VI. - TRANSFORMATION DES FORCES
On sait, maintenant, que les
forces physiques ne sont que des manifestations de l'Energie, car la présence
de l'une, se manifestant dans certaines conditions, suffit pour déterminer le
développement d'une ou même de plusieurs autres ; en un mot, elles sont
engendrées l'une par l'autre et chacune d'elles peut se transformer en toutes
les autres.
Ainsi l’électricilé donne naissance
au mouvement mécanique, à la chaleur, à la lumière,
à l'aimentation (magnétisme propre à l'aimant), aux
décompositions chimiques.
La chaleur fait naître le
mouvement mécanique, la lumière et les courants électriques avec
lesquels on obtient l'aimantation.
La lumière, dans ses
différences qualitatives, présente les couleurs et, dans celles-ci, nous
observons des actions calorifiques et des actions chimiques.
L'aimant, lorsqu'il est en
mouvement à proximité d'un circuit, fait naître, dans celui-ci, un courant
électrique qui peut se transformer en chaleur, en lumière, en mouvement
mécanique, en décompositions chimiques.
Et, ce que les physiciens ignorent
complètement, toutes ces forces se transforment encore en un Magnétisme
analogue à celui que l'on observe dans le corps humain. (Voir à
ce sujet ma Physique magnétique).
Une quantité de chaleur peut
reproduire l'équivalent du mouvement mécanique qui l'a produite. La calorie,
quantité de chaleur nécessaire pour élever d'un degré la température d'un
kilogramme d'eau, équivaut à 424 kilogrammètres. (Le
kilogrammètre représente les travail mécanique capable d'élever un poids
d'un kilogramme à un mètre de hauteur.)
Les phénomènes ainsi
rapportés à une seule et même cause : le mouvement mécanique,
donnent la certitude de la corrélation de l'Unité des forces physiques.
Les forces psychiques ou morales,
qui sont aussi réelles que les forces physiques, se transforment également les
unes dans les autres ; elles ont, aussi, leur corrélation et leurs équivalences
qui seront, certainement, déterminées un jour d'une façon précise.
Ainsi, selon l'élévation morale
des individus qui en sont les témoins, la vue d'un crime provoque l'horreur du
crime, la pitié ou la haine envers le criminel, et, même, l'incitation
à commettre un crime analogue.
On remarque également, mais sans y
attacher d'importance, que, dans un grand nombre de cas, une force morale ou
psychique, se transforme en force physique et réciproquement.
Ainsi, on observe très
souvent qu'un chagrin, peine morale, détermine une maladie physique ; et que
l'Espérance, la Foi, le Désir, la Volonté aident, toujours, au rétablissement
de la santé. Si ces derniers sentiments, que l'on désigne généralement sous le
terme vague d'Imagination, sont très intenses, ils peuvent même la
rétablir presque instantanément. Ils constituent les seules et uniques causes
des guérisons dites miraculeuses qui se produisent réellement à Lourdes
et ailleurs. C'est également en eux que se trouvaient la Puissance occulte et
la Magie des temps passés.
On ne doit pas s'étonner de ces
transformations, car on sait maintenant que le Désir et la Volonté peuvent
décupler les forces physiques au moment du danger et, même, tenir la mort
en échec pendant plusieurs jours.
Une émotion soudaine, très
violente, comme la frayeur, détermine, toujours, des accidents physiques chez
les gens impressionnables, accidents qui se traduisent, souvent, par des
névroses telles que la chorée, l'hystérie, l'épilepsie, la catalepsie; par des
paralysies, des affections cardiaques qui deviennent, parfois mortelles ; la
folie incurable et, même. la mort immédiate, par suite d'apoplexie
cérébrale.
Si ces transformations sont aussi
réelles qu'apparentes, ce qui paraît absolument certain, on doit, avec quelques
hardis penseurs, admettre l'unité des forces de la nature, soit qu'elles
appartiennent à la physique générale, à la physiologie ou
à la psychologie. Prenant naissance dans un agent unique, l'éther ou un
fluide analogue, toujours en vibration, elles ne séraient que des manifestations
de l'Energie universelle.
Notre être physique, notre
être astral, sont si bien accordés l'un sur l'autre, que si on émet une
note en faisant vibrer une corde de l'un, la même note résonne,
immédiatement, sur l'autre.
Les forces physiques paraissent
échelonnées les unes sur les autres comme les couleurs d'un faisceau de
lumière solaire décomposée, ou, mieux encore, comme les notes de la
gamme musicale, et les forces psychiques prennent naissance au-dessus, en
représentant, probablement, les mêmes notes, mais à une octave
supérieure.
D'après l'ordre physique,
d'après un tableau que W. Crookes établit en 1897 (voir à ce
sujet ma Physique magnétique) le premier échelon est occupé par le son, avec
des vibrations de trente-deux à trente-deux mille environ par seconde.
Entre ces deux limites extrêmes prennent naissance les sons les plus
graves et les plus aigus qui sont susceptibles d'être perçus par
l'oreille humaine. Au-dessus de trente-deux mille vibrations par seconde, la
vitesse augmente rapidement pour atteindre des limites qui effraient
l'imagination. On voit, alors, paraître l'électricité, puis une lacune qu'on ne
rattache à aucune force connue ; la chaleur vient après, puis la
lumière, une seconde lacune et, enfin, les rayons X, qui comptent plus
de deux quintillions de vibrations par seconde, nombre fantastique, qui ne
s'écrit pas avec moins de dix-neuf chiffres. Ainsi, telles vibrations font
naître l'électricité ; telles autres, plus rapides, la chaleur, puis la
lumière, etc.
Dans une communication que Blondlot
fit à l'Académie des Sciences en 1904, sur les rayons N qu'il venait de
découvrir, rayons très proches parents de ceux qui donnent naissance au
Magnétisme humain, le savant professeur affirme que leur vitesse est
sensiblement plus grande que celle de la lumière, ce qui permet de
combler avec eux la seconde lacune de Crookes, entre la lumière et les
rayons X.
On ne sait absolument rien de la
vitesse des vibrations qui donnent naissance aux forces psychiques, si ce n'est
qu'elles sont considérablement plus rapides encore que celles qui font naître
les forces physiques.
En admettant que l'ensemble de ces
forces sont, dans certaines limites, corrélatives et équivalentes, comment
peut-on transformer volontairement la force musculaire, par exemple, en force
psychique ? Pour augmenter le capital de celle-ci et nous permettre de vaincre
certaines résistances, comme pour se débarrasser d'une passion tenace ayant
résisté à l'action de mettre une idée à la place d'une autre,
à l'autosuggestion et, même, à l'Absorption de l'énergie
décrites précédemment, on peut, avec une certaine facilité, employer la méthode
de Turnbull que je résume ainsi :
— L'auteur reconnaît que toutes
les forces qui ont leur point d'appui dans le corps humain sont de même
essence, aussi bien la Pensée, le Désir et toutes les Forces dites psychiques
que les forces nerveuse ou musculaire, et qu'elles ne diffèrent l'une de
l'autre que par la forme qu'elles prennent pour se manifester.
En se basant sur cette théorie,
pour transformer la force musculaire en force psychique, il faut s'asseoir
commodément dans un fauteuil, ou, mieux encore, s'étendre
complètement sur une
chaise-longue ou sur un lit, s'isoler pendant quatre à cinq minutes, et,
tout en se figurant avoir besoin de faire un effort musculaire considérable, on
ferme les poings et l'on contracte tous ses muscles le plus énergiquement
possible.
Dans cet état de contraction, on
se trouve évidemment en possession d'une force physique que l'on a développée,
mais qui n'est pas employée. Pour la transformer, il est, alors, nécessaire de
fixer très fortement sa pensée sur la résolution que l'on veut prendre,
ouvrir les mains qui s'appliquent naturellement sur les cuisses, et se détendre
doucement, en voulant de toute Son énergie que cette résolution s'accomplisse
complètement.
On doit s'assurer, en même
temps, que la force-expression physique se transforme en une force-expression
mentale. Il importe de retenir dans son esprit cette idée : tandis que la force
s'échappe de ses muselés fatigués, elle se retire sous la forme mentale de son
désir et agit sous cette forme sur les personnes ou conditions intéressées
(Cours de Magnétisme personnel).
Dans les séances de Magnétisme
où je traite en commun un certain nombre de malades, j'emploie, pour
calmer les uns et exciter les autres, une méthode qui me paraît plus simple et
plus pratique. Elle consiste à me mettre dans un grand état de calme
physique, pour calmer le malade excité, et dans un tel état d'excitation, pour
exciter celui qui est trop calme et réablir, chez l'un comme chez l'autre, les
fonctions organiques à leur état normal.
On comprend facilement qu'une
émotion violente, comme la colère qui est une force brutale faisant,
toujours, du mal au coléreux comme à celui qui en reçoit les effets,
peut se transformer en une force bienfaisante équivalente qui rendra les plus
grands services.
Pour arriver à cela, il ne
faut qu'un peu de Maîtrise de soi. Se mettre artificiellement dans une violente
colère, en évoquant un souvenir capable de la déterminer ; et lorsque
cette émotion est arrivée à son point le plus élevé, la transformer, en
pensant fortement à l'utiliser pour la réalisation d'une Idée.
Il ne faut pas répéter ces
exercices plusieurs fois de suite, car ils sont très fatigants.
Après avoir pratiqué l'un ou l'autre une fois, il est conseillé d'avoir
recours à l'Absorption de l'énergie, pour achever de fixer l'idée que
l'on a voulu s'imposer.
Ainsi associées l'une à
l'autre, la Transformation des forces et l'Absorption de l'énergie permettront
certainement, à tous ceux qui possèdent encore un peu de volonté,
de se débarrasser des idées fixes les plus tenaces et des passions les plus
violentes, même de l'amour physique le plus déréglé, de l'ivrognerie, de
la morphinonianie et autres manies analogues, en les répétant
régulièrement deux à trois fois par jour, pendant un temps qui
restera proportionné à l'énergie et à l'adresse que l'on
dépensera pour cela.
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