XIII. — THERAPEUTIQUE PSYCHIQUE
Dans les temples de l'antiquité. —
Jésus et les apôtres. — Mécanisme des guérisons. — La Pensée : la Foi, la
Prière, l'Imagination ; Suggestion et Autosuggestion. — Théorie
psychique. L'Ame construit ses corps. Comment l'Ame agit sur le corps physique.
Pour se guérir soi-même. — Un exemple de guérison psychique.
La Thérapeutique psychique est
l'Art d'obtenir, sans emploi d'aucune drogue, la guérison de toutes les
maladies, depuis les plus simples jusqu'à celles que la médecine
classique considère comme les plus incurables.
La Thérapeutique
psychique n'est pas un Art nouveau. Elle fut pratiquée chez tous les peuples et à
toutes les époques de leur histoire. Sous sa forme la plus simple, surtout dans
les campagnes, elle a été et elle est encore l'apanage de nombreux guérisseurs
qui la pratiquent sans la connaître. Ils croient, généralement, être en
possession d'un don ou d'un secret qui leur donne un Pouvoir ; et, faisant des
invocations à une entité qui n'a peut-être jamais existé, ils
pratiquent des gestes, des attouchements dont la valeur est très
contestable. Le plus souvent, ils exigent des malades une confiance absolue en
leur pouvoir. Sous sa forme la plus élevée, elle était pratiquée dans les
sanctuaires, avec des cérémonies mystérieuses dont les Initiés connaissaient
parfaitement la raison, mais que le peuple ignorait, complètement. C'était
la thérapeutique sacrée de l'Assyrie, de la Chaldée, de la Perse, de l'Egypte,
de la Grèce et de Rome. Sous une forme plus simple, c'était, encore, la
thérapeutique du Christ, des Apôtres, des exorcistes du moyen âge et d'un grand
nombre de thaumaturges (gr. thauma, atos, prodige, et ergon, œuvre), qui
pratiquaient, généralement, dans les églises. On observe un pouvoir psychique
analogue chez les sorciers de tous les pays, car ce pouvoir dépend de ce que
l'on peut appeler la Science du Bien et du Mal.
Rien n'est changé, car c'est,
encore, la thérapeutique de Lourdes et de tous les pèlerinages où
la Confiance et la Foi règnent en souveraines.
Depuis le milieu du siècle
dernier, l'Art des guérisons merveilleuses est pratiqué aux Etats-Unis, avec un
incontestable succès, par des sectes religieuses, dont la plus
célèbre est la Christian science (Science du Christ), qui opère
à Boston, dans un temple pouvant contenir cinq mille personnes. Leur
doctrine reçut un nouvel appoint et un nouvel élan avec la théorie de Mulford.
De nouvelles sectes furent fondées sous les noms de Pensée nouvelle, de
Traitement mental, etc.... et partout, avec des théories différentes et,
parfois, contradictoires, des guérisons étonnantes sont obtenues. La Belgique a, aussi, son temple à
Jemeppe-sur-Meuse, où le guérisseur Antoine a acquis une réputation plus
qu'européenne.
Voyons, maintenant, à
quelles causes ces guérisons sont attribuées.
dans les
temples de l'antiquité. — Par des cérémonies mystérieuses, dont la forme
extérieure variait, d'un temple à l'autre, les prêtres obtenaient
la guérison de maladies incurables qu'ils attribuaient à Apollon,
à Vulcain, à Isis et, surtout, à la même divinité
adorée sous le nom de Sérapis par les Egyptiens, d'Esculape par les Grecs et
les Romains.
Renvoyant pour des détails plus
étendus à mon Histoire raisonnée du Magnétisme, je limiterai mon exposé
à quelques moyens destinés à mettre en jeu l'imagination des
malades et exalter les forces curatives de l'Ame.
Par des procédés qui sont à
peu près ceux du Magnétisme contemporain, un état qui touche de
très près au dédoublement et au somnambulisme lucide se
produisait chez beaucoup de malades. Souvent, le Dieu leur apparaissait et les
guérissait ; parfois, il leur indiquait dans des songes les moyens de guérison
qu'ils devaient employer.
D'odore de Sicile, historien grec
du 1er siècle, qui connaissait profondément les mystères d'Isis
affirme que ces pratiques étaient employées dans le temple d'Isis à
Memphis.
Les prêtres égyptiens,
dit-il, prétendent que, du sein de son immortalité, Isis se plaît à
indiquer aux hommes, dans leur sommeil, les moyens de guérison. Elle indique
à ceux qui souffrent, les remèdes propres à leurs maux ;
la fidèle observation de ses prèscriptions a guéri, d'une
manière surprenante des malades abandonnés des médecins.
Jamblique, écrivain grec du 11e
siècle, dit ce qui suit, en parlant du temple d'Esculape :
Le moment venu, nous entendons une
voix entrecoupée qui nous enseigne ce que nous devons faire. Souvent, celte
voix frappe notre oreille dans un état intermédiaire entre la veille et le
sommeil. Quelques malades sont enveloppés d'un esprit immatériel que leurs yeux
ne peuvent percevoir, mais qui tombe sous un autre sens. Il n'est pas rare
qu'il se répande une clarté douce et, resplendissante qui oblige à tenir
les yeux à demi fermés. Ce sont là, positivement, les songes
divins...
Prosper Alpini est aussi
affirmatif :
Les frictions médicales et les
frictions mystérieuses étaient les remèdes secrets dont les
prêtres se servaient pour guérir les maladies incurables. Après de
nombreuses cérémonies, les malades enveloppés de peaux de bélier étaient portés
dans le sanctuaire du temple, où le dieu leur apparaissait en songe et
leur révélait les remèdes qui devaient les guérir. Lorsque les malades
ne recevaient pas les communications divines, des prêtres nommés
oneiropoles s'endormaient pour eux, et le dieu ne leur refusait, jamais, le
bienfait demandé.
Les malades n'obtenaient pas,
toujours, dans un temple, le résultat demandé. Ils se rendaient, alors, dans un
ou plusieurs autres, et trouvaient, enfin, leur guérison. C'est le cas
d'Aspasie, femme de Périclès (Ve siècle avant J.-C.), qui
souffrait d'une grave maladie. Après avoir invoqué, sans résultat, Isis à
Mèmphis, Hygie à Patras, elle fut guérie dans le temple de
Podalyre à Lycère. Elle annonça ce résultat à son mari
dans une lettre remarquable dont voici un passage :
Je tâchai par mes prières
de me rendre digne de la réponse du dieu. A l'approche de la nuit, je me
couchai sur la peau d'une chèvre, près de la colonne qui portait
la statue du dieu, et je fus plongée dans un doux sommeil. Bientôt autour de
moi se répandit une clarté suave. Crois-moi. Périclès oui, crois-moi,
dams ce calme de l'âme, le divin Esculape, enveloppé d'un brillant nuage,
m'apparut et me promit la santé. Mon sommeil fut profond jusqu'au point du
jour. A mon réveil, je me trouvais sur le même côté où je m'étais
mise la veille. Je vis Cyprine... qui vint elle-même et me guérit. 0 vous
! Podalyre, Cyprine, Esculape, recevez à jamais, l'encens de La main
d'Aspasie et de Périclès.
L'usage d'aller dormir dans les
temples pour recouvrer la santé se continua dans les églises jusqu'au
commencement du XVIe siècle. Les martyrs Corne et Damien, qui étaient
médecins, guérirent probablement plus et mieux après leur mort que
pendant leur vie. Ils envoyaient des songes à ceux qui venaient dormir
dans l'église qui leur était consacrée ; et, ici, comme ailleurs, des guérisons
miraculeuses étaient obtenues lorsque la Foi des malades était suffisante.
On comprend facilement que si les
malades guérissaient en invoquant les Dieux qui, sans existence propre,
symbolisaient seulement les forces de la Nature, il ne saurait en être
autrement avec les Saints.
Chez les uns et chez les autres, on
ne peut, donc, raisonnablement admettre qu'une seule et unique Cause :
l'Imagination des malades dont la Croyance et la Foi exaltaient les Forcée
supérieures de l'Ame ; ce qui démontre que le
principe DE LA GUÉRISON EST EN NOUS ET NON PAS HORS DE NOUS.
jésus et
les apotres.
— Jésus modifie les procédés. Guérisseur, le plus puissant d'entre tous, il
opère par l'imposition des mains et certains attouchements sur ceux qui
désirent ardemment la guérison et qui ont Foi en lui ; et cela, rien que par
simple effort de sa Volonté. « Je le veux, soyez guéri. Et à l'instant
sa lèpre fut guérie. » (Mathieu, ch. 8, v. 3). En allant à
Naïm, on portait un mort en terre. S'étant approché, il toucha le cercueil
et dit : « Jeune homme, levez-vous... En même temps; le mort se leva et
commença à parler. » (Luc, ch. 7, v. 11 à 15).
Si Jésus guérissait en son propre
nom, les Apôtres guérissaient au nom du Maître. Il y avait à Lydde un
homme paralysé depuis huit ans. Pierre lui dit : « Jésus vous guérit.
Levez-vous, faites vous-même votre lit. Et, aussitôt, il se leva. »
(Actes des Apôtres, ch. 9, v. 32 à 34).
Ils agissaient, aussi, par la
prière. La résurrection de Tabithe en est un exemple. « Pierre ayant
fait sortir tout le monde se mit à genoux et pria ; puis se tournant vers
le corps, il dit. : « Tabithe, levez-vous. » Elle ouvrit les yeux, et, ayant
regardé Pierre, elle se mit sur son séant. » (Actes des Apôtres, ch. 9, v. 39
39 à 41.)
Fig. 30. — Saint Paul guérissant un malade.
(Fragment d'un tableau de Lesueur)
Sur le chemin de Damas, Saül, qui
était le plus terrible ennemi de Jésus, eut une vision et fut frappé de cécité.
Ananie alla le trouver, lui imposa les mains et lui dit : « Saül, mon
frère..., Jésus qui vous est apparu, m'a envoyé afin que vous recouvriez
la vue et que vous soyez rempli du Saint Esprit. Aussitôt, il tomba de ses yeux
comme des écailles et il recouvra la vue. » (Actes des Apôtres, ch. 9, v. 17 et
18). Saül se convertit ; et prenant le nom de Paul, il guérit un grand nombre de
malades au nom de Jésus, en employant les procédés du Maître.
La base principale du traitement
reposait sur la Foi du malade et aussi, sur l'action magnétique du guérisseur.
Ici, deux causes concordantes
exaltent les forces curatives de l'Ame : la Croyance et la Foi d'une part ;
l'action directe du guérisseur de l'autre, ce qui ne démontre pas moins que le
principe DE LA GUÉRISON EST EN NOUS.
Les guérisons dites miraculeuses
se sont perpétuées dans les pèlerinages, avec cette différence du moins
que les prêtres ne magnétisant pas les malades, ceux-ci guérissent
absolument seuls.
mécanisme
des guérisons psychiques. — Comprendre le mécanisme, ou tout au moins, la cause
déterminante des guérisons quelles qu'elles soient, est chose bien difficile,
car chaque guérisseur, médecin ou non, comme chaque entrepreneur de miracles a
sa théorie ou, tout au moins, sa manière à lui de les expliquer.
On peut, donc, admettre qu'il y a autant de théories différentes et, parfois
même, contradictoires entre elles que de praticiens.
Pour le magnétiseur, la guérison
est due au fluide magnétique, à la force vitale ou a, un mouvement
vibratoire qui se communique par ondulations successives de sa personne
à celle du malade. Pour les spirites, c'est l'action fluidique de l'âme
des morts, qui agit sur le malade par l'intermédiaire du médium. Le guérisseur
illettré des campagnes opère par la vertu supposée d'une prière,
d'une formule, d'un secret, qui lui a été communiqué. Les médecins, en général,
sont fort embarrassés, car le plus grand nombre d'entre eux, ne comptant plus
les malades qu'ils ont tués ou rendus incurables par leurs drogues
délétères, ne comprennent rien au principe de la guérison lorsque
celle-ci se produit sous leurs yeux. Néanmoins, les plus avisés reconnaissent
que c'est la Nature qui guérit, lorsque la médication n'entrave pas sa marche.
Certains d'entre eux, les hypnotiseurs, se basant sur la guérison, parfois
extrêmement rapide, de certains cas nerveux ou d'habitudes vicieuses,
affirment que l'imagination du malade, mise en activité par la suggestion, est
la seule et unique cause de la guérison. D'autres, enfin, admettent que
certains malades se guérissent directement eux-mêmes par simple
autosuggestion, sous l'empire d'une cause quelconque qui a vivement mis en jeu leur
imagination. Ces deux dernières catégories de praticiens me paraissent
être plus près de la vérité qu'ils ne le pensent eux-mêmes,
car ce que l'on appelle l'Imagination est une force réelle, assez puissante
pour déterminer, fort souvent, la maladie et même la mort, et qui
logiquement, doit pouvoir donner, aussi, la santé et la vie. On sait, d'ailleurs, que la confiance que le malade met
en la personne du médecin contribue largement à l'efficacité du
remède. On sait également, que certains paralytiques, étendus
depuis de longues années, sautent du lit et s'enfuient à toutes jambes
si le feu se déclare soudainement dans leur chambre. Le matin, en se levant,
des amputés d'une jambe, vivement préoccupés de certaines affaires qui les
empêchent de penser à leur infirmité, marchent comme s'ils avaient
leurs deux jambes.
A Lourdes et dans les
pèlerinages religieux, Dieu viole les lois immuables qu'il avait
établies pour faire ce que l'Eglise appelle des miracles ; et, partout
ailleurs, les médecins ne guérissent qu'en observant les mêmes lois.
Ce qui est, certain c'est qu'il y
a, partout, une part de vérité, mais que la vérité complète échappe
à tous. Tous les guérisseurs et les entrepreneurs de miracles savent
qu'ils guérissent, mais aucun d'eux ne comprend la nature de la force qu'il met
en activité pour cela. Je le répète, cette force est en nous et non pas
hors de nous. C'est la force de l'âme qui s'exprime par le pouvoir, presque
illimité, de la pensée.
la pensée. — II
y a en nous une force d'une énergie formidable qui, lorsqu'elle est brusquement
déclenchée, peut nous tuer ou nous guérir presque instantanément.
Lorsque la guérison se produit, ainsi, dans un lieu consacré, au milieu de
cérémonies imposantes, l'Eglise dit, à tort, que c'est un miracle. En
dehors de ce cas fort rare, elle produit, presque toujours, en nous le bonheur
ou le malheur, la santé ou la maladie. Celte force n'est autre que la force
psychique, car elle vient de notre être réel, l'âme. Elle s'exprime par
la pensée et revêt des formes différentes, en apparence, comme la Foi et
l'Imagination.
« La
Pensée est un acte qui commence ». Qu'une Pensée bien déterminée
revienne, souvent, avec un violent désir, elle finit par envahir le champ de la
conscience et l'acte qui en est la conséquence s'accomplit facilement. C'est un
fait de saturation. Lorsque celle-ci est suffisante, la cristallisation en acte
se produit. Les cristaux artificiels du laboratoire de nos savants et la
cristallisation du sel dans les marais salants lorsque l'évaporation de l'eau
est suffisante, en sont des exemples frappants. Il en est de même, dans
le domaine de la Pensée. Prenons pour exemple l'idée de vengeance bien
arrêtée chez un individu peu évolué. Si l'idée est entretenue par des
pensées de meurtre qui se renouvellent souvent, elle s'accentue, grandie et
prend corps au point d'obséder le penseur. A un moment donné, lorsque la
saturation de son être psychique est suffisante, la pensée se cristallise
en acte, la vengeance éclate et le meurtre se produit. Devant, le tribunal qui
représente la justice humaine, on entend le meurtrier dire sincèrement
ce qui suit : « Je ne sais pas comment j'ai pu faire cela, je n'y pensais
même pas. » La préméditation étant écartée, l'accusé bénéficie des
circonstances atténuantes qu'il ne mérite réellement pas, car celle-ci
était fort bien établie dans son
intellect par sa pensée.
La Pensée donne
à l'homme, comme à la femme, sa beauté ou sa laideur, son charme
ou son aspect déplaisant, car elle nous élève ou nous abaisse, toujours,
à son niveau. C'est elle qui règle notre maintien, qui assure
notre démarche, façonne notre expression, burine nos traits. Elle agit,
parfois, rapidement, comme dans un accès de colère qui nous
transfigure et nous fait prendre un aspect terrible. Le plus souvent, elle agit
lentement, comme la goutte d'eau qui, tombant toujours à la même
place, creuse sûrement son trou dans le roc le plus dur. Ainsi, les
Pensées de force et de santé produisent en nous la force et la santé, tandis
que les pensées de faiblesse et de maladie nous dépriment, et nous conduisent
fatalement à la maladie et à la mort.
Les faits de guérison et de
maladie dus à l'action créatrice de la Pensée sont extrêmement
nombreux. Voici un double cas inédit des plus intéressants :
L'année dernière, une dame
de province, vint solliciter mon avis sur un cas spécial. Elle me dit que
depuis qu'elle connaissait mon Magnétisme personnel, elle le pratiquait
constamment et en retirait de grands avantages, mais elle ajouta que, longtemps
avant de le connaître, elle avait reconnu le pouvoir créateur de la Pensée,
surtout en ce qui concerne la santé et la maladie.
Il y a cinq ans, me dit-elle,
à la suite de chagrins très violents et de déceptions que je
croyais: insurmontables, je pris la résolution de mourir, car la vie m'était
insupportable. Mais comment mourir ? Je ne voulais pas me suicider... Ayant vu
mourir de pleurésie trois de mes parents ou amis, je désirai mourir de cette
maladie. Cette idée me hantait depuis trois mois, quand un beau jour, sans
cause extérieure appréciable, j'éprouvai un violent point de côté, avec de la
fièvre et beaucoup d'oppression. Je me mis au lit, et, malgré moi, on
alla chercher le médecin qui déclara que c'était une pleurésie qui s'annonçait
comme devant être très grave. La maladie suivit son cours ; je
m'affaiblis vite ; et, chose digne de remarque, au bout d'une dizaine de jours,
très calme et très heureuse, j'éprouvai certains
phénomènes qui m'indiquaient que la mort était proche. Je réfléchis et
pensai à mon enfant qui avait, encore besoin de moi, ainsi qu'à
des parents et amis qui m'aimaient. Bientôt, m'apitoyant sur le sort de
l'enfant que j'abandonnais, je regrettai la résolution que j'avais prise sans
réfléchir et je fis des efforts désespérés pour me rattacher à la vie.
Après quelques jours, j'étais mieux et le médecin déclara que j'étais
hors de danger. Avec la Pensée constante de revenir à la santé, je me
rétablis peu à peu et il ne me reste plus que quelques adhérences qui me
font encore souffrir quelque peu à certains moments.
Je suis bien persuadée que c'est
ma Pensée, constamment orientée vers le but que je voulais atteindre, qui a
causé la maladie et déterminé la guérison.
la Foi. — «
La Foi, dit Victor Morgan, dans la Voie du Chevalier, est une émotion d'une
qualité supérieure qui produit, par elle-même, des résultats positifs,
des guérisons vraiment merveilleuses, comme à Lourdes. C'est une émotion
qui accroît, réveille, exalte véritablement toutes nos énergies, toutes nos
forces physiques et mentales. Des expériences peu connues, sincères,
minutieuses, ont prouvé que la foi produit dans notre sang des composés
chimiques bienfaisants, reconstituants, qui, injectés dans le sang d'un animal
exaltent ses forces. Des émotions négatives, comme l'extrême crainte,
l'angoisse, la colère, produisent, au contraire, de véritables poisons.
»
« La
Foi soulève les montagnes », car elle constitue le levier auquel
rien ne résiste. Jésus la recommandait à ses disciples. Il affirme,
même, que c'est la foi des malades qui les guérit. Voici un exemple entre
plusieurs :
Une femme souffrant, depuis douze
ans, faisait dans la foule de grands efforts pour arriver jusqu'à lui,
en disant : « Si je puis, seulement, toucher son vêtement, je serai
guérie. » Elle y parvint et tut guérie à l'instant même. Jésus
s'en aperçut et dit à cette femme : « Ma fille, votre foi vous a sauvée,
allez en paix et soyez guérie. » (Marc, ch. 5, v. 25 à 34). Et pour
affirmer encore la puissance de la foi, après sa résurrection, il
apparut aux apôtres et leur dit : « Allez par tout le monde ; prêchez
l'Evangile à toute créature... Et voici les miracles qui accompagneront
ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon nom..., ils imposeront
les mains sur les malades et, les malades seront guéris. » (Marc., ch. 10,
v. 14 à 18).
Quelques maîtres de l'art médical
qui ont vu les guérisons extraordinaires qui se font à Lourdes, ont
reconnu la puissance thérapeutique de la Foi. « La foi qui guérit, dit Charcot,
me paraît être l'idéal à atteindre, puisqu'elle opère,
souvent, quand tous les autres remèdes ont échoué... ». Puis il ajoute :
« La foi qui guérit et son aboutissant : le
miracle, n'échappent pas à l'ordre naturel des choses. Le domaine de la
foi qui guérit est limité aux maladies dont la guérison n'exige d'autre intervention
que cette puissance de l'esprit sur le corps. »
Mais, qui est-ce qui a fixé les
limites de l'action de l'esprit sur le corps ? — Ces limites n'existent pas ;
d'ailleurs, s'il y en a, elles sont très vagues et l'on peut, toujours,
les reculer.
Aux Etats-Unis, il y a plusieurs
sectes protestantes, dont la Christian Science de Boston est le type, qui
guérissent par la foi. Ces sectes, qui comptent ensemble plusieurs millions
d'adhérents, expliquent les guérisons par des théories différentes et, parfois
même, contradictoires, mais elles sont d'accord sur les points suivants :
Dieu, omnipotent, omniscient,
omniprésent, a créé le monde par une manifestation de sa Pensée et de sa
Volonté. Non seulement nous avons été créés par Dieu, mais nous sommes Lui-même.
Sans être la source dont il émane, nous ne faisons qu'Un avec Lui, car il
est en nous. Dieu seul existe. Toute la Création est temporaire, et,
conséquemment, illusoire. La matière n'existe pas.
Max Muller, professeur
d'orientalisme à l'Université d'Oxford, a résumé, ainsi, cette idée :
Dieu est vérité. Le Monde est erreur. L'Ame est Dieu et rien autre. Malgré les
obstacles apparents qui nous séparent de Dieu, il suffit de lui adresser un
appel convenable pour que la maladie qui n'est qu'un déséquilibre, une
désharmonie, un état instable, disparaisse comme l'ombre d'une chambre dans
laquelle on fait entrer la lumière en ouvrant les volets.
Pour obtenir ce résultat, les
malades sont réunis dans des cérémonies et étroitement liés ensemble par la
prière et par une idée commune : la guérison, qui agit en eux à
la façon d'une suggestion extraordinairement puissante. L'officiant, maître de
lui autant que son évolution le permet, s'identifie avec Dieu pour en
être une source humaine ; il harmonise les fluides des assistants sur
lui-même, fait, dans son intellect une image de la guérison, puis, par un
effort de sa volonté, il projette cette image, avec un flot d'énergie vivante,
sur tous les malades.
Avec la Foi et la
Prière, qui sont des forces puissantes, il y a là une action
magnétique qui a sa très grande importance. Aussi, les améliorations sont,
toujours, très nombreuses, et la guérison s'obtient facilement. On y
observe, même, assez souvent, comme à Lourdes, des guérisons
presque instantanées de maladies considérées comme incurables.
J'admets tout cela avec les
réserves suivantes :
Dieu existe, cela
est évident. Mais s'il est en nous, il n'est pas indispensable d'aller le
chercher ailleurs. Nous n'avons qu'à penser pour mettre nos Facultés
supérieures en activité, et nous obtiendrons un résultat proportionnel à
l'étendue de notre Foi et à la solidité de notre Concentration. Si notre
Pensée est très active, nous obtiendrons une guérison miraculeuse. Si
elle est insuffisante, nous aurons, seulement, une amélioration, mais, par la
Persévérance et la Foi en notre Pouvoir, l'amélioration progressera pour
arriver, au bout d'un temps quelconque, à la guérison complète,
qui sera, peut-être, plus solide et plus durable qu'une guérison trop
rapide.
Tout se résume, donc, ici, dans un
effort de la pensée TENDUE VERS L'IDÉE DE LA GUÉRISON, Ce qui est à la
portée de tous. J'indiquerai plus loin le manuel opératoire, en l'accompagnant
d'une preuve évidente de son efficacité.
la
prière.
— Tous les croyants ont conscience que la Prière leur est d'un secours,
considérable et j'ai la certitude que s'ils ne priaient que pour obtenir des
avantages qui ne nuisent à personne, les résultats seraient beaucoup
plus importants. La Prière est le moteur des
Facultés supérieures de l'Ame. C'est le levier qui agit dans les
pèlerinages et partout, où la Foi règne en souveraine.
Dans tous les cas, c'est une Force réelle, qui agit en nous et hors de nous.
J'ai observé directement un cas
bien évident de son action. — En 1891, un de mes fils âgé de vingt-neuf mois,
atteint d'une fièvre typhoïde de la plus extrême gravité,
était épuisé malgré mes soins. Pour me donner, ainsi qu'à ma femme,
quelques heures de repos, une dame de nos amies que j'avais guérie vint, jusqu'à
la guérison, passer la nuit auprès de l'enfant. Elle ne venait, pas
toujours à la même heure ; et, très croyante, avant
d'entrer, elle allait prier à l'église voisine pendant quinze à
vingt minutes pour la guérison de l'enfant.
Une amélioration très
appréciable correspondait, toujours, avec son entrée dans l'église, de telle
façon que nous étions, ainsi, prévenus de son arrivée.
Au bout de quelques jours, le
petit malade mourait en mon absence. A mon arrivée, je l'ai ressuscité sans
prier, rien que par mon énergie.
J'ai rendu compte de ce résultat
dans le Journal du Magnétisme et, ensuite, dans mes Théories et procédés du
Magnétisme.
La Prière,
fervente et prolongée, peut produire sur nous-mêmes de véritables
miracles.
Saint Augustin, pour ne citer qu'un seul cas, parle d'un homme affecté d'une
tumeur, qui ne pouvait disparaître que par une opération. Un soir, cette
opération est décidée pour le lendemain. A cette époque, les anesthésiques
étaient inconnus et le malade devait beaucoup souffrir. Pour éviter la
souffrance, il pria toute la nuit avec une si grande ferveur « que Dieu exauça
sa prière ». Lorsque le chirurgien arriva, la tumeur avait disparu sans
laisser de traces.
Je l'ai déjà dit, ce n'est
pas Dieu ou un saint quelconque, qui n'a peut-être jamais existé, qui
donne ces résultats prodigieux, mais la Prière. Celle-ci MET EN ACTIVITÉ
LES forces SUPERIEURES de l'ame
qui opère seule. Si l'on priait un chardon ou un cailloux, avec la
même ferveur et la même Confiance, le résultat serait le
même.
L'Imagination est faculté de l'âme
qui nous permet de représenter les objets par la Pensée.
C'est la faculté d'imaginer, de
concevoir, c'est-à-dire de créer des images, des impressions et,
même, des sensations qui n'existent pas, mais qui finissent par devenir
réelles. « Ses effets sont merveilleux et étranges, dit P. Charron ; elle fait
devenir fol et insensé..., fait deviner les choses secrètes et à
venir, cause les enthousiasmes, les prédictions, les merveilleuses inventions
et ravit en extase... Bref, c'est d'elle que vient la plupart des choses que le
vulgaire appelle miracles, visions enchantements. » (De la Sagesse, I. 1, ch.
17).
C'est l'Imagination qui
transportait les sorciers au sabbat et faisait tous les frais des cérémonies
fantastiques auxquelles ils croyaient assister. C'est, elle seule, qui agissait
chez les convulsionnaires de Saint Médard, chez les prophètes des
Cévennes, dans la possession des religieuses de Loudun et d'ailleurs, et qui
donnait aux fausses reliques le pouvoir de guérir aussi bien que les vraies.
C'est l’Imagination de la mère qui produit les envies ou taches que
l'enfant apporte en naissant. C'est l’Imagination, mise en activité par la
suggestion, oui fait qu'un vésicatoire vrai ne fait aucun effet sur un sujet
hypnotisé, et qu'une feuille, de papier à cigarette exerce une action
vésicante réelle. C'est elle qui donne lieu aux guérisons obtenues par
suggestion et à tous les phénomènes extraordinaires de
l'hypnotisme. C'est encore elle qui produit les stigmates de la Passion, comme
le dermographisme l'a récemment démontré. C'est elle, une fois encore, qui crée
de toutes pièces les maladies imaginaires, qui ne peuvent être
guéries que lorsque le malade s'imagine que l'on a fait, tout ce qu'il faut
pour cela. Enfin, l'envoûtement, terrible affection tant contestée, qui
conduit si souvent à la mort, est réel ; mais plus de neuf cent
quatre-vingt-dix-neuf fois sur mille, c'est le malade qui s'envoûte
lui-même en concentrant sa pensée sur des sensations imaginaires qui
finissent par devenir réelles.
Si la Foi et la
Prière sont, généralement, bienfaisantes, l’Imagination est, presque
toujours, malfaisante; et, dans certains cas, elle fait un mal irréparable.
Elle conduit, même, la victime à une mort qui a toujours lieu
à l'instant même où elle fut prévue. Les cas de ce genre
sont relativement nombreux. Questionnez les paysans qui se connaissent à
plusieurs lieues à la ronde et chez qui les nouvelles se transportent
facilement, vous apprendrez que, presque partout, à leur connaissance,
des faits de mort annoncées d'avance se sont réalisées. Les hypnotiseurs de
l'Ecole de Nancy admettent cela et l'expliquent par l’autosuggestion, ce qui me
paraît très près de la vérité.
Les médecins ont réuni quelques
observations bien établies. En voici une que j'ai lue dans un ouvrage dont je ne
me rappelle ni le titre ni le nom de l'auteur.
Toujours en quête
d'expériences, les médecins avaient obtenu du roi (en Angleterre, je crois) la
remise d'un condamné à mort, pour étudier sur lui le pouvoir de
l'imagination. Au jour fixé pour l'expérience, le condamné fut remis à
un professeur qui, devant un grand nombre de médecins, fit la démonstration.
Introduit, dans une salle d'opérations, le professeur dit au sujet : « Vous
êtes condamné à mort, et le jour de l'exécution est arrivé. Nous
pourrions vous faire endurer de terribles supplices ; mais, très
paternellement, nous allons vous soumettre à une mort très douce.
On va vous ouvrir les veines des bras et des jambes, et vous perdrez tout votre
sang, presque sans souffrir.
Le condamné est alors, fixé sur la
table d'opérations et le professeur prépare sa lancette. On bande les yeux du
condamné et un élève fait aux quatre membres une simple piqûre de
l'épidémie. Pour lui donner l'illusion que le sang coule abondamment, on verse
sur chaque piqûre un petit jet d'eau chaude qui coule sous lui. Le
condamné s'affaiblit, les médecins tâtent le pouls qui diminue, auscultent, et
percutent pour constater l'état du cœur et des poumons, et s'affirment,
entre eux, que l’exécution se poursuit très normalement. Le sujet
s'affaiblit de plus en plus ; sa face pâlit, des convulsions surviennent et la
mort arrive rapidement, sans qu'il ait perdu plus de quatre à cinq
gouttelettes de sang.
En tête d'un ouvrage ayant
pour titre : Contribution à l'étude de certaines facultés cérébrales
méconnues (Paris et Lausanne, 1911), le docteur ) de Sermyn, publie trois cas de mort observés dans sa pratique,
et qui se réalisèrent au jour et à l'instant fixé d'avance par
les mourants. Voici le premier de ces cas, que je reproduis presque textuellement
:
Jean Vitalis était un homme
robuste, sanguin, marié, sans enfants, jouissant d'une parfaite santé. Il avait
trente-neuf ans, lorsqu'il fut subitement pris d'une fièvre violente et
de douleurs articulaires. J'étais son médecin et, lorsque, je le vis, les
symptômes qu'il présentait étaient ceux du rhumatisme articulaire aigu...
...Je fus surpris, le matin du
seizième jour, de le trouver tout habillé, assis sur son lit, souriant,
ayant les mains et les pieds entièrement dégagés, et ne présentant pas
la moindre fièvre. Je l'avais, pourtant, laissé la veille dans un triste
état...
Très calme, il attribuait
sa guérison subite à une vision. « Mon père est venu me visiter
cette nuit, me dit-il... Il m'a, d'abord, bien regardé de loin, puis il s'est approché,
m'a touché un peu partout pour enlever ma fièvre et mes douleurs ;
ensuite, il m'a annoncé que j'allais mourir ce soir à neuf heures
précises. Au moment de son départ, il a ajouté qu'il espérait, que j'allais me
préparer à cette mort comme un bon catholique. J'ai fait appeler mon
confesseur qui arrivera bientôt... Je vous remercie beaucoup pour les bons
soins que vous m'avez donnés, et ma mort ne sera pas causée par un manque
quelconque de votre part. Mon père la désire ; il a, sans doute, besoin
de moi, et reviendra me prendre ce soir à neuf heures. »
Tout cela était dit d'une façon
très calme, avec un visage souriant, et une réelle expression de
contentement et de bonheur rayonnait sur ses traits.
— Vous avez eu un rêve, une
hallucination, lui dis-je, et je m'étonne que vous y ajoutiez foi.
— Non, non, me dit-il, j'étais
parfaitement éveillé, ce, n'était pas un rêve. Mon père est
vraiment venu, je l'ai bien vu, bien entendu ; il avait l’air bien vivant.
— Mais cette prédiction de votre
mort, à heure fixe, vous n'y croyez pas puisque vous voilà guéri.
— Mon père ne peut pas
m'avoir trompé. J'ai la certitude que je vais mourir à l'heure qu'il m'a
indiquée.
Son pouls était plein, calme,
régulier ; sa température normale. Une consultation était nécessaire, et le
docteur R... fut appelé. Celui-ci fit devant le malade toutes sortes de
plaisanteries, au sujet de son hallucination et de sa mort prochaine ; mais,
à part, devant la famille réunie, il dit que le pronostic était grave...
Je revins vers midi voir le malade
qui m'intéressait beaucoup. Je le trouvai debout, se promenant de long en
large, dans sa chambre, et, cela, d'un pas ferme, sans le moindre signe de
faiblesse. ou de douleur. — Ah ! me dit-il, je vous attendais. Maintenant que
je me suis confessé et que j'ai communié, puis-je manger quelque chose ? J'ai
une faim atroce, mais je ne voudrais rien prendre sans votre permission.
Comme il n'avait pas la moindre
fièvre et qu'il avait toutes les apparences d'un homme en parfaite
santé, je lui permis de manger un bifteck aux pommes.
Je revins vers huit heures pour
voir ce qu'il allait faire lorsque les neuf heures seraient venues. Il était
toujours très gai, et prenait part à la conversation avec
entrain. Tous les membres de la famille se trouvaient réunis dans sa chambre.
On causait et on riait. Son confesseur, qui était là, me dit qu'il avait
dû céder aux instances réitérées du malade et qu'il venait de lui
administrer l'extrême-onction...
Il y avait une pendule dans la
chambre et Jean, que je ne perdais pas de vue, y jetait de temps en temps des
regards anxieux. Lorsqu'elle vint à marquer neuf heures moins une
minute, et pendant que l'on continuait à rire et à causer, il se
leva du sofa sur lequel il était assis et dit : « l'heure est venue ! » II
embrassa sa femme, ses frères, ses sœurs, puis il sauta sur son lit
avec beaucoup d'agilité. Il s'y assit, arrangea les coussins, puis comme un
acteur qui salue le public, il courba plusieurs fois la tête, en disant :
adieu ! adieu ! s'étendit sans se hâter et ne bougea plus.
Je m'approchai lentement de lui,
persuadé qu'il simulait. A ma grande surprise, il était mort ; mort sans
angoisse, sans un râle, sans un soupir, d'une mort que je n'ai jamais vue. On
avait, d'abord, espéré que ce n'était qu'une syncope prolongée ; l'enterrement
a été longuement différé, mais il fallut se rendre a l'évidence devant la
rigidité cadavérique et les signes de décomposition qui s'en suivirent.
Pour ne pas affaiblir l'importance
de ces relations, je ne ferai aucun commentaire, me contentant, seulement, de
dire au lecteur : Au lieu d'être tournée vers la maladie et la mort, si
l'Imagination était dirigée avec une énergie suffisante vers la Vie et la
Santé, pensez-vous que l'on n'obtiendrait pas TOUT, ABSOLUMENT TOUT ce que L'ON VOUDRAIT ?
Suggestion
et Autosuggestion.
— Appliquée à la thérapeutique, la Suggestion est l'art de faire entrer
dans l'esprit du malade l'idée de la guérison, idée qui ne manque jamais de se
réaliser lorsqu'elle y est réellement entrée. Là, lorsqu'elle
règne en souveraine, elle agit comme un levier sur un solide point
d'appui et met en activité les forces supérieures de l'âme qui produisent la
guérison. Si toutes les forces se déclenchent brusquement, une maladie
incurable pour la médecine classique peut être guérie instantanément. Si
elles agissent avec peu d'énergie, l'amélioration sera progressive et la
guérison, pour être complète, demandera un temps plus ou moins
long.
Peu de suggestionneurs savent se
servir de la Suggestion, c'est pourquoi elle est presque abandonnée
aujourd'hui.
On peut se
suggestionner soi-même. Dans ce cas, la suggestion constitue
l’Autosuggestion, qui est beaucoup plus puissante que la suggestion
étrangère. J'indiquerai plus loin quelques moyens de s'autosuggestionner
et, pour plus de détails, je renvoie au chapitre traitant de la Suggestion et
Autosuggestion.
Pour terminer ce long paragraphe, je dis que l’Autosuggestion me paraît être la Force
la plus terrible que l'homme ait à sa disposition. C'est, elle qui
accompagne partout la Foi et la Prière pour faire les miracles, et qui
marche avec l’imagination pour produire tous les méfaits de celle-ci, depuis la
plus insignifiante maladie imaginaire jusqu'à la mort survenant à
l'instant où elle a été fixée par la victime. Dans tous les cas, c'est
une force à discipliner pour qu'elle ne serve qu'à nous assurer
le Bien-être, la Santé et, la Vie.
théorie
psychique.
— Dans un très remarquable ouvrage intitulé Les Secrets de la Magie
mentale, Atkinson affirme que toutes les guérisons
obtenues dans les traitements psychique, mental, de la Pensée nouvelle, des
pèlerinages et autres analogues, ne sont dues qu'à la Foi des
malades qui met en activité un seul et unique principe, une seule et unique
cause : l’energie mentale. « C'est, dit-il, l'Action de l'Esprit Positif
Central sur l'Esprit négatif du corps », c'est-à-dire l'Action du Corps
mental (+) sur l'Esprit du corps physique (—), où se manifeste la
maladie. Autrement dit, c'est purement et
simplement l'action de la Pensée du malade sur lui-même ; et les
croyances religieuses ou philosophiques, les cérémonies, les dogmes, les rites,
les Prières et les divers procédés ne servent qu'à lui donner
une vigoureuse impulsion qui agit comme une puissante Suggestion sur celui
qui possède la Foi à un degré suffisant.
Cette force, presque illimitée,
est plus que la Force mentale ; c'est la force psychique. C'est ce que je vais
tâcher de faire comprendre.
— L'Energie mentale se confond,
jusqu'à un certain point, avec l'Energie ou Force psychique; mais
celle-ci est de beaucoup la plus puissante. Pour bien comprendre cette vérité,
il est nécessaire de se rappeler la constitution de l'Etre humain. Comme je
l'ai dit dans la première partie, du présent travail, l'Etre humain est
formé d'un principe supérieur, l'Ame immortelle, et de plusieurs corps
temporaires. Ceux-ci lui servent d'instruments de travail sur les trois plans
de la nature où elle passe successivement pendant le cours d'une
incarnation s'étendant d'une naissance à l'autre. Ce sont, dans l'ordre
de leur formation, les corps mental, astral et physique. Ces corps naissent, se
développent, s'usent, meurent et disparaissent l'un après l'autre,
lorsque l'énergie vitale qui les anime est épuisée.
Pour rester d'accord avec
l'étymologie du mot, la force psychique, c'est la Forme même de l'Ame
(gr. psukke, lat. anima) qui se manifeste dans un corps permanent : le corps
causal, son instrument sur les sous-plans supérieurs du plan mental,
après la mort du corps mental. Donc, venant d'une source supérieure plus
puissante, elle est moins limitée dans son action.
Cela étant dit, je vais faire
comprendre l'Energie presque incommensurable de l'âme, ou Force psychique, par
des arguments précis, d'une incontestable valeur.
L'Ame construit ses
corps. — Avec la matière des plans sur lesquels elle se manifeste, l'Ame
édifie ses corps temporaires pour son usage, on pourrait même dire sur
mesure, afin que ses qualités, ses défauts et ses passions puissent, pleinement
se manifester pour les besoins de son Evolution.
Si l'Ame a le pouvoir de
construire ses corps, il est de toute évidence qu'elle exerce sur eux un
pouvoir absolu et que si, pour leur accorder une satisfaction momentanée, elle
laisse ceux-ci devenir malades par suite de gourmandise, de dérèglements
et d'excès de toute sorte, elle peut, sans aucun doute, les guérir par
les efforts de son Jugement, de sa Pensée et de sa Volonté qui constituent ses
Pouvoirs supérieurs. Personne ne me contredira sur ce point, car tout le monde
sait fort bien que, dans presque tous les cas, la cause de la maladie vient de
nous, et que nous pouvons, très souvent du moins, la guérir
nous-mêmes en faisant certains efforts pour nous soumettre à
cerlaines règles. Je dis plus : si nous pouvions nous souvenir de nos
existences précédentes, nous aurions la certitude absolue qu'il n'y a pas une
seule maladie qui ne vienne de notre faute ; et, aussi, qu'il n'y en a pas une
que nous ne puissions guérir.
En partant, de ce point, on
comprend qu'en faisant des efforts plus grands et plus prolongés, on puisse
guérir des maladies extrêmement graves ayant résisté à tous les
efforts précédents.
Comment l'Ame agit sur le corps
physique. — Nous savons maintenant que l'Ame construit ses corps, les
entretient et veille dans la mesure du possible à leur conservation. Lorsqu'elle
les abandonne, c'est la mort. Chacun d'eux est gouverné par une Ame secondaire
qui périt peu de temps après le corps qu'elle gouvernait. Les Grecs
nommaient celle du corps physique l’Ame sensitive, par rapport à l'Ame
immortelle qu'ils appelaient l’Ame intelligente.
Basile Valentin, puis,
après lui, Paracelse et Van Helmont, appelaient l'Ame sensitive l’Archée
(du gr. arkhein, commander) ; c'est l'architecte (du gr. arkhos, chef), qui a
sous ses ordres des archées subalternes émanant d'elle, comme les rayons
lumineux émanent d'une, source de lumière. Celles-ci commandent aux os,
aux nerfs, aux vaisseaux, aux muscles, aux organes et aux cellules qui les
composent. C'est pour cela, dit Atkinson, que nous disons ma tête, mon
cœur, mon estomac, mes reins, mes yeux, etc...
Cette théorie, très
rationnelle, est admise par la science officielle. Chaque organe, chaque
cellule même à son existence propre et vit après la mort du
corps. La vie physique se caractérise aujourd'hui par la cellule détachée du
protoplasma, matière primordiale vivante et, ainsi, on peut dire que
l'on vit et que l'on meurt par la cellule.
C'est en se basant sur ce principe
que les chirurgiens greffent des parties d'un corps mort pour reconstituer des
parties organiques qui ont été détruites.
Ces Archées ou Ames secondaires,
subordonnées les unes aux autres sont comparables aux armées d'une puissante
nation, commandées par un généralissime ayant sous ses ordres des commandants
d'armées, de corps d'armées, de divisions, de brigades, de régiments, de
bataillons, de compagnies, de sections, d'escouades et de soldats, tous
subordonnés les uns aux autres. Les soldats qui forment les armées sont, ici,
les cellules.
Lorsqu'un chef militaire se
révolte contre l'autorité supérieure, la force de l'armée est diminuée, car
c'est, le début de l'anarchie. Dans le corps humain, c'est la maladie, qui
prend des noms différents, selon les organes qui sont affectés.
Chaque organe est un centre de
puissance physique très limitée par rapport à celle de l'Ame
supérieure, mais ils sont intimement liés l'un à l'autre par le
Jugement, la Pensée et la Volonté qui représentent la machinerie où
l'Energie psychique se transforme en Energie physique.
pour se
guérir soi-même. — Puisque l'Ame, qui constitue notre Etre réel, exerce
une action aussi considérable sur le corps, il suffit, pour se guérir
Soi-même, de le Vouloir avec Persévérance et de faire agir la Force
créatrice de la Pensée d'une façon convenable.
Voilà la théorie, simple et
compréhensible, pour tous les malades. Voyons, maintenant, pour la pratique qui
est, aussi, à la portée de chacun d'eux, quelle que soit sa croyance
philosophique ou religieuse.
— Le croyant qui prie peut et doit
même continuer à prier ; et s'il veut exalter le Pouvoir de sa Foi
pour obtenir des résultats plus rapides, qu'il prie, s'il le peut, avec la
ferveur du malade de saint Augustin, ou qu'il ait recours aux cérémonies
suggestives des pèlerinages ; que le spirite continue à évoquer
ses bons esprits pour recevoir leurs fluides ; que celui qui admet le pouvoir
de la Suggestion se fasse suggestionner pour fixer plus profondément dans son
intellect l'idée de la guérison ; que celui qui met sa confiance dans une
formule, même si elle vient d'un grimoire, l'emploie résolument ; que
celui qui connaît la valeur curative du Magnétisme appelle à son aide un
magnétiseur psychiste ou autre ; et enfin, que celui qui ne croit, à
rien fasse quelques efforts pour admettre le Pouvoir de sa propre Pensée et
qu'il la dirige vers sa guérison. Tous, sans
exception, obtiendront, qu'ils en aient la certitude absolue, un résultat
directement proportionnel à l'étendue et à la sincérité de leur
Confiance et de leur Foi. C'est, surtout, ici où cette merveilleuse
maxime de l'Evangile : « Aide-loi, le Ciel t'aidera » donne les résultats les
plus certains et les plus immédiats.
Nous savons que la
Bonté, la Bienveillance, le Courage, la Gaîté, l'Espérance, la Confiance en
soi, la Foi en son Pouvoir sont des Forces constructives d'une Energie
incommensurable. Il suffit, donc, de les mettre en activité avec Patience et
Persévérance, en chassant toute idée de haine, de malveillance et de
méchanceté, de découragement, de tristesse, de désespoir, de doute et de
méfiance, qui constituent les Forces destructives lesplus
terribles, dont on se sert, trop souvent contre soi, consciemment ou
inconsciemment.
En pensant, toujours, à la
Santé et en chassant soigneusement toute idée de maladie, on éloigne toute
cause de déséquilibre, et, je le répète, en un temps proportionnel
à sa Constance et à sa Foi, on guérit toute maladie que l'on
aurait contractée soit par négligence, excès ou surprise, serait-elle
passée à l'état chronique depuis vingt ans. J'en donnerai un exemple des
plus frappants.
Le facteur le plus important se
trouve dans l'orientation de la Pensée vers l'idée de la Guérison. Pour celui
qui se désole sans cesse, c'est un état d'âme opposé à prendre par le
raisonnement, en se donnant des arguments susceptibles de l'aider. D'abord,
tout le monde sait que la désespérance ne sert qu'à nous abattre
davantage et à favoriser le développement du mal, sans jamais être
utile un seul instant. Il faut donc; et cela n'est pas difficile pour tous ceux
qui possèdent un peu de Jugement et qui sont capables de faire quelques
efforts, mettre à la place de l'idée de maladie l’idée de la guérison.
Au lieu de se voir sans cesse malade, triste et mélancolique, de passer, sans
cesse, en revue ses souffrances physiques ou morales, en les analysant et en
les exagérant à plaisir, on doit se voir guéri, robuste, bien équilibré
dans un avenir plus ou moins rapproché, et escompter, à l'avance, le
bénéfice du travail que l'on pourra accomplir à cette époque, la
satisfaction que l'on aura et le bonheur qui en résultera pour soi et pour les
siens. Ne jamais se plaindre et, toujours, espérer.
Rappelons ici que
c'est la Pensée qui nous a faits ce que nous sommes aujourd'hui et qui nous
prépare à être ce que nous serons demain. Divers petits moyens
peuvent être employés pour orienter notre Pensée. Voici les principaux :
— Nous savons que toute action
psychique prend une forme pour se manifester physiquement. Réciproquement,
toute action physique tend à produire un état psychique correspondant.
Ainsi, dans la colère, manifestation psychique, le front se plisse, le
regard devient fixe et menaçant, les mâchoires se serrent convulsivement et les
poings se lèvent pour frapper. On se met en colère physiquement,
rien qu'en le voulant, en serrant les mâchoires, en plissant le front, en
regardant fixement d'un air menaçant et en levant les poings fermés pour
frapper. J'ai cité d'autres exemples en traitant de l'autosuggestion.
Sans chercher à s'en
débarrasser directement, une idée obsédante disparaît comme par enchantement
sous l'action de la respiration profonde pratiquée, seulement, pendant quelques
instants.
— Plusieurs fois par
jour, surtout, le soir, au lit, avant de vous endormir, et pendant la nuit,
dans vos moments d'insomnie, isolez-vous pour ne penser à rien, détendez
vos muscles et dans cet état de calme apparent, parlez à vos cellules,
à vos organes et à l'ensemble de votre organisme, pour le calmer
ou l'exciter selon les besoins, vous serez tout étonné de sentir qu'ils vous
obéissent et s'excitent ou se calment selon votre désir. Pour cela, parlez-leur
comme si vous parliez à une personne familière qui serait placée
devant vous. Désirez, veuillez guérir cette personne ou ces organes et, sous
l'action de votre Pensée, il se produit une sorte d'induction qui agit
immédiatement sur eux et avec beaucoup plus d'efficacité que ne le ferait sur
vous le plus habile magnétiseur.
L'usage de parler aux organes et
à la cause de la maladie n'est pas nouveau. Atkinson le recommande,
Cahagnet y fait allusion et Jésus l'employait constamment. Pour rendre
l'ouïe et la parole à un sourd-muet, mettant de sa salive sur la
langue et ses doigts dans les oreilles, il prononça un mot. qui signifie :
Ouvrez-vous ! « Aussitôt ses oreilles furent ouvertes, sa langue déliée, et il
parlait, distinctement. » (Marc, ch. 7, v. 3i à 37). Un enfant possédé
avait des crises violentes, «... Jésus ayant parlé avec menaces à
l'esprit impur (cause de la maladie) guérit l'enfant et le rendit à son
père » (Luc, oh. 9, v. 38 a 39).
Au temps de la diablerie, les
exorcistes procédaient comme Jésus.
Donc, lorsque vous
êtes fatigué, mal à votre aise, parlez à votre corps
physique avec douceur et persuasion, en le considérant comme un ami qui vous
est cher ; affirmez-lui que vous l'estimez beaucoup et que vous appréciez les
services qu'il vous rend : « Allons, mon ami, repose-toi; et demain, bien
à ton aise, tu feras ta besogne sans fatigue ! » Au besoin, répétez
cette autosuggestion deux ou trois fois et vous obtiendrez un résultat
directement proportionnel à la sincérité que vous y mettrez.
L'énervement se calme très
vite en s'adressant au système nerveux avec un geste de la main : «
Allons, mon ami, sois calme ! »
Le cœur et le cerveau
écoutent très bien en leur parlant doucement et avec intérêt ; les
poumons, l'estomac, le foie, et, surtout, les reins sont parfois plus
exigeants. Après leur avoir parlé doucement d'une façon persuasive,
s'ils n'obéissent pas, on doit leur parler avec énergie et même avec
menace : « Calme-toi, je le veux ! »
Dans les maladies
aiguës ou chroniques très graves, il est nécessaire d'agir avec plus
d'énergie.
Je n'explique pas ce qu'il faut faire, préférant décrire ce que j'ai fait pour
me guérir moi-même de l'affection la plus grave et la plus inguérissable
dont un être humain puisse être affecté. C'est un modèle de
traitement psychique qui servira pour la guérison de toutes les maladies, en y
apportant, seulement, quelques modifications insignifiantes que le jugement de
chaque malade lui indiquera.
un
EXEMPLE DE GUÉRISON PSYCHIQUE. — Sans m'en douter, j'étais affecté d'une urémie brightique
par insuffisance, sans albuminurie, ou néphrite latente, depuis 1885.
Admirablement, décrite par Dieulafoy, la maladie présente dix-sept à
dix-huit caractères différents, qui ne sont presque jamais réunis chez
le même malade. Je les présentais tous, et plusieurs avec des
complications que le professeur n'a pas décrites. C'est dire qu'en se
déclenchant, la maladie devait être d'une violence exceptionnelle.
Eclatant brusquement, elle revêt l'une des trois formes suivantes :
gastro-intestinale, avec les symptômes du choléra ; cérébrale, avec maux de
tête terribles, vertiges, troubles de la vue et de l'ouïe, crises
épileptiformes, délire, coma ; respiratoire ou pulmonaire, avec oppression
allant, jusqu'à la suffocation, et, souvent, lésions pleurétiques. La
température du corps s'abaisse considérablement. Il y a anurie avec émission de
sucre et d'albumine en énorme quantité. Quelle que soit sa forme, celte période
aiguë est, toujours, mortelle en un temps qui ne dépasse guère dix
à douze jours.
Après quelques jours d'un
malaise plus grand que de coutume, la maladie débute brusquement, le 21
septembre 1913, par une oppression extraordinairement violente que rien ne peut
modifier et par des douleurs terribles dans les deux côtés de la poitrine. Le
deuxième jour, les douleurs se localisent à gauche, avec ardeur
dans toute la poitrine et toux spasmodique continuelle. Le troisième
jour, le médecin constate une pleurésie. C'est la forme pulmonaire qui vient de
se déclarer. Au bout de quinze à dix-huit jours, la période aiguë fait
place à un état subaigu qui dure six semaines, pendant lesquelles le cas
paraît toujours d'une gravité exceptionnelle ; puis une nouvelle crise aiguë,
plus violente que la première, se déclare et la pleurésie, en prenant
une marche galopante, devient purulente.
Dieulafoy affirme que, dès
le début de la période aiguë, tous les moyens que l'on peut employer pour
soulager restent sans aucun effet. J'ai vérifié cette affirmation pendant au
moins dix-huit mois, car j'ai souvent appliqué des vésicatoires ou d'épaisses
couches de coton iodé couvrant toute la poitrine, qui n'ont pas pris, malgré
des applications de vingt-quatre, et, même, trente heures. En l'espace de
quelques heures, j'ai absorbé des calmants et stupéfiants, à dose
suffisante pour tuer trois hommes, des purgations avec cent vingt grammes
d'huile de ricin, ou quinze à vingt grammes d'aloès, qui n'ont
pas produit le moindre effet.
Toussant continuellement, je
crachais, parfois, un litre de pus, de sang et de matières purulentes en
une journée ; et, comme tous ceux qui m'entouraient, j'attendais résolument le
moment fatal, quand, dans une nuit sombre, où j'étais parfaitement bien,
je crus, enfin, avec une certaine satisfaction, que ce moment était arrivé.
Dans un état de conscience considérablement plus grand qu'à l'ordinaire,
il me semblait que je n'étais pas malade et, même, que j'étais au-dessus
de toute atteinte. Dédoublé, je voyais mon corps physique étendu sur le lit et
mon double flottant au-dessus et un peu à gauche, dans la position du
premier. Le double, ou corps astral, véhicule de l'âme à ce moment
suprême, était en pleine activité. Très brillant, il éclairait ma
chambre d'une lumière intense, mais d'une incomparable douceur, qui me
permettait de distinguer parfaitement tout ce qui se trouvait autour de moi
dans une étendue sensiblement plus grande que le champ de la vision ordinaire.
Le cœur et, surtout, le cerveau rayonnaient au loin une lumière
plus vive que les autres parties du corps. La quatrième dimension de
l'espace, qui n'est visible que pour les individus ayant atteint un certain
degré d'évolution, m'apparaissait avec tous ses plus petits détails. A travers
le cuir chevelu et les parois du crâne, je distinguais toutes les parties les
plus profondes de mon cerveau, et j'observais curieusement le mouvement intime
et continuel de ses différents organes. Les circonvolutions frontales et
temporales, particulièrement actives, vibraient rapidement sous l'action
de ma pensée, qui était, elle-même, très active et dont j'étais
entièrement maître. Je fis, même, très patiemment, des
essais en évoquant des pensées qui ne m'intéressaient qu'au point de vue
purement expérimental. Je vis que chaque catégorie de pensées se manifestait
avec un mouvement vibratoire qui lui est propre et qui brillait de nuances
délicates variant d'une catégorie à l'autre. Je voyais très
distinctement les cellules animées de leur propre mouvement, le sang circuler
dans les vaisseaux avec ses globules plus brillants que les parties liquides et
les nerfs vibrer sous l'action de la moindre de mes pensées. Ainsi centré en
moi-même, je sentais que la vie physique n'avait pas de secret pour moi ;
et la vie astrale m'apparaissait dans toute sa beauté. Comme dans un décor
d'apothéose, flottant entre ciel et terre, je sentais que ma vie physique ne
tenait qu'à un fil, que le poids d'une pensée pouvait rompre ou
fortifier. A un moment donné, je me demandai si je devais continuer à
vivre ici-bas ou passer dans l'au-delà qui m'attirait singulièrement.
Ayant, quelquefois, dans le sommeil, des sortes d'intuitions prophétiques, ou
mieux des visions astrales qui m'ont parfois servi très utilement, sans
jamais m'avoir trompé une seule fois, je fis appel aux facultés supérieures de
mon être pour en obtenir une au sujet de cet état. De la façon la plus
nette et la plus précise, j'eus, de suite, une réponse doublée d'une vision
symbolique que je peux traduire par ces mots : « Tu ne meurs pas. » Etonné, je
posai la question une seconde fois sous une autre forme, et obtins, plus vite
encore, la même réponse. J'eus, ensuite, une autre intuition qui me
semblait venir par une voie différente : « Ta guérison est possible ». Mon
corps astral fit, alors, demi-tour sur lui-même, et sa face antérieure se
tourna vers la face antérieure de mon corps physique, comme pour m'imposer
cette idée : « Tu dois achever ton œuvre ». Sans songer même
à réfléchir sur le parti à prendre, je résolus d'obéir à
cette injonction de ma conscience supérieure et pris, immédiatement, la
résolution de continuer à vivre ici-bas, quoique ma conscience ordinaire
me disait la veille que cela était absolument impossible. En effet, avec une
affection des reins que tous les médecins affirment être, toujours,
mortelle lorsqu'elle est déclarée ; avec un organisme complètement
intoxiqué par les poisons de l'urine qui restaient dans le sang ; avec un
affaiblissement du cœur tel que j'avais, six et, même, huit syncopes
dans un jour ; avec un poumon fortement attaqué et l'autre aux trois-quarts
détruit, sans qu'aucun indicé puisse faire supposer l'arrêt de cette
destruction, comment pouvais-je espérer une guérison ?
Il me semblait que j'aurais pu
rester beaucoup plus longtemps dans cet état étrange où l'Ame, dégagée
des liens du corps, soulève le voile qui cache à nos yeux physiques
les secrets de la vie, mais je ne m'arrêtai pas à cette idée. Peu
à peu, le dédoublement cessa et, l'obscurité revenant autour de moi, je
me rendormis tranquillement.
Ce phénomène se produit,
souvent, chez les mourants, mais il est peu connu du grand nombre d'entre nous,
car ceux qui l'éprouvent ne reviennent presque jamais pour le décrire aux
vivants. On possède, néanmoins, quelques descriptions faites par des
noyés ramenés à la vie physique plusieurs heures après que
l'asphyxie paraissait, complète et par quelques rares mourants, à
la suite de maladies aiguës. Louise Michel, la fameuse anarchiste qui
entraînait ses adorateurs au pillage des boulangeries, a fait, il y a
vingt-cinq à vingt-huit ans, à la suite d'une maladie considérée
comme mortelle, le récit de ce qu'elle éprouva. Etant matérialiste, et
admettant que la mort est la fin naturelle de la vie, son attention ne pouvait
pas, être portée sur le passage de la vie physique à celle de
l'au-delà, aussi, son récit ne porte que sur des impressions physiques.
Le matin, je me réveillai beaucoup
mieux, et gardai un souvenir extraordinairement net et précis des impressions
que je venais d'éprouver, impressions dues à la vue et à la
sensation de faits que je ne connaissais que par les phénomènes du
dédoublement, que j'ai étudié expérimentalement pendant plusieurs années, par
la théorie que je m'en faisais et que s'en font les théosophes.
Nous sommes au 25 janvier 1914. Ma
guérison commença, mais elle se continua avec tant de lenteur que c'est
à peine si je pouvais l'apprécier d'un mois à l'autre. A partir
de ce moment, je me donnai la certitude absolue que la guérison s'accomplirait,
qu'elle se faisait, que chaque semaine m'apportait un mieux appréciable et
qu'il était absolument impossible qu'elle ne se fît pas. Je me représentai,
constamment, le bonheur que j'éprouverais en reprenant mes travaux abandonnés
pour les achever dans d'excellentes conditions. Je me voyais, plein de bonheur,
de force et de santé, devenir, sauf accident entraînant une mort violente, plus
que nonagénaire, et quitter cette vie de mon plein gré, pour ainsi dire lorsque
je le voudrais.
Depuis le début de la seconde
crise aiguë jusqu'au 16 mai 1915, où les crachements cessèrent
brusquement, j'ai craché, ce qui paraît incroyable — plus d'un hectolitre et
demi de sang, de pus et de matières purulentes. La pleurésie se
transforma en pleuropneumonie, puis en broncho-pneumonie, laissant dans le
poumon gauche une caverne plus grosse que le poing, qui se cicatrisa
rapidement.
Au commencement de juin 1915, je
m'aperçus que l'organisme pouvait être modifié par les moyens ordinaires
de la médecine et de l'hygiène. Je me soumis, alors, à un régime
extrêmement, sévère, pour hâter mon rétablissement, qui fut
très long, car j'avais, encore, des syncopes, et le sang était
empoisonné par l'insuffisance rénale. A l'intérieur, ce furent les sudorifiques
et les diurétiques, pour éliminer par la peau et pousser aux urines ; les
dépuratifs, désinfectants et antiputrides pour purifier le sang ; les
cardiaques pour fortifier le cœur ; les cicatrisants et les pectoraux,
pour la poitrine ; et les toniques pour l'ensemble de l'organisme. Pour cela,
j'employai en tisanes une quarantaine de plantes soigneusement choisies, avec
une alimentation spéciale, capable d'aider puissamment à cela. Comme
pectoral et cicatrisant, j'employai, parfois à forte dose, le sucre et
l'alcool, qui agirent admirablement bien. A l'extérieur, j'employai les
révulsifs.
Ma pensée étant, toujours,
exclusivement orientée vers la guérison, je me soumis à la magnétisation
de plusieurs de mes meilleurs élèves, qui m'aidèrent
considérablement. Je fis de l'autosuggestion et de l'auto magnétisation par
frictions, vibrations et, surtout, par l'application des mains sur les reins,
le cœur et les poumons, application qui se prolongeait, même pendant
le sommeil.
Pour les lecteurs,
l'autosuggestion et, l'auto magnétisation méritent une description.
— Avec la plus grande confiance
dans le résultat que j'attendais, je pratiquais la respiration profonde dans la
mesure du possible. En appliquant, les mains sur le poumon gauche, pendant
l'inspiration, je me disais mentalement ou même à mi-voix : J'appelle à mon secours les Forces de la Nature
nécessaires à la guérison ; en gardant l'haleine : J'absorbe les forces
curatives de la Nature pour les ajouter aux miennes ; et pendant. l'expiration
: J'expulse les produits de la dénutrition. Cette triple opération,
souvent répétée, parfois pendant une heure, soit le jour, soit la nuit,
m'apportait des forces physiques et morales très appréciables, qui
étaient utilisées par l'organisme. Un mieux sensible on était, toujours, la
conséquence.
Je variai cette absorption auto
suggestive de plusieurs manières. Parfois, les deux mains appliquées sur
te poumon malade, je me disais : J'absorbe les
Forces de la Nature pour, guérir le poumon ; — Je fixe ces Forces dans
l'organe, qui va les utiliser ; — J'expulse les produits de la dénutrition.
Par des moyens analogues, je
cherchai à établir une compensation entre les poumons, pour que le poumon
sain donnât à la respiration ce que l'organe malade ne pouvait donner.
D'une manière analogue,
j'agis sur les reins, le cœur, l'estomac ou sur tout autre organe qui en
avait un pressant besoin; je cherchai aussi à équilibrer les organes
l'un sur l'autre.
Plus tard, j'ai employé pour les
reins, qui obéissent moins bien, le moyen suivant qui exige certaines connaissances anatomo-physiologiques pour donner son maximum d'action
thérapeutique. Les figures ci-dessus font comprendre le chemin que la Pensée
doit suivre pour cela.
Fig. 33. — Coupe longitunale du rein.
c, c, c, c, substance corticale.
—Py, py, py, py, pyramides de Malpighi séparées par les colonnes de Berlin. —
PyF, PyF, pyramides de Ferrein. — B, bassinet.. — u, uretère. — a,
artère rénale.
En appliquant la paume de la main
gauche sur la face postérieure du rein gauche, qui était le plus affecté, et la
droite sur la face antérieure, me représentant l'organe le mieux possible, je
dirigeais, d'abord, ma pensée de l'extérieur à l'intérieur, pour le
pénétrer et le saturer complètement, en pensant que, par sympathie,
l'autre serait également saturé. Au bout de quelques instants, toujours avec la
Pensée nettement définie et en me disant mentalement ou à mi-voix :
Fig. 32 et 33. — Tubes urinaires
a, tubes. — b, calice,
G, glomérule du rein avec son
réseau vasculaire. — T, tube urinifère droit, ou de Bellini. — T', tube
contourné ou de Ferrein. — A, artère afférente. — A', artériole formant
les capillaires du glomérule. — V, veine efférente avec ses capillaires qui se
rendent à la veine (V).
Du hile (partie concave), je
pénètre à l'intérieur par l'artère, en suivant ses
divisions et ses subdivisions jusqu'aux artérioles et je reviens par les
veinules, les subdivisions et les divisions de la veine reinale. Ce parcours
accompli, je rentrais dans le nerf, qui suit l'artère, jusqu'aux
artérioles, en me disant :
Fig. 36. — Fragment plus détaillé.
C. Ber., colonnes de Berlin
comprenant entre elles une pyramide Malpighi. — I, base des lobules rénaux. —
F, tubes de Perrein,; t. Bel., tubes de Bellini. — B, bassinet. — lab.,
labyrinthe. — gl. Malp., glomérules de Malpighi recevant les branches des
artérioles rénales (art. rén.). — I, zone corticale. — II, limitante. — III.
médullaire.
Je pénètre par la partie
sensitive du nerf et suis ses divisions et subdivisions jusqu'à leur
extrémité et je reviens par la partie motrice du nerf... Du hile, je
pénètre dans le bassinet, que je remplis. Je me concentre en haut, pour
aller en bas, et, aussi, plusieurs fois de bas en haut et de haut en bas, comme
pour frictionner les calices. De là, par les tubes urinifères, je
pénètre dans une pyramide de Malpighy, en me figurant bien que l'action
que je vais y exercer se transmettra à toutes les autres, je me dis : Je
parcours les tubes droits et les tubes contournés jusqu'aux glomérules de
Malpighi, qui sont les véritables filtres du rein, et j'agis par pression sur
ces derniers, comme pour élargir les mailles des filtres, pour permettre aux
poisons de l'urine de passer au lieu de rester dans le sang... J'exécute des
allées venues, des glomérules au calice et de celui-ci aux glomérules pour bien
ouvrir tous les tubes urinifères et favoriser la circulation.
Cette action de la Pensée
pénétrant toutes les parties les plus profondes du rein, agit d'une façon
très active ; on s'en rend parfaitement compte par la chaleur et un
mouvement vibratoire spécial qui se fait sentir dans les mains. On peut
l'employer pour n'importe quel organe, à la condition, bien entendu, de
suivre les artères, les veines, les nerfs et toutes les parties
où s'accomplissent les fonctions spéciales de l'organe : le
pneumogastrique, les muscles et les nerfs intercostaux, pour la respiration ;
les lobules pulmonaires, pour la revivification du sang ; la partie inférieure
du pneumogastrique, les muscles de la tunique de l'estomac et les glandes
gastriques, pour exciter les fonctions de l'estomac, ou, même, pour les
modérer lorsqu'elles sont trop actives.
Le fonctionnement des reins
s'améliora peu à peu, pour devenir parfait dans le courant de 1919. Je
m'en rendis compte à la disparition successive de certains malaises et
des différents caractères que la maladie présentait. J'éprouvais
certains de ces caractères depuis mon enfance, la kriestésie
(sensibilité exagérée au froid, de kries, froid), par exemple. C'est, ainsi,
que fut guérie l'affection la plus grave de toutes celles qui peuvent nous
affecter, et que les princes de la médecine ont placée en tête des plus
incurables.
J'ai dit que la cicatrisation des
parois de la caverne du poumon se fit rapidement. J'ajoute qu'elle fut si
complète et si solide que, pendant trois ans, je ne fus pas affecté du
plus petit rhume. Malgré cela, cette lésion me laisse une certaine incapacité
respiratoire qui m'empêche de reprendre les forces que je devrais avoir.
En août 1919, pour achever
de me démontrer que la force curative est en nous et non pas hors de nous, je
résolus d'entreprendre la reconstitution du poumon détruit.
Je sais bien qu'on me traitera de
fou si j'affirme une telle impossibilité, car prétendre reconstituer un poumon
plus qu'aux trois-quarts détruit, équivaut à songer à
reconstituer une jambe coupée dont le moignon fixe, à jamais, l'étendue
de l'infirmité.
Pourtant, si on voulait y
réfléchir, cette reconstitution ne paraîtrait peut-être pas aussi
impossible, car on sait que, de lui-même, l'organisme refait certaines
parties détruites, telles que des parties de muscles et d'os, à la condition
que ceux-ci conservent encore une certaine partie de périoste intact ; et cela,
sans que la Pensée créatrice et la Volonté soient en jeu.
Où s'arrête ce
pouvoir de reconstitution ? — Personne ne saurait raisonnablement répondre
à cette question. On sait pourtant, depuis longtemps déjà, que
certains animaux reconstituent les membres qu'ils ont perdus. L'écrevisse, le
crabe et d'autres crustacés décapodes sont dans ce cas, et reconstituent une
pince qu'ils ont perdue en se défendant devant l'ennemi qui les attaquait. On dira
peut-être que la pince leur est indispensable, que la nature a prévu le
cas, et organisé ces animaux en conséquence. La raison n'est pas là, car
il y a d'autres animaux qui reconstituent un organe perdu qui ne leur est pas
du tout indispensable. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple parmi plusieurs
autres, je prendrai le gracieux lézard qui verdoyé le long des fossés ou au
pied de nos murs. La queue de ce petit saurien est très fragile, et un
léger coup de baguette peut la casser. Eh bien ! dans ce cas, c'est un fait
bien connu, la queue se reconstitue, quoiqu'elle ne soit qu'un ornement sans
utilité pratique. Un fait plus important encore. Nos biologistes ont fait, sur
des oiseaux de basse-cour des essais très hardis. Ils ont enlevé
à un oiseau un hémisphère du cerveau, et l'oiseau a continué
à vivre, dans de mauvaises conditions bien entendu ; et la partie
enlevée s'est reconstituée d'elle-même. L'autre hémisphère fut,
alors, enlevé ; l'oiseau continua à vivre et la partie se reconstitua.
Lorsque le sujet, eut repris toute sa vigueur, il fut sacrifié et
l'expérimentateur constata que le cerveau tout entier s'était, reconstitué.
En présence de ces faits, la
reconstitution de mon poumon ne paraîtra pas aussi impossible qu'on peut le
supposer. Pour moi, elle est, certainement difficile, très difficile
peut-être, mais non pas absolument impossible.
A partir de septembre, mon idée
était bien arrêtée et je la travaillai avec persévérance. Je commençai
par me figurer qu'un état aigu, pneumonie ou bronchite, était indispensable
pour détruire les parois de la caverne et qu'après cette destruction, il
n'y aurait plus qu'à commencer la reconstitution. A la fin de novembre,
je songeai à employer une autre méthode moins violente ; mais il était
trop tard, car ma Pensée créatrice avait tracé des sillons par où toutes
les modifications futures devaient passer pour arriver au but final. Aussi,
dans le courant de décembre, sans être enrhumé, je fus pris d'une toux
sèche, irritante, puis je crachais des mucosités plus ou moins épaisses.
Dans le courant de janvier 1920, un certain malaise se déclara, et, comme la
première fois, les crachats devinrent purulents. C'était, ainsi que je
l'avais voulu, le début de la période aiguë, qui devait détruire les solides
parois de la caverne.
Pour ramener l'état aigu, je
savais que c'était facile et comprenais que la concentration simple suffirait.
Quant à la reconstitution, c'était autre chose, surtout avec la
suppuration. La tâche était ardue et pleine de périls.
La destruction des parois de la
caverne était à peine achevée que, plein d'ardeur, je me figurai que la
reconstitution allait commencer par le fond qu'elle comblerait en avançant vers
les bords. De suite, j'employai les moyens mis en pratique la première
fois et d'autres encore que je vais indiquer pour servir de modèle
complémentaire à ceux qui voudraient tenter une cure analogue.
J'ai employé la respiration
profonde dans la mesure du possible et l'automagnétisation par friction,
vibration et, surtout, par application des mains
sur le poumon. Et pendant cette opération, je me disais : Mes mains
apportent là de la matière éihérique et de la force vitale (agent
magnétique) ; ma respiration profonde y apporte des gaz, de la force physique
et de la force morale que l'archée des poumons et plus particulièrement
l'archée du poumon gauche emploient au mieux, pour achever la reconstitution du
poumon qui est déjà très avancée. La reconstitution a commencé
par le fond de la caverne et s'avance progressivement vers les bords. Lorsque
ceux-ci seront atteints, la reconstitution sera achevée et la guérison sera
parfaite. — J'ajoutai : II ne me faudra plus que quelques jours, quelques
semaines tout au plus pour reprendre les forces que j'ai perdues ; dans tous
les cas, je ne tarderai pas à devenir aussi fort et aussi bien équilibré
qu'un homme ordinaire ayant vingt ans moins que moi. Jouissant de la, santé la
plus parfaite, je deviendrai nonagénaire. et quitterai la vie physique à
peu près quand je voudrai, comme peut le faire tout être humain
qui sait réellement penser et vouloir.
Après quelques instants
d'isolement pour rassembler mes forces, toutes ces affirmations auto
suggestives, ainsi que les applications, étaient répétées deux à trois
fois matin et soir ; et la nuit pendant une heure, deux heures, trois heures
même et parfois davantage pour être reprises plus tard en cas
d'insomnie. Elles étaient faites mentalement ou à mi-voix, avec l'accent
de la plus profonde conviction, en prononçant lentement et le plus clairement
possible toutes les parties de la formule afin de bien les comprendre.
J'arrivais à ne penser qu'à cela, à ne vivre que cela et
à me donner la certitude absolue non seulement qu'il en serait ainsi,
mais qu'il était absolument impossible qu'il en soit autrement. Ma pensée, qui
prenait une forme, me représentait le poumon entièrement reconstitué.
Elle était constamment dirigée par une volonté douce, mais aussi ferme
qu'inébranlable, sans que le moindre doute puisse trouver place un seul
instant.
Au mois de février, les parois de
la caverne étaient certainement détruites complètement, et la crise
aiguë fit place à un état subaigu. J'estime que la reconstitution
commença dans le courant de mars. La température était douce ; mars et avril
furent très beaux. J'eus un tort. Ce fut, en comptant sur la
continuation du beau temps, de fixer la reconstitution complète du
poumon en mai. Malheureusement, mai et juin furent pluvieux et froids, et je
fus, très souvent, privé des bains de soleil qui augmentaient
sensiblement ma force vitale. Pourtant, quoique lentement, la reconstitution se
faisait. Dans la seconde quinzaine de juin, elle était si avancée que l'un de
mes fils, le docteur Gaston Durville, qui m'ausculta longuement et avec la plus
grande attention, s'écria avec un étonnement plein de surprise : « Mais, le
trou est bouché ! Il n'y a plus qu'une très petite place ou la
respiration n'est pas parfaite ». Mon fils, André, élève en médecine,
qui m'auscultait souvent, constatait la même reconstitution.
Malgré le résultat très
important que j'avais obtenu, je fus, en quelque sorte, frappé de m'être
trompé sur la date de la reconstitution complète, et mis moins d'ardeur
à Penser et à Vouloir. Sans douter, pourtant, dû résultat
final, la Confiance que j'avais dans le pouvoir de ma Pensée fut probablement
diminuée. Dans tous les cas, pendant trois mois, je perdis du terrain au lieu
d'en gagner. C'est une réaction dont j'aurais dû me méfier. Ce n'est
qu'à force de raisonnement et de Volonté que la confiance revint dans
toute son intégrité. Cependant, l'hiver approchait et jusqu'au printemps,
où la nature reprend une vie nouvelle, la reconstitution ne peut se
faire que très lentement. C'est du moins, à tort ou à
raison, ce que j'imagine et, par conséquent, ce qui sera.
J'avais, pourtant, écrit ce qui
suit dans l'édition précédente : Toutes les
maladies chroniques s'installent lentement en nous, avec des périodes de mieux
et de moins bien. Ces périodes se reproduisent fatalement pendant la
guérison qui se fait, généralement, avec lenteur. Il est indispensable de
ne pas être gagné par l'enthousiasme dans les périodes de mieux, afin de
ne pas avoir de déception lorsque les crises surviennent, car le désespoir est,
toujours, proportionnel à l'étendue de l'espoir. Il faut garder un
état d'âme toujours le même, espérer sans cesse modérément, et, surtout,
ne jamais désespérer. On devrait même être satisfait des
périodes de moins bien, car elles constituent autant d'échelons qui montent
sûrement vers la guérison.
Maintenant, plus expérimenté, plus
fort, plus sûr de moi qu'avant cette épreuve, je continue ma tâche sans
enthousiasme, mais avec la certitude la plus absolue d'obtenir ce que je veux,
tout ce que je veux, en un temps que je ne fixe pas. En continuant mes
affirmations auto suggestives pour fixer ma Pensée, je me dis, seulement, que
la reconstitution s'achèvera de l'une des deux façons suivantes : 1° —
progressivement, suivant en cela une marche analogue à celui de l'effort
quotidien ; ou 2° — presque tout d'un coup, comme si les efforts de chaque jour
s'accumulaient pour saturer le poumon et que cette saturation étant suffisante,
ce qui resterait, a reconstituer se ferait très rapidement, comme dans
le soi-disant miracle. Ce serait, alors, d'une façon bien évidente, la
cristallisation de la Pensée en acte. Peu importe comment cela se produira ; je
sais qu'il en sera ainsi et qu'il est absolument impossible qu'il en soit
autrement.
Quoique très simplement
exprimée, la méthode semblera peut-être insuffisante pour le traitement
de toutes les maladies par la Pensée. Que le lecteur se rassure. Il ne s'en
trouvera probablement pas un seul dont la maladie soit aussi difficile à
guérir que la mienne et alors, un traitement beaucoup plus simple suffira pour
produire rapidement la guérison.
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