X. — MEDITATION
La méditation est un état de
Concentration dans lequel entre notre esprit pour réfléchir sur un sujet
quelconque, l'examiner sérieusement, l'approfondir et chercher à le
connaître aussi complètement que possible.
C'est dans les grandes
Méditations, où toutes les facultés de l'Ame sont concentrées par le
Désir et la Volonté sur un sujet, unique, que les saints de toutes les
religions tombent en extase, se dédoublent et sont vus en plusieurs endroits
à la fois et, même, que leur corps physique, malgré les lois de la
pesanteur, peut s'élever au-dessus du sol et flotter dans l'air. Au temps de la
sorcellerie on a, souvent, observé le dédoublement des sorciers qui se
rendaient au loin pour accomplir leurs méfaits ou qui croyaient se rendre au
sabbat. Dans le Fantôme des Vivants, je cite des exemples frappants de ces
phénomènes étranges.
C'est dans la Méditation que l'on
cherche l'inspiration, c'est-à-dire, d'après la définition de ce
mot au point de vue philosophique, que l'on met en activité toutes ses facultés
intellectuelles pour découvrir quelque chose de bien, de beau et d'utile.
Si l'action de ne penser
qu'à ce que l'on fait est complétée par la Concentration de la pensée
sur un objet physique, la Méditation permet de fixer toute notre attention sur
un sujet abstrait, philosophique ou autre, que nous voulons étudier à
fond.
La Méditation
consiste à conserver l'idée d'un sujet, en l'empêchant de
traverser trop vite le champ de la conscience, pour l'obliger à éveiller
en nous les idées et les sentiments qu'il est susceptible de donner ; à
repousser les pensées et les sentiments défavorables qui pourraient encore nous
assaillir ; à porter sur les diverses circonstances de la vie un regard
pénétrant pour en saisir jusqu'aux moindres détails ; à utiliser
fructueusement les ressources qui sont à notre disposition et éviter les
dangers auxquels nous sommes constamment exposés. Elle permet d'acquérir la
force, l'endurance, la vertu qui caractérisent les âmes élevées ; et, comme le
dit judicieusement Atkinson, elle « assure le moyen de s'équiper pour le
présent et de se préparer pour l'avenir ».
Fig. 26. — La conscience est
ouverte pour recevoir.
Pour méditer utilement, il faut
être dans de bonnes dispositions physiques et morales, et se préparer par
l'Isolement pendant cinq à six minutes au moins. Ouvrir, ensuite,
complètement le champ de la conscience pour recevoir toutes les
influences, toutes les pensées, toutes les idées, tous les sentiments qui
peuvent, y pénétrer ; les discuter, garder les bons, repousser les mauvais, et
concentrer son énergie sur les résolutions que l'on veut prendre. La figure 26
fait bien comprendre ce qui se passe dans l'état méditatif ; on reçoit de
toutes parts des intuitions, des pensées et des forces que l'on utilisera selon
ses besoins.
Si on ne fixe pas son attention
sur un sujet spécial, on cherche à évoquer les idées du beau, du bien,
du bon, de l'utile ; à faire naître en soi des sentiments
d'intérêt général, à éveiller des mouvements d'affection, à
découvrir une voie nouvelle que l'on puisse suivre avec succès, à
chercher à établir des règles de conduite.
Fixant, au contraire, son
attention sur un sujet déterminé, on cherche à le considérer dans tous
ses détails, sous tous ses aspects, dans le but de balancer les avantages et
les inconvénients ; on raisonne sur les uns et sur les autres pour calculer les
chances de réussite et parvenir, le plus sûrement, au but que l'on veut
atteindre.
Au point de vue où nous
nous plaçons, nous pouvons prendre comme sujet de méditation le développement
de notre personnalité magnétique, en analysant toutes les impressions qui ne
manqueront pas de se faire sentir, et en cherchant à bien comprendre les
avantages qu'il y a à ne rien négliger pour y parvenir. On peut, ensuite,
prendre un sujet particulier : vouloir, par exemple, se débarrasser d'un défaut
et développer plus particulièrement telle ou telle qualité que l'on
désire mettre à la place.
Presque tous, nous avons plus ou
moins conscience qu'il y a en nous, c'est-à-dire en notre corps
physique, comme je l'ai déjà expliqué, deux principes ; l'un qui régit
nos facultés instinctives, c'est l’Astral, le Subconscient ; l'autre qui régit
nos facultés morales, c'est le Mental, l’Ame, le Moi des philosophes. Mais
cette idée est plus ou moins confuse, et il arrive, souvent, qu'en voulant la
comprendre mieux on la laisse échapper.
Dans la méditation, en rapportant
tout à soi-même, en se considérant comme le centre de la vie
extérieure, on parvient non seulement à comprendre assez facilement le
mécanisme de notre triple individualité, mais, aussi, la grandeur du but que
chacun de nous doit atteindre.
En parlant de l'individu qui
cherche son moi, Atkinson s'exprime ainsi :
...Qu'il se dépouille, pour un
instant de sa personnalité physique, qu'il s'isole complètement de la
vie extérieure, qu'il se réduise à une simple abstraction et se dise : «
Où est et que représente mon individualité ? » Il en saisira, le plus
souvent, l'idée que nous en avons mous-même, que nous ne pouvons définir
— tant elle est abstraite — et que nous voudrions donner — tant elle importe
à la conduite et au bonheur de l'homme. S'il arrive que cette idée ne se
dégage pas des premières expériences, d'autres essais devront être
tentés jusqu'à son complet rayonnement. Quand il sera arrivé à ce
résultat, un sentiment de joie immense le pénétrera. Il aura compris le
problème de ses origines et de sa fin, saisi, dans sa signification,
supérieure, l'idée de la vie et de sa propre destinée, pénétré l'au-delà
et se sera élevé jusqu'aux horizons célestes. Il aura, enfin, compris
l'éternité et saura, désormais, que si son être physique est misérable,
si son être intellectuel est provisoire et borné, son être moral,
du moins, est éternel et infini. L'œuvre de la création lui apparaîtra
dans toute sa magnificence et lui, si petit, si borné, si fugitif, se verra
dans la chaîne des siècles et dans l'immense univers comme le trait
impérissable et sublime qui relie les générations du passé à celles de
l'avenir (La Force-pensée).
On peut méditer partout : dans les
champs, dans les bois, à toute heure du jour ou de la nuit; mais c'est,
surtout, dans la solitude que l'on en profite le mieux. Ceux qui sont peu
sensitifs méditent très bien au clair de lune, ou près d'une
cascade. A mon avis, la meilleure méditation est celle que l'on fait en se
couchant, à la condition de s'endormir sur la résolution que l'on vient
de prendre, c'est-à-dire en pensant doucement faire à l'avenir
telle ou telle chose ou éviter telle ou telle action.
Il y a un écueil à éviter,
c'est de s'abandonner à la rêverie ; car, dans cet état,
l'attention sommeille, laissant les trames d'idées et de sentiments se jouer
librement dans le champ de la conscience et s'enchaîner sous l'action des
influences les plus insignifiantes et, parfois, les plus imprévues. La
rêverie sentimentale, qui mène trop facilement aux idées
attendrissantes, est particulièrement nuisible au développement de la
personnalité magnétique, car elle est susceptible de nous faire perdre notre
énergie.
Bien dirigée, la méditation
devient l'un des facteurs les plus importants du développement de
l'Individualité magnétique. Dans l’éducation de la volonté, Payot, qui ne la
considère qu'au point de vue philosophique, s'exprime ainsi :
Elle donne naissance à de
puissants mouvements affectueux. Elle transforme en résolutions énergiques les
velléités. Elle neutralise l'influence des suggestions du langage et de la
passion. Elle permet de plonger dans l'avenir un regard lucide et de prévoir
les dangers d'origine interne, d'éviter que les circonstances extérieures
donnent des secours à notre paresse native...
Elle permet de dégager de
l'expérience de chaque jour des règles, d'abord, provisoires, qui vont
se confirmant, se précisant, et finissent par acquérir l'autorité des principes
directeurs de la conduite (1905, p.123).
Elle nous fait percevoir, par les
sens de l'Ame, des impressions que les sens du corps ne saisissent pas. En
dehors de cela, elle nous apporte des résolutions sérieuses, des forces
morales, dos forces intellectuelles et, même, des forces physiques.
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