CONCLUSION
Les
questions que nous venons de traiter demanderaient certes un plus grand développement,
ce ne sont pas les pages qui précedent qui peuvent meme les résumer.
De la
fin du XVIIIe siecle a nos jours, des milliers de livres ont été
écrits sur ces matieres. Les uns, le petit nombre, ne sont pas sans valeur; ils
sont scientifiquement et philosophiquement conçus ; les autres, sans etre nuls,
laissent bien a désirer et contiennent des erreurs considérables. Mais, dans
tous, il y a néanmoins quelque chose a puiser.
Assurément,
nous n'avons point lu ces innombrables écrits, mais certains auteurs que nous
avons étudiés avaient fait ce travail de Bénédictin et, dans leurs ouvrages,
nous avons pu nous renseigner sur tout ce qui a été publié depuis plus d'un
siecle.
Une
pratique déja longue et persévérante nous autorise a émettre une opinion sur le
sujet, opinion acquise laborieusement, ce qui nous permet d'indiquer des
procédés simples, faciles, a la portée de tous.
Nous ne
nous sommes point confinés a l'étude des faits seuls, nous nous sommes
également occupés des théories qui, si toutes ne se rapprochent pas de la
vérité, quelques-unes cependant peuvent mettre sur la voie de la causalité des
faits consignés dans notre travail.
Donc,
abstraction faite de toutes les théories plus ou moins hypothétiques, ce que le
lecteur doit surtout retenir, conserver, c'est la pratique, ce sont les
procédés opératoires qui, eux, ne sont pas ambigus.
Nous
nous sommes appliqués a indiquer le plus succinctement possible toutes les
méthodes employées pour l'obtention des phénomenes du magnétisme humain, de
l'hypnotisme et du spiritisme. Aussi, espérons-nous que notre labeur servira
aux observateurs qui voudront bien nous suivre, comme nous avons suivi nos
devanciers.
En ne
s'écartant point de nos indications, en procédant toujours du simple au
composé, nous sommes certain que l'étudiant novice arrivera promptement a des
résultats encourageants. Ensuite, il ne s'arretera pas a mi-chemin, et, avec de
la patience et de la persévérance, il provoquera ces phénomenes connus du petit
nombre ; il en obtiendra peut-etre d'autres plus transcendants et il
contribuera a élargir cette voie encore bien étroite.
Le
magnétisme humain, quoi qu'en pensent sans doute de bonne foi les hypnotiseurs
officiels, n'est pas ce qu'ils croient. Il y a, nous l'avons dit, dans ce
qu'enseignaient Mesmer et ses éleves, autre chose, et cette autre chose forme
le pont, en passant sur l'hypnotisme, qui relie le magnétisme au spiritisme.
Que le
lecteur se pénetre bien que nous n'avançons rien d'illusoire, rien
d'anti-scientifique ; d'ailleurs, il aura tous les documents en main, il pourra
juger et, d'avance, nous acceptons sans appel son jugement, s'il suit a la
lettre nos conseils et nos recommandations.
Pour
réussir, il faut de la ténacité, de la méthode et un peu de bonne volonté : on
arrive ainsi aisément a produire des effets qui incitent a poursuivre ces
importantes recherches. Mais que l’on ne se dévoie pas au début : pas
d'enthousiasme ; que l'expérimentation soit faite froidement et sans parti pris
pour ou contre, si l'on veut saisir et comprendre sainement ce qui est
extraordinaire, il est vrai, mais non surnaturel, comme on le dit, les
phénomenes de la nature quels qu'ils soient, étant bien naturels, notre
ignorance seule établissant la confusion,
Les
esprits curieux, qui veulent toujours savoir le pourquoi des choses, auront ici
de quoi satisfaire leur activité ; ils pourront s'en donner a cour joie. Mais
combien de miracles de la nature auxquels nous sommes habitués, que nous ne
comprenons pas, sont dans le cas de ceux qui nous occupent, aussi inexplicables,
et notre esprit les voit sans souci de leur cause, de leur nature, de leur
origine.
Le
magnétisme humain et l'hypnotisme sont aujourd'hui généralement admis il n'en
est pas de meme du spiritisme et des effets transcendants du Mesmérisme : ce
sont les faits les plus captivants qui sont délaissés, ceux, en en mot, qui
nous apprennent a connaître notre etre intérieur, ceux qui peuvent nous faire
comprendre nos destinées futures.
En
effet, si nous acquérons la certitude de leur existence, si nous apprenons ce
que ces faits enseignent, si, mathématiquement, nous savons que notre etre
pensant, notre moi intelligent, se conserve intégralement apres qu'il aura
quitté ce vetement de chair, devenu hors d'usage, apres ce dédoublement, cette
transformation que nous appelons la mort, n'éprouverons-nous pas la plus grande
des satisfactions ?
Comme
tant d'autres, nous pensons que tout évolue sans cesse, que rien ne périt, et
que notre moi conscient parcourt un cycle sans fin, en conservant son
individualité; qu'il ne se perd pas dans le grand tout et qu'il ne se confond
pas intimement avec lui.
Rien
dans l'immense univers ne peut périr ; rien ne peut se détruire, car si un
atome périssait, tout l'édifice croulerait, ce qui ne peut pas etre.
Comme
nous, les mondes qui nous portent et nous entraînent dans l'espace se
transforment, changent d'état ; mais, pas plus que nous, ne
s'anéantissent : ils évoluent sous d'autres formes, engendrent d'autres
énergies.
La vie
est partout, dans le minéral comme dans le végétal et dans l'animal ; de la
mort naît la vie, de la décomposition sort une recomposition vivante, des etres
inférieurs qui évolueront a leur tour : vers, insectes, microbes sortent de la
matiere la plus grossiere. Le microscope nous apprend cela, et si de l'infiniment
petit nous regardons l'infiniment grand, si nous examinons avec le télescope
ces immenses cellules qui sont les astres, ces particules de l'homme univers, comme disait Michel de
Figaliere, nous acquérons la preuve que tout vit, que tout est mouvement.
Contemplons
le firmament sans nuages, admirons ces lustres splendides qui scintillent de
mille feux au-dessus de nous, faisons cette observation au bord de la mer, par
une nuit sereine et, pendant que nos oreilles seront bercées par le bruit
monotone des flots, nos yeux charmés par les phares d'en haut, demandons nous
ou se trouve l'etre qui a allumé ces feux et, ne pouvant trouver la solution du
probleme, nous comprendrons notre petitesse, tout en ayant conscience qu'une
parcelle de ce grand tout est en nous, puisque nous pensons et que nous avons
appris que ce qui pense en nous est indestructible.
Des lois
naturelles, que les hommes n'ont point encore pénétrées, existent.
Quelques-unes sont sensément connues... et des faits bizarres les infirment. Le
génie humain arrivera-t-il un jour a percer ces mysteres ? Nous l'espérons,
entraîné qu'il sera par la force des choses, la vérité devant tôt ou tard
apparaître et prendre la place qui lui est due.
A mesure
que notre planete arrivera a son décours, son microbe, l'homme, découvrira des
lois encore cachées, connaîtra des choses qu'il ne soupçonne point et apprendra
enfin sa destinée. Il pourra alors, jetant un coup d'oil rétrospectif, rendre
hommage aux novateurs méconnus, si longtemps bafoués.
Tout est
intimement lié, tout est dans tout. Les choses les plus insignifiantes, comme
les calamités les plus épouvantables, ont leur raison d'etre, pour le progres
lent mais incessant de l'humanité. Les petites causes produisent parfois les
plus grands effets: rien n'est inutile ici-bas.
Le plan
d'études que nous avons tracé devrait toujours etre suivi.
L'homme,
par le magnétisme, peut guérir ou soulager son semblable des maux dont il
souffre et, lorsqu'il provoquera le somnambulisme lucide, il trouvera, en
l'etre psychique du patient, un instituteur nouveau qui lui apprendra des
choses ignorées et le dédommagera largement de ses peines.
Nous
pouvons tous nous instruire par l'expérimentation, et tous nous avons des
instants disponibles que nous devrions plutôt consacrer aux recherches
sérieuses qu'aux frivolités.
Il n'est
point indispensable d'avoir préalablement fait de longues études pour chercher
la vérité et tirer le bon grain de l'ivraie; le bon sens nous suffit. Or,
quelquefois l'ignorant a le jugement plus sain que le savant imbu de principes
erronés dont il ne veut point se départir. L'exemple suivant confirme bien cela
:
Un
célebre paysagiste montrait un jour, a un villageois illettré, une toile qu'il
venait d'achever, représentant un champ de blé sur lequel un vol d'oiseaux
s'abattait, et lui demandait ironiquement son opinion sur son ouvre. Le paysan
répondit a l'artiste : « Monsieur, quand des oiseaux viennent se poser sur mes
champs de blé, ils font plier les épis. »
L'observation
était des plus justes, ceux du tableau ayant conservé la verticale malgré le
poids supporté.
Mais pas
de confusion, nous sommes loin de vouloir amoindrir l'autorité incontestable
des savants, car, malgré leur parti pris habituel, ils sont aptes, a cause de
leurs connaissances étendues, mieux que les autres, a voir clairement les
choses, et, dans les questions qui font l'objet de ce livre comme dans bien
d'autres, ce sont des savants qui, dissipant les ténebres de l'erreur, ont
donné l'impulsion définitives a ces nouvelles branches de la science.
Evitons
l'écueil qui se présente dans les recherches spirites, ne nous embrouillons
point encore dans les théories, ne nous arretons point aux doctrines plus ou
moins mystiques, suivons strictement le mode d'expérimentation des Crookes, des
Wallace, des Lodge, des Myers, des Zollner, des Aksakof, des Richer, des
Gibier, etc., et nous acquerrons la connaissance exacte de ces faits
supranaturels, qui déroutent l'intellect humain et qui, rationnellement
compris, élevent l'âme bien au-dessus du niveau ordinaire.
Plus
tard, lorsque la science officielle aura inscrit le Psychisme dans ses
programmes d'enseignement, lorsque les faits se seront considérablement
multipliés et qu'ils auront été méthodiquement classés, les philosophes
pourront alors, mais alors seulement, édifier des théories, des doctrines
logiques, réelles, lesquelles remplaceront celles sans harmonie qu'on s'est
hâté de bâtir avec des matériaux disparates.
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