2. - La
suggestion hypnotique
Le magnétisme animal tout à fait déconsidéré en
France depuis les jugements des Académies ne disparut cependant pas
entièrement ; il se transforma peu à peu et donna naissance
aux pratiques de la suggestion hypnotique.
Depuis longtemps les observateurs avaient remarqué
chez certains individus des modifications étranges de la conduite en rapport
avec certaines pensées. De bons esprits au Moyen Age comprenaient déjà
très bien l'action des charmes et des amulettes. Au XVIIe siècle
Malebranche étudiait « la communication contagieuse des imaginations
fortes ». A la fin du XVIIIe siècle Maine de Biran, de
Beauchène, Demangeon rattachaient des faits du même genre à
des lois générales de la pensée.
Cette étude prit un essor bien plus considérable quand
on s'avisa d'examiner au même point de vue les phénomènes qui
apparaissaient pendant les séances de somnambulisme provoqué. Bertrand en 1823
décrit les mouvements et les actes que l'on peut par un mot faire exécuter aux
somnambules, les hallucinations que l'on peut provoquer dans leur imagination.
Il observe lun des premiers ce que l'on peut appeler les suggestions négatives
et les suggestions dont l'exécution est retardée. Deleuze 1815-1825, l'abbé
Faria 1825, Despine (d'Aix) 1840, Teste 1845, Charpignon 1842-1848, Dupotet
1845, Perrier (de Caen) 1849-1854 donnent des descriptions remarquable d'une
foule de faits du même genre. Il semble probable que l'usage du mot
suggestion date de Braid, mais en laissant de côté les théories il n'y a pas
dans l'œuvre de Braid de faits nouveaux.
Dès le début du magnétisme animal avait
commencé une querelle célèbre, celle des fluidistes et des animistes,
les premiers voulaient expliquer les changements dans l'état du sujet par
l'action physique du fluide émane du magnétiseur, les seconds soutenaient que
tout dépendait des modifications opérées dans les phénomènes
psychologiques du sujet. Pour ceux-ci l'action du magnétiseur était une action
morale qui changeait les pensées et ce changement moral déterminait tout le
reste. C'est là déjà à cette époque toute la différence
entre le magnétisme et l'hypnotisme : ces deux études portent en somme sur
le même phénomène, sur le somnambulisme provoqué artificiellement,
mais ce qui caractérise l'hypnotisme c'est d'abord qu'il adopte vis-à-vis
de ces phénomènes une attitude plus scientifique et qu'il cherche
à éliminer le merveilleux, l'occulte, le miraculeux dans lequel se
complaît le magnétisme et ensuite qu'il explique les faits par des
phénomènes et par des lois psychologiques au lieu de faire appel
à des forces empruntées au monde physique ou physiologique. S'il en est
ainsi, l'hypnotisme commence avec Bertrand en 1820. C'est lui qui dit le
premier nettement que le somnambulisme artificiel peut s'expliquer simplement
par lois de l'imagination du sujet qui s'endort tout seul parce qu'il pense
à s'endormir et qui se réveille parce qu'il a eu l'idée de réveil. Les
travaux de l'abbé Faria, du général Noizet en France, de Braid en Angleterre
n'ont fait que préciser et développer cette conception et cette interprétation
psychologique.
D'ailleurs la plupart des études avaient à
cette époque un autre objet et cherchaient avant tout à obtenir un
résultat thérapeutique : la suggestion et l'hypnotisme à peine nés
étaient immédiatement appliqués au traitement des maladies. Les hypnotiseurs
semblent au moins au début avoir été moins ambitieux et plus prudents que les
magnétiseurs : ils ne prétendent pas guérir toutes les maladies possibles
et leurs observations montrent qu'ils essayent surtout de traiter des
affections nerveuses. Non seulement les hypnotiseurs que je viens de rappeler,
mais des médecins aliénistes comme Lasègue, Morel, Georget montrent
qu'ils ont obtenu de bons résultats en hypnotisant des névropathes.
L'œuvre de Liébault, 1860-66, est particulièrement remarquable au
point de vue thérapeutique et montre par l'histoire d'une longue pratique
médicale les bons effets que l'on peut obtenir par l'application persévérante
de la suggestion hypnotique.
Pour assurer le succès de l'hypnotisme et lui
donner un rôle immédiatement pratique on essayait surtout de s'en servir pour
déterminer l'anesthésie chirurgicale. Malheureusement la découverte de
l'anesthésie par l'éther beaucoup plus facile et plus certaine vint porter un
coup fatal à ces recherches. Un très petit nombre de travaux,
comme le petit livre de Demarquay et Giraud Teulon furent encore publiés et
vers 1865 la suggestion et l'hypnotisme semblèrent oubliés comme l'était
le magnétisme animal lui-même.
Pendant vingt ans à peu près,
l'hypnotisme méprisé fut abandonné aux charlatans : quelques guérisseurs
l'exploitaient encore en secret et plusieurs montreurs faisaient des
exhibitions publiques de sujets plus ou moins réellement hypnotisés. Les hommes
de science n'osaient plus s'occuper de l'hypnotisme : on le confondait
avec le magnétisme animal de mauvaise réputation, on sentait vaguement que
cette étude serait compliquée et difficile et pour ne pas s'avouer cette
répugnance, on préférait répéter qu'une telle étude était rendue impossible par
le danger perpétuel de la simulation ; on considérait comme admis que
toutes les erreurs commises étaient dues à la faute des sujets et
à leurs simulations de mauvaise foi.
Ce fut l'œuvre de M. Charles Richet, 1875-1883,
qui combattit avec succès ce préjugé de la simulation. Les études de M.
Richet sont le point de départ d'un ensemble de travaux sur l'hypnotisme, les
plus Intéressants à mon avis, qui ont étudié le somnambulisme provoqué
sans idée préconçue en se plaçant au point de vue de l'analyse psychologique de
toutes ses manifestations. Une école psychologique de l'hypnotisme se rattache
à M. Ch. Richet, mais au début elle fut peu connue, effacée par le
développement de deux autres écoles moins intéressantes au point de vue
scientifique, mais bien plus bruyantes.
La première de ces écoles fut celle que dirigea
le professeur J.M. Charcot à la Salpêtrière. Professeur de
la clinique des maladies du système nerveux, Charcot comprenait
parfaitement l'importance que pouvait avoir au point de vue médical et
philosophique l'étude de ces états de somnambulisme provoqué, signalés avec
insistance depuis plus d'un siècle et toujours repoussés sans examen par
la science officielle. Mais pour aborder cette étude dangereuse avec prudence
il voulait d'un côté se mettre tout à fait à l'abri du danger
considéré alors comme si redoutable de la simulation et de l'autre apporter
dans cette étude une méthode scientifique irréprochable. Avant d'étudier les
phénomènes psychologiques délicats qui se passent dans l'esprit d'une
personne, quand elle est mise dans un état anormal, il fallait d'abord
connaître exactement les caractères de cet état anormal et savoir le
reconnaître par des signes nets et insimulables. Pour un neurologiste habitué
à l'examen du tabès et de la sclérose latérale, les symptômes
nets et insimulables étaient des modifications de l'état des muscles, des
mouvements réflexes et à la rigueur des diverses sensibilités. Avec ses
collaborateurs de la première heure, Bourneville, Brissaud, Paul Richer,
Ruault, Londe, qui ont créé avec lui le
grand hypnotisme, Charcot chercha à classer avec précision ces
modifications élémentaires de la conduite. Suivant les combinaisons de ces
diverses réactions on distingua dans le sommeil hypnotique trois états
très nets qui se succédaient, la léthargie,
la catalepsie, le somnambulisme. On observa également que ces divers états
pouvaient être dimidiés, c'est-à-dire localisés sur un seul côté
du corps. Enfin on nota que tous ces faits ne pouvaient être observés
d'une manière nette que sur des sujets déjà atteints d'une
affection nerveuse, de l'hystérie.
Telles sont les notions qui furent présentées par
Charcot à l'Académie des sciences, le 13 février 1882, dans une
communication sur les divers états nerveux déterminés par l'hypnotisation chez
les hystériques. Il ne faut pas oublier que l'Académie avait déjà
condamné trois fois toutes les recherches sur le magnétisme animal et que
c'était un véritable tour de force que de lui faire accepter une longue
description de phénomènes tout à fait analogues. On crut, et
Charcot le croyait lui-même, que toute cette étude était bien loin du
magnétisme animal et qu'elle en était la condamnation définitive ; c'est
pourquoi l'Académie ne se révolta pas et accueillit avec intérêt une
étude qui concluait l'interminable querelle du magnétisme à propos
duquel bien des membres n'étaient pas sans avoir des remords de conscience.
Ce succès de Charcot eut une importance
extraordinaire : on eut dit qu'il venait de briser une barrière qui
depuis longtemps contenait un torrent prêt à s'élancer, De tous
les côtés, « l'Hypnosis redivivus », comme disait Hack Tuke, 1881,
suscita d'innombrables travaux. Il faudrait citer le nom de tous les
neurologistes de cette époque, à l'étranger et en France, car la plupart
se sont rattachés à ce moment à l'enseignement de la
Salpêtrière.
En 1884 paraissait sous la forme d'une petite
plaquette de 110 pages, simple, alerte, facile à lire, le manifeste
d'une autre école. M. Bernheim, professeur à la Faculté de médecine de
Nancy, faisait connaître les recherches qu'il poursuivait depuis plusieurs
années tout à fait indépendamment de l'enseignement de Paris et il
laissait entendre qu'il comprenait les choses d'une toute autre manière.
M. Bernheim, en effet, ne se place pas du tout au même point de vue que
Charcot : la question de la simulation et les précautions à prendre
pour s'en défendre, ne l'arrêtent pas un moment. C'est à peine
s'il y fait une fois une allusion discrète. Ne s'occupant pas du tout de
la simulation il ne cherche pas à caractériser l'état dans lequel il met
ses sujets, il se borne à décrire les procédés qu'il emploie pour les
transformer et les résultats qu'il obtient. Pour déterminer l'état hypnotique
il se borne, comme l'abbé Faria, à commander le sommeil et à en
affirmer les caractères et quand ce sommeil paraît obtenu il détermine
également par l'affirmation verbale l'exécution de toutes les suggestions
positives, négatives et posthypnotiques qui avaient été décrites par les
premiers hypnotiseurs.
Ces phénomènes, dit M. Bernheim, se comprennent
très facilement, ils ne sont que l'exagération de conduites très
communes que l'on observe chez tous les hommes, ils sont suffisamment expliqués
par la supposition d'une faculté de crédivité
naturelle. L'état hypnotique est simplement caractérisé par une certaine
augmentation de la suggestibilité, augmentation d'ailleurs qui est
elle-même le résultat de la suggestion de sommeil ou d'assoupissement. Il
ne faudrait pas croire que cet état ne puisse être déterminé que sur des
individus exceptionnels, des névropathes particuliers. Sans doute
l'impressionnabilité est variable et il y a des individus plus disposés par
leur éducation ou leur métier à l'obéissance passive, mais
« l'expérience montre que la très grande majorité des personnes y
arrive facilement ». Tels sont les faits et les idées très simples
que M. Bernheim met en lumière dans son petit livre en laissant entendre
à la fin du volume que leur connaissance et les pratiques qui en
résultent peuvent avoir les conséquences les plus importantes.
Pendant les années qui suivirent, ces études furent
continuées par M. Bernheim et ses collaborateurs immédiats parmi lesquels il
faut compter surtout Beaunis, professeur de physiologie à la Faculté de
médecine de Nancy et Liégeois, professeur à la Faculté de droit de la
même ville. Ces auteurs cherchaient surtout à mettre en évidence
la puissance de la suggestion, ils se sont intéressés au problème de la
vésication par suggestion et au problème de la suggestion criminelle.
L'école de Nancy s'engage beaucoup dans cette dernière étude. M.
Bernheim et Liégeois font accomplir par la suggestion à leurs sujets des
crimes horribles avec des couteaux en bois et des pistolets en carton et ils
considèrent cette influence de la suggestion comme extrêmement
importante et dangereuse.
Après l'étude des suggestions criminelles, ce
qui caractérise encore mieux ce groupe d'auteurs, c'est le désir d'utiliser
immédiatement pour le traitement d'un grand nombre de maladies cette suggestion
qui se révélait si puissante. Ce sont surtout les observations de guérisons qui
ont augmenté la seconde édition du petit livre de M. Bernheim.
Toutes ces études, quoique intéressantes, ne donnaient
pas à ce groupe de travailleurs une unité ni une originalité bien
nettes, mais un dernier point constitua l'école de Nancy. Ce qui caractérisa
cette école et lui donna son unité, ce fut comme il arrive souvent, un ennemi
commun. : l'école de Nancy a été avant tout l'adversaire de l'école de la
Salpêtrière. Dans un article sur « le rôle de la peur »
en 1886 et surtout dans la seconde édition de son livre, M. Bernheim attaqua
avec netteté l'enseignement de Charcot. «Les observateurs de Nancy, disait-il,
concluent de leurs expériences que tous ces phénomènes constatés à
la Salpêtrière, les trois phases, l'hyper-excitabilité
neuro-musculaire de la période de léthargie, la contracture spéciale provoquée
pendant la période dite de somnambulisme, le transfert par les aimants,
n'existent pas alors que l'on fait l'expérience dans des conditions telles que
la suggestion ne soit pas en jeu... L'hypnotisme de la Salpêtrière
est un hypnotisme de culture. » Un autre point est également
affirmé : tout en reconnaissant que cette disposition à
l'hypnotisme est très accentuée chez les hystériques, M. Bernheim tient
à dire que l'hypnose n'est pas un état morbide qui se greffe sur la
névropathie, c'est un état physiologique au même titre que le sommeil
normal et on peut le produire chez la majorité des sujets.
La bataille était engagée : les lieutenants de
Charcot, malgré leur situation déplorable, luttèrent avec courage au
moins tant que leur chef fut vivant. Il y eut de belles défenses et de
vigoureuses contre-attaques. Dans ces combats les défenseurs de la
Salpêtrière remportèrent quelques succès partiels.
L'un des plus intéressants fut obtenu dans la discussion des suggestions
criminelles où ils eurent certainement le beau rôle. Mais sur tous les
autres points du champ de bataille la défaite s'affirmait : la plupart des
autres observateurs se rattachaient nettement à l'opinion de M. Bernheim
et déclaraient que ces phénomènes étaient purement le résultat de suggestions
maladroites et d'un dressage involontaire. Les élèves mêmes de
Charcot le reconnaissaient d'une, manière implicite puisqu'ils cessaient
de se défendre et abandonnaient le champ de bataille, mais ils n'ont jamais
reconnu leur défaite avec netteté, Je crois qu'il est temps de le faire.
L'hypnotisme à trois phases de Charcot, Comme M. Bernheim l'a
très bien remarqué dès 1884, n'a jamais été qu'un hypnotisme de
culture, c'est lui qui a gagné la bataille.
J'ai eu l'occasion de rechercher au point de vue
historique comment s'est produite cette singulière aventure dans
laquelle s'est compromise la Clinique de la Salpêtrière [3]. L'étude d'une de mes anciennes observations sur une malade âgée de
45 Lins étudiée au Havre de 1883 à 1889 et qui présentait des
phénomènes tout à fait analogues aux trois états de Charcot m'a
conduit à la conviction qu'elle avait été éduquée dans sa jeunesse par
un magnétiseur, le Dr Perrier (de Caen), et j'ai été amené à retrouver
dans les écrits des anciens magnétiseurs tout l'essentiel du grand hypnotisme.
Il est vraiment bien étrange de constater que Charcot a présenté à
l'Académie des sciences en 1878-82 de prétendues découvertes destinées à
ruiner définitivement les prétentions des magnétiseurs et de voir que ces
découvertes étaient l'enseignement même de ces magnétiseurs depuis
cinquante ans. La lutte entre l'école de la Salpêtrière et l'école
de Nancy n'a été qu'un épisode de la grande guerre qui avait déjà
commencé en 1787 entre le fluidisme et l'animisme. Les animistes ont gagné
cette première partie ; à quand la prochaine partie et qui
sera le vainqueur définitif ? Cette défaite de l'école de Charcot ne
semble pas avoir porté bonheur à l'hypnotisme. Sans doute il y eut
d'abord de 1888 à 1896, aussi bien à l'étranger qu'en France, un
véritable épanouissement de la thérapeutique suggestive. Elle eut partout ses
revues spéciales et d'ailleurs, dans toutes les revues neurologiques, médicales
ou philosophiques, dans un grand nombre de thèse de médecine, dans de
nombreux volumes s'étalait le récit d'innombrables guérisons de toutes les
maladies possibles par de simples suggestions verbale, soit pendant l'état de
sommeil hypnotique, soit pendant l'état de veille. Mais ce succès fut de
bien courte durée déjà après la mort de Charcot en 1892 on voit
l'hypnotisme décliner dans les milieux médicaux on ne niait pas l'hypnotisme,
on ne mettait pas en doute la puissance reconnue de la suggestion, on n'en
parlait plus, voilà tout. Le nombre des publications sur ces sujets
diminua énormément ; les revues qui s'étaient fièrement intitulées
« Revues de l'hypnologie », sentant changer le vent, se hâtèrent
de modifier leur titre. L'hypnotisme se maintint un peu plus longtemps dans les
pays étrangers, puis il disparut partout comme en France. Les médecins
commencèrent à parler du danger de ces traitements présentés
quelques années auparavant comme si inoffensifs et si bienfaisants. Bien mieux,
ils en arrivèrent à porter contre la suggestion des accusation
curieuses d'immoralité. Elle faisait appel à des facultés inférieures du
malade, une guérison obtenue de cette manière n'était ni assez
volontaire ni assez méritoire, elle risquait de dégrader. Enfin ce traitement
abaissait, paraît-il, la dignité morale du médecin qui prenait une attitude de
thaumaturge et Dubois (de Berne) déclare qu'il a le rouge au front quand il se
souvient qu'il lui est arrivé de suggestionner un enfant pour l'empêcher
de pisser au lit.
J'ai essayé dans mes longues études sur cette curieuse
période de l'histoire de la médecine d'expliquer un peu ces mépris et cette
décadence si rapide après un tel enthousiasme et un tel développement.
D'abord il est certain que la lutte entre l'école de la
Salpêtrière et l'école de Nancy a été néfaste pour l'hypnotisme
lui-même. La victoire des animistes fut mal accueillie, au moins dans le
monde scientifique : on l'enregistra, mais en la déplorant. La doctrine de
Charcot qu'elle renversait était claire, nette, et facile à étudier,
elle semblait faire rentrer la magnétisme animal dans les cadres de la
physiologie : cela semblait un beau progrès scientifique. Qu'est-ce
que l'école de Nancy mettait à la place de ce beau rêve ?
Quelques vagues affirmations sur la suggestivité et la crédivité que l'on ne
pouvait ni discuter ni comprendre sans entrer dans les études nouvelles de la
psychologie. Mais la psychologie, considérée comme un mélange confus de
littérature et de morale, n'était guère en honneur à l'École de
médecine. Et d'ailleurs la psychologie, telle qu'elle était à cette
époque, méritait-elle d'être plus étudiée par les médecins ?
Ajoutons que les exagérations enthousiastes des hypnotiseurs avaient déterminé
des applications de l'hypnotisme à tort et à travers, dans toute
espèce de maladie sans aucune indication d'opportunité et l'on était
arrivé le plus souvent à des résultats insignifiants ou ridicules.
Dans ces conditions la décadence de l'hypnotisme n'a
pas grande signification, elle est déterminée par des causes accidentelles, des
regrets et des déceptions après des enthousiasmes irréfléchis ;
elle n'est qu'un accident momentané dans l'histoire du somnambulisme provoqué
et dans l'histoire de la psycho-thérapie.
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