CHAPITRE VIII: THERAPEUTIQUE MAGNETIQUE, HYPNOTIQUE ET SUGGESTIVE
Il n'y a
pas que les maladies nerveuses qui soient justiciables du traitement
magnétique, hypnotique ou suggestif, comme beaucoup de médecins le croient
encore : Toutes les affections chroniques réfractaires aux agents ordinaires
peuvent bénéficier de ce mode de traitement.
Assurément,
la ou il y a solution de continuité, lésion, on ne peut espérer une guérison
complete ; néanmoins, dans bien des cas désespérés, on peut obtenir une
amélioration, un soulagement plus ou moins durable. Chez les tout petits
enfants surtout, le magnétisme agit puissamment, contrairement a l'hypnotisme
et a la suggestion, qui n'ont aucune action sur ces petits etres, ce qui prouve
encore que réellement la force vitale d'une personne en bonne santé se
transfuse dans le corps des malades et leur procure le plus souvent la
guérison.
L'hypnotisme
et la suggestion donnent, dans bien des cas, des résultats remarquables, mais
nous soutenons encore que, dans certaines circonstances, le magnétisme a une
supériorité indéniable la comme ailleurs. Le fait suivant en est un exemple. En
1887, nous fumes appelé a Digne (Basses-Alpes) par le docteur Romieu, pour nous
soumettre une jeune hystérique, en traitement a l'hôpital de cette ville depuis
de longs mois.
La
patiente était aveugle et paraplégique. Ces phénomenes morbides étaient
simplement dus a l'hystérie et, par conséquent, aisément curables par le magnétisme.
Le Dr
Romieu avait essayé tous les procédés de suggestion sans le moindre résultat.
Un pelerinage a Lourdes avait eu le meme succes. On ne pouvait songer a
endormir cette malade avec un objet brillant, puisqu'elle n'y voyait pas, on
eut donc, en désespoir de cause, recours a nous. Apres cinq ou six minutes d'imposition de nos mains : une
appliquée sur le dos a la base du cou, l'autre sur le front, sans dire a la
malade que nous allions l'endormir (on le lui avait dit tant de fois ! ...)
elle était dans le sommeil nerveux le
plus profond.
Nous la
laissâmes dormir environ vingt minutes et, pendant ce sommeil, nous lui
suggérâmes verbalement qu'au réveil elle verrait et elle marcherait, ce qui se réalisa ponctuellement.
Le
docteur Romieu, sur nos indications, continua le traitement, et la guérison fut
bientôt définitive.
Cette
expérience eut lieu en présence de plusieurs médecins de la localité, de
quelques professeurs du College et des sours de l'établissement.
Les
journaux du département firent meme grand bruit autour de ce fait
extraordinaire... pour eux.
Le
magnétisme peut rendre des services dans les familles. Personne n'ignore que,
souvent, au début d'une maladie, le médecin n'est pas appelé et que ce n'est
que lorsque le mal s'aggrave qu'il est mandé. Eh bien, en attendant l'arrivée
de l'homme de l'art, un parent robuste peut soulager le malade, le guérir meme
s'il connaît le magnétisme. Mais, voila, on ne connaît pas ce moyen curatif si
simple et a la portée de tous.
Qu'on le
sache bien, le magnétisme peut, dans la plupart des cas, arreter le
développement de la maladie et donner ainsi au médecin la possibilité de la
combattre plus efficacement.
Il n'est
pas nécessaire que la personne possede des connaissances approfondies sur le
magnétisme ou sur l'hypnotisme, qu'elle soit au courant des symptômes d'une
affection, pour qu'elle puisse l'améliorer ou la guérir. Le diagnostic est
l'affaire des médecins. Il serait certes préférable que ces derniers seuls
employassent ces méthodes ; mais, outre que le médecin occupé ne peut consacrer
le temps nécessaire a ces opérations, beaucoup ignorent l'action bienfaisante
du magnétisme humain, et ceux qui connaissent l'hypnotisme et la suggestion ne
croient pouvoir agir que sur les hystériques : on voit combien, dans ce siecle
de progres, la routine a encore de partisans.
Nous ne
désespérons pourtant pas de voir un jour, et alors que ces connaissances feront
partie du programme des études médicales, les docteurs envoyer leurs clients
aussi souvent chez le magnétiseur ou chez l'hypnotiseur que chez le pharmacien,
ce qui, bien certainement, ne sera guere du gout de ces derniers ; mais en
attendant cette transformation de la thérapeutique, qui se réalisera sans doute
dans un avenir plus ou moins éloigné, nous désirons voir entrer ces pratiques
dans les familles.
Le
médecin consciencieux ne doit rejeter aucun moyen de guérison, et si ses
loisirs ne lui permettent pas de les appliquer tous, il doit indiquer aux
gardes malades ceux qu'il juge convenables ; c'est ce que nous faisons depuis
longtemps et avec grand succes.
Nous
tenons pour certain que la magnétisation pratiquée sur des enfants en bas âge,
atteints d'affections dont le diagnostic et le traitement sont particulierement
difficiles, assurerait la guérison de soixante pour cent de ceux qui, avec les
méthodes actuelles, sont fatalement emportés.
Dans les
névroses, la médecine officielle avoue sinon toujours, du moins tres souvent,
qu'elle est impuissante. Eh bien ! Contre ces maladies aux aspects si
variés, l'hypnotisme donnera toujours
les résultats les plus merveilleux.
Nous
avons essayé le magnétisme dans presque toutes les maladies et, huit fois sur
dix, le succes a couronné nos efforts. Nous croyons fermement qu'on peut avoir,
avec ce systeme, une action favorable sur toutes les maladies, en faisant
pourtant cette restriction, qu'on ne peut
guérir tous les malades.
Il faut,
pour réussir, avoir du dévouement et vouloir fermement guérir le malade ; il
faut avoir en quelque sorte le feu sacré et ne pas reculer devant la fatigue,
parce que dans toutes les maladies aiguës ou le patient court le risque d'etre
enlevé a chaque instant, il faut actionner longtemps : ce n'est qu'au prix de
grands efforts que l'on peut arracher a la mort un etre qui périrait peut-etre
sans notre secours.
A
diverses reprises, nous avons vu des malades revenir a la vie, apres quelques
bonnes magnétisations. Combien de fois aussi avons-nous vu des symptômes
alarmants disparaître, apres une seule séance. La, ou tous les remedes
pharmaceutiques avaient échoué, le magnétisme avait réussi a apaiser la
douleur, a équilibrer les forces médicatrices de la nature. Par notre action,
nous abrégions considérablement la convalescence, le malade oubliait bientôt le
danger couru et revenait a la vie comme par miracle.
Notre
méthode de traitement est tres simple et peut etre employée par n'importe qui.
Dans les
maladies aiguës, qu'elles soient bénignes ou graves, nous appliquons les mains,
une sur la nuque et l'autre sur le creux de l'estomac, pendant 1/4 d'heure ou 20
minutes ; puis nous faisons des frictions légeres sur tout le corps du malade,
pendant le meme laps de temps, en insistant sur la partie la plus douloureuse.
Dans les
cas graves, il ne faut pas craindre de répéter l'opération plusieurs fois par
jour.
Il nous
est arrivé souvent, apres une dizaine de minutes d'imposition de nos mains, de
provoquer chez le patient une abondante exsudation. Mais le magnétisme agit de
bien des manieres différentes, ce qui rend difficile une regle a établir. Chez
les uns, il agit d'une façon et détermine certains phénomenes ; chez les
autres, il agit autrement et produit des phénomenes contraires. Il agit tantôt
comme émollient, tantôt comme excitant, tantôt comme calmant, tantôt comme
astringent, tantôt comme laxatif, tantôt comme soporifique, etc. ; en un mot,
ses effets varient avec les tempéraments, et nous croyons qu'il n'agit pas deux
fois pareillement.
Chez les
personnes atteintes de maladies chroniques, l'action du magnétisme est beaucoup
plus lente et l'opérateur doit s'armer de patience, s'il veut réussir.
N'oublions pas, qu’ici, généralement, toutes les drogues ont été essayées sans
résultats et que le malade est ordinairement impatient, qu'il voudrait etre
guéri de suite, qu'un miracle, en un mot, se fît en sa faveur. Nous devons
déclarer que, s'il y a solution de continuité ou ankylose, le magnétisme est
impuissant a produire la guérison. Inutile aussi d'ajouter que certaines
maladies chroniques ne sont point du ressort du magnétisme.
Les
chroniques n'ont nul besoin d'etre soignés plusieurs fois par jour, une
magnétisation d'une demi-heure, répétée chaque jour, est suffisante. Il faut
prévenir les malades de la longueur du traitement, car, s'ils doivent etre
guéris, ce ne sera qu'apres des mois de soins journaliers.
Dans
n'importe quel cas, on doit toujours essayer d'obtenir le sommeil nerveux, cet
état accélérant considérablement la marche de la guérison, mais il n'est pas
indispensable.
Tout le
monde sait combien les névralgies, les migraines sont douloureuses et tenaces.
Or, que fait d'efficace contre elles le médecin ? Rien ou presque rien, car les
divers cachets antinévralgiques ne calment qu'un moment ; il nous a été donné
bien souvent de faire cesser instantanément des douleurs violentes. Nous avons
également réussi a guérir radicalement des affections nerveuses qui duraient
depuis plusieurs années, apres une seule magnétisation.
Une
névrose rebelle au magnétisme, comme aux autres agents, est l'épilepsie. Nous
avons cependant obtenu quelques succes sur des enfants; sur les adultes, une
simple amélioration, mais jamais la guérison.
Le fait
suivant mérite d'etre cité :
Au mois
de juillet 1903, on nous amena un petit brésilien, âgé de huit ans, fils de M.
D'A..., établi a Manaos, mais d'origine portugaise.
Les
D'A... sont tres connus en Portugal et une des grandes rues de Lisbonne porte
le nom d'un des ancetres du jeune malade.
Vers
l'âge de quatre ans, le petit D'A... fut pris d'attaques d'épilepsie, et les
parents, gens fortunés, ne négligerent rien pour guérir leur enfant.
On
consulta d'abord tous les grands médecins de Rio-de-Janeiro ; mais, le mal
continuant, on vint le faire examiner et soigner par les célébrités médicales
européennes, qui ne guérirent point le malade.
Au
moment ou nous entreprîmes le traitement de cet enfant, il était soigné par un
célebre spécialiste de Paris, professeur et membre de l'Académie de médecine.
Dire la
quantité de drogues absorbées par cet enfant est impossible... Tous les
traitements imaginables avaient été essayés sans le moindre résultat.
La
premiere fois que nous le vîmes, le pauvre petit était dans un état lamentable
: depuis plusieurs mois il ne pouvait marcher et meme se tenir debout, et il
avait de dix a quatorze crises par 24 heures.
Un mois
nous suffit pour faire disparaître entierement tous les désordres nerveux.
L'enfant était alors méconnaissable.
Par
précaution, nous continuâmes nos soins quinze jours encore.
Depuis
lors, il y a quatre ans de cela, le petit D'A... se porte a merveille ; il n'a
jamais eu de rechute et il est devenu un superbe et intelligent garçonnet.
Nous
savons fort bien que, dans nombre de cas, l'hypnotisme et la suggestion peuvent
remplacer le magnétisme, mais nous savons aussi que le magnétisme a son
efficacité propre.
Comment
expliquer ces effets curatifs ? Cela ne nous parait possible que par
l'hypothese suivante :
Le
systeme nerveux et l'organisme contiennent sans doute des forces dont un
certain état d'équilibre est la condition meme de la santé. Toutes les fois que
cet équilibre est rompu, soit par la concentration ou la dispersion excessive
de ces forces, il survient des désordres et la maladie apparaît. Il faudrait
donc, pour guérir, rétablir l'équilibre.
Le
systeme nerveux, ce grand régulateur de toutes les fonctions, tend plus ou
moins a opérer ce rétablissement, mais il a besoin d'etre aidé, et cette
stimulation, cette action peuvent lui etre apportées soit du dedans par la
suggestion, soit du dehors par le magnétisme. On ne peut, en effet, comprendre
l'influence de la suggestion, si on ne voit dans celle-ci qu'une pure idée
abstraite enfermée dans la conscience de l'individu ; elle doit correspondre
objectivement a un processus cérébral et nerveux, par suite a une dépense de
force qui se traduit finalement par un phénomene de dynamogénie ou d'inhibition.
Mais
lorsque l'organisme d'un individu est trop affaibli, trop perturbé pour que
cette action intérieure soit possible, pourquoi le secours ne viendrait-il pas
d'un autre organisme ?
Il se
produit alors d'un individu a un autre une sorte de transfusion nerveuse.
Bien des
personnes sont portées a croire que les guérisons obtenues par ces moyens ne
sont pas durables, qu'elles ne sont qu'éphémeres : c'est une profonde erreur.
Certains
meme, qui ignorent tout a fait la question, affirment qu'on reste toujours sous
l'influence de l'opérateur, qu'il faut se faire magnétiser indéfiniment.
Les
faits ci-dessous vont servir de réponse.
M. S...,
coiffeur, demeurant a Avignon, rue Philonarde, âgé de 53 ans, avait totalement
perdu la vue.
Les
médecins qui l'avaient examiné hésitaient sur le diagnostic exact. Les uns
attribuaient sa cécité a une irido-choroidite, les autres a une atrophie des
nerfs optiques : nous n'étions pas apte alors nous-meme a diagnostiquer son
cas. Quoi qu'il en soit, les divers traitements essayés n'ayant point amélioré
son état, il était aveugle depuis 4 mois - il s'adressa a nous en désespoir de
cause.
Nous
essayâmes notre procédé, la premiere fois, le 10 mai 1879. A la premiere
séance, il put distinguer vaguement la couleur des rideaux qui ornaient les
fenetres de notre cabinet. Nous continuâmes nos opérations les jours suivants,
et l'amélioration se manifestait chaque fois. Huit jours apres, il pouvait
venir chez nous, sans guide, et trois semaines nous suffirent pour le guérir
entierement. Le malade put donc reprendre son métier et, l'ayant revu 5 ans
apres, nous le trouvâmes en aussi bon état que lorsque nous l'avions quitté.
Chez M.
S... le sommeil nerveux ne fut jamais produit et ce n'est pas la foi qu'il
avait en notre procédé ou a la suggestion qui le guérit, car sa confiance était
plus que limitée.
M. Ch.
C..., professeur au lycée de X.... 35 ans, atteint d'anémie cérébrale lente, ne
pouvait plus faire sa classe. S'il était obligé de lire un instant, il était
aussitôt pris de vertiges violents et si a ce moment il ne s'asseyait pas ou
s'il ne se maintenait pas a un meuble quelconque, il tombait par terre - cela
lui était arrivé plusieurs fois. Il ressentait les principaux symptômes de
l'anémie cérébrale lente : vertiges, nausées, défaillance, trémulation
musculaire, grande impressionnabilité des sens, et surtout une torpeur physique
et intellectuelle considérable. Cet état de chose durant, il était obligé de
quitter l'enseignement et par conséquent de perdre sa position.
Apres
avoir en vain, pendant plusieurs mois, suivi diverses médications, il eut
recours a l'hypnotisme.
Nous le
soumîmes a notre procédé, et, apres deux mois de traitement, il était guéri.
M. Ch.
C... put ainsi rester dans l'enseignement et faire ses cours sans la plus
légere fatigue.
La
suggestion ne paraissait pas avoir de prise sur lui ; il n'éprouvait, sauf une
légere chaleur a la nuque, aucune sensation bien déterminée : malgré cela la
guérison fut durable et aujourd'hui, apres plus de 20 ans, M. Ch. C... continue
a etre dans un excellent état de santé.
A
l'asile Saint-Robert, pres de Grenoble, un jeune homme, âgé de 24 ans, le nommé
T..., interné depuis environ deux ans, était atteint d'une affection nerveuse
mal déterminée avec délire des grandeurs : il s'imaginait etre colonel d'un
régiment de ligne et, a ce titre, s'affublait d'un grand nombre de «
décorations bizarres » faites, soit avec des sous troués, soit avec des
morceaux de carton. Ce malade avait été impliqué dans une affaire d'anarchisme
et condamné a quelques mois de prison : il était déja déséquilibré.
Au point
de vue physique, c'était un beau jeune homme, un Antinoüs doublé d'un athlete.
M. le
docteur Dufour, médecin en chef de l'établissement, que nous connaissions déja,
nous invita a essayer notre procédé sur quelques-uns de ses pensionnaires. A la
premiere séance, le jeune T... éprouva tous les effets que présentent
ordinairement les personnes tres impressionnables : attraction irrésistible,
contracture musculaire et paralysies diverses, etc.
Pendant
l'expérimentation, on voyait le sujet surpris, ahuri meme, par les phénomenes
que nous produisions sur lui ; il résistait pourtant de toutes ses forces, mais
il était forcé d'obéir a toutes nos suggestions. Lui ayant, a un moment donné,
appliqué une de ses mains sur le bureau de M. Dufour et l'ayant immobilisée,
fixée sur ce bureau, comme il ne pouvait, malgré ses efforts, retirer sa main,
d'un mouvement rapide de sa main libre il ouvrit le tiroir du bureau, croyant
qu'il y avait dedans une machine électrique et que la paralysie de sa main
était due a cette machine. Ne trouvant pas dans le tiroir ce qu'il cherchait,
il resta un moment tout pensif : il essayait de chercher la cause du phénomene
nouveau et incompréhensible pour lui. Le voyant ainsi préoccupé, nous voulumes
agir sur son esprit et lui rendre la raison. En conséquence, nous lui
suggérâmes de se rappeler ce qu'il était et de nous le dire. Apres quelques
instants de réflexion, il parut sortir d'un reve et il nous dit: « Mais je
m'appelle T... et je suis mécanicien... » Mais, n'etes-vous pas soldat, colonel
meme d'un régiment ? Il nous regarda étonné et il nous demanda si notre
question était sérieuse. Nous répondîmes affirmativement et, lui désignant ses
« décorations » nous lui demandâmes ce qu'elles signifiaient et ou elles
avaient été gagnées, s'il n'était pas colonel ? Il regarda sa poitrine et
vivement arracha ses « pseudo-décorations », demandant pourquoi et comment ces
« choses » étaient la ; il paraissait reveur. Nous le tirâmes de sa reverie par
de nouvelles expériences.
M. le Dr
Dufour continua les suggestions et, un mois apres, le malade sortait guéri de
la maison dans laquelle il avait séjourné deux ans.
Ici
encore, le sommeil nerveux ne fut jamais produit, et c'est avec notre simple
procédé que la malade recouvra sa raison.
Nous
pourrions aisément multiplier les exemples, mais ces résultats sont trop connus
- qu'ils soient dus a un procédé ou a un autre - pour que nous en citions un
plus grand nombre.
Toutefois,
nous croyons devoir ajouter une lettre qui nous fut adressée et qui a quelque
valeur édifiante :
« A
l'occasion de votre séjour a Vichy, permettez moi de venir vous remercier de la
guérison de ma femme, en faisant l'historique le plus succinct possible de sa
maladie. Si je suis un peu long, malgré mon désir d'etre bref, vous voudrez
bien m'excuser et publier ma prose dans un des numéros de votre intéressante
revue. Or, comme chaque abonné a le droit d'y collaborer, sans vouloir en
abuser, je sollicite une petite place dans vos colonnes, parce que j'ai la
ferme conviction que ma narration pourra etre de quelque utilité, en donnant
l'espoir aux personnes qui souffrent depuis longtemps et qui ont usé et abusé
des drogues médicales sans résultat. C'est donc un service a rendre a bien des
malades, tout en vous rendant hommage, car vraiment les hommes qui, comme vous,
se consacrent au soulagement et a la guérison des malades, avec un semblable
dévouement, sont bien rares, et je ne saurais le dire assez.
«
Antérieurement a 1884, jamais ma femme n'avait souffert d'aucune affection ;
elle n'avait meme jamais eu un malaise sérieux. Nous nous mariâmes en 1883 ;
dix mois apres elle eut une fausse couche, et c'est de cette époque que date sa
maladie. Cette fausse couche, a cause des soins mal compris, occasionna une
péritonite qu'on ne put soigner, ma femme se trouvant, deux mois apres, dans un
nouvel état de grossesse. Pendant les neuf mois de cette deuxieme gestation,
elle dut garder le lit. L'accouchement fut bon, mais tout de suite apres la péritonite
se déclara a nouveau, accompagnée de fievre puerpérale, compliquée d'une
fluxion de poitrine. Les médecins qui la soignaient, durent, pour dégager les
poumons, provoquer des vomissements de sang.
« Il se
déclara en outre un abces dans le côté gauche de l'abdomen. A ce moment, les
médecins qui la voyaient désespérerent de la sauver et pronostiquerent meme sa
fin prochaine. Elle resta environ six semaines sans connaissance et sans
prendre le moindre aliment ; en un mot, entre la vie et la mort.
« Pour comble
de malheur, des phlébites se formerent dans la jambe droite ; quinze jours
apres, les phlébites envahirent la jambe gauche, et elle resta ainsi pendant
trois mois sans pouvoir faire le plus léger mouvement. Lorsqu'elle put
supporter le voyage nous la transportâmes en Bourgogne, a Avallon, chez ses
parents, ou elle resta six mois, marchant avec des béquilles.
«
Habitant Paris, ou j'étais employé, comme typographe, au Moniteur universel, nous dumes, de l'avis des médecins, quitter la
capitale, la campagne étant absolument nécessaire a ma femme, pour venir
habiter Vichy, mon pays natal. La premiere année que nous passâmes ici fut
assez bonne : ma femme pouvait avec peine vaquer a ses occupations, malgré cela
les rechutes furent fréquentes.
« En
1888 nous eumes la douleur de perdre la mere de ma femme ; la secousse morale
qu'elle en éprouva fit reparaître la péritonite avec toutes ses suites, mais
cette fois la situation se compliqua d'une métrite aiguë ; ma pauvre femme
resta encore deux mois et demi entre la vie et la mort, abandonnée a nouveau
par plusieurs médecins.
« A
peine un peu rétablie que survint l'affection nerveuse qui devait la faire tant
souffrir. Cette affection se manifesta par des troubles cérébraux avec idée
fixe et constante de suicide, accompagnés de mouvements choréiformes, qualifiés
par les médecins traitants de paralysie agitante générale.
« Cet
état se prolongea pendant trois mois, agrémenté de violentes crises nerveuses,
suivies de faiblesse extreme et de douleurs dans les reins.
« C'est a ce moment que j'eus la bonne
fortune de vous connaître, monsieur Moutin ; mais lorsque je vous parlai de
l'état de ma femme, la réponse que vous me fîtes, apres avoir dit qu'elle était
hydropique, qu'elle souffrait du cour et qu'elle avait les jambes enflées, me
fit bien du mal, je vous l'assure. Le
magnétisme, me dites-vous, ne peut avoir d'action sur ces maladies. Mais
voyant mon insistance, - on m'avait tant parlé de vous et des miracles, je
maintiens le mot, que vous accomplissiez, - que tout notre espoir était en
vous, et dans le magnétisme; n'avions nous pas tout essayé !... Aussi quel
bonheur pour nous, le jour ou, apres avoir vu ma femme, la trouvant assez
impressionnable a votre action, vous nous dîtes que vous vouliez bien tenter de
la soulager, que vous aviez meme quelque espoir de la guérir...
« ... Je
dois cependant vous dire, en toute franchise, que, lorsqu'elle partit pour
Paris, j'avais des doutes sur l'efficacité de votre traitement ; elle était si
malade et depuis si longtemps !... Et puis, vous le savez, les uns me
traitaient de naif et cherchaient a me décourager ; les autres me contaient un
tas d'histoires plus impossibles les unes que les autres, etc. bref, apres deux
mois de magnétisation, ma femme revint guérie, entierement guérie, et, depuis
lors, et il y a un an de cela, elle n'a pas eu la plus petite rechute ; elle se
porte a ravir, et tous nos amis s'extasient, chaque jour, sur sa force et sa
bonne mine. Ma femme, vous le savez bien, ne pouvait marcher ; aujourd'hui elle
court et elle marche mieux que moi : tout
dernierement nous avons fait une course de sept kilometres ; elle était moins
fatiguée que moi.
« Vous
voyez votre ouvre monsieur Moutin, vous pouvez en etre fier, car je doute fort
qu'il vous soit arrivé souvent de guérir, en si peu de temps et si
radicalement, des personnes aussi malades que l'était ma femme. Ah ! Si
vous aviez vu, lorsque ma femme revint de Paris... tout le quartier était en
émoi ; c'était une procession, et la maison ne désemplissait pas ! Tout le monde
voulait la voir, lui parler. Et si vous aviez entendu les réflexions de ces
bonnes gens... vous auriez certes ri de grand cour pour plusieurs vous étiez
surement le diable ; le diable seul pouvant faire des tours semblables, pour
masquer son jeu, etc., etc.
« J'ai
tenu a écrire tous ces détails, afin que, si cet article tombe sous les yeux de
quelque pauvre malade abandonné, il puisse espérer, car vous etes la, et le
magnétisme est le plus puissant et le meilleur des remedes.
« Vichy,
le 20 septembre 1890.
« J. ANDRIEUX
« Route de Cusset. »
Il nous
est impossible de rapporter ici une foule de guérisons qui ont fait quelque
bruit ; ce travail exigerait un volume entier.
Nous
donnons tous les procédés, et nous engageons les gens de bonne volonté a les essayer.
Nous sommes sur de recruter ainsi de nombreux partisans au magnétisme et de ne
plus voir autant de monde hausser les épaules, quand nous affirmons que nous
avons fait marcher des paralytiques, rendu la vue a des aveugles, l'ouie a des
sourds, guéri et soulagé un tres grand nombre de malades par ces simples
procédés.
Nous
répétons que toutes les méthodes sont bonnes, que l'hypnotisme et la suggestion
donnent d'excellents résultats, exemple les remarquables expériences du Dr
Bérillon sur les enfants vicieux. Le lecteur n'a donc que l'embarras du choix
et il adoptera le procédé qui lui donnera le plus de satisfaction.
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