III. — L'HOMME
L'Homme magnétique. — L'Homme non magnétique.
L'homme robuste, gai, bien équilibré, conscient de sa
force et du rôle important qu'il joue dans l'humanité ne ressemble en rien au
pauvre mélancolique constamment en proie à la plus sombre tristesse et
redoutant sans cesse des malheurs qui n'auront peut-être pas le temps de
lui arriver. C'est que notre état physique et notre état moral sont solidaires
l'un de l'autre et que, si l'un est sérieusement affecté, l'autre souffre
toujours plus ou moins. La force silencieuse de la pensée agissant constamment
dans le même sens, façonne notre corps, burine nos traits, dirige nos
manières, assure nos gestes et règle notre démarche. En imprimant
à tout notre être physique une série de mouvements correspondant
à ceux de notre état mental, elle nous rend agréables, attractifs et
sympathiques ou désagréables, répulsifs et antipathiques ; et les empreintes de
ces qualités et de ces défauts se voient constamment sur notre physionomie,
dans nos manières, dans notre attitude, dans notre allure, tout autant
que ces qualités elles-mêmes se sentent, car elles sont directement
perçues par un sens de l'esprit dont nous ne faisons que soupçonner
l'existence.
S'il en est ainsi, on peut donc définir à
l'avance le type de l'homme attractif dont la personnalité magnétique, est
développée à un certain degré, et Turnbull nous trace ainsi qu'il suit
dans son Cours de Magnétisme personnel les traits caractéristiques de chacun
d'eux ; voyons, d'abord, l'homme magnétique :
l'homme magnétique. — Quand vous vous trouvez en
compagnie de l'homme consciemment magnétique, le premier effet qu'il vous fait
est celui d'être au repos : il n'est point nerveux, il ne s'agite pas.
Vous éprouvez, ensuite, le sentiment qu'il a en lui, une force en réserve
quelque part, une force dont vous ne pouvez pas fixer l'endroit. Elle ne se
trouve pas précisément dans son regard, ni dans ses manières, ni dans
son parler, ni dans ses actions ; mais elle est là, elle existe et
semble faire partie de lui. Voilà exactement le fait : c'est une partie
de lui, et quelques minutes auparavant, tout singulier que cela vous paraisse,
c'était dans une petite mesure une partie de vous ! Un peu de cette force
d'attraction qu'il montre et dont vous êtes conscient est allé de vous
à lui sans que vous le sachiez...
Examinons l'homme d'un peu plus près afin de
connaître le secret de la fascination qu'il exerce sur vous. Observez, d'abord,
son regard. Ses yeux vous dominant quoiqu'il ne vous regarde pas fixement. Il
ne regarde pas dans vos yeux ni dans l'un plutôt que dans l'autre : il regarde
juste entre les deux, là où votre nez prend racine. Son regard
semble vous percer avec intention — un regard fixe et pénétrant, mais dans
lequel il n'y a rien de désagréable. Vous sentez qu'il n'est pas, qu'il ne peut
pas être impertinent. Remarquez également qu'il ne vous regarde pas ainsi
quand vous parlez : il attend votre communication puis il vous envoie la
sienne. Quand il parle, il vous regarde de cette manière déterminée,
dominatrice et, cependant, bienveillante, mais il ne se fait, pas valoir...
Il vous écoute avec politesse ; mais vous recevez
l'impression d'une volonté inflexible, vous percevez une puissance dans lui.
C'est l'homme qui doit être obéi ; en un mot, l'impression qu'il vous
laisse est celle de quelqu'un qui sait exactement ce qu'il veut et qui n'est
pas pressé parce qu'il est certain de l'obtenir... Voilà, donc, pourquoi
il est si calme, si assuré ! Le savoir est une Force et il sait que son
état dépend des Lois de Cause, et d'Effet.
Analysons sa conversation. Vous a-t-il appris quelque
chose ? Très peu, et rien qu'on puisse considérer comme vain ou
prétentieux. Ce qu'il donne n'est généralement point important, quoique vous
semblez croire cela tandis que vous l'écoutez.
Il n'est pas empressé. Il vous fait plutôt sentir que,
s'il le voulait, il pourrait en dire long. Ainsi, il pique un peu votre
curiosité..., mais il ne vous tend pas un piège pour chercher à
se faire admirer...
Quand cet homme a attiré vers lui la popularité,
l'influence, le succès, il a accepté ces dons : il les a considérés
comme son dû..., puis il a continué son chemin... Il a acquis la richesse
de la même façon qu'il a acquis la popularité : par la domination. Il a
dominé par le magnétisme ; il a attiré les hommes à lui...
Quelle impression cet homme vous a-t-il faite ? —
Celle-ci : vous désirez le connaître mieux parce que vous sentez qu'il vous est
sympathique, d'une façon mystérieuse et que vous ne pouvez définir. Il vous
tient selon l'expression courante, et vous ne pouvez vous soustraire à
son influence, même après que vous avez pris congé de lui.
Il se sert de votre force. Si vous voulez bien observer
ce qui se passe entre lui et vous, vous verrez que vous êtes celui qui a
fait montre de vos connaissances, que vous êtes celui qui a cherché
à plaire: en un mot, vous êtes celui qui a donné. Oui, c'est
précisément cela : vous avez donné ; il a reçu. S'il avait voulu que ce
fût autrement, lui, fort de son savoir conscient, et vous, faible et
dépourvu, vous auriez été obligé de recevoir tout ce qu'il aurait voulu vous
donner en fait d'impulsions, d'ordres ou d'idées... Mais il ne l'a pas voulu ;
il s'est permis, simplement, de vous faire une bonne impression. Puis, il est
parti après vous avoir pris un peu de magnétisme, comme l'abeille
s'envole après avoir pris te miel de la fleur.
l'homme non magnétique. — Après avoir, ainsi,
décrit la caractéristique de l'homme magnétique qui va de succès en
succès, le même auteur décrit celle de l'homme non magnétique qui
personnifie l'insuccès ; puis il les compare l'un à l'autre.
Il vous irrite ; si vous êtes acariâtre
vous-même, il augmente votre mauvaise humeur ; si vous avez des
dispositions, être morbide, il obscurcit votre horizon encore plus ; si
vous vous sentez heureux, sa présence semble avoir l'effet de peser sur vous.
Oui, c'est un poids, et vous avez à le soulever. Il vous demande de la
sympathie ; il dit qu'on ne le comprend pas ; il se plaint du sort, du temps,
d'une personne quelconque.
C'est un mécontent, un bavard ; il vous communique ses
secrets ; il veut que vous preniez part à ses ennuis. C'est un impulsif
sans discrétion, manquant de calme, de jugement de mesure et d’intérêt.
Flattez-le et laissez-le s'en aller ! Vous pouvez le prendre de la
manière la plus aisée en flattant son égoïsme : parlez-lui en, débarrassez-vous
de lui... et... n'y pensez plus.
Vous vous sentez heureux dès qu'il est parti. Sa
présence a pesé horriblement sur vous parce que vous ne saviez pas comment vous
soustraire à son influence. Si vous l'aviez su, vous auriez pu, non
seulement vous épargner une perte de magnétisme, mais même tirer, si vous
l'aviez voulu, quelque chose de sa faiblesse.
Pourquoi donc, est-il dépourvu de dispositions
attractives ? — La raison en est bien simple. C'est un négatif ; il dépend
d'autrui ; il a des griefs à exposer... Pouvez-vous vous figurer l'homme
magnétique que nous venons de décrire, comme ayant, lui aussi, des griefs ?
Essayez donc de vous le représenter ainsi . — Non, ce serait absurde. Notre
homme magnétique est une force parce qu'il s'est rendu maître des
circonstances, parce qu'il a gardé une attitude d'esprit qui soumet les
événements, qui domine ce qui est autour de lui.
Voici notre homme non magnétique personnifiant
l'insuccès, de son propre aveu, quoiqu'il ne le sache peut-être
pas ; il est faible ; il se plaint ; l'attitude de son esprit appelle
l'insuccès ; il gaspille la pensée et l'énergie. D'après la Loi
immuable de Cause et d'Effet, un tel être ne peut qu'échouer...
Voilà nos deux types en présence. Etudiez les
attentivement. Que le premier vous serve de modèle et le second d'avis.
Observez ces grands préceptes et qu'ils tintent, toujours, à vos
oreilles : « N'exposez pas vos griefs, ne recherchez ni la sympathie ni la
flatterie. Découvrez la force qui agit dans tous les désirs et appropriez-vous
cette force. »
Pour ne pas diminuer l'importance de cette magistrale
description, je n'ajouterai rien à la caractéristique de l'homme
magnétique comparée à celle de l'homme non magnétique.
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