II. — MAITRISE DE SOI
Tout
s'achète et se paie. — Moyens d'acquisition. — La Vue et le Regard. —
L'Ouïe. — L'Odorat. — Le Goût. — Le Tact et la Nervosité. — Les
Mouvements, la Conversation. — Ne penser qu'à ce que l'on fait. — Aimer
son prochain. — Le Geste et l'Attitude. — Regardez en avant. — La Respiration.
— Influence du milieu. — Admirez ce qui est beau. — Travail et repos. — Le
Plaisir. — Respectez-vous. — La Colère. — Les Usages et les Coutumes. —
La Mode. — Les Tentations, les Défauts et les Passions. — Emploi de la journée.
— Hygiène alimentaire, corporelle et morale. — L'Art d'élever, les
enfants.
la
maitrise de Soi
est un état d'Ame particulier, une qualité de supériorité et de puissance qui
permet de faire ce que l'on veut et rien que ce que l'on veut. C'est la faculté
qui nous permet de discuter tous nos actes et de contrôler tous nos mouvements,
dans le but d'économiser notre énergie pour l'utiliser le plus avantageusement
possible. C'est la force qui, sous tous les rapports, met l'individu qui la
possède au-dessus des autres ; c'est la plus grande partie du magnétisme
personnel qui permet d'attirer naturellement les bonnes choses de la vie et de
repousser les mauvaises.
On comprend, d'ailleurs, que celui
qui est incapable de se maîtriser doit être incapable de diriger les
autres. Il doit, fatalement, rester impuissant à surmonter les
difficultés de la vie, à faire tourner en sa faveur la roue de la
fortune, à vaincre le destin ; autrement, dit, il ne peut être
heureux, car il dépense maladroitement les forces nécessaires a son Bonheur.
Pour mieux faire comprendre en
quoi consiste la Maîtrise de soi, je vais indiquer quelques-uns des
caractères qui distinguent celui qui la possède à un
certain degré de celui qui en est dépourvu, pour les comparer l'un à
l'autre.
L'individu qui est maître de lui :
— 1. Garde son sang-froid et
conserve toutes ses forces au moment du danger. Il devient même plus fort
qu'il n'est habituellement, car il comprend, instinctivement du moins, qu'il
doit rassembler toutes ses énergies pour se sauver et sauver les autres. Si
cela est impossible, il reste calme jusqu'à la mort et rassure de son
mieux ses compagnons d'infortune.
— 2. Il n'est pas surpris
lorsqu'un bruit soudain se fait entendre près de lui.
— 3. Il n'a peur de rien. Sans
être téméraire, il est, toujours, hardi et courageux.
— 4. Il soutient hardiment la
controverse, discute froidement le pour et le contre et ne s'emporte jamais.
5. Il fait ce qu'il veut de son
temps et de sa personne, sans subir, jamais, l'influence des autres.
— 6. II se connaît ! Il a
conscience de sa supériorité sur beaucoup d'autres, mais il ne le fait pas
voir. Simple et modeste, il est, toujours, calme, et cet état se réfléchit sur
son visage, dans son attitude et dans ses manières, sous la forme d'une
noble fierté dépourvue de toute arrogance. Satisfait de sa situation quelle
qu'elle soit, il aspire, toujours, à une santé meilleure, à des
résultats plus satisfaisants sous tous les rapports, et tait ce qu'il faut pour
y parvenir.
— 7. Il prend, très
volontiers, du plaisir et de la distraction ; et s'il dépense plus qu'il ne
l'avait cru d'abord, il ne le regrette pas. La partie terminée, il ne pense
qu'à la satisfaction qu'il s'est donnée, et, surtout, au bénéfice
physique et moral qu'il va en tirer.
— 8. Bon et prévenant pour ses
semblables, il soulage leurs misères dans la mesure de ses moyens ; il
les conseille, les encourage et les réconforte, mais il ne s'apitoie jamais sur
le sort des plus malheureux, car il comprend que cela les déprimerait et ne
servirait qu'à faire admettre à ceux-ci que leur malheur est
encore plus grand qu'ils ne le pensent.
— 9. Toujours calme, il concentre
sa pensée sur l'acte qu'il accomplit à l'instant même, sans se
laisser distraire. Tout en parcourant les journaux pour être au courant
de la marche du progrès, il évite la lecture des romans, des contes et
des banalités qui ne devraient intéresser personne.
— 10. Il estime que la Vie mérite
d'être vécue.
Elle constitue un état qu'il
cherche, toujours, à rendre plus parfait. Quoique heureux et content de
son sort, il tend, sans cesse, à l'améliorer par son travail et ses
aspirations.
Par contre, l'individu qui n'est
pas maître de lui :
— 1. S'affole, crie et se
désespère au moment du danger. En écrasant les autres, il ne pense
qu'à la fuite sans en chercher les moyens, car la peur paralyse sa
raison.
— 2. Il sursaute au moindre bruit
: grincement d'une porte, craquement d'un meuble...
— 3. Ayant peur de tout, il est
saisi de frayeur à la vue d'une guêpe qui s'approche de lui, d'une
souris qui passe ou d'un crapaud qui s'enfuit. Souvent lâche, il est, toujours,
poltron.
— 4. Ne supportant pas la
controverse, il ne peut pas discuter ; dès qu'on n'est plus d'accord
avec lui, il se fâche, se met en colère et vous insulte.
— 5. Ne sachant que faire de son
temps, il fe laisse, entraîner par des camarades où il ne voudrait pas
aller.
— 6. Il ne se connaît pas !
N'ayant même pas conscience de sa faiblesse, il prend, souvent, ses
défauts pour des qualités. Entêté, orgueilleux, arrogant et, parfois,
méchant, il passe, souvent, de l'énervement à l'abattement, et cet état
se réfléchit sur son visage. Il s'en aperçoit et cherche à le
dissimuler, mais on le voit et l'on dit qu'il « est faux ». Il redoute, sans
cesse, des malheurs qui n'auront peut-être pas le temps de lui arriver.
Analysant ses sensations, il épie le plus petit malaise, qui est, ainsi,
guetté, attendu, et, souvent, provoqué. Si ce malaise arrive, il est grossi et
amplifié ; c'est le début de la maladie. Il est, toujours, mécontent de lui et
de ceux qui l'entourent ; ses affaires ne vont pas, la misère approche,
mais il est incapable de faire quoi que ce soit pour l'éviter, car il attend
que les alouettes rôties arrivent d'elles-mêmes sur sa table.
— 7. Il redoute les défauts qu'il
est incapable de surmonter. S'il dépense de l'argent pour se distraire, il le
regrette et y pense sans cesse, sans songer que la distraction lui est plus
nécessaire qu'à tout autre. S'il est minutieux, la plus petite
manifestation ennuyeuse est soigneusement, étiquetée ; elle a sa fiche
signalétique pour être reconnue dès qu'elle arrivera. C'est, le
moyen le plus certain pour l'attirer au plus vite.
— 8. Toujours égoïste et
maladroit, il se désole devant la misère et le malheur de ses
semblables, et leur fait, toujours, part de sa désolation. Il les plaint, leur
fait craindre des malheurs plus grands encore, sans comprendre combien ces
sentiments leur sont nuisibles. S'il leur vient en aide, il leur fait bien
sentir que c'est parce qu'ils sont dans le besoin.
— 9. Il met en tout de la
précipitation qui use inutilement ses forces et n'arrive jamais à
l'heure. Il ne lit dans les journaux que les romans, les faits divers, les
accidents, les crimes et les horreurs de toute sorte que des rédacteurs peu
scrupuleux écrivent spécialement pour ceux qui ne vivent que d'émotions
malsaines.
— 10. La vie lui est, toujours,
à charge, et il pense, souvent, au suicide. Dans tous les cas, il n'est
jamais heureux, car il est, toujours, mécontent de lui et des autres. On lui
fait du mal, on l'envoûte, et ii n'éprouve de soulagement qu'en racontant
ses maux réels ou imaginaires à tous ceux qui veulent l'entendre.
En présence de ces deux types que
j'ai choisis, non pas au sommet ni au plus bas de l'échelle de l'Evolution,
mais assez loin de ces deux points extrêmes, on comprend très bien
que les individus du premier type sont maîtres d'eux-mêmes, et qu'avec de
la bonne volonté, ils pourront rapidement acquérir i'influenge personnelle
à un très haut degré, car ils sont, déjà, positifs et en
voie de devenir attractifs. Par rapport à eux, les derniers sont des
arriérés, des négatifs qui sont fatalement répulsifs si ce n'est pour ceux qui
sont encore au-dessous de leur niveau. Leur tâche sera ardue pour monter
à la hauteur des premiers. Ils ne comprendront, d'abord, que fort peu de
chose à ce que j'enseigne ici ; et ce n'est qu'en s'y reprenant à
plusieurs fois qu'ils y parviendront. Dès qu'ils auront compris, en se
mettant courageusement, à la tâche, ils parviendront, aussi, à la
maîtrise d'eux-mêmes. Arrivés là, ils pourront légitimement
aspirer aux pouvoirs que le magnétisme personnel peut donner à tous.
tout
s'achète et se paie. — Nous aspirons tous au Bonheur qui apporte des
jouissances plus élevées et plus pures. Nous pouvons tous l'obtenir d'autant
plus vite que nous nous y appliquons davantage ; mais, ici-bas, tout
s'achète et se paie. Dans le domaine physique, l'achat d'une propriété
s'acquitte avec de l'argent ; dans le domaine psychique, les facultés se paient
avec des pensées désintéressées, pures et élevées. La pensée, c'est de l'or
psychique, qui se gagne lui-même par des désirs intenses, des efforts
répétés, une persévérance à toute épreuve, une volonté indomptable ; et
toutes ces qualités, qui font l'homme fort et attractif, sont,
elles-mêmes, le résultat d'un travail intelligent et prolongé.
Les grandes acquisitions se font
au comptant ; elles coûtent cher, car elles exigent un temps précieux,
des exercices répétés et beaucoup d'entraînement. Lorsqu'on en possède
une, il y en a encore beaucoup d'autres à faire ; et si l'on a négligé
les petites, il reste un très grand vide à combler. Pour cette
raison, j'estime qu'il y a beaucoup d'avantages à s'attacher, d'abord,
à ces dernières qui sont faciles à obtenir, car elles
n'exigent ni temps appréciable ni exercices spéciaux, mais seulement de
l'attention. En possession de beaucoup de petites acquisitions qui sont autant
de petites victoires sur soi-même, on est, d'ailleurs, mieux préparé
à en faire de plus grandes.
On sait que « les petits ruisseaux font les grandes rivières
», c'est-à-dire que beaucoup de petites victoires équivalent à
une ou même à plusieurs grandes. Plus vous remporterez de ces
petites victoires, plus vous aurez de confiance en vous, plus votre Pensée
deviendra active et puissante, plus votre Volonté sera énergique et plus
facilement vous réaliserez votre idéal.
moyens
d'acquisition.
— Les victoires à remporter sont très nombreuses. Elles
consistent dans le contrôle de nos sens, de nos mouvements, de notre
intrépidité ou de notre nonchalance, de nos emportements coléreux, du brusque
changement de nos idées et de nos décisions, de nos hésitations et de nos
craintes puériles, de nos pensées de haine et'de vengeance, de nos passions, de
nos défauts et, même, de nos plus petites habitudes mauvaises et de mille
et une manifestations de notre Energie qui usent maladroitement nos Forces
physiques aussi bien que nos Forces psychiques.
Eviter cette usure, ces pertes,
ces fuites, voilà le secret de la Réussite, de la Fortune et du Bonheur
que nous cherchons tous.
J'entre en matière, en
exposant le tracé de quelques moyens de contrôle qui serviront de
modèles pour gagner le plus grand nombre des autres victoires qui nous
sont indispensables. Je commence par la maîtrise de nos sens, pour terminer par
celle de nos défauts et de nos passions les plus violentes.
la vue et
le regard.
— Le regard a une puissance formidable. Il dompte, soumet ou charme ceux qui
nous entourent. Un regard franc, pénétrant et calme est celui qui rend le plus
de services. Habituez-vous, donc, à regarder franchement, loyalement et
avec douceur, mais avec une grande fermeté, sans jamais détourner votre
attention de celui qui vous fixe. Dans la conversation, prenez l'habitude de
regarder celui qui vous parle, non pas avec fixité, mais avec douceur. Lorsque
vous lui parlez, employez la méthode de Turnbull, qui consiste à
regarder votre interlocuteur à la racine du nez, entre les deux yeux
comme si vous vouliez porter votre idée au centre même de son cerveau.
Lorsqu'il vous parle, détournez votre regard pour le porter sur la partie
inférieure de son corps, sa poitrine par exemple. Cette importante question est
développée dans le chapitre traitant du magnétisme du regard.
Cherchez la vue des belles choses,
pour les admirer et en conserver le souvenir, mais ne vous arrêtez pas
aux vilaines. Réfléchissez, souvent, aux premières, jamais aux secondes.
l'ouie. — II est de toute nécessité de
l'habituer a tous les bruits auxquels nous sommes constamment exposés, pour ne
pas en être impressionnés désagréablement. Pour cela, une petite
expérimentation, suivie du raisonnement, réussit admirablement.
— Allez dans les endroits
où l'on fait du bruit qui vous déplaît avec la conviction bien
arrêtée de ne pas en être incommodé, et vous serez tout étonné que
d'autres plus intenses que ceux qui vous sont habituellement désagréables, ne
vous font absolument rien. Si vous avez peur du tonnerre, ouvrez votre
fenêtre au moment de l'orage, et dites-vous que vous entendrez ses
grondements les plus formidables sans trembler ; et une fois encore, vous serez
surpris de ne pas en être affecté.
Faites des expériences avec les
bruits que vous pouvez produire. Jetez à terre une casserole, une chaîne
ou n'importe quel objet rendant un son qui vous incommode habituellement, et
vous verrez que vous les supporterez très bien.
Raisonnez avec tous ces faits, en
disant que vous ne devez pas plus trembler devant les bruits inattendus que
devant ceux-là, et il ne tardera pas à en être ainsi.
l'odorat. — Presque toutes les odeurs,
agréables au plus grand nombre d'entre nous, sont nuisibles. L'odeur fine et
pénétrante des fleurs et de certains fruits, comme les oranges, le sont assez
pour que les hygiénistes conseillent à juste raison, de les éloigner de
la chambre à coucher. Par contre, certaines odeurs fort désagréables,
telles que celle de la cuisine où frit l'oignon, celle de l'ail et du
fromage ne sont nullement nuisibles. Je dirai même que les vidangeurs
sont de vigoureux gaillards qui ne perçoivent même pas l'odeur qu'ils
respirent en exerçant leur désagréable métier. S'il en est ainsi, vous pouvez
acquérir assez de maîtrise sur vous pour ne pas être affectés
désagréablement par une odeur qui n'a rien de nuisible.
Pour cela, vous dire que n'importe
quelle odeur de cette dernière catégorie ne vous impressionnera plus
désormais. Ce sera le premier jalon planté sur le chemin de la Maîtrise de
l'odorat ; ensuite, expérimentez.
— Ne fuyez pas les mangeurs d'ail,
stationnez à la porte de la cuisine où frit l'oignon, restez
près du fromage le plus odorant et ne sortez pas du compartiment des
fumeurs lorsqu'on chemin de fer vous vous trouvez avec eux. Je ne dis pas que
vous vous habituerez assez à ces odeurs pour qu'elles vous soient
agréables, mais elles ne tarderont pas à vous devenir indifférentes. Les
odeurs des différents milieux dans lesquels vous êtes obligé de pénétrer
sont assez nombreuses pour que vous fassiez, sans vous déranger, les mêmes
essais, qui seront, toujours, couronnés du même succès ; et la
partie que joue votre odorat sera, bientôt, gagnée.
le gout. — On dit que le goût est
le « portier de l'estomac ». Cela n'est pas, toujours, vrai : car si on
digère bien ce qui est agréable, on se rend malade avec des aliments
avariés qui plaisent, et on s'empoisonne avec des champignons vénéneux que l'on
trouvé délicieux. Par contre, on se trouve très bien de ceux qui
déplaisent horriblement, si on les absorbe avec la conviction de les bien digérer.
En voici un exemple personnel :
—Dans ma jeunesse, non seulement
je n'aimais pas le fromage, mais j'avais pour lui une telle horreur que je m'en
éloignais le plus possible, que je ne le touchais pas du doigt et que je ne
prononçais même pas le mot. Ne voulant pas être ridicule, je pris
la résolution de m'habituer à en manger. Les débuts ne furent pas
faciles ; car je vomissais de dégoût en voulant avaler la moindre miette.
Je m'efforçai à en supporter l'odeur, ainsi que la saveur et à en
manger une quantité plus grande. Chose qui me surprit au plus haut point, je le
digérais parfaitement.
Etablissez votre régime
alimentaire en donnant là plus large place aux légumes et aux fruits et
habituez-vous à manger ce que tout le monde mange. Efforcez-vous,
surtout, pour acquérir la Maîtrise du goût, à manger les aliments
qui vous déplaisent, et vous ne tarderez pas à les aimer, C'est de
l'Autosuggestion.
Il y a certains aliments que l'on
aime beaucoup, qui digèrent très bien, mais qui provoquent des
éruptions ou des malaises, toujours les mêmes. C'est cette disposition
particulière à certaines personnes que Ch. Richet appelle
l'anaphylaxie. Dans ce cas, il faut s'en abstenir. Cette abstention a encore
son importance, car elle constitue une Victoire sur la gourmandise.
le tact
et la nervosité.
— Le Tact est le sens qui nous fait percevoir les impressions de contact telles
que la forme et, la consistance des objets que nous touchons ; la Nervosité,
qui constitue l'un des principaux éléments des fuites ou pertes de la force vitale,
est une exagération maladive de la sensibilité générale.
Le nervosique, qui est
impressionnable et irritable à l'excès, ne dort pas à la
moindre inquiétude qui prend, souvent, naissance dans son imagination ; i1 se
tourmente dans l'attente d'une nouvelle, qui peut être très bonne,
et sursaute à la moindre surprise. L'attention, la réflexion, la bonne
volonté, quelques petites expériences insignifiantes, aidées du raisonnement,
feront disparaître sa nervosité, je ne dis pas en quelques jours, car l'organisme
entier est devenu malade de ce fait, mais en quelques mois. Le physique se
rétablira aussi bien que le moral ; ce sera le début de la Hardiesse, de la
Santé et du Bonheur.
Pour cela, attendant une nouvelle
en retard, il doit se dire, d'abord, que ne pouvant rien faire pour avancer sa
venue, il doit l'attendre patiemment ; et qu'ensuite, lorsqu'elle sera venue,
il n'en sera pas trop vivement impressionné : si elle est bonne tant mieux, si
elle est mauvaise tant pis. C'est de la Fermeté, c'est de l'Energie et du
Courage, qualités indispensables à la réfection de tout son être.
Si la vue d'un crapaud lui est
insupportable, qu'il le prenne dans ses mains en se disant : « Cet animal est
laid, mais il n'est pas méchant et ne fait aucun mal. » Ce raisonnement le
mettra, bientôt, au-dessus de toute répugnance.
Qu'il agisse d'une façon analogue
pour toutes les causes de son irritabilité, et la Maîtrise de sa nervosité
sera, bientôt, acquise.
les
mouvements.
— Toute action musculaire use de la force. Il est, donc, de toute nécessité
pour être toujours fort, de ne pas gaspiller celle-ci inutilement. Chacun
de nos mouvements volontaires doit être motivé par une intention bien
déterminée de l'exécuter convenablement ; et, pour cela, il faut y mettre de
l'intelligence. Pour y arriver facilement, il ne faut penser qu'à ce que
l'on fait. En fermant une porte, réfléchissez à la somme de force que
vous devez employer, et ne la faites pas claquer.
Ce sont, surtout, les mouvements
involontaires ou spontanés qu'il faut éviter, tels que : action de tourner les
pouces l'un autour de l'autre, se mordre les lèvres, se ronger les
ongles, hocher la tête, hausser les épaules, cligner des
paupières, sucer ses dents, tambouriner des doigts, tapoter des pieds,
etc., etc., car ces mouvements usent maladroitement notre force et sont
désagréables à ceux qui nous entourent.
En société, évitez
de rire et même de sourire à tout propos ; c'est un signe de
faiblesse physique et d'infériorité morale.
la
conversation.
— Ne parlez de vos Espérances, de vos Désirs, de
vos Intentions et de vos Projets qu'à ceux dont vous êtes à
peu près sûr de toute la sympathie, de toute la confiance, de tout
l'intérêt qu'ils peuvent vous porter, et sachez que les vrais amis sont
rares. Lorsque vous serez quelque peu
Maître de vous, votre Influence personnelle commencera à se développer
et vous serez, naturellement, conduit vers ceux qui peuvent vous être
utiles.
Surtout, pas de bavardages et de
plaintes inutiles, car vous ne rencontrez que très rarement ceux qui comprennent
vos besoins. Dans la conversation, écoutez complaisamment votre interlocuteur
et ne le critiquez pas ; au contraire, laissez-lui croire que vous l'admirez.
Ne cherchez pas à piquer sa curiosité ; ne soyez pas empressé, mais
agissez, toujours, avec loyauté et, même, avec une sorte de familiarité,
sans jamais chercher l'admiration qui vous ferait perdre des forces à
son profit. Exercez, toujours, un contrôle sérieux sur vous-même ; pensez
à chaque mot que vous prononcez, en ayant la conception nette et précise
de ce que vous voulez exprimer. Cherchant à convaincre, employez le
regard central, ainsi que je l'ai dit en parlant de la maitrise de la vue,
comme pour porter votre idée au centre même du cerveau de votre
interlocuteur. Lorsque celui-ci vous parle, je ne saurais trop le répéter, ne
vous laissez pas regarder ainsi, et détournez votre regard, afin d'éviter ses
suggestions. Réalisez, toujours, le maximum d'attention ; et si, malgré cela,
la conversation tourne à votre désavantage, réfléchissez sérieusement
à ce que vous devez répondre sans vous abandonner au découragement.
Soyez, toujours, calme et ne mettez aucune violence dans vos affirmations, car
le plus fort n'est pas celui qui serre les dents et roule des yeux menaçants. Il réussit, parfois, à intimider, mais, jamais,
à convaincre.
ne PENSER
QU'A CE QUE L'ON fAIT. — L'émission de la pensée exige une certaine dépense
de force. Plus nous pensons, et, surtout, plus nous laissons divaguer notre
pensée sur plusieurs sujets, plus nous dépensons d'énergie. Il faut, donc,
modérer l'activité de la pensée et la concentrer toujours sur l'action, du
moment.
Si l'on veut faire deux choses
à la fois, elles sont toujours mal faites, tout en dépensant plus de
force qu'il n'en faudrait pour les faire très bien l'une après
l'autre. Un ouvrier qui ne s'intéresse pas à sa besogne, qui écoute le
chant des oiseaux et cherche à les voir, ou qui regarde sa montre
à chaque instant, fait peu de bon travail et, se fatigue à
attendre l'heure du déjeuner qui ne vient pas assez vite. C'est un malheureux
qui ne goûte jamais à la joie et à la satisfaction que
donne le travail accompli. La cuisinière qui, de sa fenêtre,
regarde les passants et s'intéresse à ce qui se passe dans la rue,
oublie le rôti qui ne tarde pas à brûler.
Je développe plus loin cette
importante question ; avant d'y être arrivé, efforcez-vous à ne
penser qu'à ce que vous faites, vous serez sur la voie qui conduit
à la Maîtrise de soi.
aimer son
prochain.
— Nous savons que la pensée fournit des résultats définis, même en dehors
de la direction qu'elle donne à nos actions. Comme les pensées de
même nature s'attirent et que celles de nature opposée se repoussent, on
comprend, sans autre démonstration, que des pensées d'AMOUR et de bonté en attirent d'autres semblables
qui nous reviennent plus puissantes et mieux appropriées à servir nos
propres intérêts. Dans un des chapitres suivants, je traite plus
profondément cette importante question, sur laquelle j'attire toute votre
attention.
En attendant, cherchez à éloigner
de vous toute pensée de méchanceté, de haine et de vengeance pour ne penser
qu'à être agréable aux autres, à les aimer et à les
aider dans la mesure de vos moyens. Ils vous le rendront au centuple. Je sais
bien que, pour beaucoup d'entre nous, il est fort difficile d'aimer celui qui
vous hait et de faire du bien à celui qui vous fait du mal, mais vous
devez vous y efforcer de tout votre pouvoir. C'est, d'abord, le plus sûr
moyen de le rendre meilleur à votre égard. Lorsque vous serez parvenu
à rendre le bien pour le mal et aimer celui qui vous déteste, vous aurez
acquis la partie la plus importante de la « Maîtrise de soi » et vous
commencerez à être fort.
le geste
et l'attitude.
— Les Gestes que nous employons et l'Attitude que nous prenons jouent un grand
rôle vis-à-vis des autres et vis-à-vis de nous-mêmes. Un
acteur qui représente un personnage célèbre se figure être ce
personnage même ; il prend ses manières, ses gestes, son altitude
; et, en l'imitant, il se rapproche de lui.
Lorsque l'on taquine un chien avec
des gestes d'attaque, l'animal prend, d'abord, plaisir à ce jeu, en se
défendant et en attaquant, mais, au bout de peu de temps, finissant par
admettre que la bataille est réelle, il montre les dents et menace de mordre si
on continue. Les enfants, les vieillards, les idiots et tous ceux qui sont
affaiblis au physique et au moral, se comportent de la même
manière.
On sait que celui qui est
mélancolique, rêveur, affaibli ou malade, marche d'un pas lourd et
chancelant, la tête baissée, comme s'il voulait cacher son visage
attristé. Celui qui est robuste, gai et content de lui marche, au contraire,
d'un pas dégagé, la tête haute et le geste gracieux. Le premier inspire
la pitié, le second fait envie.
Profitez de ces exemples naturels.
Ne vous abandonnez pas à la rêverie et vivez le plus possible avec
des idées de Gaîté, d'Espérance, de Réussite, de Courage, de Bonté ; et marchez
la tête haute, avec Fierté et Confiance en vous. Lorsque vous pariez, que
vos Gestes et votre Attitude, fermes et résolus, montrent à ceux qui
vous écoutent que vous savez ce que vous dites. Non seulement ceux qui vous
voient et vous entendent ont plus de confiance en vous, mais ces
manières exercent sur vous-même une influence énorme.
Gardez toujours, même
lorsque vous êtes seul, une Attitude correcte, calme et digne, sans
affaissement ni raideur, en vous efforçant de prendre l'expression que l'on
prend naturellement en voyant des choses agréables. Il est bon de s'exercer
à cela, ne serait-ce qu'une ou deux fois dans la journée. C'est de
l’autosuggestion qui rend de grands services en facilitant la tâche.
regardez
en avant.
— Par cette expression, Mulford veut dire que vous devez oublier le passé pour
ne penser qu'à l'avenir.
« Je meurs chaque jour », dit
saint Paul, en voulant faire comprendre qu'une partie de ce qu'il était hier
est rejetée hors de lui, et que cette partie usée, de lui-même, est
remplacée par une nouvelle, meilleure et plus utile.
Le serpent change de peau,
l'oiseau change de plumes et l'arbre de feuilles. Nos cellules usées sont
dissociées et rejetées au dehors par la désassimilation, pour faire place
à de plus vigoureuses. Nous devons en faire autant pour nos pensées.
Cherchez, donc, à oublier
la plus grande partie de votre passé pour porter toute votre attention sur
votre avenir, vers vos Projets et vos Aspirations. Oubliez, surtout, les
mauvais moments, de votre existence, les souvenirs pénibles qui pèsent
encore sur vous et retardent votre Evolution. Oubliez par-dessus tout le mal
que certains méchants ont pu vous faire ; et, au lieu du mépris et même
de la haine que d'autres pourraient avoir pour eux, ne pensez qu'à leur
faire du bien, car ce sont des arriérés qui ne savent ni penser ni agir
convenablement.
La respiration est une des
fonctions les plus indispensable à la vie ; lorsqu'elle cesse, c'est la
mort immédiate. Si nous respirons mal, la maladie vient à grands pas.
C'est le début de la phtisie, de l'asthme, de l'emphysème et de beaucoup
d'autres affections. Respirer à pleins poumons, c'est le signe le plus
apparent de la santé physique, intellectuelle et morale.
Plus loin, au chapitre de la
respiration protonde, je développe ce sujet qui se rapporte directement
à l'une des fonctions les plus importantes de l'organisme. En attendant
que vous y soyez entraîné, faites tous vos efforts pour respirer le plus
complètement possible, aussi bien au repos qu'au travail, et vous en
tirerez des avantages considérables. Lorsque vous êtes sous l'empire
d'une idée qui vous obsède, faites plusieurs grandes inspirations en ne
pensant qu'à cela, et cette idée disparaîtra rapidement.
influence
du milieu.
— Le Milieu dans lequel nous vivons exerce une importance considérable sur
notre développement physique, intellectuel et moral. Il doit être
approprié à nos Goûts, à nos Besoins, à nos
Aspirations.
Au point de vue physique, quels
que soient l'étendue et le confortable qu'elle ait, notre habitation doit
être claire, exposée au soleil et bien aérée. Dans les grandes villes, il
vaut mieux demeurer aux étages supérieurs qu'au rez-de-chaussée. Si nous
pouvons habiter la campagne, c'est préférable, car l'air est plus pur. Une
petite maison presque isolée, avec un jardin cultivé selon son goût, est
une grande partie de ce que chacun de nous peut légitimement désirer.
Au point de vue intellectuel, nous
devons rechercher l'entourage de quelques amis sympathiques, plus développés
que nous, car nous profitons de leur supériorité, tandis que s'ils nous sont
inférieurs, à notre détriment, nous leur fournissons des éléments de
développement. Nous ne perdons rien ou fort peu de choses, mais nous avançons
moins vite.
Les plantes et les animaux
s'adaptent facilement aux conditions du milieu dans lequel on les place ; mais
il n'en est pas de même de nous, car l'élément psychique joue un rôle
considérablement plus grand chez nous que chez eux. Jeunes et forts, nous
supportons un milieu qui ne nous plaît pas ; mais les vieillards dépérissent et
meurent avant le temps que la nature leur avait fixé. Ainsi, si on transporte
un paysan âgé et affaibli, de son village à la ville, dans un milieu
d'artistes et de philosophes, il ne s'adapte pas à ce nouveau milieu,
car ses pensées ne peuvent pas s'harmoniser avec celles de ceux qui
l'entourent.
Faites, donc, tous vos efforts
pour vous créer un milieu qui vous plaise, n'en sortez que lorsque vous
êtes fatigué, pour aller prendre, ailleurs, le repos qui vous manque.
Quitter ce milieu de temps en temps est une nécessité, car il se sature non
seulement de vos Pensées, de vos Désirs et de vos Aspirations, mais aussi bien
des pensées, des désirs et des aspirations de ceux qui vous entourent. C'est ce
qui fait que l'on travaille généralement mieux là qu'ailleurs, et que
l'on ne peut pas s'y reposer convenablement.
admirez
ce qui est beau.
— II est des gens qui, sans être indifférents, voient tout bien et tout
beau, car ils paraissent être au-dessus de ce qui est laid et mauvais.
D'autres, comme s'ils étaient nés dans la fange et y avaient grandi sans
pouvoir s'en séparer, ne voient que la malpropreté, les défauts et le côté
désagréable de leurs semblables, sans jamais apercevoir leurs qualités. Au
premier coup d'œil, ils découvrent toutes les imperfections du milieu dans
lequel ils pénètrent, sans être impressionnés par ce qu'il peut y
avoir de Bon, de Bien et de Beau. Ils ne se plaisent pas chez eux, car tout
leur paraît sombre et désagréable.
Les premiers, qui sont des
optimistes, sont heureux partout, car ils se contentent de ce qu'ils ont ;
tandis que les autres, toujours pessimistes, redoutent, sans cesse, des
malheurs qu'ils attirent sûrement à une échéance plus ou moins
éloignée. Ils ne jouissent, jamais, que d'un bonheur relatif, car ils désirent
toujours ce qu'ils ne peuvent jamais avoir.
Que ceux qui se reconnaîtront pour
appartenir plus ou moins à cette dernière catégorie fassent tous
leurs efforts pour voir les qualités des personnes et des choses, car si
mauvaises qu'elles puissent être, celles-ci ont toujours quelque chose de
bon, d'agréable et d'utile. En causant d'une personne quelconque, qu'elles
évitent de parler de ses imperfections et de ses défauts, pour ne s'entretenir
que des qualités qu'elles pourront remarquer ; car, soyez-en bien certain, ce
sont nos défauts qui nous font voir les défauts des autres : et en portant
notre attention sur les imperfections d'autrui, nous entretenons les nôtres.
Tâchons, donc, de découvrir partout le Beau, le Bien et le Bon, ne serait-ce
que pour le développer en nous.
travail
et repos.
— Le Travail est indispensable au développement et à la conservation de notre
énergie physique et psychique. Que ceux qui sont favorisés par la fortune
s'imposent un travail intelligent, ne serait-ce que la marche, la bicyclette,
la gymnastique, la natation, l'escrime, la boxe, à la condition,
toutefois, de ne pas pousser l'un de ces sports à ses limites
extrêmes, pour devenir un champion dans les concours, car le
développement anormal de quelques groupe de muscles affaiblit tous les autres ;
et que ceux qui sont obligés de travailler — ce sont, encore, les plus heureux
— choisissent librement une profession en harmonie avec leurs goûts,
leurs aptitudes, et qu'ils s'y livrent courageusement.
Mais, si le travail, sous ses
différentes formes, est indispensable, il faut s'arrêter à temps
car la fatigue épuise l'organisme. C'est ce qui indique que nous devons prendre
du Repos. L'activité et le repos se succèdent, d'ailleurs,
régulièrement partout dans la nature. L'hiver succède à
l'été, la nuit au jour, le sommeil à la veille. La végétation n'est pas,
toujours, active ; les plantes dorment, la terre elle-même se fatigue et
sa production diminue si on ne lui laisse pas de repos.
Nous ne travaillons pourtant,
régulièremenl. que pendant un tiers environ de la journée ; mais le
reste ne suffit pas longtemps, car au bout d'un certain nombre de jours
d'activité, nous avons besoin de nous reposer un jour entier. C'est pour cela
que les Juifs consacraient au repos le jour du sabbat, que l'Eglise,
héritière directe de leur religion, y consacre le dimanche, et que les
lois sociales imposent à l'ouvrier un jour de repos chaque semaine.
Ce jour est non seulement
nécessaire au corps, mais il est indispensable à l'esprit qui cherche
des idées nouvelles, et, aussi, comme le dit Mulford,« des Pensées fraîches ».
Mais il faut que le repos soit calculé et qu'après une longue période de
travail pénible, on ne s'abandonne que peu de temps à un repos absolu.
Les commerçants enrichis quittant les affaires pour bien vivre et ne rien faire
sont, souvent, les victimes de cette loi de la nature. J'ai connu un boucher «
retiré des affaires » vers l'âge de quarante ans, qui se disait : « Depuis
quinze ans, j'ai trop travaillé et vécu trop mal ; aujourd'hui, ayant de belles
rentes, je veux bien vivre et ne rien faire. » Au bout de six mois d'une vie
inactive, avec une alimentation excessive arrosée de vins généreux et de
liqueurs aussi fines que fortes, l'appétit, intense d'abord, était devenu
presque nul, car l'homme était dévoré par la dyspepsie. Ses nuits se passaient
sans sommeil dans des cauchemars atroces ; la congestion et ses funestes
conséquences le menaçaient ; la goutte se déclarait, car son organisme recevait
trop pour ce qu'il dépensait. Donc, la maladie s'installait, et la mort
prématurée s'avançait à grands pas.
C'est dans cet état qu'il vint me
trouver pour que je rétablisse sa santé. L'ayant examiné et entendu, je lui
déclarai que lui seul pouvait se guérir. Il me répondit qu'il avait des
enfants, qu'il voulait vivre autant pour eux que pour lui ; et que, pour cela,
il consentait à faire tout ce qu'il faudrait.
Je lui conseillai, d'abord,
d'observer une diète végétarienne réglée sur son appétit, de ne pas
manger sans avoir faim, de ne boire que de l'eau, et de se livrer, dans la
mesure de ses forces, à un travail musculaire modéré. Il comprit que son
salut, était dans ce régime et me promit de l'observer. Au bout de quelques
semaines, la dyspepsie avait cessé et l'appétit était revenu, le sommeil était
meilleur et la santé s'annonçait. Je lui conseillai, alors, d'aller
progressivement, pour arriver à un régime alimentaire à peu
près définitif et à un travail musculaire progressif.
Il acheta une propriété boisée
dans la forêt de Bondy qu'il défricha courageusement pour la mettre en
culture. Le résultat fut complet et sa santé devint aussi parfaite que possible.
En donnant cet exemple pour
modèle, j'ajoute : quelle que soit votre situation de fortune,
habituez-vous au Travail et au Repos ; non seulement vous serez heureux et.
bien portants, mais vous acquerrez l'un des plus précieux moyens qui conduisent
la la Maîtrise de soi.
le
plaisir. —
Le Plaisir est la satisfaction d'un désir. Si ce désir est de bon aloi, il faut
le satisfaire, mais, toujours, choisir son moment pour cela et ne jamais en
être l'esclave.
D'abord, prenez plaisir à
tout ce que vous dites, à tout ce que vous faites et à tout ce
que vous vous proposez de dire et de faire. Prenez plaisir à manger,
à travailler, à vous promener, à vous reposer, et si vous
ne pensez qu'à en profiter, vous en profiterez très largement.
Ensuite, une fois de temps en temps, amusez-vous délibérément ; et à vos
heures et jours de repos, allez aux conférences, au théâtre, au café, à
l'église si cela vous plaît, et vous en reviendrez avec des « idées fraîches »
et utiles qui vous serviront agréablement si vous avez su choisir des sujets
instructifs et réconfortants. Ici, il est impossible de vous conseiller, car un
plaisir utile, qui est agréable à l'un, en fatigue un autre. Chacun de
vous doit, donc, le choisir d'après ses dispositions, ses goûts et
ses besoins, selon son degré d'élévation sur l'échelle de l'Evolution.
respectez-vous. — Nous devons respecter les
autres, mais nous n'y arrivons complètement que lorsque nous sommes
assez maîtres de nous pour nous respecter nous-mêmes.
Lorsqu'une « tuile vous tombe sur
la tête » et que vous n'arrivez pas au but de vos désirs, ne vous traitez
pas de maladroit ou d'imbécile, car vous vous mettez dans un état d'émotion
fâcheux qui attire à vous la maladresse et la sottise. Réfléchissez avec
calme à ce qui vous arrive, cherchez-en la cause, et vous ne tarderez
pas à comprendre que celle-ci tient à votre ignorance et à
votre inexpérience, car, dans la nature, il n'y a pas d'effet sans cause et de
cause sans effet. Vous n'aurez plus qu'à apprendre ; et quand vous
saurez mieux, vous arriverez plus sûrement au but de vos désirs, surtout
si ceux-ci sont raisonnables et si leur réalisation ne fait tort à
personne.
La colère constitue une
puissance extraordinairement destructive. Non seulement elle brise le coléreux,
mais elle trouble profondément celui qui en reçoit les effets.
Nous devons savoir que cette
émotion, violente entre toutes, donne lieu à d'énergiques vibrations de
notre corps astral qui nous ébranlent et nous disposent, de plus en plus,
à de nouveaux accès qui finissent par devenir, en quelque sorte,
automatiques. Plus on se met en colère, plus on s'y met facilement, avec
des motifs de plus en plus insignifiants, et plus on devient incapable d'y
résister. Elle bouleverse toujours notre système nerveux, trouble la
circulation, la digestion et l'assimilation ; et, parfois, ces troubles sont si
intenses et si rapides qu'ils déterminent une congestion cérébrale pouvant
donner lieu à la cécité, à la surdité, à l'aphasie,
à la folie, à l'hémiplégie, et, même, à la mort
subite.
Les théosophes représentent la
colère sous forme de traits rouges, pointus, s'élançant de celui qui les
émet vers celui qui les reçoit, pour blesser réellement son système
nerveux. La couleur de ces traits est réelle, car devant le tribunal, le coléreux
poursuivi pour « coups et blessures » se défend toujours en disant : « II m'a
insulté ; j'ai vu rouge et j'ai frappé. » La blessure résultant des coups est
une blessure physique, mais à côté de celle-là, les traits
invisibles qu'il a lancés ont fait une blessure astrale plus grave, et, dans
tous les cas, plus difficile à guérir.
Faites, donc, tous vos efforts
pour résister à la colère. Si, par exemple, vous discutez une
affaire d'intérêt et que votre interlocuteur s'énerve et se fâche, faites
tout votre possible pour rester Maître de vous ; et si, à un moment
donné, la discussion devenant plus aiguë, vous craignez de sortir de votre
calme, dites simplement ceci : « Mon ami, nous ne pouvons pas nous entendre
dans cet état, nous y reviendrons plus tard » ; et retirez-vous. Vous
choisirez, ensuite, vous-même le moment qui vous paraîtra le plus
favorable pour continuer la discussion à laquelle vous aurez soin de
vous préparer, comme je l'indique en traitant de l'autosuggestion.
les
usages et les coutumes. — Les moutons de Panurge passèrent tous,
jusqu'au dernier, là où le premier passa. Le troupeau humain fait
de même sans en chercher la raison. En suivant les sentiers battus par la
routine, on ne se demande même pas s'il y a des chemins plus courts pour
mener au but que l'on veut atteindre. C'est, ainsi, que des habitudes, des
usages et des coutumes se perpétuent depuis l'époque des Gaulois, des Grecs et
des Romains. De ces usages, il y en a de bons qu'il faut conserver, et de
mauvais qu'il faudrait abandonner. On n'y pense pas : et si l'on y pensait, on
les suivrait quand même pour éviter le « qu'en dira-t-on ».
Je sais bien que la très
grande majorité de ceux qui liront ce paragraphe ne voudront rien comprendre
à ce que j'écris, car leurs yeux et leurs oreilles ne sont pas encore
ouverts pour cela.
Ce n'est, peut-être, pas
à regretter, car l'Evolution marche lentement et toute chose arrive en
son temps. Tous les réformateurs ont été critiqués et beaucoup d'entre eux
furent condamnés.
Socrate a bu la ciguë ; et,
après avoir démontré que la terre tourne, Galilée dut honteusement
déclarer qu'elle est immobile au centre du monde. Il faut reconnaître que, pour
s'affranchir de la routine et des préjugés, pour rompre délibérément avec des
usages et des coutumes plusieurs fois millénaires, si la folie n'a pas pris la
place de la raison, le novateur doit posséder assez de force, assez de qualités
pour ne pas succomber sous les critiques, les sarcasmes et les moqueries de
tous ceux qu'il devance.
Et, si j'affirme ce qui suit,
c'est pour vous engager à faire tout votre possible pour acquérir la
force, les qualités qui assurent la Maîtrise de soi.
— Il est encore d'usage, dans
beaucoup de familles dévotes, de « vouer au bleu et au blanc » les enfants
malades que l'on a crus perdus et qui ont guéri à la suite de
prières adressées à la Vierge ou à un saint quelconque.
La prière fervente met le
croyant dans un état mental extraordinairement puissant lui permettant
d'obtenir, toujours, à l'intervention du personnage invoqué, sans se
rendre compte que c'est lui seul qui en est l'auteur, et que s'il adressait la
même prière à une entité imaginaire, à un animal,
à un arbre, il obtiendrait le même résultat. Et, à titre de
remerciements à l'entité réelle ou imaginaire qu'il a invoquée, le
croyant fait le vœu d'habiller l'enfant « miraculé » en bleu ou en blanc
pendant longtemps, parfois sept ans.
S'il ne meurt pas, l'enfant ainsi
voué reste toujours faible et languissant, lorsqu'il pourrait être fort
et bien portant, car le souvenir, perpétué par la vue de cette couleur, attire
des pensées de maladie qui s'attachent à lui, le dominent et l'affectent
comme un véritable maléfice.
Si vous avez la foi, priez pour la
guérison, mais celle-ci obtenue, ne pensez plus qu'à la conserver.
Une coutume aussi constante que
générale veut que nous pleurions les morts qui nous sont chers, et que pour
perpétuer ce chagrin, nous en portions le deuil.
Non seulement les morts vivent,
mais pendant un temps assez long, ils restent en contact avec nous et peuvent
nous voir, nous entendre, nous comprendre ; dans tous les cas, ils perçoivent
nos impressions, surtout, lorsqu'elles sont vives et qu'elles se rapportent
à eux. Or, si nous avons du chagrin, nous les affectons péniblement ;
nous les rattachons à nous et au monde qu'ils ont quitté, et nous
retardons, ainsi, leur Evolution.
Donc, pas de chagrin nuisible ;
pensons à eux avec respect, avec bienveillance, avec bonté, avec
résignation ; envoyons-leur des pensées de Courage, d'Espérance et d'Amour ; et
si nous avons la foi, prions pour eux ; ainsi, nous les servirons utilement.
Le deuil n'est, donc, jamais
justifié ; mais s'il l'était, il résiderait exclusivement au fond du cœur.
Porté extérieurement, il est, souvent, égoïste et hypocrite, car il
cherche l'approbation de ceux qui nous voient, même de ceux qui ne nous
connaissent pas, ne s'intéressent nullement à nous.
Donc, faites tout votre possible
pour rester calme, confiant et tranquille devant la mort des vôtres ; et,
malgré la coutume, ne revêtez pas d'habits de deuil.
La mode, toujours ridicule et
meurtrière pour ceux qui la suivent avec obstination, ne profite
qu'à un petit nombre d'industriels qui exploitent nos faiblesses ; elle
est, toujours, coûteuse et tyrannique, sans jamais satisfaire aux exigences
de l'hygiène et de la raison.
Les gants, qui semblent avoir été
créés pour préserver nos mains du froid, sont là, lorsqu'il fait chaud,
comme pour cacher une infirmité.
Les parfums, dont abusent les
femmes et quelques hommes efféminés, ne servent guère qu'à leur
donner des maux de tête, et à faire admettre qu'ils pourraient
bien être employés pour cacher des odeurs naturelles désagréables et
persistantes. J'en reparlerai plus loin.
Que l'homme qui veut acquérir la
Maîtrise de soi évite le chapeau « à haute forme » qui lui fait mal
à la tête, ainsi que les cols serrés et montants qui l’étranglent.
Que la femme, surtout lorsqu'elle est jeune, évite le corset qui l'écrase et la
déforme, les jupes trop étroites qui l'embarrassent, les poudres qui empâtent
son visage, les teintures qui abîment ses cheveux ; et qu'elle sache bien qu'on
la préfère avec son odeur naturelle ; qu'elle sent, toujours, bon
lorsqu'elle a la santé et qu'elle n'est jamais plus belle que lorsqu'elle se
présente sous son véritable jour.
Enfin, répétant que mon seul but
est d'attirer votre attention sur la Maîtrise de soi que chacun de nous doit
accruérir plus ou moins vite, j'ajoute: évitez les extravagances et les
entraves qui sont aussi coûteuses qu'inutiles, et apprenez à vous
coiffer, à vous chausser et à vous habiller hygiéniquement selon
vos moyens, vos goûts, vos besoins, et, surtout, selon votre raison
toujours grandissante sans craindre le « qu'en dira-t-on ».
les
tentations, LES DÉFAUTS ET LES passions — La Tentation est un Désir de
mauvaise nature, un « démon » qui nous pousse à rechercher des Plaisirs
grossiers et, souvent, malsains qui fatiguent inutilement le corps et dégradent
l'Ame au lieu de l'élever.
La force de la Tentation est
formidable. Accomplir un Désir qui en est la conséquence, c'est « faire jaillir
l'étincelle » (Turnbull). Dépenser cette force, c'est établir, en nous, un
équilibre instable qui neutralise la Volonté. Tout dans la Nature obéit aux
lois de la Polarité.
Lorsque l'étincelle jaillit, sur
un nuage orageux sous la forme de l'éclair, un courant électrique part du point
le plus condensé, le plus positif, pour aller au point le plus raréfié, le plus
négatif. C'est la théorie des courants électriques, qui régit les actions du
magnétisme humain, et ses lois sont applicables aux orages psychiques. Assouvir
un Désir, c'est faire jaillir l'étincelle, c'est dépenser inutilement notre
force psychique.
Les Passions sont des Tentations
violentes, des Désirs presque irrésistibles, des Défauts horribles qui sont
animés d'une force terrible, comparable à celle de l'ouragan qui brise
tout sur son passage.
Pour vaincre les Défauts et les
Passions, il y a deux méthodes : l'une, directe, qui consiste à dire : «
Je veux » ; l'autre, où le vouloir ne joue qu'un rôle indirect. La
première est la méthode héroïque, qui ne réussit qu'aux plus forts
et aux mieux équilibrés sous tous les rapports ; la seconde, à la portée
de tous, consiste à ne pas attaquer de face une passion que l'on veut
vaincre, à ne pas chercher directement à s'en débarrasser,
à n'y plus penser et à la remplacer par une autre.
Une comparaison fera mieux
comprendre cette vérité : un trou dans une pièce de bois est rempli par
une cheville. En mettant une autre cheville de même grosseur à la
place de la première, il ne reste aucune place disponible. « Une
cheville pousse l'autre », dit un vieux proverbe. Or, votre cerveau représente
la pièce de bois, le trou, l'emplacement de l'idée, et la cheville, la
passion elle-même. Si vous mettez à la place de cette dernière
une passion de bon aloi, celle-ci, chassant l'autre, prend toute la place
disponible. Cette comparaison est aussi vraie pour deux passions opposées que
pour les chevilles de la pièce de bois. En voici un exemple :
Un jeune artiste peintre qui,
quoique très intelligent, n'avait pas en lui l'étoffe des grands
artistes, gagnait très péniblement sa vie. Anarchiste sans trop savoir
pourquoi, il fréquentait assidûment les réunions de ce genre, prenait,
souvent, la parole et encourageait les camarades par des arguments qui lui
semblaient probants. Partisan de l'action directe, s'il ne l'exerçait pas
lui-même, il la recommandait sérieusement et applaudissait à
chaque action de ce genre.
Depuis douze à quinze ans,
ses idées étaient solidement arrêtées. Malgré cela, un jour qu'il réfléchissaient
où elles pouvaient le mener, il reconnut qu'elles étaient irréalisables,
et prit, de suite, la résolution d'abandonner cette voie. Pour mettre sa
détermination à exécution, il se rendit, le soir même, à la
réunion habituelle et déclara aux camarades stupéfaits qu'il cessait
d'être anarchiste, qu'il ne les verrait plus et qu'il cherchait une autre
voie. Il serra la main de ceux qui voulurent bien lui tendre la leur et partit.
Sa résolution était bien prise.
Rentrant chez lui, il se mit au lit, mais ne dormit pas. Le lendemain,
désorienté et énervé, il ne fut pas tenté de toucher à ses pinceaux, et
erra toute la journée comme « une âme en peine », sans même
songer à manger. Les jours se passèrent ainsi, et, bientôt,
l'insomnie persistante, l'inappétence et l'énervement mirent sa robuste santé
à la plus terrible épreuve. Parcourant les rues à grands pas d'un
air hébété, il évitait tous ses anciens amis et n'en cherchait pas d'autres.
Lorsqu'il rentrait chez lui, il avait des idées délirantes, des cauchemars
épouvantables, des hallucinations et des envies de suicide. Au bout de quatre
à cinq semaines, aux trois quarts fou, il se trouvait entre deux
alternatives : ou s'abandonner au courant qui l'entraînait fatalement, ou
redevenir anarchiste malgré lui. Voulant vivre, il vint me trouver pour que je
rétablisse sa santé et que je lui donne des conseils. C'était en 1898.
Je le calmai rapidement et lui
conseillai de mettre, à la place des idées anarchiques, des idées
opposées, philosophiques ou autres, et de concentrer sa Pensée sur ces
dernières pour en maintenir l'exécution. Il y avait, déjà, songé
; et tout en hésitant, il me dit : « Je crois avoir trouvé le moyen de combler
le vide qui est en moi ; il me semble que si je me tournais du côté de la
religion, je serais sauvé ; mais je n'en ai pas la force. » Je l'encourageai
à mettre cette idée à exécution, en toute confiance et sans la
moindre hésitation. Il rechercha, alors, les gens qui fréquentaient l'Eglise,
la fréquenta lui-même ; et, bientôt, comme Clovis devant saint Rémi, «
brûlant ce qu'il avait adoré et adorant ce qu'il avait brûlé », il
ne tarda pas à recouvrer complètement la santé physique et morale
avec la plus parfaite tranquillité.
Au bout de quelques mois de
dévotion excessive, le raisonnement le plaça aussi loin des exagérations
religieuses que des utopies révolutionnaires. Prenant en pitié tous les
exaltés, et comprenant qu'il ne deviendrait jamais un grand artiste, il se mit
modestement à faire du modelage et des copies, et gagna très
largement sa vie.
Je donne cet exemple pour ne pas
faire de théorie. Il est applicable à toutes les passions mauvaises que
l'on veut remplacer par de bonnes passions. Au lieu de la méthode héroïque
qui fatigue inutilement, même celui qui réussit, la méthode que je viens
d'indiquer est facile pour tous, à la condition, toutefois, que
l'organisme ne soit pas usé, comme dans l'alcoolisme chronique, par exemple.
Une passion contenue par la
volonté directe n'est pas détruite ; car l'anergie, qui l'anime menace à
chaque instant de reparaître sous une forme quelconque. Connaissant cette
énergie, vous devez vous en emparer afin de la diriger à votre gré.
Lorsque vous rompez avec une
mauvaise passion, n'y faites plus la moindre attention, n'ayez aucune crainte
de retomber, et mettez de suite à sa place, pour combler le vide qu'elle
ferait, une passion de nature opposée à laquelle vous penserez sans
cesse. Faites-vous un idéal de cette nouvelle passion, concentrez toute votre
pensée sur les avantages que vous en retirerez ; et si, au bout de quelques
semaines, il y avait encore des réminiscences de l'ancienne, c'est que son trou
ne serait pas complètement rempli par la nouvelle cheville. Insistez.
Pour chasser l'ancienne idée, faites de la respiration profonde, de la concentration,
de l'autosuggestion, de la transformation des forces, pour fixer plus
énergiquement l'idée nouvelle, et vous ne tarderez pas à y parvenir.
Avant même d'y être
complètement arrivé, vous éprouverez un sentiment croissant d'amour
propre et de dignité, conséquence logique de la puissance physique et morale
que vous aurez gagnée. Cette puissance ne sera pas imaginaire, car elle se
montrera dans votre maintien, dans vos manières, dans votre attitude, et
ceux qui vous entourent se comporteront mieux à votre égard qu'ils ne le
faisaient avant.
Ainsi, prenez et maintenez
l'habitude de ne pas désirer l'approbation et de ne pas accepter les louanges
qui font jaillir l'étincelle. « Aimez qu'on vous conseille et non pas qu'on
vous loue », dil, à juste raison, l'auteur de l’Art poétique.
L'approbation et la louange ressemblent, en effet, beaucoup à la
Flatterie. Si vous comprenez cette vérité, méditez la moralité de la fable Le
Renard et le Corbeau, que vous avez apprise sur les bancs de l'école : « Tout
flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute. »
Soyez sans vanité, car l'homme
fort qui fait réellement, quelque chose de bon, de bien et d'utile a tous est,
toujours, simple et modéré. Ne vous impatientez pas, car l'impatience conduit
à la colère qui peut être désastreuse.
Ne vous empressez pas de faire
connaître une nouvelle banale que vous apprenez avant les autres, car vous
faites jaillir l'étincelle qui vous met en état d'infériorité vis-à-vis
d'eux. La gourmandise et la friandise, « péchés mignons » des gastronomes, sont
des défauts coûteux qui sont, toujours, nuisibles, à la santé. Ne
serait-ce que pour cette dernière raison, ceux qui veulent devenir
Maîtres d'eux-mêmes doivent s'en débarrasser à tout prix.
Presque toutes ces réformes du
caractère sont relativement, faciles à obtenir ; il n'y a
guère qu'à y penser, sans même avoir besoin de leur opposer
des idées de nature différente, qui deviennent nécessaires dans les cas
suivants :
Aux passions de médisance, de
haine et de vengeance, opposez des pensées de Bonté et d'Amour ; vous en
connaissez, déjà, la raison qui sera traitée plus à fond dans la
suite.
A la tristesse et à l'a
mélancolie, opposez des pensées de Gaîté, d'Espérance et de Satisfaction. A la
paresse, opposez le Courage et l'Activité. A la crainte et à la
timidité, opposez la Hardiesse et la Confiance en vous. Le trac de l'artiste,
toujours déprimant en entrant en scène, diminue peu à peu devant
le raisonnement et, surtout, devant les premiers applaudissements que celui-ci
obtient. Il peut s'en affranchir par des idées de Hardiesse et de Confiance en
soi, par la pensée concentrée sur ses succès habituels, par la
respiration profonde, et, surtout, par des répétitions qu'il doit faire
à l'avance, comme je l'indique en traitant de l'Autosuggestion. S'il
manque réellement d'énergie psychique, il peut en acquérir en pratiquant la
transformation des forces.
La jalousie doit être mise
au rang des plus grands défauts, car elle rend le jaloux malheureux autant que
la personne jalousée. D'autre part, et ce n'est pas le moindre effet de la
jalousie, le conjoint jaloux faisant sans cesse à l'autre des reproches
immérités, s'expose à les faire bientôt justement, car par sa Pensée et
par ses Paroles, il en donne fatalement l'idée.
Donc, que le jaloux cherche
à opposer une passion de nature opposée, la Confiance, par exemple, en
pensant et en disant à la personne jalousée : « J'ai ta Confiance, je le
sais ; je te donne la mienne, car tu la mérites » ; et cet engagement étant
pris, faire tout ce qu'il faut pour le tenir.
A l'habitude de fumer, qui finit
par intoxiquer l'organisme et donner lieu à des maux incurables, comme
le cancer des fumeurs, opposez le raisonnement ; et, au besoin, telle ou telle
autre habitude que vous choisirez, comme, par exemple, la cigarette de camphre
chère à Raspail. Certains gros fumeurs perdent cette habitude en
la remplaçant par celle de priser. C'est un autre défaut, mais il est plus
économique et moins dangereux. On peut, ensuite se déshabituer de priser le
tabac en prisant du camphre en poudre. Arrivé là, l'habitude est
très facile à abandonner, car ces divers changements ont
considérablement diminué l'intensité de la tentation.
Il est des passions plus
dangereuses encore, comme celle du vin et des liqueurs fortes, qui rendent
alcoolique celui qui en abuse, même sans s'enivrer.
L'alcoolique, à un faible
degré, peut rompre de suite et sans danger avec sa passion ; mais lorsqu'il
l'est à un degré plus avancé, le foie étant sérieusement malade, il faut
agir avec lenteur, car le vin et, surtout, l'alcool, quoiqu'étant des poisons,
sont devenus ici, des aliments nécessaires. Il est, alors, indispensable de
diminuer peu à peu la quantité absorbée chaque jour, jusqu'au moment
où l'on pourra la supprimer complètement ; une semaine pour ceux
qui sont faiblement alcooliques, de deux à six pour ceux qui le sont
davantage, car une suppression brusque pourrait avoir de graves inconvénients
pour la santé.
Beaucoup de commerçants et de
représentants se croient obligés de boire à l'excès pour les
besoins de leurs affaires. Il leur est très facile d'éviter les
soi-disant apéritifs et digestifs, en prenant des sirops, et, mieux encore, de
l'eau, en disant : « Je suis malade ; mon médecin m'a prescrit cela, et je m'en
trouve très bien. »
L'ivrogne doit prendre la
résolution d'en faire autant. C'est plus difficile pour lui que pour les
précédents, car la tentation, considérablement plus forte, tient, souvent
encore, au milieu dans lequel il se trouve. Après avoir diminué
progressivement « les verres », s'il craint de ne pas pouvoir arriver à
les supprimer tous, il doit quitter le milieu pendant quelques semaines et
prendre contac. avec des gens tempérants, toujours en ne pensant qu'à
boire de l'eau et du lait, qui est, ici, un excellent contre-poison. Ces
pensées et ces actions, ajoutées à des pensées de Raison et de Santé,
constituent la cheville qui doit, remplir le trou de l'ancienne passion.
Pour la morphinomanie, passion
aussi abrutissante et plus terrible encore que l'ivrognerie, procéder d'une
façon analogue. Diminuer progressivement les piqûres, en les remplaçant
par une alimentation solide : du bon vin, du café, de l'alcool même, des
infusions d'absinthe et de centaurée pour stimuler l'appétit ; de l'exercice au
grand air et un travail manuel ou intellectuel dans lequel on s'absorbe au
moment de la tentation. Je le répète : ne pas penser à la passion
ni même à l'idée de s'en débarrasser, car on en perpétue le
souvenir, mais fixer, le plus possible, sa pensée sur un idéal nouveau que l'on
cherche, déjà, à réaliser complètement.
Le fumeur d'opium, le priseur de
cocaïne, le buveur d'éther, le mangeur de haschich ou le consommateur
d'héroïne sous n'importe quelle forme, se rendront Maîtres de leur passion
d'une façon analogue, mais, comme ils trouveront à cela beaucoup de
difficultés, ils devront pratiquer, le plus souvent possible, l’autosuggestion,
la respiration profonde, la transformation des forces, la concentration, la
méditation et, même l'isolement.
L'aliment physico-psychique le
plus puissant pour rétablir l'équilibre des fonctions organiques chez
l'ivrogne, le morphinomane et tous les « passionnés » de cette nature, c'est le
magnétisme, surtout s'il est pratiqué par un magnétiseur connaissant tous les
secrets de son art. La Pensée d'une personne sachant penser peut obtenir
très rapidement des guérisons étonnantes. J’en cite une dans mon petit
ouvrage sur les Actions psychiques à distance, auquel je renvoie le
lecteur.
emploi de
la journée.
— Pour faciliter la mise en pratique de ce qui est énoncé dans le présent
chapitre et qui sera développé dans les suivants, il est nécessaire de donner,
surtout, aux débutants qui travaillent pour subvenir à leurs besoins,
une idée de l'emploi de chaque jour.
Le temps marche sans interruption
et le travail est continu. La journée est à peine finie que celle du
lendemain commence, et l'on doit la préparer pour que rien ne soit laissé au
caprice ou à la fantaisie.
Prenez l'habitude de vous coucher
tôt et de vous lever de même, car l'activité normale est plus grande,
durant le jour, et le calme de la nuit facilite le repos et le sommeil.
Immédiatement après le
dernier repas du soir, qui doit être léger, surtout pour ceux qui ne se
livrent pas à un travail musculaire pénible, quelques soins hygiéniques
sont nécessaires, tels que douche ou lotion froide suivie d'une friction avant
de se coucher. Etant au lit, détendez vos muscles ; réfléchissez pendant
quelques instants à ce que vous avez fait de bien ou d'utile dans la
journée, comme pour fixer en vous le bénéfice acquis ; et si vous n'avez pas
achevé tout ce que vous deviez faire, remettez-le au programme du lendemain.
Pensez à ce que vous ajouterez pour le compléter, sans négliger les plus
petits détails ; pensez aux moyens d'exécution, aux avantages que vous en obtiendrez
et à la satisfaction que procure, toujours, l'accomplissement du travail
bien exécuté.
Cela étant arrêté, faites de
l'autosuggestion pendant cinq à dix minutes, pour aider à mettre
à la place de vos défauts des qualités utiles ; faites de la respiration
profonde avec l'absorption de l'Energie pendant le même temps, pour vous
permettre de tout accomplir avec un minimum d'effort. Fixez bien, ensuite, dans
votre intellect l'idée dominante et pratiquez l'isolement pour ne plus penser
à rien, afin que votre inconscient, votre corps astral achève et
fixe, pendant le sommeil, le plan que vous venez d'ébaucher.
Au réveil, ne restez pas
paresseusement au lit. Repassez rapidement les résolutions prises la veille ;
et celles-ci, fixées une seconde fois, levez-vous sans précipitation. Comme le
soir, prenez une douche suivie de friction, ou un bain d'air et de
lumière, comme je l'indique en parlant de l'hygiène du corps ;
puis, habillez-vous, prenez votre premier déjeuner et allez courageusement au
travail.
Faites le plus possible vos
courses à pied, car la marche est le meilleur exercice que l'on puisse
faire sans y consacrer un temps spécial.
Après le repas du midi,
avant de reprendre votre travail, faites une petite promenade pour faciliter la
digestion ; et, dans l'été, un grand nombre d'entre nous se trouvent
très bien de faire la sieste, comme les travailleurs des champs.
Si vous êtes obsédé par une
idée persistante que vous voudriez chasser, faites de la respiration proponde
et elle disparaîtra comme par enchantement.
Lorsque vous êtes fatigué,
prenez le temps de vous isoler pendant quelques instants, et un état de repos
et de calme se produira rapidement.
hygiène
alimentaire.
— C'est, surtout, à, l'Hygiène et au Magnétisme que l'homme doit
avoir recours pour se guérir du plus grand nombre des maux qui l'accablent, car
les professeurs de nos Facultés médicales sont, trop souvent, hélas ! aussi
impuissants à guérir les autres qu'à se guérir eux-mêmes.
Sachez bien que la santé ne s'achète pas chez le pharmacien sur ordonnance,
de médecin, mais qu'elle se mérite dans le plus grand nombre des cas. Comme
notre force et nos moyens d'action sont placés sous le contrôle immédiat de la
raison, en observant une hygiène bien comprise, nous pouvons faire mieux
que de guérir et même de soulager nos maux ; nous pouvons les éviter, et
trouver, ainsi, le moyen de vivre cent ans dans les meilleures conditions.
Il est impossible de fixer
à chacun la façon de s'alimenter, car celui qui se livre a, un travail
musculaire fatigant a besoin d'une alimentation plus abondante et plus solide
que la couturière qui, assise, travaille seulement de ses doigts et
marche peu. Le poids du corps, le tempérament, l'âge et les dispositions
spéciales à chaque individu, font que ce qui convient à l'un est,
parfois, nuisible à l'autre. Et ce que les hygiénistes à outrance
ignorent, c'est que le degré d'évolution exerce une influence considérable sur
l'alimentation normale de l'individu. A l'homme grossier, à peine sorti
de l'animalité, il faut de la viande comme aux carnassiers, tandis que l'homme
supérieur, en grande partie nourri par les aspirations de l'Ame, se contente
d'une alimentation légère. C'est pour cela que les prêtres, les
philosophes, les sages de l'antiquité étaient végétariens, et que les
prophètes des Hébreux, les saints du christianisme et les ascètes
de toutes les religions peuvent se contenter de feuilles et de racines en
petite quantité.
En général, on consomme trop
d'aliments dits fortifiants, surtout de viande, qui est loin d'être
indispensable, même à ceux qui fatiguent beaucoup. J'ai connu des
entrepreneurs de fauchaison et de moisson travaillant seize heures par jour,
sous les rayons ardents du soleil, qui ne vivaient que de soupe, de légumes, de
fromage, de fruits, qui ne buvaient que de l'eau, et qui, tout en livrant une
somme formidable de travail, se portaient admirablement bien.
J'estime que pour ceux dont les
muscles fonctionnent peu, il est indispensable de diminuer progressivement la
quantité de viande pour la remplacer par des légumes, verts de préférence, du
fromage frais et des fruits crus bien mûrs.
Supprimer le sucre, qui n'est bon
que pour ceux qui fatiguent beaucoup physiquement, et le remplacer par du miel.
Abandonner le thé et, surtout, le café, qui ne sont utiles que lorsqu'on doit
faire un travail supplémentaire. Buvez de l'eau, du lait s'il vous convient,
et, mieux encore, du lait caillé qui exerce une puissante action purifiante sur
l'intestin. Un régime mixte bien compris et suffisamment varié est celui qui
convient le mieux au plus grand nombre d'entre nous. Dans tous les cas, se
rapporter pour cela à ses goûts et à son expérience, car ce
que l'on mange avec satisfaction digère, presque toujours, bien. Evitez
l'alcool, les apéritifs et les digestifs qui sont, toujours, nuisibles, et vous
serez largement récompensés de ces petites privations par une santé meilleure,
une volonté plus puissante et des pensées plus précises et plus nettes. Le
docteur Gaston Durville, dans l'Art de vivre longtemps, donne de précieuses
indications auxquelles je renvoie le lecteur pour de plus grands détails.
Les repas doivent, autant que
possible, être pris à des heures toujours les mêmes,
après s'être préparé par la pensée à en profiter le plus et
le mieux possible. C'est pour cela que l'Eglise prescrit aux fidèles de
réciter le Bénédicité, pour disposer l'organisme à recevoir sa ration
habituelle et à en profiter au mieux de ses intérêts
physiologiques, car l'élément psychique joue un très grand rôle dans la
digestion, l'assimilation et la désassimilation.
On doit manger lentement,
très lentement même, et mâcher le plus et le mieux possible tous
les aliments solides, pour ne pas donner un travail inutile à la
digestion. Comme on ne fait jamais bien deux choses en même temps, il est
nécessaire de ne penser qu'à cela. Donc, ne pas lire à table, ne
pas discuter avec passion, et éloigner toute idée de tristesse, pour ne penser
qu'à la gaîté. Ne pas penser à la maladie et, le moins possible,
à ses travaux habituels ; car le temps passé à table est consacré
à la réfection, au repos et à l'apaisement. La conversation est,
pourtant, utile ; mais elle ne doit pas être animée, et ne doit porter
que sur des choses banales, ou des souvenirs gais. Ces vérités n'ont pas
échappé à Mulford, qui s'exprime ainsi :
L'état de votre
mental pendant le repas est beaucoup plus important que la nourriture que vous
absorbez, quelque agréable qu'elle soit. En mangeant, vous incorporez à
votre moi spirituel les pensées qui occupent votre cerveau à ce moment-là.
Si elles sont coléreuses, sombres, découragées, irrésolues ou haineuses, ou si
vous mangez avec hâte et impatience, vous assimilez cette forme du mal et elle
devient partie intégrante de vous-même. Votre nourriture devient, ainsi,
le médium matériel qui vous apporte la force nocive. Vos aliments peuvent
être substantiels. Si votre état mental est morbide les mets ne sont que
les canaux de ces éléments mauvais.
Manger avec calme,
sérénité, tranquillité, au milieu d'une conversation plaisante ou saine, vous
procure des pensées analogues.
II ne faut pas oublier que
lorsqu'on veut s'améliorer, se purifier, selon l'expression de l'Eglise et des
adeptes, il ne faut pas se nourrir avec des aliments grossiers, surtout
lorsqu'ils ne sont pas très frais ; et, pour maîtriser ses passions, ne
pas les entretenir avec des substances contenant les éléments de ces passions.
Ainsi, pour modérer les excès de l'amour physique, éviter les
aphrodisiaques. Celui qui est impressionnable, nerveux et coléreux doit
rechercher les calmants, tandis que l'indolent et le paresseux ont besoin
d'excitants.
Ne jamais manger sans avoir faim
et quitter la table lorsque l'on mangerait bien encore, car ce n'est pas la
quantité d'aliments qu'il nous faut, mais, surtout, la qualité.
Les animaux mangent et dorment
ensuite. Suivons cet exemple qui est excellent. Donc, pendant l'été, que ceux
qui le peuvent fassent la sieste, comme les travailleurs des champs et que le
soir tous se couchent de suite après le dernier repas. La digestion se
fait très bien au lit, et l'on dort beaucoup mieux, car l'activité du
cerveau cesse au profit de l'estomac qui l'attire à lui pour le travail
de la digestion.
l'hygiène
corporelle
joue un rôle considérable dans le développement de nos forces physiques et
morales. Il est de toute nécessité de s'y soumettre de bonne grâce ; c'est,
d'ailleurs, une partie très importante de la Maîtrise de soi.
Le Corps est, ici-bas,
l'instrument de l'Ame et pour que celle-ci accomplisse facilement sa tâche, son
instrument doit être en bon état. On sait que les outils et, surtout, les
instruments compliqués, s'usent beaucoup plus vite au repos qu'en fonctionnant.
Une excellente montre, qui peut marcher pendant six à huit ans, ne
marche plus au bout d'un an si l'on a été six mois sans la remonter. Le corps humain,
qui est une machine beaucoup plus compliquée, a besoin de fonctionner sans
arrêt.
Une articulation immobilisée dans
un bandage plâtré pendant six mois, est, souvent, perdue lorsque le médecin lui
rend sa liberté. C'est pour cela qu'un artiste, quel qu'il soit, a besoin de
s'entraîner sans cesse, pour ne rien perdre de son talent.
Le travail, sous n'importe quelle
forme, est indispensable ; et comme il n'y a, pas une profession où
toutes les parties du corps fonctionnent suffisamment, il est indispensable,
sous peine de dépérissement et d'atrophie, que celles qui ne fonctionnent pas
naturellement soient exercées par un travail artificiel. C'est pour cette
raison que la Respiration profonde, la Gymnastique raisonnée, la Bicyclette, la
Natation, le Canotage, le Patinage, l'Escrime, la Boxe, les Jeux et les
Promenades au soleil et, surtout, la Marche à bonne allure, tonifient le
corps et l'esprit. Ce sont des distractions que nous devons tous nous efforcer
de prendre selon les saisons, à, nos heures et jours de repos, en ayant
soin, toutefois, d'éviter les excès, car la fatigue qui en est la
conséquence épuise inutilement l'organisme.
La peau, organe d'absorption et
d'élimination, doit, toujours, être en bon état. On. l'entretient ainsi,
en toute saison, par des lavages quotidiens, des lotions, des douches et des
frictions. Les bains d'air et de lumière ont une importance
considérable, surtout le matin en se levant ; un bain de soleil pris à
nu, après le repas de midi, apporte à l'organisme une somme
considérable de forces faciles à assimiler (V. à ce sujet Chadour
: Traité complet d'Héliothérapie). Pour forcer la transpiration, surtout si les
reins ne fonctionnent pas parfaitement, un bain de vapeur est excellent, plus
particulièrement, en dehors des grandes chaleurs.
L'extérieur doit être bien
soigné. En évitant le laisser-aller comme le luxe criard, on doit s'habiller
avec décence, sans recherche et, surtout, sans extravagance. Les
vêtements seront peu serrés, d'une coupe commode et, bien comprise, pour n'opposer
aucun obstacle à nos mouvements. On s'habituera à ne pas trop se
couvrir en hiver et à ne se dévêtir que peu en été.
Une habitation gaie, claire, bien
aérée, vaste, surtout dans les villes, si nos moyens le permettent, contribue
dans une large mesure à la Santé et au Bonheur.
Une propreté méticuleuse de toutes
les parties du corps, des vêtements et de l'habitation est absolument
nécessaire.
Beaucoup de maux de tête et
malaises inexpliqués sont dus à l'action nuisible des parfums. Rien ne
sent bon comme une femme et, aussi, comme un homme robuste et sain. Les parfums
ne devraient jamais être employées que pour corriger certaines odeurs
maladives ou professionnelles. En pleine santé, il n'y a que les marchandes de
poissons et de fromages à la halle qui devraient s'odoriser lorsqu'elles
vont dans le monde.
Ne pas s'écouter outre mesure,
mais obéir aux moindres avertissements donnés par nos organes sous forme de
douleur ou même de malaise. Rechercher la cause de cette souffrance et
tâcher de la supprimer ; pour cela, les moyens les plus simples sont presque
toujours les plus efficaces. Redoubler, alors, de soins hygiéniques, faire de
suite de l'Automagnétisation, comme je l'indique dans mes Théories et procédés
du Magnétisme, ou recourir à la magnétisation d'un des siens, et,
même, à la main d'un ami sympathique.
Lorsqu'on a laissé un malaise se
transformer en une maladie, surtout si cette maladie est passée à l'état
chronique, il faut, souvent, beaucoup de patience pour s'en débarrasser, et le
concours d'un mapnétiseur de profession peut être nécessaire. Pour
permettre à ces malades de se traiter eux-mêmes, j'ai rédigé, dans
un style très simple, des études spéciales, relatives au traitement du
plus grand nombre des cas. Ces études sont publiées sous la forme d'un petit
volume illustré de figures explicatives, dans ma collection des Pour
combattre...
Si l'on vient d'être victime
d'un accident ou si l'on est brusquement affecté d'une maladie aiguë, il faut
appeler le médecin, ne serait-ce que pour la satisfaction de la famille.
D'ailleurs, beaucoup de malades se plaisent à être
mêdicamentés d'après la méthode du jour ; et s'ils ne peuvent pas
faire autrement, ils tiennent à mourir doctoralement, selon les
règles de la Faculté.
hygiène
morale. —
L'Hygiène morale est le complément indispensable de la Maîtrise de soi.
Je l'expose en quelques notes très succinctes.
Il ne faut pas envier l'or du
riche, qui donne rarement le Bonheur. Le Bien le plus précieux est le
Magnétisme personnel qui assure l'Attraction et, le Pouvoir ; et lorsque
ceux-ci sont employés avec Amour et Désintéressement, ils procurent, toujours,
le Bien-Etre et la Santé.
Ne jamais être arrogant, ni
orgueilleux, mais conserver, toujours, la noble fierté que donne le sentiment
de la Force réelle. Il faut, surtout, être digne, et, dans ses rapports
avec le monde, ne pas descendre jusque l'humilité, car lorsque celle-ci est
exagéreé, elle conduit à la bassesse. La bassesse oblige, souvent,
à ramper aux pieds des autres, et ceux qui rampent sont, toujours, les
plus exposés aux brutalités du sort.
La Gaîté, l'Espérance, la
Confiance en soi font naître l'Amour de la Vie, et cet amour constitue la plus
grande partie de la Santé physique et morale.
Donc, mettre à profit les
moyens indiqués précédemment pour chasser la tristesse, le désespoir et le
découragement qui conduisent fatalement à l'insuccès et au
malheur.
L'homme dont la personnalité
magnétique est développée à un certain degré a, souvent, besoin de
solitude pour méditer et se mettre plus facilement en contact avec les forces
supérieures de la nature ; mais le plus grand nombre d'entre nous doit
rechercher la société, fréquenter même beaucoup de gens, à
condition de faire un choix rigoureux, car nous absorbons la pensée des autres
et nous nous pénétrons facilement, même sans nous en douter, de leur
manière d'être, de leurs qualités, et, surtout, de leurs défauts.
Nous gagnons à fréquenter des gens plus évolués que nous ; tandis qu'au
contact prolongé de ceux qui nous sont inférieurs, nous sommes exposés à
perdre.
La discrétion est une qualité
indispensable au développement de la Maîtrise de soi, car si l'on connaissait
partout le but de nos désirs, on se méfierait de nous et cette méfiance
neutraliserait notre pouvoir attractif. D'autre part, le public doit,
généralement, ignorer nos Intentions, nos Plans, nos Desseins, car en les
communiquant nous perdons de la force et nous facilitons aux concurrents les
moyens de les exécuter avant nous. Toujours se rappeler que le secret
constituait un des principaux arcanes de la Magie antique, et que les mages
contemporains lui attribuent encore la même importance. Il ne faut,
pourtant, pas garder toujours un mutisme absolu, mais nous ne devons nous en
départir qu'envers quelques amis sûrs, plus évolués que nous, et
susceptibles de nous aider par leur expérience et leurs bons conseils.
Etre digne de tout le monde ;
mais, dans les rapports sociaux, ne pas se laisser absorber. Sans avoir la
prétention de diriger les sociétés que l'on fréquente, on doit se retirer de celles
où l'on n'aurait pas une initiative quelconque, à moins d'en
faire partie pour s'instruire.
« La Foi soulève les
montagnes », car elle met le croyant dans l'état voulu pour agir lui-même
avec efficacité. Que ceux qui ont la foi religieuse la conservent en cherchant
à l'orienter vers le développement de leur individualité ; que les
spirites qui croient à l'intervention de leurs « bons esprits »
continuent à les évoquer et que ceux qui ne croient, à rien
tâchent au moins de croire à la possibilité de développer leur Puissance
personnelle. Cela est possible. Qu'ils se mettent à la tâche. Ils
obtiendront, bientôt, quelques résultats satisfaisants qui ne demanderont
qu'à grandir ; et, au fur et à mesure que ces résultats
grandiront, la confiance en leur pouvoir personnel augmentera, la foi ne
tardera pas à venir. Timide et faible d'abord, elle se développera
progressivement et pourra devenir suffisamment puissante pour accomplir de
véritables prodiges.
La Connaissance et le Respect de
soi-même, rigoureusement contrôlés par la raison, constituent une
Puissance souveraine. Tout en étant fort, celui qui se connaît bien reste
simple, modeste et digne.
Soyons pratiques, mais n'employons
que des moyens logiques, honnêtes et droits. Sachons limiter nos
Aspirations. Ne nous attachons pas trop aux biens de la terre que nous pouvons
perdre du jour au lendemain ; et, surtout, renonçons aux honneurs, aux titres
et aux décorations qui ne sont que des hochets de la vanité. Recherchons la
Grandeur d'âme, la Noblesse de l'Intelligence et la Bonté du cœur qui sont
indestructibles et « le reste viendra par surcroît ». Efforçons-nous de
comprendre aussi que, sous de modestes apparences, l'individu que l'on
considère, parfois, comme un pauvre homme peut être plus riche (en
véritables biens) et plus heureux que le plus grand nombre des millionnaires.
Celui qui dirige constamment toute
sa Pensée, toute sa Volonté, toute son Intelligence vers l'accomplissement d'un
Désir, peut avoir la certitude de le réaliser quels que soient les obstacles
qui peuvent se présenter.
Soyez donc bien persuadé que si
vos Désirs sont logiques, raisonnables, légitimes, ils s'accompliront
d'eux-mêmes et d'autant plus vite que leur réalisation ne fera tort
à personne.
Certaines personnes se plaignent
d'être accablées d'occupations. « Je ne sais comment j'en sortirai »,
disent-elles. A les voir s'agiter, on se demande si, réellement, elles pourront
en sortit. Souvent, plusieurs jours avant, que ne commence la période
d'activité intense qui les déroute, elles s'effrayent et s'inquiètent.
Suffiront-elles à la tâche ? Leurs forces ne les abandonneront-elles pas
? Auront-elles fini à temps ?
Ce n'est pas le travail,
fût-il considérable, qui les accable le plus, mais, surtout, leur pensée
angoissée divaguant sans cesse de l'idée du travail à celle des
difficultés d'accomplissement.
Qu'elles distribuent, donc, leur
ouvrage suivant un plan méthodique ; qu'elles ne pensent plus ensuite
qu'à l'exécuter, sans s'occuper des difficultés, toujours exagérées, et
elles seront surprises de l'achever dans d'excellentes conditions.
Il faut de l'activité. Le
mouvement, c'est la Vie, a-t-on dit à juste raison. Pour développer ses
forces et se frayer un chemin, il faut rechercher l'action, travailler beaucoup
et ne pas dédaigner la lutte. Celui qui est Maître de lui accomplit un travail
considérable. Plus il dépense de force, plus il en reçoit et mieux il se porte.
C'est pour cette raison que les grands magnétiseurs, qui consacrent leur vie au
soulagement de leurs semblables, meurent heureux à un âge très
avancé.
Ne fuyez pas la lutte et ne
craignez pas les obstacles, mais allez, plutôt, au-devant d'eux, ne serait-ce
que pour vous donner l'avantage de remporter une nouvelle victoire qui
augmentera la Maîtrise de vous,
Recherchez la vue des choses
gaies, évitez le plus possible celle des choses laides et n'acceptez jamais
l'invitation de personnes qui ne vous sont pas parfaitement sympathiques.
Malgré cela, chaque fois que vous aurez l'occasion de vaincre une répugnance
qui n'a rien de nuisible, empressez-vous de le faire.
Dans une large mesure, nous sommes
solidaires les uns des autres, car nous sommes membres d'une même
famille. Nous suivons tous le même chemin de l'Evolution, pour arriver au
même but, mais nous ne sommes pas tous également évolués. Pendant que
certain d'entre nous sont près d'arriver au sommet, il y en a d'autres,
plus arriérés ou plus jeunes, qui en sont encore très loin. N'oublions
pas qu'en avançant, nous suivons les plus avancés qui nous ont aidés, et que,
derrière nous, il y a des retardataires qui nous suivent péniblement et
ont besoin de notre aide.
Ne soyons ni avares ni prodigues,
mais si nos moyens le permettent, donnons largement. Dans tous les cas, faisons
tout notre possible pour soulager les malheureux, sans, toutefois, nous
apitoyer sûr leur sort.
Ne jamais faire aux
autres ce que nous ne voudrions pas qu'il nous fût fait. Méditez
longuement ce précepte du Christ ; et pour cela, lire attentivement le chapitre
traitant de l'âmour de son prochain.
Aimons la Vie, rendons-nous la
aussi agréable que possible et tâchons de la prolonger, car c'est, surtout,
dans notre passage à travers la matière physique que nous
évoluons. Mais, quand notre dernière heure a sonné, lorsque les organes
qui sont les vêtements de l'Ame sont usés, quittons-les sans le moindre
regret, en nous rappelant que la vie actuelle n'est qu'un chaînon de
l'immortalité, qu'elle ne constitue qu'un degré de l'interminable échelle que
nous devons monter ; et, qu'après une période de repos, nous renaîtrons
dans des conditions d'autant meilleures que nous aurons fait davantage pour les
mériter.
Les réflexions suivantes,
exprimées par des auteurs connus et appréciés, ont leur place ici, ne serait-ce
qu'à titre complémentaire.
Vouloir bien,
vouloir longtemps, vouloir toujours, mais ne jamais rien convoiter, tel est le
secret de la force.
C'est cet arcnne magique que Le Tasse met en action dans la personne des deux
chevaliers qui viennent délivrer Renaud et détruire les enchantements d'Armide.
Ils résistent aussi bien aux nymphes les plus charmantes qu'aux animaux féroce
? les plus terribles ; ils restent sans désirs et sans craintes, et ils
arrivent à leur but (Eliphas Levi : Rituel de la Haute magie).
Si vous désirez
progresser sur le sentier de la perfection, apprenez à aimer. Apprenez
à aimer ce qui est élevé et vous serez attiré vers ce qui est élevé. On
doit aimer dans chaque homme l'humanité et non la personnalité. Si vous méprisez quelqu'un, vous
vous méprisez vous-même, car celui qui note d'une façon marquée les
fautes d'un autre, possède en lui-même les éléments de ces fautes
(Hartmann : La Magie.)
L'amour est l'élément le plus
nécessaire pour la poursuite de la vie. Sans cet élément, pas de vie possible
et si un homme cesse d'aimer la vie il cessera de vivre. Aimer une vie plus
élevée, conduit l'homme à une position plus élevée ; aimer un état
inférieur le fait descendre à ce qui est dégradant (id.).
Nous me prenons pas les choses
pour ce qu'elles sont, mais pour agir nous imaginons qu'elles sont. Le sauvage
ne voit, dans la Minerve sculptée, qu'un morceau de rocher curieux, et un beau
tableau n'est pour lui qu'un morceau de toile barbouillée de couleur. L'avare,
en regardant les beautés de la nature, pense, seulement, à leur valeur
monétaire, tandis que, pour le poète, la forêt fourmille de fées
et l'eau d'ondines. L'artiste voit de belles formes dans les nuages qui
roulent, dans les rochers et dans les montagnes et pour les natures poétiques
chaque symbole de la nature devient un poème et lui suggère des
idées nouvelles ; quant au poltron qui traverse la vie avec l'air renfrogné,
celui-là voit dans tous les coins un ennemi et il me trouve rien
d'attrayant sauf sa piètre personne. Le monde est un miroir dans lequel
chaque homme peut voir son propre reflet. A celui qui a une belle âme, le monde
semble beau ; à celui qui a une âme difforme tout semble laid (id.).
L'argent représente le principe
d'équité et doit être employé à mettre tout le monde à
même d'obtenir le juste équivalent de son travail. Si nous désirons plus
d'argent que ce qui nous est justement dû, nous désirons quelque chose
qui ne nous appartient pas, mais qui appartient à un autre. Si nous
obtenons du travail, sans en payer l'équivalent, nous privons d'autres
personnes de la justice, et, alors, nous nous privons de la vérité qui est une
perte beaucoup plus sérieuse pour nous, que la perte d'argent pour ceux que
nous avons trompés (ici.).
La meilleure éducation à
donner aux jeunes gens et même aux vieillards, ce m'est pas de les
reprendre, mais de se conduire à la vue de tous d'après les
principes que l'on voudrait enseigner aux autres en les apprenant. — Platon.
Le premier pas vers le bien est de
ne point faire de mal. — J.-J. Rousseau.
L'âme du foyer est douce et
bienfaisante à ceux qui en gardent l'amour et le respect. — O. Gréard.
Partout et toujours la nature tend
à favoriser les fortes individualités. Celui qui travaille une forte
individualité chez lui ou chez les autres, ne rencontre jamais de véritables
obstacles à ses efforts. — V. Morgan.
pour
ÉLEVER DE BEAUX enfants, il faut les avoir ; et pour cela, on doit remplir
certaines conditions.
D'abord, pour plusieurs raisons,
trop étendues pour que j'en parle ici, la femme ne doit pas dépasser l'âge de
trente à trente-cinq ans ; l'homme, celui de trente-cinq à
quarante. Ils doivent être forts et jouir d'une bonne santé physique et
morale. Ensuite, l'acte d'amour qui va donner lieu à la conception doit
être voulu, calculé et préparé, pour être accompli dans le plus
grand calme.
Pendant la grossesse,
l'imagination de la mère joue un rôle extrêmement important ; et
comme elle contribue, seule, à la formation du corps physique de
l'enfant, il est de toute nécessité de lui éviter les grandes fatigues et,
surtout, les émotions violentes. On doit. l'entourer d'objets gracieux et
agréables, surtout de belles images, ne serait-ce que de simples chromos
représentant de superbes bébés, qu'elle se plaira, toujours, à
contempler.
L'organisation imparfaite de la
mère donne, très souvent, lieu à une grossesse pénible. Ce
sont, d'abord, des « envies » qu'il faut satisfaire, pour que « son fruit ne
soit pas taché », puis des malaises, et, plus tard, des vomissements dits
incoercibles, car le médecin est, toujours, impuissant à les faire
cesser. Pour faire disparaître ce dernier obstacle qui coûte parfois la
vie à la mère, j'indique un moyen magnétique extraordinairement
simple, à la portée immédiate du mari et de toutes les personnes de
l'entourage, dans mon étude intitulée : Pour combattre les accidents de la Grossesse,
favoriser l'Accouchement et éviter les suites de Couches.
Je n'ai pas la certitude absolue
que l'on puisse à volonté, avoir des garçons ou des filles ; mais toutes
mes observations m'indiquent que cela est possible. Il n'y qu'a y penser
sérieusement et à le vouloir avec énergie plusieurs mois avant la
conception, et jusque dans les premiers mois de la grossesse.
On facilitera l'action de la
Pensée et de la Volonté en choisissant à l'avance le prénom du futur
enfant. Cela me paraît jouer un rôle important dans la vie. C'est, d'ailleurs,
ce qu'affirme de Rochetal dans son ouvrage : Le Caractère par le prénom.
Empruntez-le, donc, à un personnage historique ou autre ayant les
qualités et les aptitudes que vous souhaitez au fruit de vos amours. Evitez, surtout,
le prénom d'une femme acariâtre ou d'un homme qui ne réussit à rien.
La nature confie presque
exclusivement à la mère — qui doit allaiter l'enfant — les soins
du premier âge. Elle devra s'y employer au mieux.
De la seconde enfance à
l'adolescence, la direction de l'enfant appartient autant au père
qu'à la mère. Tous les deux doivent observer certaines
règles pour préparer un être fort et bien équilibré sous tous les
rapports.
L'éducation de l'enfant commence
dans le sein de la mère. Dès sa naissance, il lui faut de l'air,
de la lumière et une chaleur modérée. Pour lui laisser la liberté de ses
mouvements, on ne doit l'emmaillotter que le moins possible et ne jamais le
serrer. Dans la journée, il faut le laisser « gi-gotter » à son aise
dans son berceau ; et, pour éviter les rhumes, ne le couvrir que le moins
possible.
Lorsqu'il est sur le point de
marcher seul, on doit, souvent, le placer à terre, sur une couverture,
afin de lui permettre de faire des efforts qui exercent une grande influence
sur son développement physique. Lorsqu'il a atteint quatre à cinq ans,
ne rien négliger pour le rendre plus résistant. Il faut, en hiver comme en été,
lui donner des lotions froides ou à peine « dégourdies », et l'habituer
progressivement « à la dure ». S'il souffre, ne jamais le plaindre, et
tout en lui donnant les soins que son état exige, lui affirmer que « cela n'est
rien » et que, demain, il sera bien. En effet, rien n'est plus nuisible
à sa santé que de le plaindre s'il est souvent malade et de se lamenter
sur son sort.
A tout âge, le
développement intellectuel de l'enfant est favorisé par les bons exemples qu'il
voit autour de lui, beaucoup plus que par des paroles.
Il n'arrive presque jamais
d'accident à l'enfant qui n'est pas surveillé, car il apprend lui-même
à se diriger. J'estime que dès l'âge de six à huit ans, il
faut lui laisser une certaine liberté ; et dans la rue. tout en attirant son
attention sur le danger, le laisser, souvent, aller seul.
Que l'on sache bien que plus l'on
est privé de liberté, plus on aspire à la prendre. C'est pour cela,
qu'il faut, dans la plus large mesure possible, la laisser à
l'adolescent, et se contenter de le guider et de le conseiller. Il faut,
surtout, le prévenir de tous les dangers auxquels il est exposé
Pour le choix d'une
carrière, le jeune homme et la jeune fille doivent, être laissés
entièrement libres, car la Réussite tient, surtout, aux dispositions et
aux goûts que l'on apporte en naissant. D'ailleurs, ces goûts et
ces dispositions s'observent, presque toujours, dans les jeux de l'enfance et
il importe de les encourager. L'enfant sait, presque toujours, ce qu'il veut
faire plus tard, car il est guidé par des connaissances antérieures qui
cherchent à entrer en activité. Une anecdote historique, à ce
sujet, pour terminer :
Après s'être amusés
au jeu, un groupe d'enfants de cinq à huit ans se questionnaient sur la
profession qu'ils voulaient exercer plus tard. L'un d'eux, qui se plaisait
à enchevêtrer des bouts de bois, disait : « Je veux être
charpentier » ; un bavard : « Je veux être avocat » ; un autre : « Je
serai marchand » ; enfin, un autre qui jouait constamment aux soldats : « Moi,
je serai général » Ce dernier était Marceau qui, à vingt-cinq ans,
commandait une armée de la première République.
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