de la matière, aux plans de la nature et; aux
différents corps de l'homme.
comment LA MATIÈRE EST
CONSTITUÉE.
— La matière est formée de particules infiniment petites, insécables,
indivisibles, indestructibles, que l'on nomme des atomes (de deux mots grecs,
a, privatif, et temnô, couper, voulant dire que l'on ne peut couper ou diviser
davantage).
Les atomes s'orientent et se groupent en nombre plus ou
moins grand pour former des molécules qui, jointes les unes aux autres, sont
maintenues par la force de cohésion.
Les atomes et les molécules ne s'ajustent pas les uns
sur les autres comme des cubes de même volume ; mais, ils sont, au
contraire, séparés les uns des autres par des espaces relativement énormes,
dans lesquels circule librement un fluide, l'éther, qui, lui aussi, n'est que
de la matière à un état plus subtil. Libres dans les espaces
qu'ils occupent, les atomes sont animés d'un mouvement qui leur est propre,
mouvement vibratoire extrêmement rapide, qui est constamment, modifié par
les mouvements différents qui leur arrivent du dehors.
Si l'atome, que nous pouvons appeler l'atome chimique,
représente la matière à son dernier degré de divisibilité par les
moyens dont nous disposons, tout indique qu'il n'est pas un atome dans le sens
étymologique du mot, et qu'il est réellement divisible par des moyens plus
puissants. Quelques chimistes hardis, parmi lesquels je citerai M. Jollivet
Castelot, l'auteur de La Vie et l'Ame de la matière, affirment qu'il est
formé par l'agglomération de particules d'éther qui, par leur nombre, leur
groupement, leur orientation et leur mode de mouvement, constituent les atomes
des différents corps avec les propriétés physiques et chimiques que nous
connaissons à chacun d'eux. L'éther serait, ainsi, considéré comme le
véritable atome, l’atome principe, le protoplasma de la matière solide,
liquide ou gazeuse qui tombe sous nos sens.
On cherche maintenant à tout unifier. Si les
physiciens ont, déjà, établi et démontré l'unité des forces physiques,
les chimistes, qui raisonnent comme Jollivet Gastelot, cherchent à faire
admettre l'unité de la matière. Gustave Lebon va plus loin. Dans son
remarquable ouvrage : L'Evolution de la matière, il démontre qu'elle
n'est que l'éther condensé ; qu'elle naît, grandit, vieillit, meurt et disparaît,
c'est-à-dire qu'elle retourne à l'éther. Non seulement, elle vit,
mais elle est douée de sensibilité et réagit aux excitations.
Les occultistes
et les théosophes considèrent depuis longtemps l'éther comme un
quatrième état de la matière venant s'ajouter aux trois états
solide, liquide et gazeux que nous connaissons. Ces derniers admettent,
même qu'il y a dans la nature quatre états éthériques qui
diffèrent autant l'un de l'autre que le solide diffère du liquide
et le liquide, du gazeux. Ils pensent aussi que la matière telle que
nous pouvons la connaître sous ces sept états, est divisible à l'infini.
Dans son remarquable ouvrage sur l'Homme visible et invisible, Leadbeater
s'exprime ainsi à ce sujet :
...Ce que nous appelons, dit-il,
un atome d'oxygène ou d'hydrogène, n'est point le degré ultime et
de fait, point un atome du tout, mais une molécule qui, sous certaines
conditions, peut être brisée en atomes. En répétant ce processus de
séparation on arrive éventuellement à un nombre infini d'atomes physiques
indéfinis qui sont tous semblables ; il y a, donc, une substance à la
base de toutes les substances, et des combinaisons diverses de ces atomes
ultimes nous donnent ce que la chimie appelle des atomes d'oxygène ou
d'hydrogène, d'or ou d'argent, de lithium ou de platine, etc...
Ces atomes, cependant, ne sont
atomes ultimes qu'au seul point de vue de notre plan physique ;
c'est-à-dire qu'il y a des méthodes par lesquelles ils peuvent
être subdivisés : mais lorsqu'ils sont brisés ainsi, ils nous donnent une
matière appartenant à une région différente de la nature...
matière qui n'est plus expansive où contractile à quelque
degré de chaleur ou de froid que nous la soumettions. Cette matière
subtile n'est point simple non plus, mais complexe : et, nous trouvons qu'elle
existe aussi dans une série d'états à elle propres, correspondant
à peu près aux états de la matière physique que nous
appelons solides, liquides, gaz ou éthers. En continuant, plus avant, notre
processus de subdivision, nous arrivons à un autre atome... l'atome de
cette région de la mature que les occultistes ont appelé le Monde astral.
Le processus peut être
répété encore : car, en subdivisant cet atome astral nous nous trouvons en
présence d'un autre monde plus élevé et plus subtil, quoique toujours matériel.
Une fois de plus, nous trouvons de la matière existant dans des
conditions bien définies et à des états différents correspondant a ce
niveau très élevé : le résultat final, c'est que nos investigations nous
conduisent, une fois de plus, à un atome, l'atome de cette
troisième grande région de la nature que la théosophie appelle le Monde
mental. Autant que nous pouvons le savoir, il n'y a de limite réelle que pour
nos capacités d'observation. Nous en avons assez, cependant, pour être
certains de l'existence d'un nombre considérable de régions différentes chacune
étant, dans un certain sens, un monde en lui-même, et, dans un sens autre
et plus large, mous voyons que toutes ces régions forment les parties d'un tout
prodigieux.
les plans de la nature. — Les mêmes théosophes
désignent ces régions sous le nom de mondes ou de plans. Dans le langage
courant, on a tendance à les placer les uns au-dessus des autres,
suivant la densité de la matière qui les compose. Dans la réalité, il n'en
est pas ainsi.
...Il ne faut pas s'imaginer, continue Leadbeater,
qu'ils sont superposés comme les tablettes d'une bibliothèque, mais,
plutôt qu'ils remplissent tous le même espace, s'interpénétrant les uns
les autres.
Il est un fait bien reconnu dans
la science, que, même dans les substances les plus denses, jamais deux
atomes ne se touchent, chaque atome a toujours son champ d'action et de
vibration, chaque molécule, à son tour, possède un champ encore
plus grand ; de sorte qu'il y a toujours de l'espace entre ces atomes ou ces
molécules, et, cela, dans toute circonstance possible. Chaque atome physique
est baigné dans une mer de matière astrale qui l'environne et remplit
tous les interstices dé cette matière physique. Il est. universellement
reconnu que l'éther interpénètre toutes les substances connues, le
solide le plus dense comme le gaz le plus raréfié ; et comme il se meut, en
toute liberté entre les particules de la matière la plus dense, de
même la matière astrale l'interpénétré à son tour et se
meut, en toute liberté, parmi ses particules. La matière mentale,
à son tour, interpénètre l'astrale dans les mêmes
conditions. Ces différentes régions de la nature ne sont donc, en aucun cas,
séparées dans l'espace, elles existent tout autour et auprès de nous, de
sorte que, pour les voir ou les étudier, il n'est point nécessaire de nous
mouvoir dans l'espace ; il suffit d'éveiller en nous-mêmes les sens au
moyen desquels elles peuvent être perçues.
Pour expliquer comment plusieurs formes de la
matière ainsi considérée selon son degré de division ou de ténuité,
peuvent occuper le même espace, je vais faire une comparaison qui fera
très bien comprendre ce phénomène.
Supposons une cavité quelconque remplie de pierres. Ces
pierres vont nous représenter la matière à ses divers états ;
mais elles n'occupent pas toute la place qui leur est réservée ; il reste entre
elles des interstices qui peuvent être comblés par du sable. Ce sable
nous représente ici la matière astrale pénétrant la matière
physique. Les grains de sable laissent entre eux des interstices qui peuvent
être comblés par de l'eau, et l'eau nous représente, ici, la
matière mentale pénétrant la matière astrale. L'eau laisse
encore, entre ses molécules, des espaces qui peuvent être comblés par des
gaz, ce qui fait comprendre que la matière mentale peut, à son
tour, être pénétrée par de la matière à un état plus subtil
encore.
Il n'y a pas de vide dans la
nature.
Les solides touchent aux liquides ; les gaz à ceux-ci, d'une part, et
à l'éther, de l'autre. L'éther joint la matière physique à
la matière astrale et celle-ci est en contact avec la matière
mentale. Le monde physique n'est que la forme
visible des mondes invisibles. Les théosophes vont encore plus loin. Ils
affirment qu'il n'y a, dans l'univers, qu'une seule et unique sorte de
matière à des degrés différents de ténuité ; que la force et la
matière sont une seule et même chose. La
matière d'un plan est animée par la matière plus subtile du plan
supérieur qui la pénètre. Ainsi, la matière mentale
constitue la force qui anime la matière astrale, et celle-ci est la
force qui anime la matière physique.
les corps de l'homme. — Il est évident que l'homme
n'est pas uniquement constitué par le corps que nous voyons. La religion
chrétienne, d'ailleurs comme toutes les grandes religions qui se partagent la
croyance des humains, affirme que nous sommes un composé de deux corps ; l'un
matériel que nous voyons, l'autre immatériel ou spirituel que nous ne voyons
pas. Les philosophes spiritualistes nous en enseignent à peu près
autant, et la philosophie classique, qui ne veut rien admettre que ce qui tombe
directement sous les sens, est obligée, pour expliquer les phénomènes de
la vie psychique, d'accorder à la matière des propriétés qui ne
lui appartiennent certainement pas, comme celle de penser, de juger et de
vouloir.
Les théosophes de l'Inde ont atteint, depuis des
milliers d'années, dans le domaine des pouvoirs psychiques, des hauteurs que
nous sommes fort loin d'atteindre. Ils affirment que l'homme peut arriver
à ce que nous pouvons appeler la perfection ; et que lorsqu'il y est
parvenu, il possède ou a possédé sept corps correspondant aux différents
plans de la nature sur lesquels il s'est successivement élevé. Pour ne pas
effrayer notre imagination à la pensée d'une pareille étude que nous
serions certainement incapables de faire, restons avec les occultistes et les
théosophes occidentaux. Ceux-ci admettent l'existence de trois corps, qui, chez
l'homme arrivé au développement moyen de l'intelligence telle que nous le comprenons,
constituent ses véhicules, c'est-à-dire ses moyens de locomotion sur
chacun des plans correspondant à la matière dont ils sont formés.
Au corps physique, évidemment formé de la
matière que nous connaissons, appartiennent des fonctions comme la digestion,
l'assimilation, la locomotion et les divers phénomènes que les moins
intelligents d'entre nous peuvent constater, car ils tombent directement sous
nos sens : ce sont les phénomènes physiologiques.
Les deux autres corps, plus subtils, vont se partager
les fonctions que les philosophes considèrent comme des facultés de
l'âme.
Le corps astral est le périsprit des spirites,
l'âme sensitive des anciens philosophes. Composé avec la matière du plan
astral, il sert, en quelque sorte, de moyen d'union entre le corps physique et
le corps mental. C'est en lui que se produisent l'imagination, la sensibilité,
la douleur, les émotions, les désirs, les passions et les jouissances d'un
ordre peu élevé. Chez les animaux, il est le siège de l'instinct. C'est
par son intermédiaire que se produisent les phénomènes si longtemps
contestés de la télépsychie, des apparitions et des visions que nous avons en
songe. Lorsque nous dormons, nous ne vivons que par le corps astral qui se
meut, en toute liberté, sur ce plan.
Le corps mental, formé de la matière de ce
plan, est le siège de l'intelligence, de la pensée et de la volonté.
C'est le moi pensant, l'âme des philosophes (anima des latins, psukke des
grecs), dans lequel se produisent tous les phénomènes de la conscience.
Le jugement, le raisonnement, les résolutions, les délibérations, font partie
de son domaine. A l'état de développement que nous pouvons apprécier, c'est le
principe supérieur qui gouverne toutes nos fonctions, qui préside à
toutes nos actions conscientes.
Les corps astral et mental possèdent des sens
correspondant à ceux qui nous mettent en communication directe avec les
agents physiques, avec cette différence qu'ils sont considérablement plus
puissants.
Ces corps représentent, trois organismes distincts qui
sont réglés l'un sur l'autre, de telle façon qu'une impression perçue par l'un
est immédiatement transmise aux autres. On pourrait comparer cette transmission
à la suivante : si l'on tire vigoureusement un son de harpe, les
instruments semblables placés dans le voisinage rendent chacun la note que l'on
a tirée de la harpe, s'ils sont accordés au même ton que celle-ci. Le
physique, l'astral et le mental représentent, ici, des octaves de plus en plus
élevées, de telle manière que l'ensemble des notes pouvant être
données par le physique forment une octave quelconque. Le même ensemble
de notes constitue, dans l'astral, une octave supérieure, et le même
ensemble constitue dans le mental une octave plus élevée encore.
L'être physique est dirigé par l'astral et par le
mental.
En principe, il est soumis à l'astral pendant le
sommeil et au mental pendant la veille. Mais comme le gouvernement de cette
dernière partie de notre existence est plus compliqué, plus difficile
que la première, le mental a besoin de s'adjoindre l'astral pour l'aider
dans une certaine mesure.
Nous nous rendons souvent fort bien
compte qu'il y a en nous deux individus qui commandent, deux chefs qui n'ont
pas la même autorité, qui ne pensent pas de la même manière,
qui ne sont pas toujours, d'accord, qui discutent, luttent même, parfois,
l'un contre l'autre ; et, finalement, que c'est le plus fort qui décide. Ces
deux chefs sont là comme le directeur et le sous-directeur d'un grand
établissement ; ce sont précisément l'être mental et l'être astral,
dont les aptitudes sont loin d'être les mêmes.
Lorsque nous accomplissons un acte que notre raison
réprouve, comme de satisfaire une passion quelconque, nous nous rendons bien
compte de cette dualité intérieure. Le besoin de cette satisfaction prend naissance
dans l'astral qui le désire : et le mental, malgré le raisonnement qu'il y
oppose, est, souvent, impuissant à en empêcher l'exécution. Les
fous, les obsédés et tous ceux qui obéissent à des impulsions plus ou
moins irrésistibles, sont presque exclusivement gouvernés par l'astral, car,
chez ceux-là, le mental a perdu son autorité plus ou moins
complètement.
Ces deux individus sont maintenant bien connus en
psychologie, du moins, par leurs fonctions. L'être mental constitue
l'être actif dans lequel réside, la conscience, le moi pensant ; l'astral
est l'être passif, le subjectif, qui est le siège de la conscience
inférieure, de la subconscience, du moi inférieure. C'est sur ce dernier que la
suggestion, chère aux hypnotiseurs, exerce son empire.
Dans son Traité méthodique de Science, occulte, Papus
emploie un symbolisme fort simple pour faire comprendre le rôle de chacun des
trois éléments qui composent l'être humain. Il représente celui-ci par
une voiture attelée. La voiture, inerte par elle-même, représente le
corps physique ; le cheval qui traîne la voiture est, l'image de l'astral, et
le cocher qui conduit le cheval représente l'âme, c'est-à-dire le
mental.
Fig. 9. — La voiture attelée
Le cheval (l'astral,) marchant à une bonne allure,
sous la direction du cocher (le mental), traîne la voiture (le corps physique).
La régularité de la marche (fig. 9) représente les manifestations ordinaires de
notre vie raisonnable.
L'astral est le siège des passions, et lorsque
celles-ci s'éveillent, le mental est, souvent, impuissant à les
maîtriser. Cet état est représenté par le cheval qui s'emporte, entraînant dans
sa course la voilure et le cocher qui ne peut s'y opposer (fig. 10).
Fig. 10. — Le cheval s’emporte
Fig. 11. — Le
sommeil
Pendant le sommeil, la voilure est presque abandonnée,
car le cheval, qui est dételé, n'est presque plus sous la domination du cocher
(fig. 11).
Dans cet état de liberté apparente, une autre volonté
que celle du cocher peut s'emparer du cheval et le diriger. C'est ce qui se
passe dans la suggestion.
L'homme est sur le point de mourir. Le cocher sommeille
sur son siège, le cheval dételé n'est plus en rapport, avec la voiture
que par les guides qui s'allongent et menacent de se rompre (fig. 12).
Fig. 12. — Les approches de la mort
Le cheval devient, libre ; puis le cocher le rattrape,
monte en croupe et le conduit sur un autre plan, abandonnant la voiture qui est
brisée (fig. 13) : c'est la mort.
L'astral est généralement invisible pour nous dans
l'état ordinaire : néanmoins, dans l'obscurité, certaines personnes
impressionnables, dans les expériences d'extériorisation poussées jusqu'au
dédoublement, peuvent distinguer une forme plus ou moins nette, flottante,
vaporeuse, qui se déplace autour du sujet et qui peut s'en aller au loin, tout
en étant reliée à celui-ci par un cordon de matière astrale
également vaporeuse, partant de la région ombilicale. (Voir, à ce sujet,
mon ouvrage : Le Fantôme des vivants).
Fig. 13. — La voiture brisée, c’est la mort physique
Malgré sa subtilité, l'astral peut, parfois, être
photographié. Le colonel de Rochas, en photographiant un sujet extériorisé a
obtenu une forme rudimentaire. Un point très brillant est venu sur la
plaque : il a cherché le point correspondant sur le corps du sujet et a observé
qu'il correspondait à un point hystérogène dont l'expérimentateur
et le sujet ne soupçonnaient pas l'existence. J'ai obtenu moi-même de
très remarquables épreuves. En dehors du dédoublement expérimental, des
photographies très nettes ont été obtenues ; les plus remarquables que
je connaisse l'ont été dans les circonstances suivantes :
Fig. 7. — Une bouteille
Obtenue par M. Darget, dans les mêmes conditions
que la figure 5. Elle est debout, à peu près au milieu du cliché.
Fig. 8. — L’aigle
Obtenu à sec, au-dessus du front de Mme Darget,
endormie du sommeil magnétique ; pose 10 minutes.
Fig. 14. — Corps astral d’un prètre dédoublé
spontanément.
Fig. 15. — Corps astral de Mlles Pinard
— Un prêtre, photographe amateur, photographie,
dans les conditions ordinaires, un autre prêtre de ses amis. La plaque
est développée : et, à la grande surprise de l'opérateur qui est bien
sûr que son appareil n'a pas bougé, on remarque très distinctement
deux figures qui n'ont pas la même expression, tout en ayant la
même ressemblance (fig. 14). La figure de l'astral plus basse et un peu
à droite de la figure physique, paraît affaissée avec l'expression de
l'homme duquel on dit : « Je lui parlais, mais il ne m'écoutait pas. Il
paraissait absent. »
Le prêtre photographe montra cette plaque aux
amateurs les, plus experts de Tours, qui n'ont su donner d'autre explication
que celle du changement de place soit de l'appareil, soit du sujet au moment de
l'opération, quoique cette explication ne les satisfaisait pas
complètement. Présentée au commandant Darget, celui-ci reconnut l'image
bien évidente du corps astral du prêtre dédoublé au moment de
l'opération.
Darget voulut se rendre compte si, dans certaines
circonstances, le fluide magnétique ne pourrait pas être photographié.
Pour cela, il pria Pinard, magnétiseur à Tours,
de vouloir bien, avec ses deux fillettes, se mettre à sa disposition ;
ils acceptèrent. Celui-ci magnétisa ses filles pendant quelques minutes,
comme s'il avait magnétisé des malades pour les guérir, et Darget photographia
plusieurs fois le magnétiseur avec ses jeunes sujets. Sur plusieurs plaques,
une traînée lumineuse montre la réalité du fluide. Mais, sur l'une d'elles
(flg. 15), il remarqua, à sa grande surprise, que les deux fillettes
étaient dédoublées, comme le prêtre de la figure précédente. Et Darget
est absolument certain que les fillettes, pas plus que l'appareil, n'ont bougé
pendant l'opération. En examinant l'image, on peut, d'ailleurs, se rendre
compte que s'il y avait eu changement de place, les figures ne seraient pas
venues de la même manière. On remarque, d'abord, que les jambes
des fantômes ne sont pas visibles, ce qui indique que toute l'activité de
ceux-ci est portée à la partie supérieure du corps. Le bras gauche de la
fillette de gauche est plié sur l'image réelle ; il est allongé sur l'image
fantomatique. De plus, le fantôme, qui est composé de matière astrale,
beaucoup plus subtile que la matière physique, laisse voir à
travers son image les objets qui sont placés derrière.
les corps DANS LES RÈGNES
DU PLAN PHYSIQUE. —
Certains savants hardis, pensant comme les occultistes et les théosophes,
affirment que la vie est partout dans la nature ; autrement dit, que la
matière, généralement considérée comme inanimée, vit réellement. Des
expériences méthodiques faites à Naples, il y a une trentaine d'années,
par le professeur Schrôn, semblent le démontrer. Dans la Vie et l'Ame de la
matière, Jollivet-Castelot appuie cette idée par des observations et des
remarques fort judicieuses, et Gustave Lebon la démontre jusqu'à
l'évidence. D'autre part, l'étude approfondie du magnétisme nous révèle
que l'agent magnétique se trouve dans tous les corps, même dans ceux que
l'on considère comme des corps bruts, et que, partout, il est soumis aux
mêmes lois. (V. ma Physique magnétique).
Si les corps bruts présentent des traces d'animation, ils
doivent posséder un corps astral rudimentaire uni à leur corps physique
; les plantes doivent en posséder un plus développé, et les animaux, en dehors
d'un corps astral presque entièrement développé, doivent avoir un corps
mental à l'état rudimentaire.
Fig. 16. — Les plans de la nature
Les théosophes ne considèrent pas ces
affirmations comme des hypothèses, mais comme des vérités. Dans une
figure schématique très bien comprise, Leadbeater fait en quelque sorte
toucher du doigt le développement de chacun des corps d'un individu d'évolution
moyenne pris dans chaque règne du plan physique.
La figure 16, réduite et simplifiée, d'après
celle de Leadbeater, suffit pour les besoins de cette démonstration.
Le minéral est représenté par un rectangle peu élevé
placé dans la partie inférieure du plan physique. Ce rectangle est surmonté
d'un triangle dont le sommet pénètre dans la partie inférieure du plan
astral. C'est l'indice des premiers désirs du minéral et comme la
première manifestation de sa conscience.
Les mots « désir » et « conscience », appliqués aux
propriétés des minéraux, n'ont certainement rien d'exagéré malgré les
apparences, car on peut les considérer comme synonymes d'affinité; on pourrait
même dire que, dans certaines circonstances déterminées, ils montrent de
la sympathie ou de l'antipathie les uns pour les autres. Exposés à
certains contacts, les corps composés se décomposent pour en former d'autres ;
un de leurs éléments constitutifs abandonne ceux avec lesquels il est combiné,
prend sa liberté et se combine avec d'autres ; et ces actions sont parfois si
rapides, si violentes, si soudaines qu'elles sont presque instantanées. En
voici des exemples :
Si on jette de la limaille de zinc dans de l'acide
chlorhydrique — qui est une combinaison de chlore et d'hydrogène — le
chlore abandonne l'hydrogène qui est mis en liberté et se combine avec
le zinc pour former du chlorure de zinc. Ce procédé constitue une des méthodes
les plus pratiques pour la fabrication de l'hydrogène.
Si on jette dans l'eau — composé d'oxygène et
d'hydrogène — un fragment de sodium, on constate que l'oxygène
préfère ce métal à l'hydrogène, car celui-ci est
rapidement, mis en liberté, tandis que le premier se combine avec le métal pour
former un oxyde hydraté de sodium.
Si on observe des attractions violentes, on peut
observer des répulsions insurmontables. Ainsi, certains corps ne se combinent
jamais entre eux, quels que soient les moyens que l'on puisse employer pour
cela. On n'obtient pas l'acétate de soufre, car on n'est pas encore parvenu
à combiner ce métalloïde avec l'acide acétique.
L'attraction et la répulsion, on pourrait même
dire la sympathie et l'antipathie, l'amour et la haine que les corps du
règne minéral ont les uns pour les autres constituent bien des
manifestations d'une sorte de désir et comme le premier rudiment de
l'intelligence.
Les choses et les objets qui nous paraissent inertes
sont, donc, réellement animés, et on peut les considérer comme les premiers
anneaux de la chaîne évolutive des êtres qui part, ainsi, du niveau de la
matière pour s'élever dans les régions les plus élevées de la pensée, en
passant successivement par les règnes végétal, animal, humain, et
d'autres encore, car l'homme tel que nous le comprenons, n'est certainement pas
l'être en lequel doit s'arrêter la marche vers la perfection.
La plante occupe complètement le plan physique ;
et le triangle supérieur représentant ses désirs, ses aspirations, tient, dans
le plan astral, une place sensiblement plus grande que le minéral.
L'animal est complètement formé dans la partie
inférieure du plan astral, et le triangle, très élevé, pénètre
dans le plan mental. Son corps astral est presque aussi développé que celui de
l'homme et son mental commence à se développer.
L'homme est complètement développé dans la
partie inférieure du plan mental et le triangle atteint la partie supérieure de
ce plan. On peut supposer qu'en continuant à s'élever, il peut pénétrer
dans le plan supérieur et prendre, peu à peu, un quatrième corps
composé de matière plus subtile, que celle que nous connaissons, corps
par lequel il acquerrait de nouvelles qualités, une augmentation de ses
facultés actuelles et, très probablement, des facultés nouvelles.
Maintenant, autant pour ne pas trop abandonner le
langage courant que pour simplifier les descriptions que j'ai à faire,
je considérerai le plus souvent comme à peu près synonymes les
expressions de facultés de l'esprit, facultés PSYCHIQUES,
MENTALES, MORALES, INTELLECTUELLES, ainsi que les mots âme, esprit, etre psychique.
notre immortalité. — J'avais pensé, d'abord, ne pas
toucher à cette question qui effraie bon nombre de philosophes
enseignant ou admettant les décevantes théories matérialistes ; mais la
survivance au-delà du tombeau étant supposée partout, ce livre n'aurait
pas été complet sans une affirmation que l'on n'aurait trouvée nulle part.
C'est pour cela que, revenant sur ma première intention, je vais en dire
quelques mots.
Notre vie actuelle n'est qu'un
chaînon de l'immortalité, et la mort, telle qu'on la conçoit généralement,
n'est qu'un changement d'état ; c'est la fin de la vie physique, mais ce n'est
pas la mort de l'âme, qui est indestructible. Le corps qui meurt, c'est le
vêtement de l'âme. Dans une mort violente, suite d'accident, par exemple,
il est brusquement déchiré ; tandis que lorsque nous arrivons au dernier degré
de la décrépitude, il est usé et ne peut plus servir d'instrument à
l'âme qui l'abandonne. La mort est même plus qu'un changement d'état,
c'est le prolongement de la vie à peine voilé par le brouillard ; c'est
la naissance à la vie astrale qui est, toujours, meilleure que celle-ci
pour ceux qui ont vécu noblement.
Ce que l'on considère
généralement comme notre existence actuelle est la continuation d'existences
antérieures qui se poursuivront indéfiniment, dans des conditions d'autant
meilleures que nous faisons davantage pour les obtenir. Avec Lamartine, nous
pouvons, donc, répéter :
La vie est un degré de l'échelle des mondes,
Que nous devons franchir pour arriver ailleurs.
« L'esprit meut la matière. » C'est une
affirmation presque aussi ancienne que le monde civilisé. Nous évoluons. Cette
évolution se fait dans notre passage à travers la matière
physique, et notre origine remonte aux temps géologiques primitifs, à
l'époque où la matière s'est affirmée sous ses quatre états :
solide, liquide, gazeux, éthérique, que nous connaissons. Là, placés sur
les premiers degrés de l'interminable échelle ontologique, nous nous sommes
lentement élevés à travers les divers individus du règne végétal,
puis du règne animal, pour arriver à la hauteur, où chacun
de nous se trouve en ce moment.
Ce que l'on appelle le hasard de la
naissance, qui semble donner le prestige, la fortune, le bonheur, n'existe pas,
car la nature, souverainement juste, ne le serait pas si elle avait des
préférences pour quelques-uns. Par des lois d'attraction et d'affinité
inconnues dans leur essence, mais faciles à déterminer dans leurs
grandes lignes, nous renaissons dans des conditions analogues à celles que
nous avons quittées précédemment ; et, une fois encore, nous supportons les
conséquences de nos fautes, comme nous jouissons du bénéfice des progrès
que nous avons su accomplir.
D'infimes, de méchants ou de malheureux que nous
étions, nous nous élevons en devenant meilleurs ; et tous, au bout d'un temps
plus ou moins long, nous devons parvenir au bonheur. Mais, là comme
ailleurs, tous n'y arriveront pas en même temps ; ce sont, bien entendu,
ceux qui feront le plus et le mieux qui y parviendront les premiers.
Aucune de nos pensées, aucune de
nos actions n'est perdue. Si nous agissons mal, nous sommes affectés d'une
façon douloureuse ou désagréable ; tandis qu'en agissant bien, nous sommes
agréablement affectés. Dans le premier cas, nous restons à peu
près stationnaires, tandis que, dans le second, nous nous élevons.
Nous ne travaillons pas seulement pour être
heureux dans une autre vie, comme nous l'affirme la morale religieuse ; mais
nous en profitons très largement dans celle-ci, car nous recevons
souvent, dans un délai parfois très court, la plus grande partie de ce
que l'on pourrait appeler la punition ou la récompense de nos actions. Dans
tous les cas, nous pouvons avoir la certitude absolue que tous nos désirs
seront accomplis. S'ils sont énergiquement soutenus par des pensées puissantes
et par une volonté persévérante, ils s'accompliront dans cette vie, à
brève échéance, et s'ils sont insuffisants, ils ne s'accompliront que
dans l'autre. C'est pour cela qu'il faut nous habituer à penser et à
vouloir.
Pour se diriger dans ce labyrinthe de la vie qui est
plein d'écueils et d'obstacles, et arriver plus rapidement au but, le plus
grand nombre d'entre nous ont besoin d'être dirigés. Ceux qui connaissent
le chemin mieux que les autres peuvent, naturellement, leur servir de guides.
J'espère y contribuer dans une large mesure en mettant ce livre entre
les mains de ceux qui, enfoncés dans le bourbier de l'ignorance, s'attardent
trop longtemps sur la route de l'avenir.
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