CHAPITRE II NOS PROCEDES.
Nous donnons ici notre façon
d'opérer, pour obtenir le sommeil nerveux et le somnambulisme.
On verra que nous avons
seulement modifié les procédés qui précedent.
Quand nous voulons produire
le sommeil magnétique et le somnambulisme, nous opérons de préférence dans une
piece plutôt chaude que froide. Nous faisons asseoir commodément la personne
qui veut bien se preter a nos essais, nous l'engageons a rester passive et a ne
pas s'occuper de ce que nous allons faire.
Nous nous asseyons en face
du sujet et nous nous plaçons de façon que les mouvements que nous sommes
obligés de faire ne nous fatiguent pas trop.
Nous prenons les mains de la
personne qui veut bien tenter l'expérience ; nous appliquons nos pouces contre
les siens, de telle sorte que le contact ait lieu par la face palmaire, et nous
la fixons dans les yeux, en l'invitant a nous regarder de meme.
Nous restons ainsi pendant
10 minutes ou un quart d'heure, et nous observons attentivement les effets
physiologiques - que nous décrirons plus loin - qui se manifestent, ce qui nous
permet de suivre la marche de l'opération.
Si nous avons affaire a une
personne impressionnable, ce laps de temps suffit pour obtenir la clôture des
paupieres, mais pas toujours le sommeil.
Nous lâchons alors les mains
du sujet, et nous nous mettons debout, toujours en face de lui, afin de pouvoir
faire nos mouvements plus librement. Nous élevons nos mains au niveau de sa
tete et nous les plaçons a quelques centimetres au-dessus de celle-ci. Nous les
y laissons environ pendant une vingtaine de secondes, pour les descendre
ensuite latéralement a la hauteur des oreilles, la pointe des doigts tournée
vers le cervelet, ou nous les arretons également pendant quelques secondes.
Nous faisons ces passes
pendant cinq ou six minutes ; puis nous appliquons nos mains : une sur le front
et l'autre sur le cervelet, ou nous les laissons aussi cinq ou six minutes.
Pour l'imposition des mains,
nous nous plaçons au côté droit ou au côté gauche du sujet; apres, nous nous
asseyons de nouveau en face de lui, et nous élevons, a la hauteur de la racine
de son nez, une main que nous descendons lentement jusqu'au sommet de sa
poitrine. Nous la remontons ensuite et nous continuons ainsi jusqu'a ce que
nous ayons obtenu l'immobilité et l'insensibilité absolues. Quand une de nos
mains est fatiguée, nous employons l'autre. Nous avons soin que nos bras
conservent toujours leur souplesse, car, s'il n'en était ainsi, nous nous
fatiguerions en pure perte.
De temps a autre, nous nous
rendons compte du degré auquel est arrivée la magnétisation, en prenant un des
bras du sujet, en l'élevant a une certaine hauteur et en le lâchant
brusquement. Si le bras conserve la position que nous lui avons donnée, c'est
que nous avons déja produit le sommeil nerveux.
Cette regle n'est pourtant
pas absolue ; mais, quand une sorte de catalepsie se manifeste et qu'il y a
insensibilité, on est sur du sommeil, mais pas toujours du somnambulisme. Pour
arriver a ce dernier état, il ne reste plus qu'a avoir un peu de patience.
Nous adressons alors la
parole au sujet, qui nous fait souvent connaître lui-meme le degré de sommeil
dans lequel il se trouve et le nombre de minutes que nous devons encore
employer a la magnétisation.
Parfois les mâchoires du
sujet se contractent, et il est dans l'impossibilité de nous répondre. Pour
faire cesser cette contracture, nous pratiquons un léger massage sur les
masseters.
La paralysie de la langue
peut également se produire : de légeres frictions sous le menton et sur la
partie antérieure du cou la font promptement disparaître.
Si le patient éprouve de la
fatigue, s'il souffre d'une douleur quelconque, pour mettre fin a ces malaises
sans importance, il suffit de promener les mains sur la partie affectée.
Enfin, si l'on avait affaire
a une indisposition plus sérieuse, il faudrait réveiller le sujet.
Réveil
Il est beaucoup plus facile
de réveiller un sujet que de l'endormir et, en suivant nos indications, on ne rencontrera
plus les accidents signalés par quelques auteurs.
Avant tout, il faut
pratiquer un malaxement général sur les épaules, les bras et les jambes, en
commençant toujours de haut en bas, Apres quelques minutes de cette pratique,
faire quelques frictions, dans le meme sens et sur les memes parties ; ensuite,
des passes transversales rapides devant le visage, la poitrine et, au besoin,
sur le sommet du crâne, et enfin souffler fortement et a plusieurs reprises sur
le front. Si, malgré cela, le patient restait en état de somnolence, il
suffirait de masser légerement les membres inférieurs pour le dégager
entierement.
Prodromes du sommeil
magnétique
Le sommeil nerveux est
toujours précédé de certains symptômes, en assez grand nombre, et qui varient
avec les tempéraments. Ainsi, une personne lymphatique n'éprouve pas les memes
effets ressentis par une personne nerveuse ou sanguine ; d'autre part, la
violence et la rapidité des phénomenes produits est en rapport direct avec
l'impressionnabilité des sujets.
L'opérateur doit toujours
etre attentif, de façon a ne pas laisser passer inaperçus les effets qui se
manifestent, car ils échappent facilement a l'observation et se succedent avec
rapidité.
Voici l'énumération des plus
fréquents :
Sensation de chaleur, légers
frissons, déglutition répétée, titillations nerveuses, secousses nerveuses
légeres ou fortes, pesanteur du corps, lourdeur de la tete, spasmes
musculaires, fatigue des paupieres, strabisme, clignotement des paupieres,
larmoiement, engourdissement général, légere suffocation, accélération ou
ralentissement de la respiration, transpiration, pâleur ou rougeur du visage,
bâillement, tremblements nerveux, et, enfin, clôture des paupieres.
Une profonde inspiration
indique que le patient est endormi.
Fréquemment, apres la
clôture des paupieres, le sujet ne peut, malgré de grands efforts, ouvrir les
yeux qui, des lors, roulent dans leur orbite, avec un mouvement de droite a
gauche ou de gauche a droite, de haut en bas ou de bas en haut.
Parfois le corps est pris de
convulsions : ce sont probablement
celles qui constituaient les crises de Mesmer. Mais, de nos jours, elles ne
sont considérées que comme le résultat de causes accidentelles qu'il faut faire
cesser.
Nous avons rencontré, chez
quelques personnes indemnes d'affections nerveuses quelconques, sans tare
héréditaire, un phénomene bizarre qui fatigue beaucoup le patient : une
hilarité étrange et communicative qui dégénérerait facilement en crise de nerf,
si on n'y portait immédiatement remede.
Il est de la plus haute
importance, pour l'expérimentateur, de conserver, quoi qu'il arrive, tout son
sang-froid, afin qu'il soit apte a faire cesser promptement tout ce qui peut se
passer d'anormal pendant une opération.
Quand nous endormons une
personne pour la premiere fois, nous ne la laissons pas plus d'une demi-heure
dans cet état ; mais, apres plusieurs séances, nous pouvons sans crainte faire
durer plus longtemps le sommeil.
Nous engageons les débutants
a ne pas se laisser décourager par un ou plusieurs insucces. Quand ils
rencontreront un sujet qui éprouvera une partie des effets que nous avons
énumérés, ils pourront répéter la magnétisation le lendemain et les jours
suivants, avec la certitude de l'endormir, apres un nombre plus ou moins grand
de séances.
Les signes précurseurs du
sommeil, que nous indiquons, se manifestent presque toujours, mais tous ne se
produisent pas a la meme séance et sur le meme sujet. Aussi, ce que nous avons
de mieux a faire, c'est de recommander aux expérimentateurs novices d'observer
ce dont ils seront témoins, et ils ne tarderont pas a acquérir une expérience
qui leur permettra de marcher plus surement dans cette voie qu'ils ne le
feraient en suivant la théorie la plus minutieuse.
Accidents qui peuvent se produire pendant la
magnétisation
Ces accidents se rencontrent
rarement, et ils ne se produisent généralement que chez les personnes
prédisposées.
Chez certains sujets a
tempéraments spéciaux, des crises, plus ou moins violentes, se déclarent assez
souvent et laissent apres elles une courbature assez forte qui dure parfois
plusieurs jours. Avec les précautions indiquées, on évitera aisément ces petits
inconvénients.
Avant de procéder a
l'opération, interrogez la personne qui veut s'y soumettre, et si elle a une affection cardiaque, si elle a eu des crises nerveuses ou des évanouissements,
abstenez-vous d'agir sur elle, car, cinq fois sur dix, vous produiriez ces
accidents.
Evitez, autant que possible, les
crisiaques, car ils peuvent vous donner un spectacle peu agréable ; néanmoins,
une crise de plus ou de moins ne tire pas a conséquence.
Il peut arriver pourtant que
des personnes qui n'ont pas, jusque-la, éprouvé les indispositions dont nous
venons de parler soient prises, pendant la magnétisation de spasmes nerveux,
qui se transforment rapidement en crise nerveuse violente.
Voici les symptômes
ordinaires de ces crises : soubresauts
nerveux plus ou moins précipités, grincements des dents, raideur cataleptique
des bras et des jambes, rires convulsifs, gaieté inusitée, larmes abondantes, pâleur
brusque du visage avec transpiration abondante, rougeur du visage avec
oppression, etc.
Tous ces symptômes peuvent
se produire apres quelques minutes de magnétisation, ou encore lorsque le sujet
est a la limite du sommeil. Toutes les fois que l'on essaye d'endormir une
personne, si l'on remarque des secousses nerveuses intenses, appliquer une main sur le front et l'autre
sur la poitrine, exercer une légere pression et avoir le désir ferme de la
calmer ; pratiquer un léger massage sur
la partie affectée et dire a la personne de ne pas se troubler de ne pas avoir
peur, de se calmer, qu'elle ne risque rien.
Si, par ce moyen, on n'a pas
réussi a obtenir le calme apres deux ou trois minutes la dégager - qu'elle soit
endormie ou seulement assoupie - en employant les procédés que nous avons
indiqués.
Avant d'énumérer les
principaux accidents qui peuvent se produire dans le cours d'une opération
magnétique nous devons répéter, afin de rassurer les esprits timides, que ces
accidents, tres rares d'ailleurs, n'ont jamais eu une issue funeste. Néanmoins,
si on agissait sur un cardiaque aortique, par exemple, une réaction nerveuse,
un choc psychique, si nous pouvons employer ce mot, pourrait occasionner la
mort subite, a laquelle prédispose cette affection : voila pourquoi il est
prudent d'éliminer ces malades des expériences magnétiques.
En suivant scrupuleusement
nos conseils, il sera toujours facile de combattre, a leur début, des accidents
qui pourraient fatiguer non seulement le sujet, mais aussi et surtout l'opérateur.
Outre les accidents nerveux
qui se déclarent chez les névropathes, et les syncopes qui s'observent chez
certains cardiaques, des effets ennuyeux peuvent se présenter chez certains
sensitifs : contractures musculaires,
dyspnée, hébétude, paralysies diverses, énervement considérable et forte
lourdeur de tete au réveil.
Pour dissiper ces malaises, il suffit
de pratiquer un massage général, de la tete aux pieds ; de souffler froid sur le front et le cour ; de faire des passes transversales rapides devant
le visage et la poitrine, et de terminer l'opération par des frictions sur les
membres inférieurs, accompagnées de tapotements,
et toujours de haut en bas. Parfois
un sommeil profond, léthargique, se déclare ; on éprouve quelquefois, dans ce
cas, de la difficulté pour réveiller le sujet. Certains praticiens affirment
avoir été obligés de laisser dormir pendant plusieurs jours des sujets, parce
qu'ils ne parvenaient pas a les réveiller. Jamais nous n'avons rencontré
pareille résistance.
En procédant comme nous
l'indiquons, on se rendra facilement maître de ce tenace sommeil ; d'ailleurs
qu'on se rassure, cet état n'a rien de dangereux pour le dormeur, car nous
sommes convaincus qu'il cesserait de lui-meme. Néanmoins, ne fut-ce qu'a cause
des parents ou des amis du sujet, il faut se hâter de le réveiller. Pour cela,
comme nous l'avons dit, on aurait recours aux
grandes frictions, au massage énergique de tout le corps, en meme temps
qu'on soufflerait froid sur le front et sur le cervelet. Enfin, si, malgré tous
ces soins, le sommeil persistait, on placerait le patient dans un courant
d'air, on frapperait ses tempes avec une serviette mouillée, on tremperait ses
mains dans une cuvette d'eau froide, jusqu'a ce qu'on ait obtenu le réveil, ce
qui ne saurait tarder.
Procédé
neuroscopique
Notre procédé repose sur un
fait physiologique inconnu avant nous, tres curieux, tres intéressant a étudier
et dont l'explication nous paraît difficile ; nous essayerons cependant de la
donner a la partie théorique.
Nous prions la personne que
nous voulons soumettre a ce procédé de se tenir debout devant nous ; nous
plaçant alors derriere elle, nous lui appliquons légerement les deux mains
ouvertes sur les omoplates, le plus pres possible de leur bord spinal, les
doigts aboutissant vers le tiers interne de la fosse sus-épineuse. Le plus
souvent, apres 30 ou 40 secondes d'imposition, le patient, que nous n'avons
nullement prévenu des effets que nous cherchons a produire, éprouve une
sensation de chaleur plus ou moins vive, qui ne tarde pas a se propager dans
tout le dos. D'autres fois, ce sont des frissons qu'il ressent dans la meme
région avec une sorte de pesanteur sur les épaules, ou d'autres fois encore une
impression de froid glacial.
Parfois enfin, aucune
impression ne se produit, tant que les mains restent appliquées. Mais, dans
tous les cas, du moins lorsque nous avons affaire a un sujet impressionnable,
au moment meme ou nous retirons nos mains, il se sent fortement attiré en
arriere, et cette attraction est souvent si soudaine et si irrésistible qu'il
en perd l'équilibre et qu'il tomberait tout d'une piece si nous ne le
soutenions pas. Ce qui est plus surprenant, c'est que ce meme phénomene
d'attraction se produit aussi sans contact, lorsque nous présentons nos mains
vis-a-vis des omoplates, a une distance qui peut varier de quelques centimetres
a plusieurs metres.
Malgré la distance, le sujet
croit sentir la chaleur rayonnée de nos mains, et chaque fois que nous nous
déplaçons lentement en arriere, il a l'illusion que des fils le tirent dans
notre direction.
Nous n'avons pas besoin de
dire que tous ces effets s'obtiennent a travers les vetements, et par
conséquent sans faire déshabiller le sujet.
Comme on le voit, ce procédé
n'a rien de ridicule et peut s'appliquer a toute personne sans qu'elle se doute
de la source des effets qu'elle ressent et de l'intention de celui qui
recherche son degré de suggestibilité.
Comment avons-nous été amené
a découvrir ce fait physiologique qui sert de base a notre procédé ?
Il faut bien le dire, cette
découverte, nous la devons au hasard ; qu'on nous permette ici de raconter le
détail suivant :
Un jour de l'année 1878,
nous nous promenions dans les environs d'Orange (Vaucluse) avec un de nos amis,
M. A de M..., âgé d'une cinquantaine d'années. Nous étions arretés au bord
d'une route pour observer les allées et venues d'un insecte. Comme notre ami
était penché devant nous, un mouvement involontaire nous fit appliquer la main
droite sur ses épaules, pres de la nuque. Aussitôt il se retourna brusquement
en disant: « Retirez votre main, vous me brulez avec votre cigarette. » Il nous
fut facile de lui prouver que nous n'avions aucune cigarette a la main et pour
mieux le convaincre de son erreur, nous appliquâmes la main de la meme façon
une seconde fois. Il se plaignit encore d'avoir éprouvé une sensation de
brulure, et au moment ou notre main quitta ses épaules nous le vîmes, avec
surprise, chanceler et tomber presque en arriere. Curieux de vérifier un fait
qui nous paraissait si étrange, nous demandâmes au frere de M. A. de M..., qui
dirigeait une grande fabrique, l'autorisation d'essayer cette singuliere action
de la main sur ses ouvriers. Pres de deux cents sujets, hommes et femmes,
furent mis a notre disposition. Sur une cinquantaine environ que nous
expérimentâmes, 30 présenterent, a des degrés divers, les memes phénomenes que
M. A. de M...
Des recherches ultérieures
nous apprirent que toutes les personnes qui réagissaient ainsi sous l'influence
de l'application de la main étaient magnétisables a différents degrés.
La premiere utilité de ce
procédé, c'est de pouvoir diagnostiquer la plus ou moins grande
impressionnabilité des individus ; la seconde, qui n'est pas moins importante,
c'est de développer les phénomenes d'une façon tres rapide et efficace.
Il suffit, pour obtenir la
deuxieme série d'effets, de continuer l'application de la main a peu pres dans
les memes conditions, en prolongeant simplement la durée et en variant les
points d'application. Tout se passe alors comme si on magnétisait le sujet,
mais avec cette différence capitale qu'on ne l'endort pas en réalité, car il
garde toute sa conscience, toute sa raison, toute sa volonté et, une fois sorti
de cet état, il se souvient de tout ce qu'il a pu faire ou ressentir.
Une autre supériorité de ce
procédé sur les procédés classiques c'est, en quelque sorte, son élégante
simplicité. Nul besoin ici de fatiguer le sujet, par la fixation du regard, de
l'astreindre a une position incommode ou ridicule et, ce qui n'est pas moins
précieux, nulle conséquence pénible ou dangereuse a redouter, pour la suite de
l'expérimentation.
L'état particulier qu'on
peut déterminer chez un grand nombre d'individus, par l'emploi de cette
méthode, peut etre envisagé a deux points de vue distincts : d'abord au point
de vue expérimental, ensuite au point de vue thérapeutique.
Voici la série d'expériences
qu'on peut réussir, en modifiant plus ou moins notre procédé fondamental.
Une fois qu'on a reconnu
l'impressionnabilité du sujet, s'il oppose consciemment ou inconsciemment une
certaine résistance, il est bon alors, pour développer sa sensibilité, de titiller rapidement avec le pointe des
doigts et de malaxer ensuite les
muscles trapeze et sus-épineux ; a ce moment, si on retire lentement les mains,
le sujet ne tarde pas a reculer, comme attiré par l'opérateur. Pour l'entraîner
tout a fait, il suffit d'appliquer les mains a plusieurs reprisses et de
recommencer a titiller et malaxer les
muscles de cette région.
On pratique ensuite une légere friction sur l'épine dorsale, et
on arrete la main sur la région sacrée ou on la laisse une ou deux minutes. Les
personnes un peu sensibles ne tardent pas a accuser des fourmillements dans les membres inférieurs, de la faiblesse dans l'articulation du genou,
des tremblements nerveux plus ou moins
apparents se transformant, chez ceux qui résistent beaucoup, en trépidations épileptoides et finissant,
bon gré mal gré, par les faire tomber sur les genoux.
Pour combattre plus
efficacement toute résistance, on peut pratiquer une sorte de massage sur les muscles fessiers, en comprimant légerement les nerfs
sciatiques a leurs points d'émergence.
Quand, par ces manouvres on
est arrivé a développer la sensibilité d'un sujet, et cela demande quelquefois
trois ou quatre minutes seulement, on n'a plus besoin du moindre contact pour
produire la plus grande partie des phénomenes considérés jusqu'ici comme
nécessairement liés au sommeil nerveux, a savoir : contractures, paralysies, mouvements involontaires, anesthésie,
hyperesthésie et suggestions diverses. Et toutefois, insistons sur ce point
tres important : le sujet ne dort nullement, il répond a toutes les
interpellations, résiste de son mieux, se rend parfaitement compte de tout ce
qu'il est obligé de faire ; mais, malgré tous ses efforts, il ne peut se soustraire
a l'influence de l'opérateur.
Nous ne croyons pas utile
d'énumérer ici toutes les expériences qu'on peut réussir a ce moment-la ; elles
sont tombées d'ailleurs dans le domaine public et tout le monde les connaît :
qu'on sache seulement qu'elles sont tres nombreuses et identiques a celles que
pratiquent tous les expérimentateurs, sauf qu'on les produit, dans ce cas, chez
des sujets entierement éveillés et n'ayant encore jamais été endormis ou
fascinés, ce qui ne se faisait pas avant nous. Notons cependant que si on
voulait produire le sommeil, rien ne serait plus facile. Le sujet étant amené a
ce point de sensibilité, il suffirait de
lui appliquer une main sur le front et l'autre sur l'occiput, pour le
plonger dans un sommeil profond.
Nous avons nommé neuroscopie le procédé que nous
employons pour rechercher les aptitudes au sommeil nerveux, pour reconnaître
les personnes susceptibles d'éprouver rapidement les effets magnétiques ou
hypnotiques.
Le mot plus exact serait assurément neurexioscopie, des mots grecs : neuron, nerf ; exis, maniere d'etre habituelle, et scopein, examiner. De meme qu'on appelle stéthoscopie,
laryngoscopie, rhinoscopie, otoscopie, etc., l'exploration de la poitrine, du larynx, du nez, des oreilles,
etc., il nous est permis, ce nous semble, quoi qu'il ne soit guere possible
d'explorer directement le systeme nerveux comme on explore ces différents
organes, d'employer le mot neuroscopie
; car, en définitive, c'est bien a l'état du systeme nerveux qu'il faut
rattacher cette impressionnabilité particuliere que l'on rencontre chez les
sujets magnétiques ou hypnotiques ? Par conséquent, la recherche du degré
d'impressionnabilité est bien une exploration indirecte de ce systeme.
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