INTRODUCTION
Il y a longtemps que nous
sommes sollicité d'écrire un livre théorique et pratique pour compléter le «
Nouvel hypnotisme » et le « Diagnostic de la suggestibilité ». Nous voulions
auparavant recueillir de nouveaux matériaux, afin de mettre sous les yeux du
lecteur les documents propres a former sa conviction.
Quoique nous ayons encore de
nombreuses lacunes a combler, le moment nous paraît opportun pour présenter au
public le résultat de nos observations ainsi que les travaux des auteurs qui
étudient ces intéressantes questions.
Le magnétisme humain,
l'hypnotisme, la suggestion n'ont point progressé. Il semblerait vraiment que
tout a été dit sur ces matieres.
Les quelques médecins qui
pratiquent l'hypnotisme se tiennent dans un cercle trop restreint, malgré leurs
promesses au congres de 1900, et leurs travaux publiés depuis sont sans
importance.
Les magnétiseurs n'ont pas
fait davantage ; ils sont, il est vrai, étrangers a la médecine et, malgré le
réel talent de deux ou trois, malgré le savoir tres étendu de quelques-uns, ils
n'ont pas l'autorité que confere, a tort ou a raison, un diplôme de médecin.
Nous donnerons des
indications précises et, malgré les partisans de la seule suggestion, nous pensons pouvoir amener ceux qui voudront
nous suivre a éliminer la trop fameuse
suggestion et a produire des faits que les hypnotiseurs n'ont jamais pu
obtenir avec leur méthode d'expérimentation.
Le somnambulisme provoqué présente des
analogies avec la transe médianimique, mais il a l'avantage d'etre sous la
dépendance de l'expérimentateur et, par conséquent, si ce dernier sait
développer les facultés latentes de son sujet, il obtiendra des effets
supérieurs a ceux produits par la généralité des médiums.
Un homme éminent, le baron
du Potet, a dit : « Le magnétisme, par le somnambulisme, nous ouvre une porte
sur l'inconnu. » Cet auteur avait approfondi la question.
Le magnétiseur Cahagnet,
imbu des idées de du Potet, obtint, par l'intermédiaire de son sujet, Adele, en
présence d'un pretre érudit et chercheur, un si grand nombre de faits
concluants que, s'il avait eu une autorité plus grande, ses livres auraient
attiré l'attention, autant, sinon plus, que ceux des spirites.
Ce mode d'expérimentation a
été délaissé, et c'est pourtant, a notre sens du moins, le meilleur. Pourquoi
n'y reviendrions-nous pas ?
Procédons par ordre,
apprenons le simple avant de passer ou composé, marchons lentement,
progressivement et, par la force meme des choses, nous arriverons a savoir ce
que nous désirons connaître.
Etudions méthodiquement et
froidement les faits qui se présentent a notre observation. Ne nous
enthousiasmons pas, si nous voulons voir clairement, n'affirmons ce que nous
avons vu, contrôlé, disséqué, que lorsque nous serons sur, tres sur de son
existence réelle.
Répétons plusieurs fois le
meme essai, observons méticuleusement nos expériences, et quand nous serons
certain de l'authenticité d'un phénomene, n'hésitons pas a le faire connaître.
Nous ferons alors ouvre utile.
L'étude que nous faisons a
une importance plus grande qu'on ne se l'imagine, parce que non seulement elle
nous apprendra des choses ignorées, mais encore elle nous donnera le moyen de
faire le bien.
La connaissance des matieres
contenues dans ce travail permettra meme, a ceux qui restent indifférents aux
choses abstraites, de s'orienter dans la vie, de comprendre des faits restés
obscurs, de saisir la raison d'etre des phénomenes supra-naturels, de pénétrer
enfin les arcanes d'une science encore en enfance, mais qui grandira vite,
lorsqu'on voudra bien lui réserver l'attention qu'elle mérite... Si, malgré
notre apparent scepticisme - il est toujours plus apparent que réel - nous
acquérons un jour, par des études spéciales, non enseignées dans les écoles, la
preuve mathématique que nous parcourons un cycle, que nous évoluons sans cesse,
que la transformation qu'on appelle la mort n'est qu'un changement d'état, que
le « rien ne se perd, rien ne se crée » de Lavoisier n'est pas un mythe et que
notre entité suit la meme loi, en se conservant intacte, regretterons-nous les
heures passées a ces études ?
Nous engageons vivement les
amants de la vérité a faire quelques efforts, a nous suivre, et ceux qui
voudront bien nous entendre ne tarderont pas a reconnaître l'exactitude de nos
affirmations - ils acquerront une conviction personnelle, basée sur des faits
et partant inébranlable, car, a dit le célebre Broussais : « Rien n'est
plus écrasant qu'un fait. »
Parce que les savants
officiels nient les phénomenes psychiques et se refusent a les étudier,
devons-nous nous en tenir au magister
dixit ?
Nous admirons les savants,
lorsqu'ils ne sortent pas de leurs attributions et nous font connaître leurs
découvertes. En dehors de leur champ d'action spécial et dans les questions
qu'ils ignorent, devons-nous les suivre aveuglément? Nous avons le plus grand
respect pour ces messieurs, mais nous ne croyons pas que leur nom suffise a
justifier leur veto obstiné sur des faits qui se heurtent a leur incompétence.
Le vrai parait souvent
invraisemblable. Cherchons donc avec patience et persévérance, sans idée
préconçue.
Toutes les vérités ont eu, a
leur naissance, des partisans et des détracteurs, ce qui n'a point arreté leur
marche. Qu'on se rappelle les déboires de Fulton, appliquant la découverte de
Papin. Lorsque Galvani, surnommé par ses contemporains le maître de danse des grenouilles, fit connaître certaines
propriétés de l'électricité, pouvait-on supposer alors ce que cette force
réaliserait de merveilleux cent ans plus tard ?
Galilée subit la torture
pour avoir affirmé la rotondité de la terre et établi scientifiquement son
mouvement diurne ; Harvey fut vilipendé pour avoir trouvé la circulation du
sang et Jenner méconnu, tourné en ridicule pendant plus de trente ans. Et
Jeanne d'Arc, brulée comme sorciere et qu'on veut béatifier aujourd'hui ? Tres
longue serait encore la liste des novateurs insultés, pourchassés, honnis
d'abord et réhabilités ensuite.
Ces faits historiques
doivent nous rendre circonspect, et de nos jours, moins que jamais, on ne doit
nier ce qui est inconnu. Le mot impossible, comme on l'a dit, n'est pas
français et ne doit pas etre employé par un savant digne de ce nom.
Les empiriques, comme on
qualifie les chercheurs non officiels, ont eu, de tout temps, le mérite de
forcer les hommes de science a s'intéresser a leurs découvertes. L'alchimie
n'a-t-elle pas été la mere de la chimie et l'astrologie celle de l'astronomie ?
Les premiers étaient trop croyants et manquaient de précision dans leurs
recherches ; les seconds, trop sceptiques, ont voulu presque tout élaguer.
Essayons de procéder autrement et prenons le bien, le beau, le vrai partout ou
ils se trouvent.
Le magnétisme et
l'hypnotisme, au point de vue thérapeutique, peuvent nous rendre de grands
services.
Combien de maux, en dehors
des affections nerveuses, la plupart curables par ces agents seulement,
seraient atténués et parfois guéris par l'emploi immédiat de ces méthodes
inoffensives, a la portée de tous.
Il n'est pas nécessaire
d'etre médecin, d'avoir fait de longues études, pour soulager son semblable :
le premier venu peut accomplir cette tâche ; il n'a qu'a employer les procédés
que nous indiquons.
Lorsque nous nous blessons,
instinctivement nous portons les mains sur la partie lésée et nous éprouvons du
soulagement. Nous faisons inconsciemment du magnétisme.
Qu'une personne
bienveillante, connaissant nos pratiques, remplace nos mains par les siennes,
immédiatement la douleur cessera. Ce que nous avançons pourra paraître
paradoxal, rien n'est plus exact pourtant, et l'essai en est facile. Nous
pensons, dans le cours de cet ouvrage, convaincre les plus rebelles, en leur
apprenant a se servir de forces peu connues, émanant de nous-meme.
Qu'on sache bien qu'il y a
de l'électricité partout, que tous les corps en sont imprégnés et que si
l'homme est moins doué que la torpille ou la gymnote, il a, également une dose
de cette énergie.
Partout ou il y a chaleur
(et l'homme sain en possede 37°) il y a électricité, d'ou nous devons conclure
que cette force existe en nous, et ce sont probablement l'émanation, les
ondulations de cette électricité qui sont la cause premiere de tous les
phénomenes que nous étudions ici.
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