IV. — REGARD MAGNETIQUE
Action du Regard. — Regard
magnétique. — Comment l'acquérir. — Exercices préparatoires. — Exercices
pratiques.
L'œil exerce une très
puissante action et nous savons tous qu'il est certains individus dont on
supporte difficilement le regard.
C'est par l'action de l'œil
que le chien tient la perdrix en arrêt et que le serpent fascine l'oiseau
et l'attire à lui. Chez le dompteur, l'œil constitue l'arme qui en
impose le plus aux fauves de la ménagerie.
On a remarqué que le regard de
certaines personnes produit une action désagréable et même nuisible, et
l'on a donné à cette action le nom de mauvais œil. En exagérant
cette propriété de l'œil considérée sous son plus mauvais aspect, on
comprend sans peine, qu'au temps de la sorcellerie, on ait cru à la
puissance des jettatores, c'est-à-dire au pouvoir de certains sorciers
qui passaient pour jeter des sorts par l'action maléfique de l'œil.
Si l'on admet que l'œil de
certaines personnes peut en influencer d'autres d'une façon désagréable, on
peut admettre aussi que le regard doux et bienveillant d'un individu
sympathique, dont la santé est bien équilibrée, peut exercer une action
salutaire.
En effet, comme je l'ai démontré
dans mes Théories et procédés du Magnétisme, le regard qu'on laisse tomber
à une distance de quelques mètres, doucement, mais avec une
certaine énergie, dans un but déterminé, exerce une action des plus évidentes
que le magnétiseur applique constamment à la guérison des maladies.
Le regard de certains animaux
exerce même sur nous, dans certaines circonstances, une action assez
énergique.
J'ai connu une jeune femme
sensitive qui se plaisait à contempler les boas du Jardin des Plantes,
probablement parce qu'elle y éprouvait des effets analogues à ceux de la
magnétisation.
Placée à environ un
mètre de la cage du reptile, si celui-ci la regardait fixement, elle
était attirée et venait, bientôt, se coller contre le grillage. Il fallait
l'enlever de là et lui souffler sur le front pour la ramener à
son état normal, car elle était, au bout de quelques minutes seulement, dans un
état plus ou moins avancé du sommeil magnétique.
Van Helmont a écrit que si l'on
enferme un crapaud dans un vase assez profond pour qu'il ne puisse en sortir et
qu'on le regarde fixement, il fait tous ses efforts pour s'échapper ; mais, n'y
parvenant pas, il se retourne, vous regarde à son tour fixement,
s'irrite, et tombe mort au bout d'un temps plus ou moins long. L'abbé Rousseau,
un capucin littérateur, qui fut médecin de Louis XIV, vérifia, sous différentes
formes, l'observation de Van Helmont et la trouva en partie exacte.
Après avoir répété l'expérience un certain nombre de fois, il observa
que, parfois, le crapaud mourait, mais que, souvent aussi, il résistait
à l'épreuve. Si nous croyons ce que l'expérimentateur raconte dans un
ouvrage intitulé : Secrets et Remèdes éprouvés, qu'il publia à
Paris, en 1697, une de ces expériences faillit lui être fatale.
Autant que je puisse m'en
rappeler, voici ce qui lui arriva. — Un crapaud, probablement plus robuste que
les autres, tout en donnant des signes d'une grande surexcitation, résista
à l'action meurtrière de l'expérimentateur qui, subissant
à son tour l'action de l'animal, tomba sans connaissance ; son
domestique le trouva à demi-mort quelques heures plus tard. Revenu
à lui, il se rappela que le crapaud furieux dardait sur lui ses yeux
menaçants, qu'au bout d'un moment il se sentit maîtrisé par une force qui
semblait émaner de l'animal, qu'il voulut résister, et que, vaincu par un
malaise étrange, il s'affaissa.
Si l'œil est susceptible
d'exercer une action aussi puissante, il doit pouvoir rendre de très
grands services, surtout lorsque la personnalité magnétique est développée
à un certain degré.
De tous les moyens dont dispose
l'homme pour influencer les autres, dit Atkinson, le regard est certainement le
plus puissant. Il ne sert pas seulement à retenir l'attention de la
personne avec qui l'on converse et, par conséquent, à faciliter
l'influence que l'on peut exercer sur elle ; il est, aussi, une puissance
propre qui peut, quand elle est bien comprise et bien dirigée, agir directement
sur l'interlocuteur. Il attire, il fascine, il subjugue ceux-là
même qui sont les plus capables de résistance et de lutte.
Le regard, lorsqu'il a atteint
toute la force de pénétration et d'influence dont il est susceptible, est une
arme redoutable. C'est lui qui transporte, qui communique aux autres les
vibrations de la pensée et le fluide vital dont le cerveau est comme un
réservoir... Appliquée aux bêtes féroces, cette force du regard est
souveraine. Elle arrête, refoule, accable, anéantit) la bête
meurtrière. Elle n'a pas moins d'action, ni moins d'effet sur les
hommes, mais elle doit être bien appliquée et bien dirigée (La
Force-pensée).
regard
MAGNÉTIQUE. comment L'ACQUÉRIR. — Atkinson admet que le regard magnétique n'est point
naturel à l'homme et qu'il ne s'acquiert que par l'étude et par
l'effort. Lorsqu'il est acquis, s'il est « concentré sur la personne que l'on
veut influencer, il exerce une action analogue à la fascination ou
à l'attraction hypnotique... Il est l'expression d'une volonté forte par
des yeux dont les muscles et les nerfs ont été développés progressivement, et
qui sont arrivés à un degré de fixité et de force exceptionnel ».
Pour acquérir le regard
magnétique, et devenir capable d'influencer par ce moyen ses semblables, selon
ses désirs, il est, de toute nécessité, de s'exercer, et même de
s'entraîner à réaliser un certain nombre d'exercices, et, surtout,
à les exécuter avec fermeté et intelligence, comme pour faire pénétrer
son action à l'intérieur. Il faut y mettre beaucoup d'énergie et de
persistance, mais tous les efforts doivent se faire intérieurement, sans aucun
clignement des paupières, sans la moindre concentration des muscles de
la figure, et, même, sans que la moindre tension d'esprit ne se
révèle au dehors. La respiration sera régulière, et l'expression
du visage calme et tranquille, comme celle que l'on prend naturellement
lorsqu'on voit se passer quelque chose d'agréable.
Afin de développer la puissance
magnétique de l'œil, je divise les entraînements à faire en
exercices préparatoires et en exercices pratiques.
Exercices préparatoires. — I. Prendre une feuille de papier et dessiner au
centre un rond noir d'un centimètre de diamètre ; la fixer au
mur, à une hauteur de un mètre vingt environ. S'asseoir bien
à son aise, à deux mètres de la feuille, bien en face, et
fixer le rond noir aussi longtemps que possible, en ne pensant qu'à cela
et sans permettre aux yeux de s'en écarter. Si le besoin d'un clignement se
fait sentir, il faut lever légèrement la paupière pour l'éviter.
Ceux qui ont l'habitude de
magnétiser et ceux qui sont parvenus à s'isoler et à ne penser
qu'à ce qu'ils font, comme je l'indique plus loin, feront, de suite, cet
exercice sans grande fatigue pendant deux à trois minutes, et ne
tarderont pas à le faire facilement, pendant cinq, dix, quinze minutes
et, même, davantage. Ceux qui commenceraient leur développement magnétique
par cet exercice y parviendraient plus difficilement. Pour éviter un
excès de fatigue inutile et même nuisible, ces derniers feront
bien de s'habituer à fixer, d'abord, le point noir pendant une minute
seulement, à l'expiration de laquelle ils se reposeront, pour
recommencer trois à quatre fois de suite. Lorsqu'ils seront parvenus
à faire cet exercice avec aisance quatre à cinq fois de suite
pendant une minute, ils s'habitueront à le faire pendant deux minutes et
à se reposer une minute pour recommencer deux à trois fois, dans
les mêmes conditions. Augmenter, ensuite, progressivement la durée de
l'exercice pour parvenir à le faire facilement, sans aucun repos,
pendant cinq, dix et, même, quinze minutes.
Ceux qui ne parviendraient pas
à concentrer leur pensée sur l'unique idée de regarder le point noir
pourront, pour s'aider, compter mentalement 1, 2, 3, 4, 5, et ainsi de suite,
jusqu'à ce que la fatigue arrive. Ils parviendront assez facilement
à compter jusqu'à 100, puis jusqu'à 200, 300 et même
500. Parvenus là, sans avoir cessé de fixer le point noir dans les
conditions prescrites, ils s'efforceront ensuite de le fixer en comptant
jusqu'à 600, puis jusqu'à 700, et, ainsi de suite, jusqu'à
1.200 ou même 1.500.
Cet exercice ne se fait
certainement pas sans ennui et sans fatigue, mais il faut surmonter toutes les
difficultés. C'est à ce prix que l'on développe la Puissance magnétique
du regard et que l'on augmente l'énergie de la Volonté.
— II. Pour s'habituer à
regarder de côté sans en avoir l'air, déplacer la feuille de papier d'un
mètre vers la gauche, s'asseoir sur la chaise, dans la position de
l'exercice précédent, et fixer le point noir, en dirigeant le regard
obliquement, sans que la face s'éloigne de la première position.
Placer la feuille à un mètre
à droite de la première position et répéter l'exercice en
dirigeant le regard obliquement vers la droite, toujours sans que la face cesse
d'être dans la première position.
Répéter ces exercices l'un
après l'autre, jusqu'à ce que l'on puisse les exécuter sans
fatigue pendant cinq à six minutes.
— III. Remettre la feuille de
papier à la place qu'elle occupait lors de la première
expérience, s'asseoir en face et regarder fixement le point noir, tout en
déplaçant circulairement la face de gauche à droite pendant quelques
instants, puis de droite à gauche. Cet exercice assouplit et fortifie
les muscles des yeux.
— IV. Remplacer, sur le mur bien
éclairé, la feuille de papier par une glace, ou mettre celie-ci sur une table
devant soi, à une distance de cinquante à soixante
centimètres, et diriger le regard sur son image, à la racine du
nez, entre les deux yeux, comme si on voulait voir un point à
l'intérieur du cerveau.
Cet exercice est très
important, car en dehors de la culture du regard proprement dite, il permet de
s'habituer à soutenir le regard des autres et de corriger les
imperfections de son expression.
Ces quatre exercices peuvent
être pratiqués debout ; et ceux qui ne les trouveraient pas suffisants
pour le développement de leur regard magnétique pourraient en imaginer
d'autres. Lorsqu'on est parvenu à les faire tous aisément pendant dix
à douze minutes, on est fort, bien préparé pour réussir, de suite,
presque tous les exercices suivants.
Fig. 23. — Culture du regard fixe
central.
Exercices pratiques. — I. Etant
dans un salon, à l’église, au théâtre ou dans tout autre lieu de réunion
où plusieurs personnes sont assises l'une devant l'autre, fixer dans le
dos une personne placée devant vous, à une distance de deux et
même quatre mètres, en concentrant toute votre énergie sur l'idée
d'agir sur elle et de la faire retourner. Si la personne sur laquelle vous
agissez est impressionnable et sensitive, le but, sera sûrement atteint
en moins d'une minute. Si elle n'est que fort peu impressionnable, il faudra un
temps sensiblement plus long, mais il est rare que le résultat, désiré ne soit
pas obtenu en trois ou quatre imnuies. On voit, d'abord, la personne visée
faire quelques mouvements d'épaule et de légers tressaillements, comme si elle
éprouvait un petit chatouillement. Cette sensation grandit, devient plus nette,
plus gênante et l'oblige, presque toujours, à porter la main au
point visé, ou, plus souvent, encore à se retourner comme si, ayant
conscience qu'on la touche, elle voulait empêcher celle action.
On peut diriger l'action des deux
yeux sur les deux omoplates ou la réunir en un point, par exemple, sur l'une
des premières vertèbres dorsales.
— II. Ayant réussi un certain
nombre de fois l'expérience précédente lorsque vous-même et le sujet,
restez en place, vous pouvez, hardiment, tenter la même expérience
lorsque vous êtes en marche, dans la rue par exemple. Pour cela, restez
à une distance de deux mètres environ derrière la personne
que vous choisissez pour sujet d'expériences, marchez au même pas qu'elle
et fixez votre regard dans le dos, avec la même énergie et la même
intention. A votre grande surprise, vous verrez que, très souvent, trois
à quatre fois sur cinq, la personne visée se retournera au bout de
quelques minutes, vous regardera, souvent d'un air accusateur, comme si elle
comprenait que c'est vous qui l'incommodez.
— III. Réussissant bien la
dernière expérience, on peut, la personne marchant devant vous dans les
mêmes conditions, vouloir qu'elle se retourne à droite ou à
gauche. En formulant clairement dans sa pensée, l'idée de droite ou gauche, on
parvient assez facilement à ce que le sujet se retourne comme on le
veut.
— IV. Dans une voiture publique,
choisissez une personne assise sur la banquette opposée à la vôtre, mais
dont la place se trouve sensiblement à droite ou à gauche de
celle qui est directement en face de vous. Simulez, si vous le voulez, de
regarder droit devant vous, de façon à lui laisser croire que vous ne la
voyez point ; mais regardez-la obliquement, dirigez sur elle un courant mental
aussi fort que possible et dites-vous, avec toute l'énergie dont vous
êtes capable, que vous voulez qu'elle regarde dnns votre direction. Si
l'expérience est bien faite, le résultat est invariable : la personne que vous
aurez choisie pour sujet vous regardera inévitablement. Parfois, son regard ne
semblera pas s'adresser à vous et vous effleurera à peine, mais
souvent, ce regard sera vif, concentré et aigu, comme si votre sujet avait
conscience de l'influence que vous exercez sur lui. La personne obéissant,
ainsi, à votre demande mentale paraîtra, le plus souvent, embarrassée et
nerveuse lorsqu'elle rencontrera votre regard ; elle aura le sentiment d'une
force qui la domine, d'une volonté qui l'étreint, et son attitude exprimera
fort bien ce sentiment (atkinson).
— V. Mettez-vous à votre
fenêtre et regardez une personne qui vient. Si vous la fixez avec une
énergie suffisante en exprimant la volonté qu'elle lève la tête et
vous regarde, elle le fera presque invariablement. Sept fois sur dix au moins,
elle obéira à votre appel mental si votre puissance magnétique est
arrivée à un degré de développement suffisant. Ce résultat dépendra,
dans une certaine mesure, du choix de votre position. Il sera, par exemple,
beaucoup plus sensible et beaucoup plus prompt si vous vous tenez à une
fenêtre du premier étage, que si vous étiez au quatrième, par
exemple.
L'expérience peut être faite
avec le même succès dans des conditions inverses. Le sujet peut
être non plus la personne qui passe, mais celle qui est assise à
la fenêtre. Dans ce cas, le fluide agit de bas en haut, l'opérateur est
en mouvement, tandis que le sujet est assis (atkinson).
Deux éléments d'action entrent en
jeu dans la dernière série d'expériences : la Puissance magnétique du
Regard et la Concentration de la Pensée. Lorsque ces expériences ont réussi une
fois sur deux seulement, on a conscience que l'on peut dominer les autres et
leur imposer sa volonté dans une très large mesure. D'autres expériences
sont, alors, faciles à faire pour vérifier ce pouvoir. Que l'on
choisisse pour sujet d'expériences un ami ou une personne quelconque et que
l'on veuille obtenir de lui un service ou, mieux encore, un objet quelconque
dont il ne voudrait pas se séparer. On concentre sa pensée sur l'idée qu'il
doit remettre cet objet et, sans qu'il se doute de l'action que l'on veut
exercer, on se place en face de lui, et tout en causant de la satisfaction que
l'on éprouverait si on avait, l'objet, ne fut-ce que pendant quelques instants,
on fixe le sujet de l'expérience, avec douceur et persistance, comme pour faire
pénétrer dans son cerveau l'idée de remettre l'objet.
Si la pénétration du regard est
suffisamment développée et si la Concentration de la Pensée est assez grande,
on remarque, bientôt, que chaque parole exerce sur le sujet une sorte d'effet
physique qui va droit au but que l'on veut atteindre. L'interlocuteur, qui ne
tarde pas à être subjugué plus ou moins complètement,
abdique, et finit par vous abandonner l'objet que vous désirez. Votre
expérience est réussie, vous n'avez plus qu'à lui remettre l'objet qu'il
vous a abandonné contre son gré. Il ne faut pas renouveler cette expérience
souvent, par simple curiosité, car, redoutant votre Pouvoir, on se méfierait de
vous.
Les différents auteurs ne sont pas
d'accord sur la manière d'exercer le regard magnétique. Atkinson veut
qu'on fixe ses yeux dans les yeux de l'interlocuteur, tandis que Turnbull
préfère que l'on fixe un point imaginaire, à la racine du nez,
entre les deux yeux. C'est ce dernier mode d'action que je préfère, car
je le crois plus intense d'abord, et il a certainement ensuite l'immense
avantage de ne pas laisser supposer à l'interlocuteur que l'on fait une
expérience ; par conséquent, celui-ci n'oppose aucune résistance à votre
action.
Si les résultats que je viens
d'énoncer peuvent être obtenus — et l'on peut avoir la certitude absolue
de les obtenir avec un peu d'entraînement, — on peut facilement comprendre de
quelle importance ils sont, même dans les circonstances ordinaires de la
vie. En voici un exemple typique que j'emprunte à Turnbull.
Fig. 24. — Pour faciliter une entrevue difficile
Prenons le cas, dit-il, où
l'on désire faire une bonne impression en dépit des circonstances. Supposez que
vous êtes sur le point d'avoir une entrevue avec un homme dont la
personnalité semble, toujours, peser sur vous. Supposons encore que cet
individu appartient à l'espèce connue de l'homme au regard
insolent, aux manières brusques, au cou de taureau : un homme d'importance
dans son milieu, mais entièrement dépourvu de sentiments délicats...
C'est une torture, comme on peut bien le concevoir, pour une personne de
sentiments fins et élevés, d'avoir affaire à un tel individu surtout
quand il s'agit de lui demander un service ou une faveur... Vous pouvez,
cependant, manier ce type d'individu très aisément... Vous apparaissez
devant lui sous un jour modeste et vrai, sentant avec raison que vous pourriez
vous présenter sous un jour plus favorable si vous le vouliez. Le fait
même d'être conscient de cela, est une force qui se montre sur
votre visage malgré vous, et vous aide à influencer ou à
repousser la force contraire dont vous allez, bientôt, soutenir le choc... Il
faut que votre attitude ne décèle aucun signe d'impatience ou de
gêne ; montrez-vous agréable, reposé, sûr de vous-même, et ne
soyez ni gauche, ni importun.
Lorsque vous lui parlez,
regardez-le bien en face, entre les yeux, c'est-à-dire à
l'endroit où le nez prend sa racine (fig. 24). Imaginez que vous
êtes à regarder juste là, un point infiniment petit, et que
vous voyez le point faible de votre individu, puis parlez comme si vous vous
adressiez à ce point, entre les yeux de l'homme. Regardez ce point avec
calme, mais sans le fixer et sans froncer les sourcils. Vous vous apercevrez,
bientôt, que votre homme paraît gêné et que son regard devient fuyant et
incertain. Forcez-le à vous regarder, forcez-le à vous fixer
pendant que vous parlez, mais aussitôt qu'il parle à son tour, baissez
ou détournez les yeux. Regardez son gilet, tout excepté ses yeux. Ecoutez
respectueusement et, lorsque vous recommencez à parler, cherchez encore
le petit point entre les yeux. Faites tout cela sans qu'il paraisse, car il ne
doit aucunement, soupçonner que vous lui faites subir une épreuve quelconque.
Il faut que le calme soit votre note dominante.
Quel que soit le résultat de votre
entrevue, soyez convaincu que cet homme se souviendra de vous ; vous lui avez
fait une impression plus profonde qu'il ne veut l'admettre lui-même (Cours de Magnétisme personnel).
De l'observation précédente, il
résulte que pour exercer toute la Puissance dont on peut être capable, on
doit influencer la personne sur laquelle on agit sans qu'elle s'en doute, car
elle ferait certainement des efforts pour résister ; au besoin, elle se
retirerait, et le but serait manqué. Il faut, en même temps, beaucoup de
tact et de prudence.
L'auteur précédent, qui l'a
très bien compris, s'exprime, ainsi, en parlant du Regard fixe central :
Ne commettez pas l'erreur de vous en
servir, indistinctement, à toutes les occasions. Servez-vous en
uniquement pour faire une impression quand vous le désirerez. Il arrive,
quelquefois que l'impression qu'on veut faire est trop forte ; ne vous mettez
pas dans ce cas. Servez-vous de votre force avec tact et discrétion. Le charme
attire : faites, en conséquence, une impression agréable. Lorsque vous essayez
de vous rendre aimable dans une compagnie ordinaire, votre physionomie doit
exprimer l'intérêt. Rien ne décèle plus le manque de dignité que
de sourire perpétuellement ; ayez, donc, une expression naturelle, celle que
vous auriez, par exemple, en voyant tranquillement se passer quelque chose qui
vous intéresse. Servez-vous constamment du Regard fixe central, mais
soutenez-le d'une manière digne et agréable. Vous donnez, ainsi, une
impression de bonne humeur doublée de Puissance.
La discrétion est, ici, un devoir
absolu. En principe, le développement de l'influence personnelle, surtout celle
du regard, et, plus particulièrement, leur application à la
domination des autres, doivent être tenus dans le plus grand secret, car
vos meilleurs amis se méfieraient de vous, vous craindraient et, même,
redouteraient votre présence s'ils vous supposaient capables de les soumettre à
votre volonté. D'autre part, raconter à tous ce que l'on fait et ce que
l'on veut faire c'est gaspiller inutilement sa force.
Quelques personnes portant des
lunettes, peuvent se demander si cet instrument n'est pas susceptible de faire
dévier la puissance magnétique de l'œil. Je ne le pense pas. Tout me porte
même à admettre que si on voit distinctement le point que l'on
vise, elles aident à la concentration sur ce point des rayons
magnétiques émanant des yeux ; d'autre part, elles dissimulent, les efforts extérieurs
que l'on peut faire, surtout au début, et l'interlocuteur n'en est que moins
porté à la méfiance.
Quelques-uns de ceux qui ne
comprennent pas les principes du Magnétisme personnel pourraient
peut-être induire des dernières expériences que lorsque la
Pénétration du regard et la Concentration, de la pensée sont suffisamment
développées, on peut, obtenir des autres tout ce que l'on veut, même
contre leur propre intérêt ; qu'on pourrait les obliger, par exemple,
à vous remettre tout ou partie de leur fortune. C'est une erreur
profonde. D'abord, il ne viendra jamais à l'idée d'un magnétiste,
développé d'après les principes contenus dans cet ouvrage, de profiter
de sa Puissance pour commettre une mauvaise action ; ensuite, si par le fait de
circonstances imprévues et exceptionnelles, il en commettait une, il ne
tarderait pas à perdre la plus grande partie de la Force qui attire,
naturellement, à lui les bonnes choses à l'exclusion des
mauvaises et à devenir la première et la principale victime de
son indélicatesse.
Que chacun sache bien que l'homme
magnétique a, toujours, présent à l'esprit l'idée de ne jamais faire
à autrui ce qu'il ne voudrait pas qu'on lui fit.
Fig. 25. — L’homme développé domine la nature
entière (Extrait du Théosophist)
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