I. — CONSIDERATIONS SUR LA PENSEE ET LA VOLONTE
La pensée est la nourriture de l'Esprit comme le pain
est la nourriture du corps
PRENTICE
MULFORD.
Malgré l'énergie que l'on peut posséder, il est
à peu près impossible d'acquérir immédiatement toutes les
qualités qui donnent l’influence personnelle ou puissance magnétique à
un degré très élevé. Il faut à tous, pour les acquérir s'ils ne
les ont pas et les augmenter s'ils les possèdent déjà plus ou
moins, une certaine expérience, de l'exercice, beaucoup de pratique et
d'entraînement.
Si l'on regarde autour de soi pour voir comment se sont
comportés ceux qui sont parvenus d'eux-mêmes à la fortune, ou qui
ont acquis une très haute situation quelconque, on reconnaît, presque
toujours, qu'ils ont travaillé avec une activité infatigable ; qu'ils ont suivi
avec la plus grande persévérance, pendant un temps parfois très long, la
voie qu'ils se sont tracée sans jamais s'en écarter, et qu'ils ont voulu avec
énergie arriver au but qu'ils se proposaient d'atteindre.
Le point de départ de tout
succès, de toute réussite, est dans la direction que l'on peut donner au
courant de ses pensées, car la pensée est un commencement d'activité. C'est un
acte à l'état naissant.
Il faut toujours avoir présent
à la mémoire que la pensée, quoique invisible, existe sous une forme
réelle, matérielle, durable ; qu'elle constitue le plus puissant agent que
l'âme ait à sa disposition pour parvenir à ses fins ; qu'elle est
une des forces les plus subtiles et les plus puissantes de la nature, si elle
n'est pas la plus subtile et la plus puissante de toutes ; que, par elle,
consciemment ou inconsciemment, nous agissons sans cesse sur nous et sur les
autres, comme, de leur côté, les autres agissent constamment sur eux et, aussi,
sur nous.
Lorsqu'elle revient, souvent, dans le champ de la
conscience, qu'elle s'impose ou qu'on se l'impose, elle entretient toujours, et
souvent même augmente considérablement, ce que l'on peut appeler notre
capital de force-pensée, lequel, s'il est exclusivement composé de pensées
nobles et élevées, forme et développe puissamment notre personnalité
magnétique.
Que l'on sache bien que les pensées de Bonté, de
Bienveillance, de Gaîté, d'Espérance, de Courage, de Confiance en soi
possèdent, par elles-mêmes, une puissance organisatrice qui assure
notre santé physique, attire à nous les bonnes choses et prépare notre
bonheur, tandis que la méchanceté, la haine, la malveillance, la méfiance, le
découragement, la tristesse, le désespoir constituent des forces destructives
qui ruinent notre santé physique, nous font détester de ceux qui nous
entourent, éloignent les bonnes choses pour attirer les mauvaises et préparent
notre malheur. Les premières nous placent dans les courants favorables
qui nous élèvent ; les secondes, dans les courants défavorables qui nous
abaissent.
Ceux qui sont bons, bienveillants,
persévérants, gais, courageux et pleins d'espoir sont attractifs et
possèdent, déjà, la personnalité magnétique à un certain
degré ; dans tous les cas, ils ont naturellement presque toutes les qualités
voulues pour la développer rapidement à un degré très élevé. Ceux
qui sont méchants doivent devenir meilleurs. Les désespérés qui ne sont
parvenus à rien doivent comprendre que ce résultat est dû à
leur insuffisance, à leur maladresse, à leur ignorance, et qu'ils
doivent apprendre à faire mieux.
Pour ces derniers, la tâche sera plus longue, plus
difficile que pour les premiers : car ils sont moins avancés sur le chemin de
la vie, moins évolués, mais qu'ils tâchent de bien comprendre qu'ils peuvent
changer de caractère, devenir meilleurs, plus sympathiques, plus
adroits, et qu'alors le bonheur, qui les fuyait obstinément, viendra à
eux d'autant plus vite qu'ils feront davantage pour l'obtenir. Ils abrégeront,
ainsi, le chemin qui doit les conduire au but final, en passant par une voie
plus droite, mieux entretenue, plus sûre.
Qu'ils sachent bien que la Santé
physique et morale, la Force, l'Influence personnelle, le Bonheur ne sont pas
des « présents du ciel » et qu'on ne les possède que si on les mérite.
Ils sont partout dans la nature et chacun peut les prendre. Le Bonheur est un
des signes les plus apparents d'une individualité forte, plus évoluée, plus
développée, plus parfaite, tandis que le malheur est l'indice d'une
individualité faible et arriérée.
On parvient à chasser les mauvaises pensées qui
obsèdent et à les remplacer par des bonnes qui apportent
l'Espérance, la Confiance, le Courage et à les orienter vers le but que
l'on veut atteindre rien qu'en le voulant
Chez les uns, la volonté est presque nulle ; chez
d'autres, elle agit par saccades et n'atteint que rarement le but visé. On
peut, toujours, la développer chez les premiers, la régulariser et la développer
encore chez les seconds.
Les principes du magnétisme personnel peuvent
être compris dans cette formule que le marquis de Puységur a donnée en
parlant du magnétisme physique appliqué à l'art de guérir :
Volonté active vers le bien,
Croyance ferme en sa puissance,
Confiance entière en l'employant,
CROYEZ ET VEUILLEZ
Je la résumerai davantage encore en disant simplement :
VEUILLEZ
et, comme on l'a dit et répété, vouloir, c'est pouvoir.
Ce que l'on veut avec persévérance, on le fait, car
toute volonté se confirme par des actes. Dans certaines circonstances, la
Volonté suffit pour éloigner la mort. Il est absolument évident que des
vieillards, dont la dernière heure a sonné, peuvent attendre l'arrivée
d'un enfant éloigné ; et qu'après avoir donné à celui-ci le
dernier baiser, lui avoir fait la dernière recommandation, lui avoir dit
le dernier adieu, ils s'éteignent tranquillement.
Donc, développer l'énergie de la volonté est, au
besoin, tout ce que l'on doit chercher, car, au fur et à mesure que l'on
y parvient, les qualités indispensables au succès viennent
d'elles-mêmes.
Je le répète : la plus grande partie des
individus peuvent y parvenir avec plus ou moins de facilité, et il n'y a de difficultés réelles que pour certains malades
et pour les paresseux qui attendent, toujours, que les alouettes leur
arrivent toutes rôties. Mais, tout en étant difficile pour quelques-uns,
la tâche n'est complètement impossible pour personne.
On parvient à développer l'énergie de la Pensée
et de la Volonté comme on développe ses muscles par les sports. Pour cela, il y
a une gymnastique de l'esprit, des sports psychiques qui peuvent être
pratiqués à l'égal de ceux que nous connaissons tous. On peut en
pratiquer un seul si l'on n'aspire qu'à une seule chose et devenir en cela
ou pour cela une sorte de champion qui arrivera, toujours, bon premier. On peut
les cultiver tous à la fois, ce qui est plus facile encore, et se
mettre, ainsi, dans l'état voulu pour attirer à soi les bonnes choses et
repousser les mauvaises, sans rien faire de spécial pour cela.
Il n'y a pas de limites au développement de la
puissance magnétique, et quelles que soient les hauteurs que l'on atteigne, il
y a, toujours, des sommets plus élevés où l'on pourra parvenir. Celui
qui persévérerait pendant cinquante à soixante ans, par exemple, dans le
développement d'un pouvoir quelconque parviendrait à accomplir
couramment des prodiges aussi étranges que ceux des fakirs, des brahmanes et
des thaumaturges les plus vénérés de l'antiquité.
Mais je n'engage personne à se lancer dans cette
voie qui n'est pas la meilleure, car elle est pleine d'écueils et même de
dangers. Il vaut mieux laisser de côté la possibilité d'accomplir des choses
extraordinaires et cultiver, en même temps, toutes ses facultés, car il
ne reste pas de lacunes dans notre développement et nous sommes mieux préparés
pour parcourir les grandes routes de la vie sur lesquelles on ne se perd
jamais, mais où l'on peut, souvent, s'égarer.
Si la tâche est difficile pour ceux qui ne vivent que
de haine ou qui sont constamment obsédés par des pensées qu'ils ne peuvent
éloigner, car ils ne font rien d'utile pour cela, elle est relativement facile
pour le plus grand nombre d'entre nous. Que tous s'y mettent, donc, hardiment,
et pas un seul, même celui qui se croit le plus incapable de vouloir, ne
perdra complètement son temps.
Dès que la personnalité magnétique commence
à se développer, au bout de quelques semaines pour les plus favorisés,
quelques mois pour ceux qui le sont moins, on éprouve à un degré plus élevé
un sentiment d'amour-propre, de dignité consciente, de confiance en
soi-même qui l'ont que la crainte ou l'appréhension que l'on avait
cessent ou, tout au moins, diminuent, dans une certaine mesure. L'espérance
grandit si l'on en possédait quelque peu, et commence à venir si l'on
désespérait de tout. C'est une ère nouvelle qui s'annonce.
En persévérant courageusement dans cette voie de
développement, on se rend compte que toutes les qualités précédentes
grandissent, et que d'autres, que l'on ne possédait pas, commencent à se
manifester.
Comme le physique et le moral sont, toujours, plus ou
moins solidaires l'un de l'autre, au fur et à mesure que cette
modification intérieure se produit, on observe une modification correspondante
de notre être extérieur. Notre physique se modifie d'une façon
appréciable pour tout le monde ; notre démarche devient plus gracieuse, plus
assurée, plus noble ; notre regard est plus puissant, tout en étant, plus doux
et plus agréable aux autres. Nous en imposons davantage. Nous devenons plus
sympathiques. Notre présence est plus agréable. Nos conseils sont mieux écoutés
et on nous recherche plus qu'on ne le faisait avant C'est l'influence
personnelle qui commence à se développer et, qui ne demande qu'à
grandir ; c'est la vie mentale qui sort de l'enfance pour arriver à
l'adolescence. En devenant de plus en plus conscients de ce développement, nous
comprenons mieux les grandes vérités ; nous commençons à sentir que nous
faisons la conquête de nos facultés, que notre destinée nous appartient
et que nous pouvons la diriger vers le but que notre liberté morale nous permet
de choisir.
En continuant à nous entraîner méthodiquement
nous devenons maître de notre esprit comme de notre corps, et l'ensemble de nos
facultés ne tarde pas à servir à l'accomplissement de nos
desseins. Le pouvoir que nous gagnons sur nous se
fait de plus en plus sentir sur le milieu qui nous environne, de telle façon
que, même sans le vouloir directement, nous dirigeons les autres et nous
comprenons très bien que nous sommes d'autant plus aptes à les
diriger que nous savons mieux nous diriger nous-mêmes.
Ce développement progressif de notre personnalité
magnétique est accompagné d'une sensation particulière de force physique
et morale exempte de toute disposition à nous faire valoir. C'est un
sentiment intense d'amour-propre, une perception intime de notre valeur réelle
qui nous rend plus modeste, car nous commençons à sentir que ce qui est
nécessaire à notre bonheur arrivera sans que nous fassions autre chose
pour cela.
On ne voit plus les infirmes, les malheureux et les
méchants sous le même aspect qu'on les avait vu d'abord, et l'on ne pense
nullement à se venger de ceux qui cherchent à nous faire du mal.
On comprend que nous suivons tous la même voie pour arriver aux
mêmes fins ; que les malheureux et les méchants sont des arriérés qui
stationnent au-dessous des autres sur l'échelle de l'évolution, et que, si l'on
est présentement meilleur et plus heureux qu'eux, c'est que l'on a acquis par
le travail l'avancement qu'ils devront gagner à leur tour.
Pour obtenir l'influence personnelle si on ne la
possède pas et l'augmenter si on la possède, déjà, plus ou
moins, il faut se livrer à un travail d'autant plus grand et d'autant
plus constant qu'on veut l'acquérir plus rapidement et à un degré plus
élevé.
Les exercices les plus insignifiants, et qui paraissent
en eux-mêmes les plus étrangers au résultat que l'on veut obtenir, y
conduisent sûrement par l'éducation de la Pensée et le développement de
la Volonté.
Un paysan qui se lèverait
tous les matins à deux ou trois heures, nous dit Eliphas Lévi, et qui
irait loin de chez lui cueillir tous les jours un brin de la même herbe
avant le soleil levé, pourrait, en portant sur lui cette herbe, opérer un grand
nombre de prodiges. Cette herbe serait le signe de sa volonté et deviendrait,
par cette volonté même, tout ce qu'il voudrait qu'elle devint dans
l'intérêt de ses désirs (Rituel de la Haute Magie, p. 30).
Les pratiques absurdes de la magie cérémonielle et les
formules bizarres qui encombrent les grimoires, sans en excepter les traités
les plus sérieux de magie pratique, n'ont pas d'autre but. Le même auteur
affirme cette vérité en ces termes :
Toutes ces figures, tous ces actes analogues aux
figures, toutes ces dispositions de nombres et de caractères, ne sont
que des instruments d'éducation pour la volonté, dont ils fixent et déterminent
les habitudes. Ils servent, en outre, à rattacher ensemble, dans
l'action, toutes les puissances de l'âme humaine, et à augmenter la
force créatrice de l'imagination. C'est, la gymnastique de la pensée qui
s'exerce à la réalisation ; aussi, l'effet de ces pratiques est
infaillible comme la nature lorsqu'elles sont faites avec une confiance absolue
et une persévérance inébranlable (Rituel, p. 75).
Il résulte de ces affirmations que plus les formules
sont compliquées, plus les pratiques semblent ridicules et difficiles à
exécuter, plus elles sont susceptibles de développer le pouvoir de la Volonté.
D'une façon évidente, il résulte de ce qui
précède que l'on peut, par une éducation rationnelle, augmenter
l'énergie de la volonté et la transformer en une formidable puissance devant
laquelle tout ce qui est possible peut être obtenu. C'est ce que je vais
essayer de faire en mettant cet enseignement à la portée de toutes les
intelligences.
Des exercices sont nécessaires ; je les réduirai
à leur plus simple expression et les classerai dans l'ordre qui me
paraît le meilleur. Les principaux, ceux qui semblent les plus indispensables
au plus grand nombre d'entre nous, sont méthodiquement décrits, dans autant de
chapitres.
Une dernière recommandation : — Au début, les
exercices peuvent être ennuyeux et, même, faliguants ; et l'on a,
toujours, tendance à se demander s'ils sont réellement nécessaires. Il
faut prendre d'avance la ferme résolution de vaincre toutes les difficultés, ne
serait-ce que pour se donner la satisfaction de les vaincre, et ne jamais
oublier qu'elles ont un double but : 1° Apprendre à Penser et à
Vouloir ; 2° Développer et régulariser ses Forces. Au bout d'un temps
très court, l'ennui et la fatigue disparaissent et les exercices qui
semblaient les plus ridicules et les plus ennuyeux sont faits avec
satisfaction, car on comprend qu'ils servent puissamment à conquérir la
maitrise de soi-même. Dans tous les cas, il faut éviter la fatigue, car
si elle était trop grande et, surtout, trop souvent répétée, elle conduirait
à l'épuisement.
Les exercices peuvent être faits à toute
heure du jour et de la nuit, et les plus occupés d'entre nous trouvent, toujours,
pour cela, ne serait-ce que 10 à 12 minutes, au lit, le soir en se
couchant et le matin en se levant, et il n'en est presque pas qui ne puissent
encore y consacrer quelques instants dans la journée. Il est bien entendu que
plus on y consacre de temps, plus vite on arrive au but de ses désirs. Il est
absolument nécessaire que les exercices soient très régulièrement
pratiqués tous les jours, autant que possible aux mêmes heures, et,
surtout, que l'on n'y manque pas, car une seule abstention peut faire perdre
tout le bénéfice acquis en plusieurs jours. D'ailleurs, la régularité est un
des facteurs les plus importants de l'habitude et de l'entraînement que l'on
veut faire prendre au corps.
II faut bien se rappeler que nous ne sommes pas faits
pour notre corps, et qu'au contraire, c'est le corps qui est fait pour nous,
c'est-à-dire pour l'Etre véritable qui est l'Ame. Nous savons,
déjà, que le corps est le vêtement de l'Ame ; c'est l'instrument
mis à sa disposition pour traverser la vie physique. Le corps
possède certaines propriétés qui nous permettent de le dresser, de le
mouler, en quelque sorte, sur nos désirs et nos aspirations. La principale de
ces propriétés, est l'habitude de suivre une ligne d'activité
particulière sans s'en écarter. Ainsi, une habitude bonne ou mauvaise
est prise, il la suit avec satisfaction. Si on veut changer cette habitude,
disons une mauvaise pour une bonne, il résiste, d'abord, puis se soumet ; et
cette soumission acquise, il suit la nouvelle voie avec la même satisfaction
qu'il parcourait la précédente. Il n'y a, pour le décider à cela, qu'une
question de volonte secondée par une certaine adresse. C'est cette propriété
automatique qui permet à l'Ame de se développer avec une grande
facilité, en remplaçant une mauvaise habitude par une bonne, un défaut par une
qualité, un vice ou une passion par une vertu.
Pour parvenir facilement à cela, je range les
chapitres qui suivent dans un ordre progressif et je recommande aux débutants
de les étudier, d'abord, attentivement les uns après les autres, de
pratiquer les exercices indiqués dans le plus grand nombre d'entre eux
jusqu'à ce qu'ils les exécutent facilement ; et, ensuite, de choisir
ceux qui leur conviennent le mieux en abandonnant les autres. la respiration
profonde, la concentration, la
meditation, l'autosuggestion et,
surtout, l'isolement devraient, toujours, être continués sans
interruption. la maitrise de soi est le chapitre le plus important, car ceux
qui suivent ne renferment guère que des indications pratiques pour l'acquérir
le plus et le mieux possible.
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